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EAN : 9782738139566
151 pages
Odile Jacob (18/10/2017)
3.7/5   55 notes
Résumé :
"Je me souviens de moments forts ou décisifs.

Je me suis formée émotionnellement et affectivement de bric et de broc.
Quelque chose s'est passé dans mon enfance qui m'a donné une forme de solidité.

Je me souviens de conversations à bâtons rompus, pleines de vivacité, de renversements, de tête-à-queue, de retours en arrière, de mots d'esprit, de fous rires, de mines offusquées...avec une amie. Ce sont des moments de grâce et de v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais découvert et dégusté avec gourmandise "Le Sel de la Vie". J'avais eu un peu plus de difficulté à entrer dans "Le Goût des Mots". Et voilà que j'apprends presque en même temps la mort de Françoise Héritier et la parution de son dernier ouvrage "Au Gré des Jours".
Je ne sais pas si elle a écrit ce livre en pensant qu'il serait le dernier, mais je le découvre bien comme son testament. La première partie, « De bric et de broc », est le prolongement du « Sel de la Vie » avec toutes ces actions, remarques, expressions ou petits riens qui font qu'une vie est quelque chose d'irremplaçable. La deuxième partie s'intitule « Façonnages » et c'est elle qui m'apparaît comme le testament de Françoise Héritier. Elle a écrit ce texte au printemps 2017 et elle nous y expose des moments qui ont été déterminants dans sa vie, mais elle nous les présente pas forcément dans l'ordre chronologique. Pêle-mêle, peu de souvenirs d'une enfance vécue pendant la guerre 1939-1945, mais d'autres marquants durant les années de lycée après l'arrivée à Paris. Les études universitaires et l'effervescence du Paris des années 1950 à 1960. Des rencontres professionnelles, notamment avec Claude Lévi-Strauss. La découverte de l'Afrique et toutes les personnes avec qui elle a fait un bout de chemin. Son éducation émotionnelle et la présence forte de l'amitié comme un vrai cadeau !
En introduction de ce dernier livre, Françoise Héritier nous dit : « Prenez place, s'il vous plaît ». J'ai répondu avec plaisir à son invitation. Avec elle, j'ai souri ou je me suis indigné face à certaines situations. J'ai admiré son parcours. Quand, à la fin du livre, elle nous dit :« Fermez doucement la porte derrière vous », je me suis retiré sur la pointe des pieds. J'aurais eu envie de l'embrasser, mais elle n'était plus là. Alors, je lui dis simplement : Merci !
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« Caresser l'idée que peut-être, sait-on jamais? tout compte fait, à tout prendre, pourquoi pas? à tout hasard, éventuellement, ce sentiment qui vous emplit de joie pourrait bien être ce qu'on appelle l'amour. »

Au gré des jours, dans sa première partie, poursuit l'inventaire de ces petits riens qui donnent du goût à notre existence, et en font le « sel de la vie ». Françoise Héritier y égrène des souvenirs faits de » bric et de broc »: « trinquer dans un bar d'autoroute avec des chauffeurs de poids lourds ». « Rire au souvenir de la mésaventure de ce jeune homme en vélo sur une route africaine que freinait à coups de patte une jeune lionne facétieuse et qui battit pour le coup des records de vitesse, debout sur les pédales. » A travers ces multiples évocations, elle cherche, selon ses propres termes, à faire affleurer le « permanent sous le contingent », « l'universel sous l'individuel ». Qui, à l'instar de la narratrice, ne s'est pas en effet sentie « nunuche » parfois, quelle femme n'a pas « regretté de n'avoir pas été plus insoumise? » Qui ne s'est pas, un jour, senti rempli d'une douce quiétude à voir surgir des biches d'un bois, à découvrir un trèfle à quatre feuilles, autant de petits bonheurs qui, mis bout à bout, constituent une vie.

Dans la deuxième partie, intitulée Façonnages, Françoise Héritier, avec l'humilité des grands intellectuels, affirme avoir conscience qu'elle ne « sait rien, à peine savoir vivre. » La maladie et le sentiment de l'imminence de la mort imposent une sorte d'urgence à convoquer la mémoire, si défaillante soit elle. Ainsi évoque t'elle les souvenirs du cours Sévigné, du lycée Racine à Paris où les filles avaient des cours de cuisine et de couture, ou encore ce moment où, en rupture avec sa famille, elle s'enfuit, avec deux petites culottes en poche, rejoindre Michel Izard qui deviendra son mari. On découvre qu'à son époque, il y avait une licence de géographie réservée aux hommes, les universitaires jugeant la discipline trop ardue pour les femmes…. Et lorsque Georges Duby, lors d'une réunion au Collège de France, s'adresse à elle pour lui demander de prendre des notes -elle est la seule femme détentrice d'une chaire- Françoise Héritier lui répond: » mon cher Georges, je ne suis pas programmée génétiquement pour les prendre mieux que vous ». Alors, nous jubilons devant ce féminisme affirmé. L'essai dresse encore un portrait de Claude Lévi Strauss qui fut si déterminant pour sa carrière et fourmille d'anecdotes relatives à son métier d'ethnologue et l'on voit que dans cette Afrique « prolixe en aventures, déroutante, mystérieuse « , elle ne se contenta pas d'en décrire la société mais tissa des liens très forts avec cette terre, y nouant des amitiés, y sauvant des enfants d'une mort certaine.

Comme Montaigne qui « aime l'allure poétique à sauts et à gambades », Françoise Héritier use d'une écriture vagabonde pour raconter ses souvenirs dans un livre en forme de testament où l'ultime dessein reste la connaissance de soi et son esprit vif et brillant nous manque déjà.

« Je ne recherche rien tant que cette simple amitié là, sans arrière pensées, sans chausse-trapes, sans ambiguïté, simplement parce que c'est nous et qu'on s'aime. Montaigne avait su trouver les mots justes pour le dire. »
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Suite du "sel de la vie" que je n'ai pas encore lu. Souvenirs de la célèbre anthropologue spécialiste des sociétés africaines, élève de Lévi- Strauss, deuxième femme à entrer au Collège e France après Jacqueline de Romilly.
Une première partie un peu fastidieuse à mon goût, longue énumération de ce qu'elle a aimé.
Deuxième partie qui mêle souvenirs d'enfance, premiers voyages en Afrique dans les années 1950, rencontres intellectuelles et amicales et sa vision de la vie avec la maladie invalidante et évolutive qui la frappe.
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Ce livre est, disons, une suite de "Le sel de la vie", un livre que Françoise Héritier a écrit pensant à un ami, médecin, Jean-Charles Piette. Une réponse à un courrier reçu de lui. "Le sel de la vie" était une suite de petits riens presque invisibles, qui font le bonheur de tous les jours.

Ce livre est la suite... Françoise Héritier avait l'habitude d'avoir de quoi écrire auprès d'elle. Et elle a continué à énumérer ses "petits sels", qui font la première partie de ce livre.

La deuxième partie est, au lieu de petites phrases, de petits sels, une suite dans le désordre, de flashes de mémoire de sa vie sur quelques paragraphes. de son enfance, adolescence, les études à Paris, au Collège de France, en Afrique, ... Des flashes de vie qui révèlent une face autre que celle connue par ses écrits scientifiques.

Dans ce livre elle révèle la raison de son amitié avec Jean-Charles Piette : c'est le médecin qui s'est occupé d'elle et de sa maladie depuis les années 80.

Les lecteurs plus perspicaces ne manqueront de remarquer le livre "Les bonheurs du jour" de Marc Augé, son dernier mari. Peut-être un joli hommage de celui qui a été son dernier amour, publié en 2018, un an après le décès de Françoise. "Le sel de la vie" vu par Marc Augé.

Un sacré couple, en effet !!!
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J'ai découvert cette grande dame, dans le sens le plus noble du terme, lors de sa dernière interview.
Je me suis aussitôt ruée vers mon libraire (librairie individuel que je tiens à soutenir)
Je lai lu d'une seule traite.
En une seule phrase elle a saisi tous ces instants, petits moments qui n'ont parfois lair de rien mais qui représentent la somme de tous les bonheurs, joies qui se présentent.
Même affectée par la maladie elle retient ces bonheurs parfois fugaces
Quand de pseudo feel good books nous abreuvent souvent de platitudes ce petit livre fait un bien fou au moral
Je me suis sentie à la fois coupable de ne pas faire d'arrets sur image pour ne retenir que les rares points négatifs
Mme Héritier m'a sans doute involontairement donné une belle ligne de vie
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
06 décembre 2017
Dans "Au gré des jours", publié juste avant sa mort, cette grande dame se raconte. Elle avait succédé à Lévi-Strauss au Collège de France.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Il n’y a guère de plus grande satisfaction que celle d’avoir passé quelques heures dans une conversation à bâtons rompus, pleine de vivacité, de renversements, de tête-à-queue, de retours en arrière, de mots d’esprit, de fous rires, de mines offusquées...avec une amie. Ce sont des moments de grâce et de grande vérité.
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Je menai à bien une licence d’histoire et de géographie, seule valide pour les filles, alors qu’il existait deux licences séparées, l’une d’histoire, l’autre de géographie, pour les garçons, l’explication de cette différence étant que les filles n’étaient pas suffisamment armées intellectuellement pour les difficultés théoriques des questions difficiles de géographie ! Les lectrices d’aujourd’hui n’en croiront pas leurs yeux, mais c’est pourtant authentique.
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Le rire instaure une liaison forte entre les humains parce qu’il concrétise un continuum entre les corps qui se régénèrent dans les soubresauts et l’esprit qui s’aiguise. Nous sommes heureux de rire ensemble parce que nous sentons et pensons de la même manière.
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Humer l’air frais de la montagne narines au vent et yeux mi-clos, s’être refusée énergiquement en plein mois d’août à Ouessant à entrer dans l’eau dont son amie Claude sortait bleue de froid et ravie à la fois, aimer les appels du bout des doigts sur l’avant-bras de l’autre, les cheveux écartés du front, les sauts à deux dans la vague, le fruit offert, la cigarette allumée, le regard complice, tous les jolis gestes de la tendresse…
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C’est cette capacité d’alterner aisément austérité et prospérité, maladie et santé, rage de vivre, peur de mourir, qui me donne force et résistance.
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Videos de Françoise Héritier (63) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Françoise Héritier
Leçon inaugurale de Françoise Héritier prononcée le 25 février 1983. Françoise Héritier était professeure du Collège de France, titulaire de la chaire Étude comparée des sociétés africaines.
Ce serait une erreur de penser que l'Afrique est restée à l'écart de l'histoire du monde jusqu'à son ouverture par la colonisation, tout comme ce le serait inversement de croire que rien n'a pu s'y passer qui n'y soit introduit de l'extérieur. Ce grand corps gullivérien harcelé sur ses bords est aussi en tout temps parcouru de mouvements internes, de fermentations et de bouillonnements. […] En quelque sorte, le continent africain se présente comme une gigantesque galerie ethnographique où seraient rassemblés la quasi-totalité des éléments, dans leurs diverses combinaisons, sur lesquels s'exerce la sagacité anthropologique. Et cette galerie, loin d'exposer des matériaux morts ou moribonds, des survivances ou des archaïsmes, les étale à nos yeux dans le foisonnement de la vie. Ainsi l'Afrique procure-t-elle la matière nécessaire à un travail anthropologique en profondeur : elle fournit toujours la ressource de comparer entre elles ses sociétés actuelles, qui sont diverses, tout en les confrontant à d'autres qui lui sont extérieures, mais elle offre aussi la possibilité de voir fonctionner in situ des institutions, et même parfois plus largement des types d'organisation sociale qu'ailleurs on ne connaît que par des descriptions ethnographiques anciennes ou par l'histoire.
Texte intégral de la leçon inaugurale : https://books.openedition.org/cdf/873
Retrouvez la présentation de ses enseignements : https://www.college-de-france.fr/fr/chaire/francoise-heritier-etude-comparee-des-societes-africaines-chaire-statutaire
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