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Aurélie Olivier (Autre)
EAN : 9782381980218
128 pages
L'Arche (20/08/2021)
4.32/5   36 notes
Résumé :
21 grands noms de la scène poétique francophone se racontent.
Ces lettres racontent leur parcours, leur intimité, leur place dans la société des lettres. Dans ces billets, mots d’humeur, mots d’ordre pour un nouvel ordre du monde, elles prennent le contre-pied d’un lyrisme classique. La femme n’est pas (seulement) Muse, mais Poète, Musicienne, Inspiratrice, Agente de son propre désir. Poésie verticale et adressée, ces lettres racontent les combats, les dialo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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"Lettres aux jeunes poétesses" est un volume de conseils adressés par vingt et une poétesses à une apprentie en poésie, novice désireuse de prononcer ses voeux perpétuels (en poésie).

Parmi les noms on trouve Chloé Delaume, Liliane Giraudon, Sandra Moussempès, Nathalie Quintane... (je retranscris les noms que je connaissais, j'ai rencontré les autres dans ce livre).

Je suis un peu déçue : je m'attendais à l'examen de ce qui fait la spécificité de poésie au féminin, du travail des créatrices sur la langue française, langue très masculiniste où, comme le dit Marie Darrieussecq :" si toutes les femmes du monde venaient en compagnie d'un chien, ils seraient contraints, les femmes et le chien, de se soumettre au masculin : les femmes et le chien étaient bien obéissaNTS".

Il y a bien un peu de cela, mais je suis restée sur ma faim, l'étude sur le langage n'est qu'effleurée. C'est vrai que le titre, ne le promettait pas ni le format de l'ouvrage ne le permettait.
Il n'y a pas de miracle : les ouvrages traitant de poésie sont ardus, je pensais m'en tirer à bon compte, tout connaître sans effort...

Toutes les participantes du recueil, quand même, soulignent un monde où elles pénètrent comme par effraction, sans la légitimité des poètes masculins : Sophie Lucas exprime son désarroi quand elle a atteint la petite dose de notoriété suffante pour qu'on la convie à des débats sur la poésie :

"C'est advenu. J'ai pris corps par l'écriture. Dans l'écriture.
Et puis.
Il a fallu faire lectures publiques, tables rondes, rencontres.
Il a fallu exister par la parole.
Ce n'était plus l'écriture. C'était le monde. le corps social.
La violence. le bruit.
Il a fallu s'exprimer. Je n'ai pas su.
Il a fallu argumenter. Je n'ai pas su.
Des hommes depuis des siècles assis là.
Satisfaits. Ambitieux.
Habitués.
Il a fallu s'imposer. Je n'ai pas su.
Il a fallu faire sa place. Je n'ai pas su.
La déception d'être soi. de n'être que soi.
Rétrécir."

Toutes sans exception, formulent cette souffrance d'une légitimité toute neuve, à peine acquise, prête à être gommée par les hommes sachant, aux écrits plus "vendeurs", lourdement assis, comme dans le métro, jambes largement écartés, tout littérateurs à l'exquise sensibilité qu'ils soient.

Et pour conclure ce billet, je cite le collectif RER Q : "Ecrire au féminin vaut mieux que le neutre. Sois radicale pour être entendue.
Je suis toujours vivante. Justice nulle part, que mon écriture te hante pour toujours."

C'est pas mal quand même. Allons, il s'agit là d'une bonne initiation au sujet, libre à la lectrice, au lecteur, d'approfondir.
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Nous devrions, à l'évidence, laisser plus souvent la parole aux femmes. Quand elles la prennent, et qu'elles expriment – enfin – le fond de leurs pensées, ça déménage…

Ces paroles font du bien, car au-delà du thème imposé (une « lettre » à une jeune poétesse, qu'importe la forme et le contenu, ce n'est pas l'essentiel), tout un monde – des mondes, finalement – de sensibilité exacerbé fait surface, jusqu'ici rien d'anormal dans la poésie, et dévale la pente enneigée du diktat masculin en grossissant, comme une boule de neige ou comme le trop-plein d'un cabinet archaïque, enrichi d'expériences individuelles toutes plus riches les unes que les autres, ayant cependant en commun, exprimé avec talent, le témoignage d'une réalité qui ne devrait plus exister depuis longtemps, à savoir la place des femmes dans la littérature et dans la poésie en particulier.

C'est percutant, et c'est frais. On ressent immédiatement la profondeur, parfois masquée, des interventions de ces magnifiques poètes. Car il n'y a pas de « poétesse », pas de sous-genre, juste des poètes, sans genre, plein d'humanité et d'imagination, pour nous permettre de percevoir le vrai monde qui nous entoure.

La maison d'édition « L'Arche », dans sa collection « Des écrits pour la parole », prend un pari osé mais en parfaite adéquation avec l'esprit de celle-ci, à savoir une passerelle entre la littérature et le théâtre. Cette oeuvre ferait merveille sur les planches…
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21 poétesses contemporaines pour écrire 17 adresses de beauté, de transmission et de justice par les mots. Une sublime armée qui se lève, a priori sans patience et sans azur, mais bien pour notre plus grande sensibilité combative et notre plaisir orienté de lecture.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/11/07/note-de-lecture-lettres-aux-jeunes-poetesses-collectif/

Pour saisir la singularité et la puissance de ce projet rare, matérialisé par la publication d'un ouvrage rassemblant 17 « Lettres aux jeunes poétesses », écrites par 21 poétesses éventuellement légèrement plus âgées, édité par L'Arche en août 2021, il faut d'abord s'appuyer sur l'avant-propos d'Aurélie Olivier, initiatrice de cette passerelle générationnelle et militante, éducative, populaire et décidée :

Au printemps 2020, je reçois une invitation du service de la Parole du Centre Pompidou, pour imaginer, au sein du festival Extra !, un week-end dédié aux Parleuses, le nom d'un cycle de séances que l'association Littérature, etc. organise, de manière itinérante chaque mois, avec des autrices contemporaines, pour revisiter l'histoire de la littérature. En réfléchissant à la meilleure manière d'utiliser la place qui m'était accordée, le sexisme de l'histoire poétique du musée me revient en mémoire. […] Repenser à cette vidéo [… d'une opération de 1982 dont les poétesses étaient absentes ou effacées …] me donne envie de proposer, à presque 40 ans de distance, une forme, à mi-chemin entre la chorale et l'avalanche, qui assurerait, au sein même de l'institution qui pendant des décennies l'a ignorée, la transmission d'une poésie qui nous laisse le choix, d'une poésie féministe.
J'écris alors à 9 poétes∙ses en leur demandant : qu'auriez-vous envie d'écrire à un∙e jeune poéte∙sse ? Qu'auriez-vous aimé qu'on vous écrive lorsque vous étiez vous-même un∙e jeune poé∙tesse ? Quelques mois plus tard, arrivent dans ma boîte mail, comme des cadeaux qui brûlent tout en même temps qu'ils réchauffent, les 9 premières Lettres aux jeunes poétes∙ses commandées. Leur lecture vivifiante m'ordonne : ces textes doivent parvenir à une multitude d'autres lecteur∙ices. Mais comment les adresser ? Une soirée de lectures ne suffira jamais à garantir la propagation. […]

C'est donc grâce à cet élan collectif inspiré, à cette juxtaposition de mains tendues, avec tendresse, avec ironie, avec véhémence, avec au fond toute une gamme pertinente de sentiments, d'espérances profondes et de désespérances provisoires, que l'on peut maintenant lire, à tête reposée et à coeur enflammé, les adresses concoctées par Chloé Delaume (dont on ne répètera jamais assez ici, car un peu de publicité pour nos amis des éditions Jou est toujours de droit, que son superbe « La nuit je suis Buffy Summers » est de nouveau disponible depuis avril 2020), par Sonia Chiambretto, par Rébecca Chaillon, par Adel Tincelin, par Rim Battal (qui, tout récemment encore, après les beautés de « Vingt poèmes et des poussières », de « Latex » et de « Transport commun », nous régalait de ses « Quatrains de l'all-inclusive »), ou encore par Liliane Giraudon.

Ensuite, il y a encore Ryoko Sekiguchi (qui, de « L'astringent » à « Manger fantôme », ou de « Ce n'est pas un hasard » à « La voix sombre », nous offre si régulièrement ses puissantes incursions aux marges et aux frontières entre cultures et interprétations, entre goûts et pensées), Nathalie Quintane (dont « Un oeil en moins », par exemple, il y a à peine un peu plus de trois ans, nous conduisait à regarder de bien plus près ce que nous pratiquons quand nous luttons), Milady Renoir, Sophie G. Lucas (dont le « Paradise », avec Jean-Marc Flahaut, nous avait entraîné dans un formidable road movie poétique, justement), Marina Skalova, Lisette Lombé (dont le récent recueil « Brûler brûler brûler » nous avait permis d'entrer en beauté dans la jeune collection L'iconopop), Édith Azam, Ouanessa Younsi, Sandra Moussempès, dont les explorations ramifiées de réalités intimes alternatives et d'oppressions silencieuses ou discrètes, dans « Captures », « Acrobaties dessinées », « Colloque des télépathes », « Sunny girls », « Cinéma de l'affect » ou « Cassandre à bout portant », nous révèlent chaque fois un peu plus à nous-mêmes, Michèle Métail, et encore le collectif RER Q (etaïnn zwer, Élodie Petit, Claire Finch, Wendy Delorme, Camille Cornu et Rébecca Chaillon) pour conclure ce recueil étrange et puissant. Chaque membre informel de cette armée de guerrières (pour reprendre certains des mots précieux et justes de la quatrième de couverture) opère des choix de transmission, manie des modes bien distincts de projection de soi vers les autres et du passé vers le futur, mais toutes donnent en force à ressentir et à penser ce que peut être d'écrire (de la poésie au sens large) et d'être (dans la cité et dans le monde, immense ou réduit aux acquêts) aujourd'hui, femme ou personne non binaire, se devant d'inventer d'improbables conquêtes de justice et de beauté.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Entrer en poésie. Mais être une poétesse ou une poète ? Écrire sur quoi ? Dans quelle langue : le français, l'arabe, le japonais, un langage expérimental queer ? À qui ?

Dans ce recueil publié chez L'Arche, 21 autrices et auteur•ices écrivent (ou refusent d'écrire) aux jeunes poétesses. À celles qu'elles ont été, à celles qui seront. Écrivent dans les pas des poétesses du passé ou à l'attention des poétesses du futur.

Je connaissais certain•e•s d'entre elleux comme Chloé Delaume, Wendy Delorme, Adel Tincelin, Lisette Lombé ou Rim Battal. Pour les autres plumes, ce fût une découverte. Celle d'un choeur parfois concordant (est-ce par exemple un hasard de voir revenir le mot « sentinelle » ?), parfois dissonant. Celle d'une pluralité de voix, d'opinions, d'expériences. La poésie écrite par des femmes, autrefois cantonnée au genre de la poésie dite « féminine » a les traits de multiples visages, prend de multiples intonations que posséder un utérus (ou pas) ne détermine en rien.

Ce livre parlera à toutes celles qui écrivent. Entrons en poésie, suivons les traces des poétesses, écrivons-leur des lettres, qu'elles soient mères ou guerrières. Ou les deux à la fois.
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"Une myriade de poétesses existent."
Au fil du temps, on l'avait presque oublié. Dans cet ouvrage engagé et éclairant, 21 de ces guerrières/iers poétiques prennent la parole. 17 textes originaux et vifs composent ce recueil publié chez @larche_editeur .
Une véritable armée aux multiples visages pour une justice des mots.
Que de punchlines savoureuses !
" Quand tu seras obligée de te fader des vieux schnocks qui aiment à palabrer sur le mot littérature, fais en sorte d'avoir toujours dormi la veille."
"L'écriture est un sport d'auto-défense et un sport de combat."
Mon texte préféré est le premier, rédigé par Chloé Delaume. À l'attention de la poétesse du futur, sa lettre met en garde, conseille, secoue. Pour le meilleur évidemment : une poétesse avertie en vaut deux.
À mon tour, j'ai envie d'entrer en résistance, de choquer, d'enfoncer la lame là où ça fait mal.
Extrait: " Ne regrette rien et viens sans peur, tu marches déjà sur des braises, bientôt viendra le baptême du feu.
Allez, bisous.
Chloé Delaume"
Un recueil passionnant, une note d'espoir sur l'avenir de l'écriture, qui remue beaucoup les entrailles, à découvrir et faire découvrir.
Donnons de la voix à ces poétesses !
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critiques presse (1)
Liberation
10 septembre 2021
Ce pied dans la porte du monde de la poésie embarque-t-il avec lui les personnes racisées et queer, tout en se débarrassant du besoin de se justifier.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il se trouve que vous comme moi appartenons à une catégorie : poétesse. Pas loin de poétasse.

[Liliane Giraudon]
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La solitude dévaste, la compagnie oppresse...

[Liliane Giraudon]
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Il n'y a pas de femme vénale : il n'y a que des hommes qui souhaitent les appauvrir, les démunir pour mieux les dominer.

[Rim Battal]
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Il n'y a rien à attendre de l'attente.

[Rim Battal]
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Chère jeune poétesse,
Ne cherche pas à devenir poétesse, tu l’es déjà, tu en approfondiras le socle. Sois un peu sorcière un peu Lilith, ne deviens pas une Eve en côte d’Adam formatée par l’attrait des conventions. Reste libre et singulière, approche de tes zones d’ombres, de ta façon particulière d’être au monde. Prends tes différences comme des biens précieux qui t’aideront à écrire, filmer, chanter, composer, exprimer ce qui t’est propre. Deviens ton propre laboratoire textuel et sensoriel. Laisse les mots travailler à ta place tout en te centrant sur une nécessité esthétique. Jette ce qui ne te convient pas, ne garde que l’essence, travaille la musicalité, sois envoûtée, perturbée, refuse le pathos, les expressions convenues. Ne fuis pas tes émotions, recycle-les. Ne crains pas la souffrance ou la solitude qui peuvent aussi être des alliées. Ne te sur-adapte pas aux autres et ne fais pas du confort de vie un but à atteindre. Il ne s’agit pas de romantisme suranné mais bien d’un engagement total. Vis à travers l’intensité d’une relation amoureuse ou dans le calme d’un ermitage mais sois pragmatique et consciencieuse pour le choix de tes éditeurs, l’élaboration de lectures augmentées, les dossiers de demandes d’aides, qui te prendront autant de temps que la création.
Accepte tes abattements et le trou béant qui parfois t’habitera, toute volonté d’écriture provient de ce vide-là qui ouvre ton corps depuis l’enfance.
Écris régulièrement, n’importe où, ne conçois pas le poème comme une chose « poétique » mais comme une distanciation de ce qui sature ton esprit. Tu peux capturer un fragment d’intensité ou bien décrire cliniquement un ectoplasme, quoi que tu choisisses fais-le à ta façon. Le poème ne doit pas être le réceptacle de tes émotions, rejette la mièvrerie ou re-découpe-la au scalpel. Trouve ton langage formel, informel à travers le prisme des mémoires de ce dont on ne se souvient pas. (Sandra Moussempès)
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Videos de Chloé Delaume (67) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chloé Delaume
Qui sont les représentants en librairie ? Ces hommes et ces femmes de l'ombre, qui sillonnent les routes de France dans des voitures chargées de livres pour faire le lien entre les maisons d'édition et les librairies ? Elisabeth Segard, journaliste à Livres Hebdo, est allée à leur rencontre pour brosser le portrait robot de l'une des professions les plus discrètes et les plus influentes de la chaîne du livre. Dans la deuxième partie de l'épisode, Lauren Malka nous emmène au coeur de la Goutte d'or, à Paris, pour y découvrir la Régulière, une librairie-café présentée par sa fondatrice Alice et par l'écrivaine Chloé Delaume, au micro de Lauren, comme “une véritable oasis de culture”.Enfin, la clique critique de Livres Hebdo se réunit pour vous parler non seulement de ses coups de coeur de février, mais aussi de ce que ces livres dessinent dans le paysage éditorial de ce début d'année. Entre essais, BD et romans, les genres sont variés : Histoire de Jérusalem, de Vincent Lemire et Christophe Gaultier, publié aux Arènes ; Littérature et révolution, de Joseph Andras et Kaoutar Harchi, publié aux éditions Divergences ; Insula, de Caroline Caugant, publié au Seuil ; Les yeux de Mona, de Thomas Schlesser, publié chez Albin Michel ; Rousse, de Denis Infante, publié chez Tistram ; Abrégé de littérature-molotov, de Macko Dràgàn, publié chez Terres de feu. Un podcast réalisé en partenariat avec les éditions DUNOD, l'éditeur de la transmission de tous les savoirs.Enregistrement : janvier 2024 Réalisation : Lauren Malka Musique originale : Ferdinand Bayard Voix des intertitres : Antoine KerninonProduction : Livres Hebdo
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