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EAN : 9781096772057
CZY (21/01/2017)
4.17/5   36 notes
Résumé :
Glissant lentement vers des abysses ténébreux, un écrivain raté s’isole pour conter la vie, la mort et le chemin sanglant de celle qui le hante toujours.
Des mots. De simples mots crachés comme un exutoire.
Mais quand tout est trouble, les frontières qui séparent la réalité et la fiction ont parfois tendance à se confondre…
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Je pensais que tout avait été dit sur l'amour, l'amour jusqu'à la folie, sur la quête d'identité, sur l'espoir et ses déboires, sur la monotonie de la vie, l'ennui, sur la résilience et la résistance, sur la dépendance affective, la solitude et l'auto flagellation, sur la culpabilité et sur ce qu'on s'est promis un jour ou toujours de faire par amour, pourtant, je n'avais jamais lu de roman qui l'aborde ainsi.
Un roman écrit sur plus de 20 ans, les personnages ont ainsi été sculptés, polis, patinés, posés de côté quelques temps, puis repris et retravaillés pour devenir si réels, si prégnants que j'ai ce sentiment qu'ils tiennent l'auteur en otage, il n'a eu pas le choix, lui, si pudique habituellement, nous a livré bien davantage qu'une histoire sur le papier me semble-t-il, la suite, ses romans succédant celui-ci, nous prouvera qu'il n'a jamais été lâché par ses geôliers.

J'ai souvent fait référence, dans mes retours, à Turtle, la petite Croquette de Gabriel Tallent, qui est sans doute le personnage fictif qui m'a le plus touchée jusqu'à ce jour, avec le Père Goriot, pour des raisons personnelles en plus du talent des auteurs pour amener ce constat. Romain et Elsa, ont rejoint Turtle, ce n'est pas peu dire.

Le narrateur de la première partie, Romain, souffre d'un mal dont on ne guérit jamais, la dépression, la vraie, pathologique, incurable. J'entends encore résonner ses plaintes dans mes oreilles, à coups de tambour et de tocsin, il n'a eu de cesse de s'apitoyer sur son sort.
Alors le récit dégueule de JE et de MOI, d'auto flagellation, d'auto apitoiement, de culpabilité, jusqu'à l'excès. Mais ne vous y trompez pas, l'auteur a tant travaillé ses personnages, que ce ne peut être une maladresse, mais c'est à dessein qu'il a usé de ce pronom personnel jusqu'à l'indigestion.
L'état dépressif vous rend égoïste, auto centré sur votre douleur, vous la rejetez autant que vous l'entretenez , vous vous suffisez l'un à l'autre, si bien que tout le reste, tout le reste du monde, n'a plus aucune importance.
Dans un dernier sursaut de volonté, Romain se dévoile, se confie, raconte son amour à la folie pour Elsa. Elsa et ses zones d'ombre, qu'il acceptera à défaut de les comprendre, Elsa et ses secrets, Elsa au bord du gouffre qu'il retiendra du bout des doigts sans jamais renoncer, avec foi et compassion, comme elle en fera avec lui, tuteurs l'un pour l'autre.
Il ne saisit pas, mais il « fait avec », et ne cessera toute sa vie de « faire avec ». Les premiers sarcasmes de Miss Fatalité s'immiscent sous la porte d'entrée, ce sujet sera récurrent dans les romans de Lucas.
Le narrateur de la deuxième partie quant à lui, colmatera les zones d'ombre, il suggérera, dévoilera ce que Romain n'a pu nous dire mais dont il observait les conséquences bien malgré lui.
Quelle audace dans la construction de ce roman. le titre à double significations, ( il faudra attendre la deuxième partie pour comprendre ), les personnages d'une justesse de ton et d'une rare complexité, si réels, si crédibles, l'écriture évidemment, dont j'oublie de vanter les mérites, à croire que je finis par m'habituer à ce haut degré de qualité chez cet auteur, font que ce roman est probablement selon moi, le plus abouti parmi tous ceux que j'ai lus De Luca.
Aussi, dans la dernière partie, lorsque le surnaturel semble s'inviter dans le roman, je le déplore, haut et fort:
- Noooon ! pas ça s'il te plaît Luca, pas ça. Je suis si ancrée dans le marasme de ses vies, si touchée par leur crédibilité que j'ai du mal accepté l'irrationnel.
Puis je cède, de toute façon c'est Luca le patron, j'accepte comme Romain, à défaut de comprendre. Je « fais avec ».
Il faudra attendre l'épilogue pour que ce roman inachevé nous emmène bien loin de ce qu'on aurait pu présumer, une fin, il y en aura une, et quelle fin !
Si j'ai très rapidement pensé à Isabelle Adjani et Souchon dans L'été meurtrier, j'étais à 10 000 lieux d'imaginer un final aussi ancré que moi dans la réalité.
Merci pour cette audace, c'est bon purée ! L'audace paye toujours.

( Relecture du poème d'Aragon, Prose du bonheur et d'Elsa tiré du recueil « le roman inachevé » )
Merci pour cet hommage aussi.
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« le paradoxe de la condition humaine, c'est qu'on ne peut devenir soi-même que sous l'influence des autres. » Boris Cyrulink –

Quand réalité et fiction se croisent, cela donne un petit bijou à lire !

Quand tout est trouble, les frontières qui séparent la réalité et la fiction ont parfois tendance à se confondre…

Une belle histoire d'amour entre Romain et Elsa, qui débute à leur adolescence. Il est fasciné par elle, par sa part d'ombre. Lorsqu'elle disparaît, Romain, en pleine déchéance, meurtri, devenu alcoolique, décide de retourner sur les pas de celle qu'il va faire revivre en écrivant leur histoire en comblant les vides avec ce qu'il a imaginé...

L'auteur, Luca Tahtieazym, nous guide avec un grand talent, à travers une magistrale histoire complètement déstabilisante ! J'ai été prise dans ses mots et la trame de son écriture !

Les personnages sont aboutit, leurs hésitations, leurs sentiments, confèrent une réalité étrange, au point qu'on s'identifie à eux et qu'on les imagine sortir du livre et prendre vie...

J'ai été bouleversée par le réalisme et la vie qui fusait dans les veines des personnages ! Quel talent !

Deux parties, apparaissent rapidement : Une où Romain est centré sur sa douleur, sur son ressenti, son alcoolisme, il s'apitoie sur son sort, et rejette ceux qui l'aiment pour pouvoir glisser encore plus dans la déchéance...

Dans le seconde partie Romain apparaît plus humain et se dévoile beaucoup plus, se confie sur ses sentiments sans avoir peur. Un peu comme une auto-analyse psychologique qui permettrait de le grandir...

La narration est excellente, la structure que Luca Tahtieazym, lui donne est tellement complexe qu'il nous entraîne dans les tréfonds de l'âme humaine, sans jamais nous pousser au voyeurisme. Bien au contraire, on garde une distance avec Romain, on l'analyse, on ne devient ni son pote, ni son ennemi. Il est d'une telle complexité qu'on le dissèque pour tenter de comprendre une partie de son mécanisme...

C'est le premier livre de l'auteur que je découvre et j'ai bien envie de me pencher sur les précédents, histoire de me faire plaisir et surtout de voir l'évolution qu'il a pu suivre dans son écriture...

D'un drame d'une grande banalité, l'auteur construit son "roman inachevé" d'une grande originalité où la fiction et la réalité se croisent pour un moment addictif et d'une grande réussite.

Ce roman ne m'a pas laissé sur ma faim. Ne vous fiez pas au titre, car c'est loin d'être un roman inachevé, bien au contraire, il est aboutit avec un final d'une très grande qualité et une belle surprise...
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Un vrai coup de coeur pour ce thriller!!
Inoubliable!
Des personnages bouleversants...
Une écriture sublime!
Une histoire à couper le souffle avec une fin qui laisse le lecteur sans voix! A LIRE EN URGENCE !
Bravo Luca! Déjà conquise avec "l'ombre" mais là... Hors concours tu es!! Au moins 8 étoiles c'est possible??! 👍👍👍
Bref, un auteur à découvrir de toute urgence amis lecteurs!!
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La Rochelle - Romain, écrivain méconnu, s'isole dans une cabane pour "fêter" l'anniversaire d'un drame qui l'a dévasté.
S'accompagnant de whisky et d'héroïne, il va tenter de coucher sur le papier ce qui le hante.
Après "L'ombre", Luca Tahtieazym nous revient avec son style et ses codes.
En le débutant, vous vous dites que ça n'est pas un thriller mais un drame.Au fur et à mesure, l'auteur pose les jalons de ce qui deviendra un vrai suspens.
Grâce à une histoire très originale, il nous déstabilise en mélangeant réalité, fiction et sentiments.
Romain n'est pas ce que l'on peut appeler un boute-en-train! Homme mal dans sa peau, asocial et solitaire, il "fait avec". Comment rester insensible à celui qui vit une descente aux enfers.Il nous fait passer par toute une palette d'émotions: il nous énerve, nous émeut, nous laisse pantois.....
Malgré quelques répétitions en début de deuxième partie, "le roman inachevé" est addictif et réussi.
J'étais curieuse de savoir comment l'auteur allait se débrouiller pour mettre le mot FIN, vous le saurez en le lisant.
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"Nous sommes complètement à l'opposé l'un de l'autre en ce qui concerne nos propensions à sortir de nos gonds. Moi, des nerfs, j'en ai pas, donc comment pourrais-je les perdre ?"
"Sa voix est faible, parcellée de petites syllabes qui se lient entre elles dans un souffle. Une brindille de voix qui se casse et se recolle."
Troublée, bouleversée, chamboulée par l'histoire de Romain et Elsa. Ces deux là ont l'habitude de se retrouver sous la plume de Luca Tahtieazym, et pourtant les scénarii sont toujours renouvelés, comme mille façons de s'aimer.
Le roman inachevé est un triptyque en une seule histoire, qui commence par la vision d'un homme en pleine implosion, ravagé par des émotions qui le submergent et le noient dans ses propres abysses. La douleur de Romain m'enserre encore la gorge, et les révélations qui suivent cette partie m'asservissent définitivement au génie de cet écrivain.
J'ai espéré pour Elsa, j'ai pleuré pour Romain, et je regrette amèrement de ne pas être entrée dans l'univers Tahtieazym par cette porte tant elle cache d'ombres fascinantes et de lumières absorbantes.
Vos lectures s'enchaînent et vous tombez parfois en arrêt, à genoux, devant des mots enchaînés qui vous percutent en plein coeur. J'aime cette écriture, j'aime ces personnages, j'aime leur(s) créateur(s), et plus que tout, j'aime me dire que je peux leur redonner vie en reprenant les premières lignes et les voir à nouveau se matérialiser en lignes noires sur fond blanc.
Plus qu'un coup de coeur, une intense révélation !
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Longtemps je me suis couché débonnaire.
Je ne suis pas un dur, moi. J’ai une drôle de tête qui n’effraie personne.
Ce sont ces dents qui gâchent un ensemble déjà peu séduisant ; de longues
dents qui partent en avant. Même avec un flingue à la main, on m’ignorerait
ou je ne serais pas crédible. Il y a des gens qui savent capter la lumière ; et
avec la lumière, l’attention. C’est ce qu’on appelle le charisme, je suppose.
Charismatique, je ne le suis pas, non. Je le voudrais, je l’ai voulu, mais
j’ai renoncé. Je suis un type normal. Un badaud. Un quelconque. Un quidam
qui se noie dans la masse et qu’on ne voit pas. Un fantôme dans une légion de fantômes. Car – ça me rassure – je ne suis pas seul. Des cohortes de fantômes marchent droit devant eux, suivant le troupeau, se demandant si aujourd’hui sera aussi déprimant qu’hier. La réponse : oui.
Donc : je suis sans relief, sans couleur, sans vie. Il n’y a pas que mes
dents en avant qui posent problème. Franchement, quand je parle au téléphone et que je dois répéter, après un silence qui me paraît interminable, le long et monotone discours que je viens de tenir, je ne peux pas accuser mes incisives d’en être responsables, non ? Je fais avec. C’est une expression que j’affectionne, ça, de faire avec. On fait avec quand on n’attend plus grandchose.
Quand je lorgne ma tronche dans un miroir et que je soupire, je me dis
que je vais faire avec. Après tout, il y a des gens qui se traînent la même
mâchoire mais qui en plus n’ont rien connu qui les fasse vibrer un tant soit
peu. Ce n’est pas mon cas.
La virilité. Je me suis souvent posé la question : suis-je viril ? Et si je ne
le suis pas, est-ce seulement dû à mes dents en avant ? Je ne pense pas être
particulièrement viril mais je ne pense pas être efféminé non plus. Je suis
neutre autant que je suis fade. C’est du ni ni pour tout, avec moi. Ni beau ni
moche. Ni viril ni pas viril. Ni ni. Rien. Le néant.
Comment un homme comme moi a-t-il pu séduire une femme comme
elle ?
Et oui, je suis débonnaire. La preuve : la caissière, en face, avec ses cheveux gras retenus en chignon et ses yeux éteints, ne m’entend pas. Je
pourrais froncer les sourcils et essayer d’en imposer, ce serait peine perdue. Et moi, quoi ? J’ai honte. J’imagine. Je scénarise. Je suspecte les trois clients
derrière moi, avec leur pâtée pour chats et leur boîte de raviolis premier prix, de me fixer avec de grands yeux globuleux. Je dois être le centre de
l’attention et je déteste ça. En haussant le ton – mais rien qu’un peu –, je
redemande à la caissière un sac. Elle me le tend sans me regarder. Je suis un peu vexé mais je fais avec.
Rapidement, je ramasse mes cannettes de bière qui ont roulé au bout de
la caisse et je les place au fond du sac. Les carottes et la salade les rejoignent.
Les carottes et la salade sont des leurres. Elles ne sont là que pour donner le change. Je vais les balancer dès que je serai chez moi. Je les achète pour une seule raison : je ne voulais pas qu’on remarque que je n’achète que de
l’alcool.
Je paye. La caissière n’a toujours pas tourné son visage dans ma
direction. Invisible. Futile. Je ne suis qu’un détail. Une mouche dont on
oublie le bourdonnement au bout d’un certain temps. On s’habitue aux
acouphènes.
Je ne peux pas lui en vouloir, à cette femme, de m’ignorer. Elle me
ressemble un peu, finalement. Elle aussi, elle n’espère plus que quelque chose la tire de sa léthargie. Elle n’est pas là par plaisir. Prendre son pied avec ces tâches répétitives, sérieusement ? Nous sommes les gens gris. Ceux qui n’espèrent rien. Pire : ceux qui n’espèrent plus. C’est vrai, ça, qu’on trouve des êtres plus affligés que ceux qui se laissent glisser tranquillement vers le rien : ceux qui ont eu une vie qui en valait la peine et qui ont trébuché sont encore plus à plaindre.
Moi, ma vie de merde, je m’en suis contenté. Et puis non, c’est faux, ma
vie n’était pas merdique puisqu’elle était là, elle, celle qui m’a éclairé.
Voilà que je me morfonds et que j’en rajoute… J’ai eu des moments de
joie. Mais c’est trop tôt pour en parler.
Je sors du supermarché. Je n’ai pas acheté de bouteilles d’alcool fort.
Pas besoin, mes réserves sont déjà faites. Je descends le boulevard. Sur ma
gauche, un café. Le café. J’entre.
Trois vieux biberonnent leur ballon de Muscadet au comptoir. Je
pourrais en faire autant. Je pourrais moi aussi commander la pisse locale
qu’ils s’enfilent dès l’aurore et déblatérer avec eux. On causerait de politique
en râlant qu’il y a trop d’impôts et que « la jeunesse, aujourd’hui, c’est plus ce que c’était ». De la compagnie, c’est peut-être ce qu’il me faut. Entre
poivrots, on s’identifie facilement et on sympathise encore plus vite. C’est l’esprit de meute. Ceux qui lèvent le coude sont sociables. Même pas besoin
d’un clin d’oeil, un rictus ou un borborygme suffisent pour se reconnaître.
Non. Je n’attends rien. Pas envie de discuter. Quand on discute avec
quelqu’un, il finit invariablement par s’intéresser à vous – même si pour
s’intéresser à moi, il faut profondément n’avoir rien à faire de sa vie.
S’intéresser à moi, c’est du masochisme. Et quand on parle, on doit toujours
se justifier à un moment ou à un autre. Non. Pas envie.
Je commande un café. Ma voix est hésitante et je le suis aussi. Je reste
quelques instants les bras ballants, cherchant où m’installer. Sur ma droite,
près des toilettes, une petite table ronde. Je me vautre sur la chaise en bois en prenant garde de ne pas faire de bruit pour ne pas attirer l’attention. Le patron m’apporte mon café. Lui aussi ne me regarde pas. Le dernier sourire qu’on m’a adressé ? Voyons voir…
Bruit de chasse d’eau. Puissant, le bruit. Puissant donc gênant. Les
regards se tournent vers moi et je suis mal à l’aise. C’est pourtant ce que je
voulais, de l’attention. Ou peut-être que je la veux et que je la redoute en
même temps ? Un type ouvre la porte des toilettes et en passant devant moi, il frôle ma table et fait tomber par terre mon écharpe. Je la ramasse et je ne dis rien. Pas d’excuse.
Je suis un intrus. Tous se connaissent, dans ce bar miteux. Mais en dépit
de mon irrésistible envie de quitter les lieux, je dois attendre. Lui au moins,
celui avec qui j’ai rendez-vous, je dois lui dire au revoir. Non, pas au revoir ;
adieu.
Tout est prêt. Là-bas, un peu plus loin, à trois ou quatre cents mètres, au
deuxième étage de l’immeuble, dans mon appartement, m’attendent les
provisions que j’ai constituées en vue de mon périple prochain. Et pas des
carottes et de la salade, non. De vraies provisions. Des choses utiles : des
bouteilles. Des réserves pour deux bonnes semaines. J’imagine que je serai
mort avant.
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J’entre.
Les lieux sont coquets mais je n’y prête aucune attention. Je me dirige vers la seconde pièce. J’éclaire. Je fais deux pas en avant.
Le lit a l’air confortable.
Il m’appelle. Il me parle, me susurre des mots doux, vante ses mérites, m’engage à le rejoindre. Je me baisse un peu pour tâter l’épaisseur du matelas mais des vertiges m’assaillent.
Je chancelle. Encore une fois, je chancelle. Ma vie n’est qu’une trajectoire irrégulière dans laquelle je chancelle constamment.
Je tombe dans le puits.
Il y fait obscur, dans ce puits. Mais son fond est douillet.
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Mon hibernation est terminée. Pendant un an, j’ai dormi tout en sachant qu’il n’y aurait pas de réveil et que même si celui-ci survenait, il serait douloureux.
C’est l’heure, abruti. Ouvre un seul œil, tu auras toujours la sensation d’être en plein cauchemar.
Et maintenant, en route vers hier. En route vers ce lieu maudit qui guette ton retour.
Vous êtes prêts à rejaillir, putains de souvenirs ? Hé ! Je suis là pour vous ! Je ne comptais pas vous échapper pour toujours. Je sais bien que vous êtes, avec votre amie la conscience, plus prompts à torturer les hommes comme moi qu’à vous en prendre à ceux qui le méritent. Allez, faites la ronde, que je puisse entrer sous la lumière.
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Dès qu’on parle de gosse, on tombe dans le sirupeux et la condescendance.
Je me souviens, avant, lorsqu’il nous arrivait d’entamer une discussion de ce genre avec des parents ou futurs parents. Nous hochions la tête, Elsa et moi, par politesse, en faisant en sorte de ne pas nous engager dans la conversation. Une envie : dire la vérité – mais nous parvenions heureusement à nous bâillonner. Expliquer à ces crétins enthousiastes que leur progéniture nous laissait de marbre, que les nez morveux et les cris incessants ne provoquaient chez nous aucun émerveillement : bonne méthode pour prouver sa misanthropie, non ?

Et voilà que nous tombons nous aussi dans le piège, à appréhender l’arrivée de cet intrus avec le cabotinage de rigueur. Nous aussi, nous aurons droit aux « Oh qu’il est mignon ! » et autre « À qui c’est qu’on va changer les fefesses ? »

Et merde, on a beau être lucide et contempler toute la bêtise avilissante de ceux qui ont osé se reproduire, on est lamentablement rattrapés par la réalité une fois qu’on se trouve devant le fait accompli.
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J’aime bien mon frère. Je n’ai jamais eu quoi que ce soit à lui reprocher. Mais en vérité, je m’en fous. S’il venait à mourir, je le pleurerais très certainement. Et peut-être qu’il me manquerait. Mais si je suis honnête, je dois reconnaître que je passerais à autre chose assez vite. Je ferais avec son absence. Parfois, les larmes qui coulent d’un œil imperméable sèchent très vite.
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