AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Frank Lestringant (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070418480
192 pages
Gallimard (16/11/2003)
3.54/5   129 notes
Résumé :
Fantasio, "bourgeois de Munich" vaguement bohème, est menacé de la prison pour dettes. Dans le même temps la princesse Elsbeth, fille du roi de Bavière, est fiancée au prince de Mantoue, un imbécile couronné. Pour échapper à ses créanciers et aussi par désœuvrement, Fantasio, sur un coup de tête, décide de prendre la place du bouffon du roi qui vient de mourir. Plutôt qu'une comédie, Fantasio est une féerie, irréelle de légèreté et d'élégance, où se conjuguent les i... >Voir plus
Que lire après FantasioVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
3,54

sur 129 notes
5
4 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
3 avis
1
0 avis
— Driiiing !
— Allo ?
— Salut, c'est le petit diablotin de ton épaule gauche.
— Tu m'appelles depuis mon épaule gauche ?
— Naan, je suis en vacances, au frais dans le désert du Sahara
— C'est pour ça que je me sens léger je suppose. Si tu es en vacances, pourquoi tu m'appelles ?
— Ben je te rappelle qu'on doit jouer en duo pour une critique de théâtre. C'est dans mon agenda.
— Ah oui, la critique de Fantasio, c'est vrai. Tu joues le méchant contradicteur ?
— D'après toi ? L'angelot, il est sur ton épaule droite et il pionce tel que je le connais.
— Ok, c'est parti alors.
— Humm, humm ! Bon, alors, ça cause de quoi ta pièce ?
— C'est une comédie d'Alfred de Musset.
— Stooop ! « Comédie » et « Musset » sont inconciliables. Musset n'est pas un farceur, c'est un bonnet de nuit.
— Je te jure, c'est vendu comme une comédie. Et la forme, le premier degré, est plutôt légère. C'est l'histoire d'un bourgeois de Munich désargenté qui décide au pied levé de remplacer le bouffon du roi de Bavière qui vient de passer, et qui va tout faire pour sauver la fille du roi d'un mariage de raison avec l'affreux et stupide prince de Mantoue.
— Il n'y avait pas de princes à Mantoue, mais un duc.
— Tu chipotes là. Tu n'es pas très en forme.
— Hé, je suis en vacances je te rappelle. Laisse-moi le temps de m'échauffer. Bon, je parie que ta présentation tout en « légèreté » cache quelque chose.
— Il y a des scènes assez burlesques. Comme celle où le bourgeois-bouffon – c'est Fantasio – cueille la perruque du prince avec un fil et un hameçon ou quand le prince échange ses habits avec son aide de camp, coup classique au théâtre. Les nombreuses tirades de Fantasio sont amusantes… dans la forme.
— Aha !
— Quoi, « aha ! »
— Tu as hésité. Tu parles de premier degré, de la forme. Ça veut dire que le fond est moins marrant, pas vrai ?
— Ben… disons que le fond est plus sérieux. Musset utilise un peu Fantasio comme son héraut, l'interprète de ses pensées.
— Ouais, je vois. Il lui fait cracher son propre venin pas vrai ?
— Disons que l'histoire m'a l'air d'être un prétexte à l'exposition d'un grand nombre d'opinions qui égratignent. La mélancolie des jeunes de sa génération, qui suit la chute de l'Empire, apparaît clairement. J'avais une boule au ventre en lisant. Son dégoût du théâtre moderne à la Dumas et Hugo aussi s'exprime dans des sarcasmes. On le sent envieux de leur succès aussi, lui qui n'est pas beaucoup joué de son vivant.
— Oui, je vois le genre. Ouiiinn ! Pourquoi les auteurs minables ont-ils du succès et pas moi ? Un jour je leur montrerai que j'ai du talent.
— Non, ce n'est pas geignard. Mais on sent un peu le dépit.
— Bon, pour résumer, ton Musset est bien un bonnet de nuit pleurnichard et déprimé qui a mis un nez rouge pour raconter ses malheurs. C.Q.F.D, quod erat demonstrandum, belote, rebelote et dix de der !
— Ah, tu es chaud là ! le mélange de comédie et de pamphlet est plus réussi que ce que tu dis. Mais c'est vrai que c'est plutôt le côté grave qui a retenu mon attention. Il faut dire que j'ai été influencé par la préface que j'avais lu avant la pièce. On doit recevoir la pièce avec plus d'entrain si on ne fait pas ça.
— Si je n'avais pas été en vacances, je t'aurais incité à ne pas lire la préface et à plonger tout nu dans le texte. Ça t'apprendra.
— J'ai l'impression que l'angelot de mon épaule droite sourit, comme s'il t'avait joué un mauvais tour.
— L'enfoiré !
Commenter  J’apprécie          4622
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu de théâtre. En fait, ce n'est pas tout à fait vrai, l'année dernière j'avais lu "Ubu roi" qui avait été une déception et ne m'avait pas donné envie de m'y remettre. Disons donc plutôt que j'avais oublié combien il pouvait être facile et agréable de lire du théâtre.

J'ai passé un très bon moment avec "Fantasio" De Musset. C'est une lecture fraîche et divertissante tout en étant impertinente et intelligente.
Le personnage de Fantasio est excellent. Loin de tout simplisme, il est à l'image de la pièce, oscillant entre légèreté et gravité. "Fantasio" est en effet une comédie mais qui a une tonalité particulière. Son héros est à la fois drôle et mélancolique. Extrêmement pertinent et observateur, il porte sur le monde un regard à la fois lucide et amusé. Tout en voyant le monde et les Hommes tels qu'ils sont, injustes et n'inspirant pas vraiment l'optimisme, Fantasio prend le parti d'en rire, n'hésitant pas à se moquer aussi bien de lui-même que des autres, d'autant plus si ce sont des puissants. Ce n'est pas pour rien qu'il va revêtir le costume de bouffon, le seul qui offre la liberté de rire de tout et de tout le monde. J'ai d'ailleurs trouvé très audacieux le jeu de miroir entre les travestissements de Fantasio et du prince. En créant un parallèle entre Fantasio se déguisant en fou du roi et le prince prenant l'identité de son aide de camp, l'auteur se permet, l'air de rien, de comparer le prince à un bouffon. D'ailleurs le ridicule et la fatuité de ce personnage seront révélés à travers une plaisanterie bien irrévérencieuse.

La pièce est très vivante, dynamique et se lit vite et très facilement grâce à un rythme soutenu et au fait qu'il y ait très peu de didascalies.

J'ai donc beaucoup apprécié ma lecture. J'ai trouvé cette pièce savoureuse et cela m'a réconciliée avec la lecture du genre théâtral.
Commenter  J’apprécie          393
« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais vous parler de Fantasio

-Aaaaaah, enfin quelque chose d'intéressant ! J'adore Gaston Lagaffe !

-Euuuh… le Fantasio d'Alfred de Musset et non d'André Franquin. Or donc, Fantasio, jeune homme endetté, se déguise en bouffon de la princesse pour fuir ses créanciers. Pendant ce temps, un prince voisin se déguise pour approcher ladite princesse incognito et la courtiser comme dans une pièce de théâtre.

-Voilà qui promet maintes situations désopilantes et quiproquos !

-Oui. Mais non.

-Non ?

-Non.

-Mais ça t'a plu, ça t'a déplu, ça t'a quoi ?

-Déplu. Comment dire ? Fantasio est une pièce de théâtre, une comédie, paraît-il. Hélas, la morosité de Fantasio me voile l'aspect comique. En parlant de comédie, j'attendais… de l'humour drôle, des répliques qui fusent, de la vivacité, un rythme prenant, et… j'ai trouvé des déclamations fades, un rythme lourd, trop déséquilibré entre les deux actes, trop lent au début, trop rapide à la fin. Quant à la meilleure blague, elle se déroule complètement hors de la scène !

-Moi, les petites allusions à d'autres oeuvres m'ont bien amusée.

-Mais ses vitupérations contre le théâtre moderne, quel ennui ! J'avais envie de lui répondre « Alfred, tu es bien gentil, mais quand je te lis, j'comprends pourquoi on enseigne Ruy Blas… »

-C'aurait été de mauvaise foi, Déidamie. On enseigne aussi Lorenzaccio et Les caprices de Marianne. Antony, en revanche, ce n'est plus trop à la mode.

-Ah, Antony ! Quelle pièce intéressante ! de Terribles Souffrances, d'affreux dilemmes, du vice, de l'héroïsme, de l'amour, de la Société qui est méchante, bref, du sentiment, de l'intensité enfin ! Ici, tout nage dans une mélasse collante de sinistrose.

-T'exagères, Déidamie. de l'intensité, tu en as avec la princesse.

-Mouais…

-Ah si. Son déchirement entre l'intérêt collectif et individuel rend son texte poignant. Et j'ai beaucoup aimé comment sa tristesse la pousse vers le bas matérialisme pour toute consolation : elles sont là, nos copines Satire et Provocation ! le texte du stupide prince de Mantoue est réussi, lui aussi. Quelle bonne idée de tourner en dérision les stratagèmes du théâtre de Marivaux ou de Beaumarchais !

-Certes, mais cela reste insuffisant pour sauver la pièce. Je crains bien d'être restée de la vieille école (ou plutôt de l'école « moderne » selon l'auteur) en matière de théâtre et de ne pas apprécier plus que cela la patte d'Alfred.

-Ce monsieur a quand même du mérite ! Tu ne peux pas dire que c'est tout mauvais !

-Non, en effet. Tu es là pour le rappeler. »
Commenter  J’apprécie          253
Une comédie en deux actes très courte : à peine est-on entré dans l'intrigue que la comédie se termine… ou pas…

C'est une proposition de LC de Bazar qui m'a poussé à découvrir ce texte. J'ai fait le choix de le lire directement sans revoir le contexte de l'époque afin de profiter pleinement du texte lui-même. Mon avis sera mitigé, je ne suis pas forcément emballée par l'écriture. Si l'on retrouve de nombreux codes du théâtre classique, de nombreux autres éléments s'en démarquent.
Le thème de départ est amusant, je pensais trouver le personnage de Fantasio proche de celui d'Arlequin par exemple que j'aime particulièrement : le serviteur qui se travestit et fait des farces. Or ici Fantasio n'a de fantasque (ou fantaisiste) que son nom… j'ai trouvé ce personnage plutôt fade et vide. de même que les autres personnages du reste qui manquent à mon goût de saveur.
Il y a de bonnes idées mais rien n'est vraiment approfondi et je reste sur ma faim. Les travestissements ne donnent lieu à quasiment aucun jeu sur scène, tout se jouera en dehors et nous sera raconté par la servante…quel dommage !
La fin m'a d'autant plus déçue qu'il n'y a pas de fin à proprement parler sans vouloir dévoiler les détails à de futurs lecteurs.

Cette pièce ne me laissera pas de grand souvenir. Je tenterai toutefois de lire d'autres textes de l'auteur dont les titres sont très connus, vous savez : ces fameux classiques qu'on ne lit que rarement…
Commenter  J’apprécie          263
Je ressors très mitigée de cette pièce De Musset.
On nous explique qu'elle doit être relacée dans son contexte pour être appréciée. Sans cela...
L'histoire est ultra basique et peu développée, les personnages ne sont pas franchement attachants, l'enjeu nous échappe sans explication annexe. Franchement, quel intérêt de ce genre d'oeuvre si on ne peut pas la comprendre par elle même.
Commenter  J’apprécie          182

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
MARINONI
Permettez-moi de baiser cette main charmante, madame, si ce n'est pas une trop grande faveur pour mes lèvres.
LA PRINCESSE
Votre Altesse m'excusera si je rentre au palais. Je la verrai, je pense, d'une manière plus convenable à la présentation de ce soir.
(Elle sort.)
LE PRINCE
La princesse a raison ; voilà une divine pudeur.
LE ROI, à Marinoni
Que est donc cet aide de camp qui vous suit comme votre ombre ? Il m'est insupportable de l'entendre ajouter une remarque inepte à tout ce que nous disons. Renvoyez-le, je vous en prie.
(Marinoni parle bas au Prince.)
LE PRINCE, de même.
C'est fort adroit de ta part de lui avoir persuadé de m'éloigner ; je vais tâcher de joindre la princesse, et de lui toucher quelques mots délicats, sans faire semblant de rien.
(Il sort.)
LE ROI
Cet aide de camp est un imbécile, mon ami ; que pouvez-vous faire de cet homme-là?
MARINONI
Hum ! hum ! Poussons quelques pas plus avant, si votre Majesté le permet ; je crois apercevoir un kiosque tout à fait charmant dans ce bocage.
(Ils sortent.)

Acte II, scène I

[Il faut avoir en tête pour cette scène que le Prince de Mantoue se fait passer pour son aide de camp, Marinoni, et inversement]
Commenter  J’apprécie          202
Fantasio est une comédie atypique. Parue dans "la Revue des Deux Mondes" le 1er janvier 1834, la pièce se veut un pastiche d'Hoffmann et une fantaisie poétique.
Fantasio est un jeune homme fantasque qui vit au gré de ses humeurs et fuit ses créanciers ; double du poète, c'est un oisif, un joueur, un alchimiste du verbe.
Il s'ennuie et noie son spleen dans des verres de bière et dans des calembours usés.
En voyant passer l'enterrement du bouffon, il a l'idée saugrenue de prendre le costume du défunt et de s'introduire à la cour.
Cette action entraîne une série de péripéties cocasses, sans que la pièce ne se referme de manière heureuse....
(extrait de "Le Théâtre français du XIXème siècle - Anthologie de l'Avant-Scène Théâtre" paru en 2008 aux "éditions l'Avant-Scène Théâtre")
Commenter  J’apprécie          140
FANTASIO: C'est ainsi que le monde entier se métamorphose sous les mains de l'homme ; et la pauvre dame Nature doit se rire parfois au nez de bon cœur, quand elle mire dans ses lacs et dans ses mers son éternelle mascarade. Croyez-vous que ça sentît la rose dans le paradis de Moïse ? Ça ne sentait que le foin vert. La rose est fille de la civilisation ; c'est une marquise comme vous et moi.
(Acte II, scène 1)
Commenter  J’apprécie          210
LE ROI

Mes amis, je vous ai annoncé, il y a déjà longtemps, les fiançailles de ma chère Elsbeth avec le prince de Mantoue. Je vous annonce aujourd'hui l'arrivée de ce prince ; ce soir peut-être, demain au plus tard, il sera dans ce palais. Que ce soit un jour de fête pour tout le monde ; que les prisons s'ouvrent, et que le peuple passe la nuit dans les divertissements. Rutten, où est ma fille ?

Les courtisans se retirent.

RUTTEN

Sire, elle est dans le parc, avec sa gouvernante.


LE ROI

Pourquoi ne l'ai-je pas encore vue aujourd'hui ? Est-elle triste ou gaie de ce mariage qui s'apprête ?


RUTTEN

Il m'a paru que le visage de la princesse était voilé de quelque mélancolie. Quelle est la jeune fille qui ne rêve pas la veille de ses noces ? La mort de Saint-Jean l'a contrariée.


LE ROI

Y penses-tu ? La mort de mon bouffon ? d'un plaisant de cour bossu et presque aveugle ?


RUTTEN

La princesse l'aimait.


LE ROI

Dis-moi, Rutten, tu as vu le prince ; quel homme est-ce ? Hélas ! je lui donne ce que j'ai de plus précieux au monde, et je ne le connais point.


RUTTEN

Je suis demeuré fort peu de temps à Mantoue.




LE ROI

Parle franchement. Par quels yeux puis-je voir la vérité, si ce n'est par les tiens ?
Commenter  J’apprécie          60
HARTMAN. Tu as le mois de mai sur les joues.
FANTASIO. C'est vrai ; et le mois de janvier dans le cœur. Ma tête est comme une vieille cheminée sans feu : il n'y a que du vent et des cendres. Ouf ! (Il s'assoit.) Que cela m'ennuie que tout le monde s'amuse ! Je voudrais que ce grand ciel si lourd fut un immense bonnet de coton, pour envelopper jusqu'aux oreilles cette sotte ville et ses sots habitants. Allons, voyons ! dites-moi, de grâce, un calembour usé, quelque chose de bien rebattu.
HARTMAN. Pourquoi ?
FANTASIO. Pour que je rie. Je ne ris plus de ce qu'on invente ; peut-être que je rirai de ce que je connais.

Acte I, scène II
Commenter  J’apprécie          111

Videos de Alfred de Musset (57) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alfred de Musset
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : « La confession d'un enfant du siècle », _in_ _Oeuvres de Alfred de Musset,_ ornées de dessins de M. Bida, Paris, Charpentier, 1867, p. 432.
#AlfredDeMusset #LaConfessionDUnEnfantDuSiècle #LittératureFrançaise
Dans la catégorie : Littérature dramatiqueVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues romanes. Littéraure française>Littérature dramatique (842)
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (605) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Cid (Corneille)

Que signifie "Le Cid" en arabe ?

le seigneur
le voleur
le meurtrier

10 questions
813 lecteurs ont répondu
Thèmes : théâtreCréer un quiz sur ce livre

{* *}