Je n'avais encore jamais lu
Eric Marchal et ce n'est pas le bandeau « le
Ken Follett français » qui m'a attiré » (je me méfie des bandeaux désormais) mais bien la photo de la 1ère de couverture sur laquelle on voit une jeune femme du monde imperturbable sur une trottinette motorisée au début du siècle. Voilà comment attraper un lecteur, avec une bonne 1ere de couv.
C'est un très bon roman qui décrit à travers une foultitude de personnages mais trois en particulier, le basculement dans la modernité de l'empire britannique et plus spécifiquement de
Londres puisque tous les événements s'y déroulent.
D'abord Olympe Lovell, suffragette forcenée, proche des Pankhurst, cheffes de fil du mouvement anglais. Lors d'une fuite éperdue dans le palais de Buckingham
elle sera sauvée des griffes de bobby peu scrupuleux (disons ça comme ça) par un mystérieux inconnu qui se révèlera être Thomas Belamy, médecin responsable des urgences à l'hôpital St Barts.
Le dernier élément du trio est Horace Vere Cole, un original aristocrate qui en dehors de fêtes plus qu'arrosées échafaude des canulars extravagants pour se désennuyer.
« Il faut en profiter, nous vivons les heures le plus indociles de l'histoire de l'Angleterre ! Conclut-il en levant son verre ».
Pourquoi indociles ?
Des femmes, comme Olympe, se lèvent et réclament des droits, leurs droits à être représenter au Parlement, à ne pas dépendre de leur mari, à disposer de leur argent…
Des hommes, comme Thomas ou Reginald, profondément passionnés par leur travail révolutionnent la médecine et ses pratiques. J'ai particulièrement aimé le personnage de Thomas. Annamite donc Français, conciliant les deux influences médicales asiatique et occidentale, il essaye d'en tirer le maximum au profit de ses patients. Il sait par son empathie pour eux, un charisme naturel et des réussites exceptionnelles s'attirer les bonnes volontés. Mais évidement il doit aussi surmonter les réticences voire le rejet du fait de ses origines (il est métis ET français, cela fait beaucoup dans l'Angleterre de 1908-1910), les suspicions de ses confrères par des pratiques plutôt inhabituelles comme l'acupuncture.
De fuites, en poursuites, de bobologie en interventions chirurgicales détaillées, de complot en espionnage par les services du ministre de l'Intérieur, de bagarres en arrestations, ce roman nous conduit aussi bien dans des palaces que dans les bas-fonds de l'East End, à la rencontre des grands du royaume,
Winston Churchill, Asquith et même Edouard VII, auprès des ouvriers, employés, et même des malfrats.
Certains passages auraient peut-être pu être moins longs mais ce n'est jamais ennuyeux. La lecture est très plaisante. Les informations livrées au fil du récit semblent on ne peut plus sérieuses comme les traitements infligés aux suffragettes dans la prison d'Holloway ou le canular du Dreadnought avec
Virginia Woolf dans le rôle de'Olympe….
Je reviendrai vers
Eric Marchal.