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EAN : 9782020246521
285 pages
Seuil (03/05/1995)
3.76/5   144 notes
Résumé :
Qu'éprouve-t-on réellement lorsqu'on vit au degré zéro de la misère humaine ? Que signifie être mendiant et intouchable dans l'Inde moderne ? Que ressent-on au plus profond de soi-même lorsqu'on devient pur objet de mépris, poussière anonyme dans la multitude humaine ? C'est en obéissant à des curiosités de cette sorte que l'auteur de ce livre a choisi de vivre une extraordinaire expérience.

Après avoir appris l'hindi, s'être fait foncer la peau et te... >Voir plus
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La démarche d'un Occidental - un Français d'ailleurs - désireux de vivre quelques mois l'existence de paria des Intouchables, ces "sans-caste" considérés par le reste de la population comme si impurs que leur ombre suffit à contaminer celui sur qui elle se projette, ne pouvait être qu'intéressante, pour ne pas dire passionnante.

Du moins le croyais-je.

Mais au terme de ma lecture, mes sentiments étaient très mitigés - et le recul existant désormais entre l'époque de cette lecture et ce jour où j'écris sur elle ne les a modifiés en rien. Certes, on ne peut dénier à l'auteur la volonté sincère de faire le plus "authentique possible" et on saluera sans problème le courage dont il fait preuve dans sa quête - car du courage, croyez-moi, il lui en a fallu.

Le problème, c'est qu'on ne sent chez lui aucune passion réelle pour l'Inde. Pire, il ne voit que les défauts du sous-continent - défauts qu'il ne faut certes pas se dissimuler mais qui, par la loi naturelle de l'équilibre des forces, s'accompagnent fatalement de qualités tout aussi importantes. Or, de ces qualités, Boulet parle si peu qu'on finit par se persuader (à tort, peut-être) qu'il se refuse carrément à les voir. Tout, dans son récit, n'est que critiques hargneuses. Un (léger) compliment se profile-t-il à l'horizon d'une phrase que paf ! immanquablement, l'auteur le renvoie K. O. par une remarque assassine.

Dans ce livre, vous aurez accès à tous les défauts, à toutes les horreurs de l'Inde moderne. Mais tout le reste vous restera interdit et vous aurez même l'impression que l'Inde n'est qu'horreur, misère, racisme intégral - le plus complet sans doute de notre planète - crasse et superstition.

Une "enquête" - selon le mot de Boulet lui-même - menée à charge et exclusivement à charge. En tous cas, c'est l'impression que j'en garde. ;o)
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Marc Boulet négocie un contrat avec son éditeur pour pouvoir endosser pendant quelques semaines les habits et la vie peu enviable d'un mendiant intouchable à Bénarès, ville sainte au bord du Gange. Son objectif ? Ecrire un livre sur la condition d'un quart de la civilisation indienne, les sous-hommes, que les autres qualifient de sales, mangeurs de porc et buveurs d'alcool. Ce n'est pas la première fois qu'il tente un exercice de ce type, puisque quatre années auparavant, il avait déjà effectué l'exercice dans la peau d'un Chinois (Editions Bernard Barrault, 1988).
Il n'est pas non plus le premier à procéder à une métamorphose complète afin d'étudier une société de l'intérieur. Je peux citer, comme deux romans de notoriété certaine, le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas (Editions de l'Olivier, 2010) et, parmi les premiers du genre à ma connaissance, Dans la peau d'un noir de John Howard Griffin (Gallimard, 1976). L'exercice est donc classique et court le danger de juger une population avec un regard extérieur – but de l'opération, peut-être, mais biais sociologique.
Et de fait. La première moitié du livre m'a tellement fatiguée que j'ai été prête à abandonner. le style journalistique est trop descriptif et l'autour utilise parfois des mots inappropriés. Marc Boulet décrit la dure vie des intouchables selon des critères essentiellement matériels (ils sont sales, ils dorment dans la crasse, ils se font battre par la police, ils mangent à peine…). Ce n'est pas inintéressant mais terriblement voyeur. Au bout de quelques nuits passées sur le parvis de la gare et quelques kilos en moins, sa manière de raconter bascule dans la complainte. Marc Boulet ne décrit plus les intouchables, il décrit ce que ressent un Français qui se travestit en Indien intouchable. Nuance ! C'est en accord avec le titre du livre, d'accord. Mais lorsqu'il évoque la dépression de Marc Boulet, l'ennui de Marc Boulet, l'envie d'alcool de Marc Boulet et les courtes pauses de Marc Boulet entre deux périodes de mendicité (avec douche, repas consistant et sieste au creux des doux bras de sa femme), il ne décrit plus la condition de vie d'un intouchable ; il décrit ce que peut ressentir un nanti qui sombre dans la déchéance. C'est toujours intéressant, mais toujours superficiel. Car la soumission à laquelle notre faux intouchable doit se plier devant l'autorité, les brahmanes ou les autres membres de castes de touchables, révulse en lui l'homme civilisé. Un intouchable de naissance a-t-il la capacité de réagir ? Toutes les études sur la servitude humaine et le maintien volontaire de certaines classes de la population dans des conditions de grande pauvreté le prouvent : les trop pauvres, même s'ils sont des millions, n'ont pas la force de se révolter. Ils ne sont pas dangereux.
J'ai donc failli lâcher le livre mais j'ai persévéré et j'ai bien fait. Petit à petit, le journaliste élève le débat. Il garde le ton de la révolte, mais ce n'est plus à sa propre condition qu'il la consacre mais à celle de son sujet d'étude, enfin. Il part des intouchables pour évoquer les droits de l'homme, mais surtout, et là ça devient passionnant, l'hindouisme, les humanistes de l'Inde (Gandhi et Ambedkar). Il évoque leurs incohérences, les aberrations d'un système modelé sur la sagesse qui traite un quart de sa population pire que des chiens écrasés, qui vénère les vaches et leur donne des déchets à manger, qui est végétarien mais qui laisse crever les poissons dans l'eau polluée des fleuves. Etc, etc, etc.
Qu'en est-il des conditions de vie des intouchables, depuis la sortie du livre il y a vingt-cinq ans ? le sujet a évidemment aiguisé ma curiosité. Hélas, rien n'a vraiment changé. Les castes restent une réalité de l'Inde contemporaine. D'après Wikipedia que je cite, la National Sample Survey Organisation atteste de la persistance des inégalités de castes dans l'Inde contemporaine. Les basses castes sont sur-représentées dans les catégories les plus pauvres. Dans les campagnes, elles représentent 83 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté alors qu'elles ne sont que 69 % de la population rurale totale. le différentiel est encore plus grand en ville, où ces chiffres s'établissent à 67 et 48 % respectivement. Et le journaliste Marc Boulet insiste bien sur une des conséquences de ces inégalités : malgré les lois, la police indienne (les « chiens kakis ») peut tabasser à mort un intouchable sur simple accusation d'un membre d'une classe plus élevée. Les badauds qui se regroupent et se régalent du spectacle de rue n'interviennent jamais, de peur de subir le même sort. La soumission est de mise. Il est vraisemblable que la culture de castes ne disparaisse jamais. Pour que la violence institutionnelle disparaisse, en cela Marc Boulet est formel, il faudrait supprimer l'hindouisme. Tout simplement.
Lien : https://akarinthi.com/
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Voici un livre que j'ai lu il y a bien longtemps, alors que déjà adolescente, je me fascinais pour "Les Indes". Et à l'époque, je me souviens m'être dite qu'il était totalement illégitime qu'un occidentale puisse ainsi juger les intouchables... Alors versée vers l'hindouisme et la spiritualité indienne, je lisais les lois de Manou, la Baghavad Gita, le Mahâbhârata... et mon manque d'expérience et ma naïveté me faisaient penser que tout était karmanique et que la manière dont était traités les intouchables était juste... Aujourd'hui j'ai grandi et j'ai plusieurs fois voyagé en Inde et si je crois toujours au karma, (ma pensée s'est ciselée avec le temps) je crois qu'il est absolument intolérable que des êtres humains soient ainsi traités!
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Marc Boulet, qui s'était déjà fait passer pour un Chinois en Chine, a réitéré l'expérience comme intouchable à Vârânasî. Il a appris l'hindi, a coloré sa peu et ses cheveux, a sali ses vêtements pour passer inaperçu parmi les Indiens. Son objectif : survivre en mendiant et narrer l'histoire.


Déjà, se faire passer pour pauvre serait une entreprise malvenue s'il n'y avait pas un livre derrière. Sur le chemin de Saint-Jacques, je m'agaçais quand des personnes aisées jouaient au pèlerin pauvre.

Son livre, publié en 1994, est très controversé. La date de publication est à mentionner. Ce livre ne concerne ni l'Inde actuelle, ni le style des auteurs depuis quelques années. Je m'explique : ses idées sont tranchées, franches et brutales. Pas d'euphémisme, il n'hésite pas à utiliser le mot « pédé », par exemple. Aujourd'hui, la liberté de l'écrivain est vraiment limitée, un peu trop à mon goût. Mais là où Houellebecq peut être drôle ou poétique, Marc Boulet se contente de nous livrer ses pensées noires.

Marc Boulet offre un récit honnête. Qui dit honnêteté, dit propos désagréables. Marc Boulet ne provoque aucune sympathie, tant il critique à longueur de pages la saleté, par exemple. Il passe pour un macho et se croit séduisant, parce qu'une Indienne le regarde. Quand il se rince l'oeil, je l'ai trouvé plutôt prédateur que séducteur.

Marc Boulet malmène le lecteur par ses colères et ses sempiternelles réflexions acides. Les amoureux de l'Inde, les aveugles j'ai envie de dire, aimeraient lire un récit féérique, même parmi les dalits (intouchables). Ce livre n'a pas été écrit pour plaire et ce n'est pas moi qui vais lui jeter la première pierre, tant j'ai voulu adopter la même conduite pour mon premier livre.

Par conséquent, je comprends les critiques négatives sur ce livre. Même en 1994, il aurait été bien que l'éditeur proposât quelques reformulations sur des propos malheureux.

Néanmoins, il n'en reste pas moins que ce livre est à lire. Certains diront « autant lire un livre écrit par un dalit » comme l'excellent Joothan. Je ne suis pas d'accord : il faut lire les deux. C'est toujours intéressant quand un Occidental sort de sa zone de confort. D'ailleurs, Marc Boulet se sent indien lors de sa transformation : personnellement, je n'y ai pas trop cru. Et puis, on peut tout dire « sa femme était dans un hôtel pas loin », la performance fut remarquable. Qui a dormi et mendié dans une gare ou près du Gange ? Il ne se trouve pas courageux, si, il l'est, même s'il avoue que son projet était motivé par la recherche du succès. Aucun écrivain ne peut le condamner sur ce point. de toute façon, un livre n'est pas écrit pour plaire, pour susciter des émotions positives, ou alors il faut lire un roman de gare léger.
Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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Marc Boulet est un journaliste international, qui afin d'étudier au mieux les sociétés d'ailleurs, se plonge littéralement dans celles-ci. Il se grime en chinois pour la Chine, en homme noir pour l'Amérique bref vous voyez. Il tente l'expérience en allant en Inde, dans la peau d'un intouchable. Qu'est-ce qu'un intouchable ? C'est la condition la plus misérable de l'Inde, régie par un système de caste. Et pendant plusieurs semaines, Marc va vivre une vie de misère et de violence.
Je suis mitigée du livre. Bien qu'il dénonce les défauts aberrants de l'Inde (racisme, haine du pauvre, égoïsme, et j'en passe), cela reste un peu trop ethnocentriste et surtout ça ne se centre que sur le négatif. Alors oui, l'auteur a eu un sacré courage de s'habiller en Inde et d'y éprouver la pénible condition d'être Intouchable, alors oui tout ce qu'il décrit est vrai, alors oui certaines anecdotes vont le détour et nous replacent sur notre regard sur l'Inde mais le problème est qu'on ne voit rien de positif, qu'on a l'impression que TOUT en Inde est mauvais, rétrograde ect... le tout jugé par un européen, ce qui m'a dérangé. Déjà, il aurait fallu se pencher sur les cotés positifs sur l'Inde et sur ses progrès et ensuite il faut voir le point de vue local, qui est peut-être différent. D'autant plus que le style est pas très inoubliable, voire parfois vulgaire...
Dommage, le livre aurait pu être beaucoup mieux, même si les problèmes rencontrés dans le livre sont bien décrits et sont hélas toujours d'actualité.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les intouchables sont environ 130 millions, soit 15% de la population indienne, auxquels il faut ajouter 65 millions d’authentiques aborigènes vivant dans la jungle et également considérés comme intouchables à cause de leurs coutumes tribales, donc primitives et impures.
Grosso modo, un Indien sur quatre est intouchable, ce qui représente un homme sur vingt-huit au niveau de la planète.
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L’expression « droits de l’homme » n’a aucun sens en Inde. C’est un concept fondé sur le respect mutuel entre les citoyens, un concept égalitaire impossible à greffer sur la société hiérarchique hindoue.
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En 1931, après sa première rencontre avec Ambedkar, Gandhi s’étonna qu’Ambedkar soit un enfant de Dieu [un intouchable, ndr] et non un brahmane ému par l’intouchabilité. Comme si les intouchables étaient incapables d’engendrer leur leader. En 1936, Ambedkar flirta avec le sikhisme en conseillant aux intouchables de se convertir à cette religion égalitaire. Gandhi, moqueur et inquiet que l’hindouisme perde vingt pour cent de ses fidèles, s’interrogea sur la question de savoir si les intouchables pouvaient distinguer les mérites entre les différentes religions « plus qu’une vache » (sic).
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