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La Grande patience tome 1 sur 4
EAN : 9782266082228
487 pages
Pocket (28/05/1998)
4.05/5   275 notes
Résumé :
Dole, 1937.
Julien Dubois a quitté l'école et la maison de ses parents. Il a quatorze ans. Apprenti pâtissier, il découvre le travail des humbles, l'humiliation et l'injustice. Mais aussi la douceur et la beauté des femmes. Et bientôt, la guerre qui monte...
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
4,05

sur 275 notes
Une relecture idéale pour moi en cette période de l'année. J'ai reçu La Maison des autres en cadeau de Noël 1992 pour mes presque treize ans. Ce très beau présent m'a fait découvrir un écrivain contemporain, Bernard Clavel, auteur de la Grande Patience dont le quatrième et dernier tome, Les Fruits de l'hiver, a obtenu le prix Goncourt en 1968.

Je me suis très vite passionnée pour ces quatre ouvrages car Bernard Clavel avait le talent d'écrire pour petits et grands, de sept à soixante-dix-sept ans, comme il est coutume de dire. Il avait d'ailleurs confié à une journaliste dans Bernard Clavel, qui êtes-vous ? qu'il trouvait que la langue est belle quand elle s'adresse à tout le monde. Je partage pleinement cet avis. Henri Troyat avait un talent similaire, je pense entre autres à des textes comme Youri, Aliocha et La Gouvernante française qui m'ont fait découvrir la révolution russe. Ce n'est pas donné à tout le monde de savoir captiver à la fois les enfants et leurs parents, d'écrire aussi pour la jeunesse sans que ce soit pour autant catégorisé « young adult », anglicisme oblige.

Ce n'est pas la révolution russe que m'a fait découvrir Bernard Clavel avec La Maison des autres et La Grande Patience mais la Seconde Guerre mondiale. Bernard Clavel est, dans cette fresque historique, le peintre d'une époque, celle de sa jeunesse et de la vie de ses parents. Cette époque était celle de mes grands-parents (leur jeunesse) et de mes arrière-grands-parents. Ainsi se fait la transmission en famille, grâce à l'art du conte oral ou écrit.

Plusieurs chroniques de mes amis m'ont donné envie de redécouvrir son oeuvre. La Maison des autres évoque les conditions de vie difficiles des apprentis en 1936 à travers l'histoire de Julien Dubois âgé de quatorze ans qui deviendra le jeune homme du Coeur des vivants plongé au coeur de la Seconde Guerre mondiale et l'homme accompli des Fruits de l'hiver que ses parents ont hâte de revoir. Celui qui voulait voir la mer et Les Fruits de l'hiver sont davantage axés sur la vie des parents de Julien pendant l'Occupation. le personnage de Julien est grandement inspiré de la vie de Bernard Clavel.

Bernard Clavel est un écrivain qui n'a jamais renié ses origines modestes et qui a eu le courage de refuser la légion d'honneur car son père, qui avait fait la Première Guerre mondiale, ne l'avait pas eue. Un père et une mère qui ont inspiré Les Fruits de l'hiver et qui, comme beaucoup d'hommes et de femmes de cette génération, auraient bien mérité cette décoration.

Un écrivain à lire, relire et pourquoi pas offrir un de ses livres en ces périodes de cadeaux.

« L'homme qui n'a point été apprenti est un grand enfant » Alain.

« Dans une société sage, chaque humain devrait faire un temps de service parmi les pauvres. Ainsi saurait-il demeurer leur frère dans la fortune. » Thyde Monnier.

(Épigraphes de la Maison des autres.)
Lien : https://laurebarachin.over-b..
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J'ai lu "La Maison des autres" adolescente et c'est sans doute principalement pour cette raison que je me suis sentie très investie dans le récit de l'apprentissage de Julien, futur boulanger-pâtissier, que l'auteur situe quelques années avant qu'éclate la Seconde Guerre mondiale.

L'apprentissage professionnel de Julien se double de son apprentissage personnel, un chemin initiatique qui lui permet d'éprouver émois amoureux balbutiants et puissance de l'amitié, le tout dans le contexte laborieux de l'artisanat de bouche.

L'écriture de Bernard Clavel m'avait vraiment charmée ; elle est très accessible, notamment au jeune lectorat. Par la suite, je n'ai pas eu l'occasion de lire la suite de "La Grande patience" mais ça ne reste que partie remise.
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La vie d'un apprenti boulanger soumis à un patron dur dans une petite ville du Jura dans le milieu des années 30.
La découverte de la vie dans tous ses aspects : l'amour, la politique, l'amitié, le travail, l'art, la mort, la solidarité, la comédie humaine, ...
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Relecture,dans le cadre du Challenge solidaire, du premier tome de la saga La grande patience.

L'histoire est celle d'un jeune garçon qui , en 1937, devient apprenti pâtissier et va, pendant deux ans, subir les exigences, les colères, la brutalité d'un patron vantard et fainéant et les minauderies paternalistes de son épouse. Lit infesté de punaises, travail harassant, horaires à rallonge, pratiquement pas de congés....il ne fait pas bon être apprenti dans ces années 30 où le syndicalisme est encore mal connu , voire inconnu dans certaines branches comme ici celle des « métiers de bouche », laissant leurs employés à la totale merci de patrons sans scrupules.


On sait que cette histoire est autobiographique : comme son héros Julien, Bernard Clavel est entré à 14 ans en apprentissage à Dole chez un pâtissier. de cette expérience il dira plus tard :
« Mon patron était un vrai salaud, et pendant deux ans ce fut un enfer. C'était un avorton que j'aurais pu coucher d'une gifle, mais à cette époque le patron c'était le patron et on la fermait. »

Heureusement pour Julien/Bernard, il n'est pas seul dans cet enfer et le roman offre une belle galerie de portraits, des autres employés à l'oncle pêcheur et confident. Amitiés, solidarité, premiers émois amoureux, ces années seront capitales dans la formation du futur écrivain , alors que la guerre approche à grands pas.


J'étais curieuse de voir si ce roman que j'avais beaucoup aimé adolescente me plairait encore aujourd'hui.

Verdict : si l'écriture m'a semblé un peu « plate » au début de ma lecture, je me suis vite attachée aux personnages et j'ai trouvé ce roman très intéressant comme témoignage de la vie ouvrière dans les années 30. On est dans le roman réaliste, au plus près de cette classe populaire que Clavel connaît bien, avec des personnages bien campés et des dialogues enlevés. Les descriptions sont tellement précises qu'on a l'impression d'être dans le «  laboratoire » nous aussi et de sentir les croissants chauds !
Auteur d'une littérature populaire, au bon sens du terme, un peu oublié aujourd'hui, Bernard Clavel mérite qu'on le redécouvre.
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Peut-on être un grand écrivain et en même temps un écrivain populaire, c'est-à-dire toucher (dans tous les sens du terme, atteindre comme émouvoir) tous les types de public, toutes les classes sociales, avec un même souci de qualité littéraire ? La réponse est : oui, bien sûr ! Les exemples sont innombrables : dans le passé Victor Hugo, Alexandre Dumas, Jules Verne (et des centaines d'autres), et plus près de nous des exemples aussi probants que Marcel Pagnol, Henri Troyat ou Bernard Clavel.
Il y eut en France, dans les années 60 et 70, un petit noyau d'écrivains (qui par hasard se retrouvèrent à l'Académie Goncourt), Bernard Clavel, Robert Sabatier, Hervé Bazin, François Nourissier, Michel Tournier ou Françoise Mallet-Joris, qui justement présentaient cette caractéristique d'être à la fois d'excellents prosateurs, et en même temps d'être bien perçus par une majorité de lecteurs, et non pas seulement par une « élite ».
Bernard Clavel (1923-2010) est un auteur dont le succès ne s'est jamais démenti : principalement par ses romans, mais aussi par ses contes, ses nouvelles, ses essais et ses poèmes. C'est surtout dans le domaine romanesque qu'il s'est illustré : trois grandes sagas : « La Grande Patience » (1962-1968), « Les Colonnes du ciel » (1976-1981) et « le Royaume du Nord » (1983-1989) ; et une bonne vingtaine de romans dont « L'Espagnol » (1959) …
« La Grande patience » contrairement aux autres sagas, est un cycle romanesque en grande partie autobiographique qui se situe essentiellement dans le Jura et la Franche-Comté (pays natal de l'auteur), mais également dans le Sud-Ouest (région tarnaise).
Nous sommes en 1937. Julien Dubois, 14 ans, part en apprentissage chez un pâtissier de Dôle (Jura). C'est le début d'un douloureux apprentissage, avec un patron, Petiot (comme le docteur, et pas plus intéressant), injuste, violent, feignant, la femme du patron, minaudière et faussement maternelle, les autres apprentis, les autres employés, et les clients. Une vie rendue difficile, par les conditions de travail (il n'y avait pas de statut d'apprenti, à cette époque), malgré l'attrait du métier. Heureusement en compensation, il y a l'amitié (André) et même l'amour (premiers émois avec Hélène) … Julien s'endurcit, et au bout de ses deux ans d'apprentissage, il peut revenir à Lons-le-Saunier chez ses parents. Mais nous sommes à la veille de la guerre.
Roman d'apprentissage donc, où l'on découvre le jeune Julien/Bernard faire ses armes dans la vie. Professionnellement, sentimentalement, il en bave, mais tout devient expérience. Et comme il n'est pas bête, il tire profit de ces leçons que lui donnent les contrariétés de l'existence – mais aussi ses bonheurs. Clavel dresse un tableau vivant de cette avant-guerre provinciale, où les mentalités qui se heurtent expliquent un peu le cataclysme à venir, malgré l'insouciance affichée. Clavel, pacifiste en l'âme, pose les premiers jalons de ses convictions, qu'il développera dans les volumes suivants, au coeur de la tourmente.
Description d'une classe ouvrière où Julien découvre une forme de solidarité, et se forge une conscience politique, « La maison des autres » (c'est-à-dire tout ce qui est en-dehors du cocon familial) se veut donc le creuset où se constitue en partie la personnalité de Julien/Bernard. Mais il est un autre aspect du roman à ne pas négliger, c'est l'hommage profond de l'auteur à sa terre natale : « Et lorsqu'on me d'évoquer le Jura, ce n'est jamais à un département que je pense, mais d'abord à une palette - ces monts d'un bleu inimitable sur quoi pèse un ciel souvent très dense, aux nuances d'une infinie richesse ». On se souvient en effet que la première vocation de l'auteur était d'être peintre : finalement, il l'est doublement, par le pinceau, et par la plume…

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
- Mais nom de Dieu, quand est-ce que les ouvriers comprendront qu'il faut tordre le cou au paternalisme! Quand est-ce qu'ils comprendront que le plus dangereux pour eux c'est le patron bon enfant, le patron qui paye l'apéro de temps en temps et qui blague avec vous. Et ils s'y laissent prendre, et ils marchent comme des benêts. Ils ne comprendront donc jamais qu'ils est impossible d'être copain avec un patron sans finir par être sa victime!
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Si mon compte est exact, voilà des garçons qui font une moyenne de soixante-dix heures de travail par semaine. Si on ajoute à cela le four à allumer tous les soirs, les esquimaux à porter aux cinémas, le magasin à fermer et tout le tremblement. Si on tient compte du fait que ce sont encore eux qui servent à table, qu’ils n’ont pas le droit de s’absenter ni le dimanche après-midi ni le soir à cause des courses qu’on peut leur demander de faire, je ne sais plus très bien où on va. Tout compté, on doit arriver à quelque chose comme quatre-vingts heures de travail. Quant à la présence effective, n’en parlons pas, ça irait chercher dans les seize à dix-huit heures par jour. C’est proprement ahurissant ! Et comme ils passent le reste du temps dans leur chambre, on peut dire qu’ ils sont à la disposition du patron vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
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Le second intervint.
- Vous êtes trop bon, mon pauvre chef. Votre autorité part en brioche ! (Il imita la voix du chef.) Je vais vous le dire, moi, il n'y a qu'un secret dans le métier : le pied au cul. Le pied au cul, tout est là. Quand on a compris ça, le reste vient tout seul.
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Mme Petiot devait avoir un flair particulier pour déceler ce qui n’allait pas. Alors, toujours, avec son sourire qui faisait monter ses pommettes jusqu’à ses tempes, elle joignait les mains, esquissait une courbette qui entrouvrait son corsage sur la naissance de ses seins blancs et disait par exemple :
- Vous avez l’air tout endormi, mon petit Julien, il faut vous réveiller. Autrement M. Petiot va crier. Tenez, prenez le vélo et allez vite porter ça chez Mme Untel, je suis persuadée que l’air frais vous fera du bien.
Et c’était ainsi chaque fois que, moulu de fatigue, Julien sentait ses yeux se fermer et pensait pouvoir se reposer un moment avant le repas du soir.
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- Ces gens-là ont bonne réputation dans la ville, dit la tante. Ça m’étonnerait beaucoup qu’ils ne soient pas convenables avec leur personnel.
- Enfin quoi, il y a des lois, elles ne sont pas faites pour les chiens. Ou bien Julien nous raconte des histoires, ou bien ces gens-là vont un peu fort.
- Je t’assure que c’est ça, dit Julien. Mais ça doit être normal puisque les autres ne disent rien.
- Voilà. Voilà par où le ver pénètre dans le fruit. Les gamins ne connaissent pas leurs droits. Ils entrent dans une boîte où ils prennent des habitudes, ils donneront ces habitudes à d’autres qui viendront après eux et ainsi de suite. Et pendant ce temps, il y a des types qui se crèvent à faire admettre la semaine de quarante heures, qui risquent leur place et parfois même leur peau pour que ça change. Bon Dieu de bon Dieu, le petit patronat est encore plus dangereux que la grosse entreprise. Quand il y a trois ou quatre ouvriers dans une boîte, le patron les tient avec des conneries, des bricoles, des avantages de rien, une espèce de fausse camaraderie qui lui rapporte gros. En fin de compte, jamais personne ne se plaint.
- Évidemment, c’est toujours la même chose parce qu’il y a toujours des gens comme toi pour considérer qu’il n’y a rien à faire ; que tout est bien ainsi, et que si les choses doivent changer un jour, ce sera par la volonté de je ne sais quel bon Bon Dieu.
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