Une fabrique d'élevage pour animaux féroces… Un zoo de félins et autres prédateurs en tout genre…
Lorsque l'on jette un coup d'oeil au site de Saint Quentin, pas en Yvelines, il est vrai que l'environnement n'a rien d'accueillant :
- Des quartiers plus ou moins fréquentables selon votre race, votre origine ou votre degré de dangerosité…
-Des cages plus ou moins grandes selon votre statut, plus que moins bondées et mal odorantes, et souvent pas très confortables (évitez plus tout le quartier B)…
- de la nourriture tout juste correcte pour les animaux hormis pour quelques privilégiés…
- Un terrain à l'air libre tout de même pour se dégourdir les pattes pour ceux qui peuvent sortir de leur cage…
En clair, un véritable zoo… humain ! Ou, selon les termes d'
Edward Bunker, une usine pour animaux (« Animal Factory » dans le titre original).
Ayant lui-même passé sept années dans cette prison de Californie où il faillit devenir fou (il y a vraiment de quoi !), l'auteur propose de faire découvrir le site et ses codes particuliers à la suite de l'arrivée à St Quentin d'un beau jeune homme blond, Ron Decker.
Autant dans notre société, la beauté s'avère être un énorme avantage, autant en prison, elle devient un fardeau qui peut vous attirer les pires ennuis.
En effet, les obsèdes sexuels, maquereaux ou autres brutes épaisses vont essayer de maître la main sur cette marchandise si convoitée, qu'elle soit consentante ou pas.
Pour échapper à ces prédateurs, Ron décide de rejoindre une des bandes de la prison, la Fraternité, confrérie de prisonniers blancs dirigée par un certain Earl, qui protège ses membres contre les autres clans noirs, mexicains ou Chicanos.
Dans cet univers confèrent à la jungle, Ron va-t-il réussir à sortir indemne de ce cauchemar dans lequel il n'était pas préparé et armé à la base ?
Après avoir lu l'excellent «
Aucune bête aussi féroce » du même auteur (1) qui nous dépeint la dure réalité de la sortie de prison, ce second opus de la trilogie Bunker décrit au contraire les conditions de détention dantesques des prisonniers dans les années 60 et 70 aux Etats-Unis.
Avec une écriture toujours aussi aiguisée, maîtrisée et sans aucune concession,
Edward Bunker nous fait toucher du doigt les relations des détenus entre eux ou avec les membres influents du milieu (surveillants, médecins ou cadres de la prison). En résumé, un univers à la fois fascinant et impitoyable que j'espère ne jamais côtoyer une seule fois dans ma vie, en dehors des livres évidemment.
A découvrir impérativement pour tous ceux qui ne souffrent pas de claustrophobie…
(1) Pour ceux qui ne connaissent pas Bunker, les deux premiers ouvrages de la trilogie consacrée à la « Bête » sont totalement indépendants et peuvent donc se lire dans n'importe quel ordre contrairement à la trilogie Lemaitre ou Larsson par exemple, «
La Bête au ventre » (Little Blue Boy) étant le dernier opus de la série que je ne manquerai sous aucun prétexte.