Quand l'absurde fait plus (et mieux) qu'un long discours, pour dénoncer la précarité…
Raoula, Plopine et Minouche sont dresseuses de pijaunes, pêcheuses de bardes ou conductrices de bibinettes. le temps d'une saison, elles quittent tout pour occuper ces emplois précaires, accomplir ces tâches absurdes, répétitives, assurant ainsi le confort des plus riches et la survie de leur propre famille. Dans un style très simple, reprenant les codes du documentaire,
Delphine Panique dresse le portrait de dix femmes exerçant dix métiers, farfelus ou ubuesques. Dix témoignages pour dénoncer les conditions de travail de ces travailleuses de l'ombre, ouvrières précaires, isolées, invisibilisées. Dix portraits qui rendent aussi hommage à l'humanité de ces femmes.
D'abord charmés par la poésie et la fantaisie qui se dégage de cette histoire, on commence par sourire, avant de se rendre compte que le réel n'est pas très loin. Questionnant, à travers ce projet, la mode et la légitimité de la bande dessinée documentaire,
Delphine Panique se joue des codes du reportage : témoignages, textes informatifs, détails circonstanciés et statistiques… le tout parsemé d'un vocabulaire imaginaire et réjouissant qui n'est pas sans rappeler les albums de
Claude Ponti. Dans la lignée de ses précédents ouvrages, elle cherche à rendre visible ce qui ne l'est pas, en nous offrant une représentation du monde poétique et fantaisiste mais paradoxalement plus efficace et plus juste.