Après ses « Verbatim » écrits à la demande de François Mitterand, Jacques Attali ouvre ici son cœur, présente un président moins Sphinx, plus humain, souffrant, doutant.
J’ai le souci de croire que presque trente ans de « voisinage » rendent la parole de Jacques Attali non suspecte.
L’auteur ose montrer les doutes du "personnage", ses interrogations, et puis, même s’il ne résout pas toutes les zones d’ombre, son respect pour l’homme. Nous découvrons un François Mitterand loin des images télévisuelles, loin des certitudes, loin du pouvoir mais toujours rattrapé, réveillé par cette idée du pouvoir qui fait un chef d’état.
Un livre passionnant, plein d’humanité, le pouvoir personnalisé par un seul homme m’a semblé humanisé, loin de l’image que l’on s’en fait.
Passionnant
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Un éclairage sur celui qui a été Président de la République Française pendant 14 Ans. Vu par l'un de ses plus proches collaborateurs. En éludant toute dérive partisanne, on découvre un personne hors norme, evidemment et surement visionnaire : " Je n'aurai vraiment réussi que le jour où un autre socialiste que moi sera élu président de la République". Que pense-t-il de la haut en ce moment ? Oeuvre instructive mais passionnante néanmoins.
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Craignant pour lui, j'abondai dans le même sens : "En effet, pourquoi vous présenter ? Aucun projet ne vous anime plus. Au surplus, quatorze ans, c'est beaucoup trop long : vous finirez par être détesté... Vous risquez une fin de septennat terrible." Il me regarde de travers : "Ah bon ? Vous pensez que je ne suis plus bon à rien ? " Puis il s'en fut annoncer sa candidature : "Je veux que la France soit unie, et elle ne le sera pas si elle est prise en main par des esprits intolérants, par des partis qui veulent tout, par des clans et par des bandes qui exercent leur domination sur le pays au risque de déchirer le tissu social et d'empêcher la cohésion sociale.
A la fin de cette réunion, François Mitterrand me demanda de rester avec lui. Longtemps nous marchâmes tous deux en rond dans la cour exigüe de son minuscule hôtel particulier. Il m'expliqua pourquoi il m'avait fait confiance et ajouta, avec un sourire un peu triste : "Pompidou est mort trop tôt. La gauche monte dans le pays, mais pas encore assez. Les gaullistes vont mentir, tricher. Ils voleront les voix des DOM-TOM et les votes par correspondances. Chaban-Delmas ne passera pas le premier tour. Au second tour, j'aurai treize millions de voix ; Giscard en aura deux cent cinquante mille de plus, car il prendra les voix du centre."
Il détestait particulièrement les journalistes de gauche, soit parce qu'il les pensait acharnés à sa perte, soit parce qu'il les jugeait incapables de comprendre son action. Il se moquait surtout de ceux qui, après l'avoir poursuivi de leurs critiques les plus péremptoires durant toutes ses années d'opposition, étaient devenus depuis son élection, les plus courtisans, se faisaient inviter dans les voyages officiels ou envoyer en mission. Au moment de chaque décollage, François Mitterrand faisait mine de s'inquiéter et de regarder par le hublot de l'avion en interrogeant l'un ou l'autre de ses collaborateurs, reprenant cette ritournelle qui l'amusait beaucoup : "Faites bien vérifier la piste ... Ils sont sans doute couchés en travers pour qu'on les emmène !"
Ce soir-la,à la fin du journal télévisé-qu’il regardait,fait très rare,dans son bureau,en ma compagnie-,le téléphone sonna.C’était Jacques Chirac,qui commença par lui demander s’il voulait mettre un terme à la cohabitation.Le Président repondit,d’un ton très calme et poli dans un long monologue déjà en partie cité dans Verbatim:
François Mitterrand était convaincu qu'une guerre nucléaire éclaterait un jour. Pour lui, le monde ne pouvait s'être doté de telles armes sans jamais sans servir. La déflagration surviendrait, pensait-il, soit avant l'an 2000 (un affrontement local entre alliés de l'URSS et des États-Unis venant à dégénérer), soit après cette date, lorsque l'URSS ayant cessé d'être communiste, serait dirigée par un dictateur militaire avant d'accéder à la démocratie ; voire encore plus tard, lorsque l'inéluctable prolifération aurait permis à des États terroristes d'accéder à l'arme nucléaire.
Emission de France Culture :Inégalitaire, trop compétitive ou trop laxiste, l’école française est aujourd’hui accusée de tous les maux. Entre le développement rapide des plateformes numériques, l'état inquiétant de l'enseignement public et la concurrence exigeante des modèles éducatifs internationaux, comment se réinventer ? Pour l'économiste et écrivain Jacques Attali, c'est "une question de méthode"