Alors qu'elle s'apprête à fêter ses 50 ans,
Michela Marzano découvre que le dernier prénom de son père est Benito. Elle s'interroge alors sur ce qui a poussé son grand-père Arturo à donner à son fils, né en 1936, le prénom de Mussolini. Elle découvre que cet homme, qu'on lui avait toujours présenté comme un petit magistrat de province estimé, puis un député monarchiste, avait été un fasciste de la première heure et même un « squadistra », un des bras armés du régime. Passée la sidération, elle s'attelle à retracer la vie de ce grand-père qu'elle a peu connu - son mariage, ses enfants, sa carrière - pour comprendre pourquoi il a pu adhérer à la politique du Duce.
A travers ses recherches méticuleuses, parfois frénétiques, dans les archives nationales, les livres d'histoire, ainsi que dans les photographies et documents familiaux, l'autrice oscille entre la honte face au passé de son grand-père et une certaine tendresse pour cet homme patriote, dévoué à ses administrés. Elle rend, aussi, en partie justice à son père Ferruccio, professeur d'économie résolument de gauche, en comprenant que le passé paternel a pu le rendre si dur envers ses propres enfants.
Michela Marzano, professeure de philosophie à Paris, ancienne députée du Parti démocrate italien, nous propose un très beau roman interrogeant les non-dits familiaux, mais aussi la question du refoulement et de l'amnésie dans l'Italie contemporaine.