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Terje Sinding (Traducteur)
EAN : 9782070774241
256 pages
Gallimard (31/08/2006)
3.81/5   178 notes
Résumé :
Eté 1948. Trond a quinze ans et il est heureux d'être seul avec son père en vacances, dans un village près de la frontière suédoise. Il y retrouve son camarade Jon qui lui propose un matin d'aller 'voler des chevaux'. Il s'agit en réalité d'emprunter les chevaux d'un propriétaire terrien pour une petite échappée. Trond accepte et l'aventure se termine mal pour lui : il tombe de cheval et se blesse, puis assiste, impuissant, à une étrange explosion de rage et de viol... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Voici mon second coup de coeur de lecture cet été, et l'auteur s'appelle Per Petterson.

C'est une histoire de père et fils.

L'auteur mêle 3 époques de la vie de Thord, mais dans une même région : lorsqu'il a 67 ans, et qu'il habite seul un petit chalet en forêt avec sa chienne Lyra, l'été 48 quand Thord, encore adolescent, avait accompagné son meilleur ami Jon dans le projet fou de « voler des chevaux » au riche propriétaire terrien à côté de chez eux, et un peu plus tôt pendant la guerre, quand Thord voyait son père aller et venir pour porter des « courriers » à la frontière suédoise.

Mais le drame n'est jamais loin chez Per Petterson : Thord a beau être parti très loin dans le Nord Est de la Norvège pour vivre seul, son plus proche voisin n'est autre que Lars, le petit frère de Jon, dont la famille a connu un véritable drame à l'issue de leur projet de « voler les chevaux ».


La nature, omniprésente, accompagne chaque étape du récit, comme lorsque Thord et Jon partent « voler les chevaux » :
« Entre les fûts de sapins régnait une atmosphère sombre et étouffante. Comme le soleil ne parvenait jamais jusqu'ici, il n'y avait pas de sous-bois, seulement une mousse vert foncé qui formait un épais tapis moelleux. Jon marchait le premier, je le suivais dans mes tennis usées, et le sol était élastique sous nos pieds. Puis nous avons bifurqué à droite en décrivant un arc de cercle. La forêt devenait moins dense, petit à petit la lumière est revenue, et soudain nous avons aperçu un scintillement. C'étaient les barbelés. Nous étions arrivés. Devant nous s'étendait une coupe de bois où ne subsistaient que quelques jeunes sapins et quelques bouleaux. En l'absence de grands arbres, ils paraissaient étrangement hauts et solitaires ; certains n'avaient d'ailleurs pas résisté au vent du nord et gisaient au sol, les racines en l'air. Mais entre les souches poussait une herbe drue et pleine de sucs, et derrière un groupe d'arbustes il y avait les chevaux. »


Per Petterson réussit très bien à décrire les tourments de Thord : qu'il ait 15 ans ou 67 ans, on pénètre dans son intimité par une description méthodique de ses faits et gestes, on le suit pas à pas dans la forêt, et on partage ses émotions lorsque les souvenirs refont surface.
Les personnages féminins, au contraire, sont quasiment absents du récit, à l'exception notable de la mère de Jon, avec qui son père semble partager une relation privilégiée, et la fille de Thord, qui vient à l'improviste le déranger dans son chalet reclus.


Mais le plus beau passage sera peut-être celui où Thord réussit à établir une véritable complicité avec son père lorsqu'il s'agit de transporter des grumes de bois sur la rivière proche de leur chalet, un moment où le garçon se donne totalement à l'aventure, et qui restera gravé dans sa mémoire puisqu'ensuite il ne reverra pas son père.

Un récit d'une grande humanité donc, comme l'autre roman de Per Petterson que j'ai lu cet été, « Je refuse », qui me confirme que cet auteur norvégien fait partie des grands.

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En 2003, Per Petterson fait une percée littéraire grâce à « Pas facile de voler des chevaux ». Immense succès en Norvège, Allemagne et Grande-Bretagne, le livre est récompensé par deux prix littéraires prestigieux en Scandinavie.

Attirée par le titre de ce roman, j'ai enfin pu l'attaquer après l'avoir vu traîner depuis un moment dans ma PAL (c'est très souvent en ce moment, je dépoussière ! ).

A près de 70 ans, Trond Sander se retire dans une petite maison près d'un lac au nord de la Norvège. Enfin tranquille, il aspire à une vie paisible.

« Toute ma vie j'ai désiré vivre seul dans un endroit comme celui-ci. Même quand la vie était belle, et elle l'a souvent été. Ça, je peux l'affirmer. Qu'elle l'a souvent été. J'ai eu de la chance. Mais même dans ces moments-là, au milieu d'une étreinte par exemple, quand on me murmurait à l'oreille les mots que je voulais entendre, j'ai parfois ressenti un brusque désir d'être loin, dans un endroit où tout ne serait que silence. »

Jusqu'à ce qu'il rencontre son voisin Lars, qui le ramène cinquante ans en arrière, au dernier été où il a vu son père, ce même été où un horrible accident frappa la famille de Lars …

Par une alternance classique entre passé et présent, le roman est habilement construit autour des secrets des personnages, en particulier autour de la figure énigmatique du père. La plongée dans la Norvège des années 40, de la guerre à l'après-guerre m'a fait prendre conscience de la manière dont ce pays a vécu la Seconde guerre mondiale. Se superpose ainsi l'insouciance de l'été 48 entre le père et le narrateur, jeune garçon qui vole des chevaux pour faire des promenades de temps en temps; et la guerre, pendant laquelle l'expression qu'il utilise « Viens, on va voler des chevaux ! » était un mot de passe .. Nombre de questions et de mystères resteront ainsi sans réponse …

Un style simple, mais beau, une économie de moyens, et des paysages splendides. Je remarque que c'est un point commun entre les romans qui nous arrive du Nord – Islande, Norvège, Suède, Finlande : une poésie qui se dégage, une nature très présente, peu de rebondissements mais une plénitude et un art de raconter des histoires bouleversantes mais d'une grande finesse.

« Pour ne pas mourir moi aussi, il me fallait retrouver la forêt. »


Ce fut donc une lecture agréable, paisible et intéressante. Un livre à relire pendant des vacances en Norvège.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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A la fin de sa vie, Trond Sander s'installe dans une vieille maison, isolée près d'un lac, au nord de la Norvège. La hasard fait qu'il a connu son plus proche voisin, Lars, 55 ans plus tôt, lors d'un été passé avec son père à la campagne. Cette rencontre lui remet en mémoire les événements de cet été-là, qui aura transformé leur vie.
Un roman fort, sur la solitude des hommes, la difficulté, voire l'impossibilité, à communiquer, le retour sur soi, la mémoire, mais aussi la solidarité face aux petits ou grands accidents de la vie.
Une écriture forte et fluide, lente et descriptive, qui encourage à la lecture et ne lasse pas. Une narration qui passe en permanence du temps présent à l'été des 15 ans du narrateur, sans jamais embrouiller.
Un roman qui n'est pas sans rappeler "Les chaussures italiennes" de Henning Mankell ; mais je devrais plutôt écrire l'inverse.
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Voler les chevaux est une expression qui, dans ce livre, a un sens ambigu: celui du jeu dangereux de Trond, le narrateur, ce presque septuagénère, alors qu'il avait quinze ans et chevauchait avec son ami Jon des chevaux non dressés; et aussi celui d'un mot de passe utilisé par le groupe de résistants norvégiens, auquel participait le père de Trond. Voler des chevaux, c'est une manière de prendre des risques, de devenir adulte; et maintenant, pour Trond, ce veuf de 67 ans qui a quitté les siens pour un chalet au bord d'un lac, c'est aussi une certaine nostalgie, un lien avec son père qui lui manque, une nostalgie qui lui fait mal, mais ne décide-t-on pas soi-même d'avoir mal ou pas?

Un roman comme un voyage dans l'âme d'un homme bourru, comme une chronique monotone de la solitude; un livre où rien n'est simple et où chaque tiroir révèle son double-fond, un chef-d'oeuvre de sensibilité.
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Il est difficile d'écrire une critique constructive sur ce livre, dont pour moi, les principales qualités sont aussi les principaux défauts.
L'écriture est très belle, fluide, les descriptions de la nature sont magnifiques, "vivantes": on entend le murmure de la rivière au loin, les pas crisser dans la neige, on voit l'eau miroiter dans le jour naissant.
Les descriptions des personnages sont très sensibles et touchantes.
Mais voilà, des descriptions, il y'en a beaucoup, et parfois, au détriment peut être, des événements que l'on aurait souhaité voir un peu plus développés.
On a le sentiment de constituer un puzzle.
Au fil du récit, on ajoute une pièce de l'histoire, puis une autre, et petit à petit on parvient à comprendre ce qui s'est passé.
Mais tout comme un puzzle, ce roman demande de la patience, de la persévérance, pour comprendre comment chaque pièce vient s'emboîter aux autres.
La fin nous laisse avec beaucoup de doutes, d'incompréhension, de zones d'ombres, et cela en décevra certains. Mais, on peut aussi se dire, que c'est le parti pris par l'auteur de ne nous laisser qu'entrevoir pendant 300 pages la vie de ces gens. Et comme dans la vie, on ne comprend pas toujours tout, on ne sait pas tout parce que ce serait mal poli de poser des questions.
Il me semble que c'est un roman pudique, tout comme le sont les personnages.
Les secrets de famille ne sont pas censés être étalés au grand jour, pas même dans un roman.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis retourné et j’ai regardé Franz :
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il a dit ?
- Il a dit « on va voler des chevaux ». Je ne sais pas qui a eu l’idée de cette phrase. Ton père, peut-être. En tout cas, ce n’était pas moi. Mais je savais qu’il allait dire ça. Quelqu’un était venu du bourg par le car pour me prévenir.
- Ah.
- Je l’ai tout de suite trouvé sympathique, ça c’est sûr.
Qui ne le trouvait pas sympathique ? Les hommes le trouvaient sympathique, les femmes le trouvaient sympathique, tout le monde le trouvait sympathique. Sauf le père de Jon peut-être, mais ça, c’était pour des raisons bien particulières. Et j’imaginais qu’au fond ils n’avaient rien l’un contre l’autre ; dans d’autres circonstances ils auraient sans doute pu être amis. Un homme qui plaît à tout le monde, c’est souvent quelqu’un de mou et d’inconstant, quelqu’un qui cherche à tout pris à éviter les conflits ; c’est ce que j’ai remarqué. Or ce n’était pas le cas de mon père. Certes, il aimait rire et il était toujours souriant, mais c’était dans sa nature ; ça n’avait rien à voir avec un désir de séduire. Avec moi, en tout cas, il ne cherchait pas particulièrement à le faire, et pourtant il me plaisait beaucoup, même si je me sentais parfois un peu embarrassé en face de lui.
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- Tu lisais toujours Dickens quand tu étais à la maison ; je m’en souviens très bien. Tu étais assis dans ton fauteuil, complètement absorbé dans ton livre, et quand je m’approchais pour te tirer la manche et te demander ce que tu lisais, j’avais toujours l’impression que tu ne me reconnaissais pas. Puis tu répondais « Dickens » en me regardant d’un air grave. Et je me suis dit que lire Dickens, ça devait être quelque chose de spécial qui n’était pas à la portée de tout le monde ; c’est le sentiment que j’ai eu. Je n’avais même pas compris que Dickens, c’était le nom de l’auteur. J’ai cru que c’était le nom d’un certain type de livres que nous étions les seuls à posséder. Et je me rappelle que parfois tu me faisais la lecture.
- Je faisais ça ?
- Oui, tu me faisais la lecture. De David Copperfield ; ça, je l’ai découvert plus tard, à l’âge adulte, quand j’ai décidé de le lire moi-même. A l’époque, tu n’avais jamais l’air de te lasser de David Copperfield.
- Il y a longtemps que je ne l’ai pas lu
- Mais tu l’as, je suppose ?
- Bien sûr.
- Alors du devrais le relire.


Et elle appuie ses coudes sur la table et y pose son menton avant de réciter :
- « Deviendrai-je le héros de ma propre vie, ou bien cette place sera-t-elle occupée par quelque autre ? A ces pages de le montrer. »
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Il régnait une odeur de bois fraîchement coupé. Elle se répandait de la route jusqu'à la rivière, elle remplissait l'air et flottait au-dessus de l'eau, elle pénétrait partout, elle m'engourdissait et me faisait perdre la tête. J'étais au centre de tout. Je sentais la résine; mes vêtements et mes cheveux sentaient la résine; la nuit, dans ma couchette, ma peau sentait la résine. Je m'endormais avec l'odeur de résine, je me réveillais avec l'odeur de résine, l'odeur de résine m'accompagnait du matin au soir. Je faisais un avec la forêt. Pataugeant dans des brindilles de sapin, je courais partout en coupant des branches comme mon père m'avait appris à le faire: aussi près du fût que possible, pour ne laisser dépasser qui puisse gêner le passage du couteau à écorcer ou blesser les pieds des hommes qui auraient à marcher sur les grumes et les séparer quand elles s'agglutineraient sur la rivière. Je maniais la serpe en cadence; un coup à droite, un coup à gauche. Le travail était pénible, tout me résistait, tout était dur, mais ça m'était égal; je ne sentais pas ma fatigue et je continuais à travailler sans y prêter attention. Les autres devaient me retenir, ils me prenaient par l'épaule et m'asseyaient de force sur une souche d'arbre en m'enjoignant de rester assis et de me reposer un peu, mais ma résine me collait aux fesses, mes pieds me démangeaient et je finissais par m'arracher de la souche et m'emparer de la serpe. Le soleil me cuisait et mon père rigolait. J'avais un sentiment d'ivresse."p.102-103
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Dans deux mois à peine ce sera la fin du millénaire. Il y aura une fête avec feu d’artifice au village. Je n'irai pas. Je resterai à la maison avec Lyra, je descendrai peut-être jusqu'au lac pour voir si la glace tient, j'imagine une nuit avec -10 et clair de lune, je ferai du feu dans le poêle et je me saoulerai raisonnablement avec la bouteille que j'ai mise de côté dans le placard, je poserai sur le vieil électrophone un disque de Billie Holiday, avec sa voix au bord du chuchotement comme lorsque je l'ai entendue à Oslo dans les années cinquante, presque éteinte mais encore pleine de magie. A la fin du disque j'irai me coucher, je dormirai aussi profondément qu'il est possible de le faire sans être mort, et je me réveillerai dans un nouveau millénaire sans y accorder la moindre importance. Je m'en réjouis à l'avance.
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Je me demandais comment elle y arrivait, car elle travaillait aussi dur qu'un homme. Et à chaque fois, je voyais mon père qui la regardait, les yeux mi-clos. Et je faisais pareil, je n'arrivais pas à m'en empêcher. Et comme on la regardait, le père de Jon la regardait aussi, mais pas comme il le faisait d'habitude. Ce qui me paraissait normal. Mais j'ai l'impression qu'on ne regardait pas la même chose, car ce qu'il voyait semblait le surprendre et le mettre mal à l'aise. Moi, ce que je voyais me donnait envie d'abattre le plus grand des sapins et de le faire tomber avec un fracas qui retentirait partout dans la vallée.
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[Per Petterson : Dans le sillage]
A la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain, Olivier BARROT présente l'ouvrage de Per PETTERSON : "Dans le sillage".
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