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EAN : 9782213015613
254 pages
Fayard (10/01/1985)
4.27/5   39 notes
Résumé :
Ce livre nous apprend le vrai sens de l’illumination qui a fait passer Simone Weil d’un agnosticisme anticlérical à une recherche religieuse qui n’a plus cessé jusqu’à sa mort.
Il apporte aussi la réponse à des questions qu’un public de plus en plus étendu, et de tous les pays, n’a cessé de se poser en lisant les différentes publications posthumes qui se sont succédées de façon désordonnée durant ces quinze dernières années.
Le titre Attente de Dieu dé... >Voir plus
Que lire après Attente de DieuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Cet ensemble de textes a été publié par le Père JM Perrin, à titre posthume mais à la demande anticipée de Simone Weil avant qu'elle ne quitte la France en 1942.
Elle avait pour lui une profonde amitié empreinte d'une gratitude alimentée par l'écoute et l'aide que celui-ci manifestait à propos de sa réflexion métaphysique.

Agnostique par éducation pourrait-on dire puis, dans un premier mouvement de pensée, par une sorte de droiture intellectuelle, Weil fut littéralement envahie par l'amour de Dieu et du Christ lors de quelques jours passés à l'abbaye bénédictine de Solesmes. Peut-on dire qu'elle était une intellectuelle prédisposée à la foi?

Dans les quelques lettres de l'ouvrage, elle explique en particulier qu'étant qui elle était, la religion catholique lui apparut comme la plus à même de lui laisser vivre cet amour dont elle était remplie, du fait de la personne du Christ. L'Église catholique pourtant la rebutait : "Ce qui me fait peur, c'est l'Église en tant que chose sociale", "J'ai peur de patriotisme de l'Église qui existe dans les milieux catholiques" et "Il en résulte que le social est irréductiblement le domaine du diable". Pour cette raison, et malgré un questionnement quasi permanent, elle ne voulut jamais être baptisée.

Dans le texte intitulé "Autobiographie spirituelle", elle présente son itinéraire de foi, avec sincérité et clarté; elle raconte notamment l'évènement de Solesmes; on comprend que, certes ponctuel, il vient à son heure dans une trajectoire déjà étonnamment orientée.

Au fil des autres textes : "Réflexions sur le bon usage des études scolaires en vue de l'Amour de Dieu", "l'Amour de Dieu et le malheur", "Formes de l'Amour implicite de Dieu", de sa voix limpide, bien posée, "inspirée", tonique, exempte d'animosité ou de mépris, Weil dévoile ce qu'est pour elle cette "attente de Dieu", faite d'une extrême attention, de l'esprit d'obéissance et d'un amour incommensurable. Son humilité quelquefois paraît de principe, voire excessive, pourtant certainement non feinte.
Sans en avoir, semble-t-il, l'intention, ses propos, manifestement vécus, sur Dieu, l'Eucharistie, la prière, le salut,….. dynamitent de fait l'enseignement traditionnel de l'Église catholique en ce qu'ils se démarquent largement du discours officiel transmis au vulgum pecus. Ils sont plutôt révolutionnaires et lumineux, qu'on y adhère ou qu'on ne fasse que s'y intéresser pour leur caractère spéculatif.

Dans "A propos du Pater", Weil nous explique sa compréhension du "Pater Noster". On ne peut qu'apprécier la cohérence avec tout ce qu'elle a dit auparavant.
Dans "Les trois fils de Noé et l'histoire de la civilisation méditerranéenne", se faisant paléontologue, elle reconstruit à partir de quelques chapitres de la Bible et en quelques pages, l'histoire des principaux peuples sémites et indo-européens. C'est curieux, du genre dessert salé: même non convaincu, on peut en apprécier l'audace et la fulgurance.

L'ouvrage est donc divers mais le thème central, Dieu e(s)t Amour, est traité de façon consistante, sur un mode personnel, à vocation universelle.
Il offre parallèlement un point de vue incontestable -puisque le sien- sur la personne Weil: à côté de sa profession de foi fondée sur une synthèse du stoïcisme grec et du christianisme, on découvre sa conception de la charité et de l'amitié, son amour quasiment romantique des penseurs grecs opposé à sa piètre opinion de la civilisation romaine (dont on trouve une argumentation approfondie dans "L'Enracinement"), et, omniprésente, la séduction de sa pensée.
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Lorsqu'un esprit tel que celui de mme Weil traite de religion , l'on ne peut que préter attention à son texte , et cela méme si l'on est non-croyant . Pourquoi ? Simplement parceque l'on sait qu'on va découvrir des idées avec lesquelles on pourra étre en désaccord , mais il y aura une profondeur assurée. Et tel est bien le cas . Ce texte n'ayons pas peur des mots , est magnifique . On y trouve la vision d'une personne issue des millieux populaires , qui à un vécu , et qui par là méme mérite que l'on lise ces mots qui sont ceux d'une personne "ordinaire" . Aprés , il est de la liberté de chacun d'étre proche ou pas de sa vision de la religion . Mais en l'état il s'agit d'un trés grand livre . Parole d'athée qui vous invite à le lire au plus tot .
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Un voyage très difficile tant la pensée de Simone Weil est complexe. Toutefois quelques passages plus limpides (le chapitre sur l' amour du prochain par exemple) offrent une ouverture pour la réflexion.
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Quelles belles lettres !!!!
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Je vous dois la vérité, au risque de vous heurter, et bien qu'il me
soit extrêmement pénible de vous heurter. J'aime Dieu, le Christ et la
foi catholique autant qu'il appartient à un être aussi misérablement
insuffisant de les aimer. J'aime les saints à travers leurs écrits et les
récits concernant leur vie - à part quelques-uns qu'il m'est impossible
d'aimer pleinement ni de regarder comme des saints. J'aime les six ou
sept catholiques d'une spiritualité authentique que le hasard m'a fait
rencontrer au cours de ma vie. J'aime la liturgie, les chants, l'architecture, les rites et les cérémonies catholiques. Mais je n'ai à aucun degré
l'amour de l'Église à proprement parler, en dehors de son rapport à
toutes ces choses que j'aime. je suis capable de sympathiser avec ceux
qui ont cet amour, mais moi je ne l'éprouve pas. je sais bien que tous
les saints l'ont éprouvé. Mais aussi étaient-ils presque tous nés et élevés dans l'Église. Quoi qu'il en soit, on ne se donne pas un amour par
sa volonté propre. Tout ce que je peux dire, c'est que si cet amour
constitue une condition du progrès spirituel, ce que j'ignore, ou s'il fait
partie de ma vocation, je désire qu'il me soit un jour accordé.
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19 janvier 1942.
Mon cher Père,

Je me décide à vous écrire... pour clore - tout au moins jusqu'à
nouvel ordre - nos entretiens concernant mon cas. Je suis fatiguée de
vous parler de moi, car c'est un sujet misérable ; mais j'y suis
contrainte par l'intérêt que vous me portez par l'effet de votre charité.
Je me suis interrogée ces jours-ci sur la volonté de Dieu, en quoi
elle consiste et de quelle manière on peut parvenir à s'y conformer
complètement. je vais vous dire ce que j'en pense.
Il faut distinguer trois domaines. D'abord ce qui ne dépend absolument pas de nous ; cela comprend tous les faits accomplis dans tout
l'univers à cet instant-ci, puis tout ce qui est en voie d'accomplissement ou destiné à s'accomplir plus tard hors de notre portée. Dans ce
domaine tout ce qui se produit en fait est la volonté de Dieu, sans aucune exception
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Se vider de sa fausse divinité, se nier soi-même, renoncer à être en imagination le centre du monde, discerner tous les points du monde comme étant des centres au même titre et le véritable centre comme étant hors du monde, c'est consentir au règne de la nécessité mécanique dans la matière et du libre choix au centre de chaque âme. Ce consentement est amour. La face de cet amour tournée vers les personnes pensantes est charité du prochain; la face tournée vers la matière est amour de l'ordre du monde, ou, ce qui est la même chose, amour de la beauté du monde.

p. 153
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Dites au P. Perrin que finalement, comme je le lui avais dit
d'abord, je désire que tout l'ensemble de ce travail soit confié en fin de
compte à la garde de Thibon et joint à mes cahiers. Mais que le P. Perrin le conserve aussi longtemps qu'il pensera pouvoir peut-être encore
en extraire une goutte de jus à son propre usage. Qu'il le fasse voir
aussi à qui il jugera bon. Je lui lègue cela en toute propriété, sans ré-
serve. J'ai peur seulement que sauf les textes grecs eux-mêmes ce soit
un présent de valeur nulle. Mais je n'ai rien d'autre.
Troisièmement, j'ai mis encore la copie d'une traduction d'un fragment de Sophocle que j'ai trouvée parmi mes papiers. C'est le dialogue
entier d'Électre et d'Oreste, dont j'avais transcrit seulement quelques
vers dans le travail que vous avez. En le copiant, chaque mot a eu au
centre même de mon être une résonance si profonde et si secrète que
l'interprétation assimilant Électre à l'âme humaine et Oreste au Christ
est presque aussi sûre pour moi que si j' avais moi-même écrit ces
vers. Dites cela aussi au P. Perrin. En lisant ce texte il comprendra.
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Parfois les premiers mots déjà arrachent ma pensée à mon corps et
la transportent en un lieu hors de l'espace d'où il n'y a ni perspective ni
point de vue. L'espace s'ouvre. L'infinité de l'espace ordinaire de la
perception est remplacée par une infinité à la deuxième ou quelquefois
troisième puissance. En même temps cette infinité d'infinité s'emplit
de part en part de silence, un silence qui n'est pas une absence de son,
qui est l'objet d'une sensation positive, plus positive que celle d'un
son. Les bruits, s'il y en a, ne me parviennent qu'après avoir traversé
ce silence.
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