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François Guérif (Autre)Freddy Michalski (Traducteur)
EAN : 9782743661823
352 pages
Payot et Rivages (24/01/2024)
4.23/5   129 notes
Résumé :
Fils de bonne famille, Ron, 25 ans, est incarcéré à San Quentin, Californie, pour trafic de stupéfiants. Dans la cour de la prison, il se fait vite remarquer par les milliers de paires d'yeux avides de sa jeunesse et de sa beauté. Mais Earl, un briscard quadragénaire, le prend sous sa protection. Earl est un membre influent de la Fraternité, confrérie de prisonniers protégeant les taulards blancs contre les autres. Pour R... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Intriguée par les citations postées par Le_Bison je me suis lancée à l'aveugle dans cette lecture. En quelques minutes je me suis retrouvée balancée au beau milieu de la célèbre prison de San Quentin aux Etats-Unis. Un univers violent, brutal qui m'a tenu entre ses griffes jusqu'à la dernière ligne. Edward Bunker se charge de faire voler en éclat l'idée que se fait le péquenot moyen d'un séjour en prison.

Quand Ron arrive à San Quentin ce n'est un petit bourge qui a essayé de se faire de l'argent facile en vendant de la drogue et à qui maman a payé un bon avocat. A priori, s'il fait profil bas il ne devrait pas traîner ses fesses trop longtemps derrière les barreaux. Ses fesses justement sont au coeur du problème. Un petit nouveau trop mignon qui tombe dans la cage aux lions je ne vous fais pas un dessin. Mais sous ses airs angéliques il en a sous le pied le petit Ron et il n'est pas prêt à se laisser faire. Pas encore, mais la prison en a brisé plus d'un. Il y a peu d'options à son problème.

Sérieusement la prison a ses propres règles : une balance ne survit pas, un faible ne survit pas, et soyons honnête un être humain ne survit pas. Non si Ron veut survivre il va devoir faire appel à son instinct, se comporter en animal et comme tout animal intégrer une meute. Si Ron est plutôt solitaire il va avoir de la chance sur ce coup là, Earl une des figures emblématiques de la prison va le prendre sous son aile. Earl est un vieux détenu et la prison il en connaît les moindres recoins et toutes les ficelles. D'ailleurs il a des potes fiables sur qui il peut compter : des membres de la fraternité aryenne, quelques uns de la fraternité mexicaine et quelques potes noirs mais de loin. Il faudrait voir à ne vexer personne. Ça vous choque ? Moi aussi j'avoue que ça me donnerai même un peu la gerbe. Plutôt crever que de traîner avec des types pareils ? On est d'accord. Mais tout n'est pas toujours tout noir ou tout blanc (sans mauvais jeu de mots!) et ni Earl ni Ron ne partagent les idées des suprémacistes blancs même si la prison s'évertue à faire naître cette haine en eux. Et oui, on est en taule aux États Unis et l'une des règles de la prison est la ségrégation. Aussi tacite soit-elle cette règle est incontournable. le principe est simple : les blancs avec les blancs, les noirs avec les noirs, les… enfin vous avez compris l'idée. Simple et efficace. En plus au moindre pépin l'administration de la prison peut s'empresser de tout coller sur le dos des guerres raciales. L'art d'entretenir la haine entre des hommes qui, s'ils savaient qu'ils ont plus de choses en commun que de différences, pourraient se retourner contre l'administration de la prison. Diviser pour mieux régner, classique.

Devenir paranoïaque, être toujours sur le qui vive, intégrer la haine ambiante, la faire sienne, la subir, humer l'air pour jauger les risques, se fabriquer un masque, changer son regard, faire attention à sa démarche, ne pas devenir fou... et tout cela en restant humain et en ne perdant pas de vue sa réincarcération ? Peine perdue. Vous y entrez en petite frappe et vous ressortez brisé ou terriblement endurcie. Pour peu que vous ayez commencé par l'étape maison de redressement les codes de la prison ont été intégrés plus sûrement que ceux de la société des hommes libres et il y a fort à parier que ce soit définitif !

Ce livre est une critique véhémente et musclée contre le système carcéral américain. Mais c'est aussi une histoire d'amitié et d'humanité. Une histoire en demi teinte ou la frontière entre le bien et le mal est brouillée par la nécessité impériale de survivre. Loyauté, code d'honneur, relations humaines ambiguës, Edward BUNKER décode pour nous le quotidien de la vie de taulard et il sait de quoi il parle il l'a vécu.

Ce livre je ne l'aurais jamais ouvert si j'avais su qu'Edward BUNKER avait été membre en prison de la fraternité aryenne et je n'aurais jamais su que les choses sont loin d'être aussi simples.
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Des hommes, des noirs et des hispanos, combinaisons oranges, le regard vague, le sourire narquois se retrouvent, là, enchaînés dans la poussière. Et parmi eux, Ron, le beau Ron, le jeune Ron, sa première incarcération à San Quentin. Assis sur les docks, la brume qui s'élève et masque encore le soleil, pour quelques minutes. Quelques secondes encore où je respire une dernière fois, cet air frais et pur s'élevant de la baie de San Francisco. L'endroit est si beau, si lumineux, si silencieux au milieu des vagues qui s'échouent contre la roche blanche, entre écume et calcaire. Si magnifique, et si cruel d'avoir créer une prison, la plus grande, la plus renommée après la mythique et cinématographique Alcatraz, juste en face, fermée quelques années avant avec son dernier évadé. Les autorités avaient le choix, Folsom ou San Quentin. Me voilà donc sous le soleil de Californie et le ciel gris, comme ses murs.

Mais revenons à Ron, ce gamin. Pas sûr que sa belle gueule d'ange va lui servir à grand chose, mais par contre, son cul nul doute qu'il va intéresser du monde. Et pas qu'un peu. Tout le monde se voit déjà y fourrer sa bite dedans, noir ou blanc, s'il y a bien un domaine où le racisme s'efface temporairement, c'est bien dans la sodomie. Et ce n'est ni son parfum Orange Blossom Special ni ses gardiens, qui vont détourner du regard cette horde de bêtes, des animaux nettement plus sauvages qu'une horde de bisons dans un pré d'herbes à vodka, devant la fragilité d'une belle proie isolée.

La première sensation qui me prend est cette puanteur qui se mélange à la poussière. Elle te reste en travers de la gorge, elle t'enveloppe comme un air de Johnny Cash, elle te sature en haine et en sueur. La haine de l'autre, la haine de la société, la haine du gardien, du noir ou de ce couloir qui t'amène vers ta minuscule chambre avec vue... sur la baie. Earl, à ses côtés, comme un ange gardien, un protecteur de tous ces détraqués. Earl qui lit Dostoïevski et Céline, Hesse et Camus. du beau monde dans les livres, seule échappatoire qui se distille à travers les barreaux comme un rayon de lune, ou l'ampoule de la coursive jamais éteinte. Il y a du courage, il y a du déchaînement, mais il n'y a plus aucun espoir. Une fois pénétré l'antre de ces lieux, l'usine pénitentiaire ne fabrique plus que des bêtes sanguinaires assoiffées de vengeance par la poussière de la misère humaine.

Mais ce qui me frappe est surtout l'immersion dans cet univers, la plongée en apnée que l'auteur me propose, la véracité des faits, de l'ambiance. Je suis à San Quentin, je ne sais pas quand je vais ressortir, ni même si j'en ressortirai un jour. Innocent un jour, je deviens une bête le lendemain, lorsque l'avenir n'est représenté plus que par une lame de couteau. Il faut dire que Edward Bunker connaît bien les lieux, incarcéré pour la première fois à San Quentin à l'âge de 17 ans, faisant de lui, le plus jeune détenu. Il a tout de même réussi en s'en échapper par deux fois, survivant à cet enfer au sein de la fraternité aryenne. du vécu dans ce bouquin.
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« Fait trop beau pour rester enfermé, marmonna-t-il, appréciant à sa juste valeur la douleur douce-amère d'encore aspirer à la liberté. »

Descente dans l'univers carcéral de San Quentin. Un excellent roman avec des personnages rugueux, complexes, notamment Earl que j'ai beaucoup aimé dans son rôle paternel vis-à-vis du bleu, qui a dans cette tôle, la malchance d'être jeune, beau et donc bien alléchant. La sympathie qui nait entre Ron et Earl pour devenir amitié constitue le fil conducteur de cette histoire. L'auteur parle de la drogue, du sexe, de l'homosexualité et de la violence qui traverse les cellules. Il explique aussi l'évolution du racisme au travers de l'existence de gangs qui est devenu un classique dans les prisons au fil des années. Il y a aussi tout un pan du roman qui évoque les relations entre détenus et matons, autant de temps dans un monde clos implique évidemment des échanges parfois bons, parfois mauvais. Et toujours cette envie de sortir... Et cette peur qui lui est liée, parce que celui qui est proche de la sortie est aussi un vulnérable en sursis, que ce soit avant l'ouverture de la grille, que ce soit après.
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Une fabrique d'élevage pour animaux féroces… Un zoo de félins et autres prédateurs en tout genre…

Lorsque l'on jette un coup d'oeil au site de Saint Quentin, pas en Yvelines, il est vrai que l'environnement n'a rien d'accueillant :
- Des quartiers plus ou moins fréquentables selon votre race, votre origine ou votre degré de dangerosité…
-Des cages plus ou moins grandes selon votre statut, plus que moins bondées et mal odorantes, et souvent pas très confortables (évitez plus tout le quartier B)…
- de la nourriture tout juste correcte pour les animaux hormis pour quelques privilégiés…
- Un terrain à l'air libre tout de même pour se dégourdir les pattes pour ceux qui peuvent sortir de leur cage…

En clair, un véritable zoo… humain ! Ou, selon les termes d'Edward Bunker, une usine pour animaux (« Animal Factory » dans le titre original).

Ayant lui-même passé sept années dans cette prison de Californie où il faillit devenir fou (il y a vraiment de quoi !), l'auteur propose de faire découvrir le site et ses codes particuliers à la suite de l'arrivée à St Quentin d'un beau jeune homme blond, Ron Decker.

Autant dans notre société, la beauté s'avère être un énorme avantage, autant en prison, elle devient un fardeau qui peut vous attirer les pires ennuis.

En effet, les obsèdes sexuels, maquereaux ou autres brutes épaisses vont essayer de maître la main sur cette marchandise si convoitée, qu'elle soit consentante ou pas.

Pour échapper à ces prédateurs, Ron décide de rejoindre une des bandes de la prison, la Fraternité, confrérie de prisonniers blancs dirigée par un certain Earl, qui protège ses membres contre les autres clans noirs, mexicains ou Chicanos.

Dans cet univers confèrent à la jungle, Ron va-t-il réussir à sortir indemne de ce cauchemar dans lequel il n'était pas préparé et armé à la base ?

Après avoir lu l'excellent « Aucune bête aussi féroce » du même auteur (1) qui nous dépeint la dure réalité de la sortie de prison, ce second opus de la trilogie Bunker décrit au contraire les conditions de détention dantesques des prisonniers dans les années 60 et 70 aux Etats-Unis.

Avec une écriture toujours aussi aiguisée, maîtrisée et sans aucune concession, Edward Bunker nous fait toucher du doigt les relations des détenus entre eux ou avec les membres influents du milieu (surveillants, médecins ou cadres de la prison). En résumé, un univers à la fois fascinant et impitoyable que j'espère ne jamais côtoyer une seule fois dans ma vie, en dehors des livres évidemment.

A découvrir impérativement pour tous ceux qui ne souffrent pas de claustrophobie…

(1) Pour ceux qui ne connaissent pas Bunker, les deux premiers ouvrages de la trilogie consacrée à la « Bête » sont totalement indépendants et peuvent donc se lire dans n'importe quel ordre contrairement à la trilogie Lemaitre ou Larsson par exemple, « La Bête au ventre » (Little Blue Boy) étant le dernier opus de la série que je ne manquerai sous aucun prétexte.
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« En quelques semaines, il accumula assez de livres de poche pour en remplir un carton; (…) Ron cessa rapidement d'apprécier la littérature de poubelle; elle ne parvenait pas à lui nouer l'esprit, à la manière de Dostoïevski, Hesse, Camus et Céline, les écrivains préférés d'Earl. Ron s'était toujours persuadé que Jack London n'avait écrit que des livres pour enfants jusqu'à ce qu'Earl vienne lui offrir « le Vagabond des étoiles » et « le Loup des mers ». Il aimait l'écouter parler des livres. Earl changeait alors d'attitude. Il se montrait loquace, en termes grammaticalement justes et précis. Il ne manifestait d'intérêt que pour la littérature comme forme artistique, mais n'aimait pas nécessairement tout ce qui était accepté de fait comme grand. Il n'aimait ni Dickens ni Balzac, et était d'avis que Thomas Wolfe ne devait plus se lire au-delà de vingt et un ans. En trois mois, Ron lut plus qu'il ne l'avait fait de toute son existence. Il sentit son esprit élargir ses horizons, ses perceptions se faire plus précises, car chaque nouveau livre était un prisme qui venait réfléchir la variété infinie des vérités de l'expérience. Certains agissaient comme des télescopes; d'autres, des microscopes. »
« Un livre époustouflant, superbe, terrible. » s'enflamme Bruno Corty en 4° de couverture, et parfois, ça suffit à donner envie. Alors on découvre la plume d'Edward Bunker et on ne referme le roman que des heures après avoir tourné la première page, le coeur tout gonflé d'émotion. Ron s'est fait choper la main dans le sac. Il menait la belle vie, tout jeune encore, dealer, voitures de sport, superbe appartement, n'ayant aucune conscience de mal faire. Il répondait à une demande, c'était du commerce. Il ne faisait de mal à personne, monsieur le juge. Parce qu'il a une bonne tête et est de bonne famille, que sa jeunesse peut lui permettre de prendre la mesure de ses actes et décider de changer, le juge l'envoie en prison pour deux ans, après quoi il le reverra pour décider de sa peine. Alors Ron se retrouve dans la plus terrible des prisons, et va apprendre à la dure ce qu'est le système carcéral américain… Un roman au rythme parfait qui nous parle de l'essence même de l'être humain confronté à la plus brutale des sociétés. Violent et volontiers grossier, cet univers est aussi extrêmement addictif et sa description minutieuse nous le rend (presque) palpable, avec en prime de très beaux personnages. Vraiment superbe !
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Tank alluma une cigarette et demanda à Ron depuis combien de temps il était à San Quentin. C'était une conversation de présentation : si elle manquait un peu de naturel, elle ne le mit pas mal à l'aise. Puis, à un moment donné, sans trop savoir comment, ce fut Tank qui se mit à raconter son histoire. Il s'était échappé de la maison de redressement, où on l'avait expédié pour refus de scolarité chronique, et il avait volé une voiture. On l'avait alors envoyé dans une prison pour mineurs où il avait tué un homme avant d'être condamné à mort. Après un an passé dans le Couloir des Condamnés, il avait obtenu un nouveau procès où il avait plaidé coupable pour une condamnation à perpétuité. Il avait aujourd'hui vingt-cinq ans, il était en prison depuis onze ans, dont les six derniers en quartiers d'isolement à Folsom et San Quentin. Son attitude était pleine d'une naïveté franche et directe, presque puérile. Un an auparavant, la référence toute banale au meurtre aurait déconcerté Ron, en faisant naître en lui la morsure de la peur. Aujourd'hui, il éprouvait de la compassion pour le jeune homme. Ce dernier avait son âge, il était à la fois plus sage et plus stupide, il ne connaissait de la vie que la prison, ses seuls désirs concernaient la prison, sa seule idée de liberté était de sortir dans la grande cour avec ses "frères".
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En quelques semaines, il accumula assez de livres de poche pour en remplir un carton ; Earl, qui en avait apporté la plus grande partie, hochait toujours la tête avec un semblant de dédain chaque fois qu'il trouvait Ron plongeait dans quelque lecture distrayante et futile. Ron cessa rapidement d'apprécier la littérature de poubelle ; elle ne parvenait pas à lui nouer l'esprit, à la manière de Dostoïevski, Hesse, Camus et Céline, les écrivains préférés de Earl. Ron s'était toujours persuadé que Jack London n'avait écrit que des livres pour enfants jusqu'à ce qu'Earl vînt lui offrir Le Vagabond des étoiles et Le Loup des mers. Il aimait l'écouter parler des livres. Earl changeait alors d'attitude. Il se montrait loquace, en termes grammaticalement justes et précis. Il ne manifestait que d'intérêt pour la littérature comme forme artistique, mais n'aimait pas nécessairement tout ce qui était accepté de fait comme grand. In n'aimait ni Dickens ni Balzac, et était d'avis que Thomas Wolfe ne devait plus se lire au-delà de vingt et un ans. En trois mois, Ron lut plus qu'il ne l'avait fait de toute son existence. Il sentit son esprit élargir ses horizons, ses perceptions se faire plus précises, car chaque nouveau livre était un prisme qui venait réfléchir la variété infinie des vérités de l'expérience. Certains agissaient comme des télescopes ; d'autres, des microscopes.
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Un à deux ans sont nécessaires pour que la nouveauté de l'univers carcéral se dissipe et cède progressivement la place à l'abominable réalité de la prison. Les prisonniers qui se suicident passent à l'acte au cours des premiers jours ou des premières semaines, assaillis par la honte qui gronde comme un geyser, ou alors à l'issue des deux premières années, lorsque tout espoir a disparu. Entre-temps, quelles que puissent être les souffrances ressenties, un homme fait aussi l'expérience de l'excitation et de la nouveauté, l'excitation d'apprendre à survivre au sein d'une société fermée, qui réfléchit la société libre à la manière d'un miroir déformant de baraque foraine qui reflète une forme humaine : il ne manque rien mais tout est distordu. La prison a deux codes de lois, apprit Ron, celui de l'administration et celui des prisonniers. Afin de pouvoir retrouver la liberté, le prisonnier ne doit pas être pris à enfreindre la loi de l'administration, qui ressemble très vaguement aux limites qu'impose la société. Mais pour survivre, il doit suivre les codes des bas-fonds.
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Le jour qui se levait vint repousser d'un mince filet jaune la ligne d'horizon courant bas sur la ville lorsque le troupeau de prisonniers, presque cinq cents au total, franchit sous bonne garde les portes d'accès à la prison pour être dirigé vers le parc de stationnement. Les y attendait une flotte d'autocars aux fenêtre barrées, des autocars pie dont le poste de chauffeur se trouvait séparé des sièges passagers par un solide grillage. L'air était lourd des émanations âcres des moteurs diesel et de la puanteur de choux en train de pourrir. Les prisonniers dépenaillés, pour la plupart des Noirs et des Chicanos, s'alignaient en colonne par deux, enchaînés six par six, regroupés devant leurs autocars respectifs ; on aurait dit un grouillement de mille-pattes humains. Les adjoints du shérif, en uniforme impeccable aux plis rasoir, étaient omniprésents. A chaque autocar se trouvaient affectés trois adjoints, tandis que le reste de la troupe se tenait en retrait, le gros Magnum Python 357 pendu à bout de bras. Quelques-uns dans le nombre bichonnaient avec tendresse des fusils de chasse à canon court.
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De nombreux détenus étaient d'avis que Dutch était peut-être le lutteur le plus fort du monde ; mais il aimait aussi la bonne gnôle et les mauvais coups ; aujourd'hui dans sa sixième décennie, il en était à son sixième séjour derrière les barreaux. Le visage aplati comme une crêpe et les oreilles en chou-fleur, Dutch était l'incarnation, en apparence, du détenu dans toute sa brutalité ; c'était en réalité un homme doux et gentil qu'il fallait provoquer jusqu'à un point insupportable pour se montrer violent, provocation qu'il était rare de rencontrer du fait de son apparence physique. Personne ne vient défier un homme qui ressemble à un grizzli.
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