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EAN : 9782702135389
658 pages
Calmann-Lévy (12/01/2005)
4.09/5   430 notes
Résumé :
Lui, c'est Rudi. Il n'a pas trente ans. Elle, c'est Dallas. Bien malin qui pourrait dire pourquoi tout le monde l'appelle comme ça. Même elle a oublié son nom de baptême... Rudi et Dallas travaillent à la Kos, une usine de fibre plastique. Le jour où l'usine ferme, c'est leur vie qui vole en éclats, alors que tout s'embrase autour d'eux.
A travers l'épopée d'une cinquantaine de personnages, Les Vivants et les Morts est le roman d'amour d'un jeune c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
4,09

sur 430 notes
La lecture du roman Les Vivants et les Morts, de Gérard Mordillat, m'avait beaucoup marqué. Lorsque j'ai appris que le livre avait été adapté en série pour la télévision, j'étais curieux de comparer les deux. Or, je n'ai pas été déçu.

Après avoir vu les six premiers épisodes, je me suis rendu compte que cette immense fresque sociale et souvent très intimiste, ne pouvait être adaptée que par son auteur lui-même. le récit est tellement dense que la réalisation a imposé de résumer certaines parties de l'histoire en deux épisodes.

Les Vivants et les Morts permet de comprendre de l'intérieur ce qui s'est passé et se passe encore lorsque la finance l'emporte sur l'humain. Cette recherche permanente et obsessionnelle du profit détruit tout simplement la vie. L'auteur décortique bien le mécanisme diabolique mis au point pour réussir à déposséder les ouvriers de leur outil de travail.
Les ouvriers, les employés sont prêts à tous les sacrifices pour conserver ce qui est leur dignité et leur fierté. D'autres hommes – méritent-ils ce nom ? – n'hésitent pas à employer tous les stratagèmes pour parvenir à leurs fins. Témoins de ce spectacle désolant, les hommes politiques sont pathétiques et Gérard Mordillat démontre bien toute leur impuissance devant ce véritable massacre. Les vrais décideurs sont ailleurs et ils se gardent bien de se montrer.
Les deux derniers volets de cette terrible histoire bien trop contemporaine m'ont laissé KO. La révolte de toute une ville qui sent qu'on est en train de l'assassiner, est montrée avec brio et beaucoup de réalisme par le réalisateur : « Qui sème la misère récolte la colère ! »
Ce sont les femmes qui font prendre conscience à tous du drame qui se joue alors que, de réunion en réunion, responsables et hommes politiques tentent d'en finir en douceur. Arrive alors la répression aveugle et dévastatrice des forces de l'ordre. L'auteur nous montre bien que ce sont ceux qui les dirigent, de loin, par radio, qui portent la faute de la catastrophe qui s'amorce.
Dans le film, Marie Denarnaud qui joue le rôle de Dallas, se révèle vraiment dans ses deux derniers épisodes où elle est tout simplement extraordinaire de présence, de force et d'émotion. Elle vole même la vedette à son mari, Rudy, joué par un très bon Robinson Stévenin, et finit par imposer sa volonté.
Inutile de détailler tout ce qui se passe dans Les Vivants et les Morts, tellement cette histoire est dense et riche en émotions. L'oeuvre cinématographique réalisée est à la hauteur du roman et tout le mérite en revient à Gérard Mordillat et à tous ceux qui l'ont soutenu pour réaliser cette superbe fresque.

Que vous ayez vu ou pas le film, lisez sans plus tarder le livre, vous ne le regretterez pas !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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- Flash spécial, l'usine de la Kos celle là même qui avait faillit disparaitre sous les eaux et sauvé par ses ouvriers est en liquidation judiciaire. En direct de Raussel notre envoyé spécial michemuche, vous avez l'antenne.
En effet chers auditrices et auditeurs je suis devant le portail de l'entreprise, c'est un coup de massue que les ouvrières et ouvriers ont reçu ce matin en apprenant le dépôt de bilan de cette usine de plastique....
Bon vous connaissez la suite pas besoin de faire un dessin. " Les vivants et les morts " de Gerard Mordillat est un livre sur le combat de femmes et d'hommes qui pour sauver leurs entreprises sont prêts à toutes les folies.
Des livres qui parlent du monde ouvrier il y a bien sur " Germinal" d'Emile Zola ou " La jungle " de Upton Sinclair et dernièrement le très beau livre de " Joseph Ponthus " " A la ligne".
En fait rien n'a vraiment changé, je ne vais pas faire un cour d'économie, ni sur ce que je pense du néo- libéralisme. ( Il va falloir que je jette un oeil sur le dernier livre de " Thomas Piketty".)
Comme Rudi, Dallas et Lorquin les héros de " Les vivants et les morts " j'ai connu moi aussi dans ma vie professionnelle ce genre de situation.
En 35 ans de carrière j'ai subi un dépôt de bilan, deux redressements judiciaires et le rachat de mon entreprise par une grande multinationale.
J'ai toujours été étonné par la complaisance des pouvoirs publiques de droite comme de gauche, la façon qu'ils ont de tourner la tête pour ignorer le drame social qui se joue. Comment peuvent ils accepter de fermer les yeux sur un patron qui met la clé sous la porte pour un motif fallacieux et remonter une autre société un mois plus tard.
Pour en revenir au roman, j'ai trouvé l'histoire réaliste, la psychologie des personnages convaincante. Un bémol, j'ai trouvé navrant et incongru ces scènes de sexe qui ne servent à rien et qui ralentissent l'histoire.
j'ai une pensée pour les ouvriers de Bridgestone de Béthune.
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Avec « Les vivants et les morts » , Gérard Mordillat signe une oeuvre ambitieuse, profondément humaniste. Un gros pavé pour dénoncer la lâcheté de patrons voyous, qui n'hésitent pas à mettre sur le carreau des centaines de salariés pour satisfaire leurs actionnaires. A la Kos, la direction justement a décidé de fermer définitivement l'usine qui fait vivre une ville entière. Après l' abattement, l'écoeurement, la révolte gronde et la lutte s'organise. A travers le couple Rudy, Dallas ainsi qu'un bon nombre de personnages attachants ou infâmes, Mordillat décrit avec une grande justesse, cette fronde sans merci que vont livrer les salariés face une direction aussi lâche qu'invisible. Mordillat, artiste engagé renoue avec un genre, le roman social avec force et passion. Il montre avec justesse les dégâts directs mais aussi les dommages collatéraux (la vie de couple, les enfants, le lien social, les crédits à rembourser, les tensions qui apparaissent entre salariés etc ... ). Ces nombreux personnages donnent un souffle et un rythme remarquable à son récit. Un roman que l'on ne lâche pas et que l'on quitte à regret.
Mordillat a adapté son roman pour le petit écran. Il a la même puissance que son bouquin.

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CHALLENGE PAVES 2014/2015 (10/10)

Magnifique peinture sociale d'une France industrielle qui se meurt.
La première scène de ce livre est très forte. Raussel, petite commune de l'Est, sous un déluge venu du ciel, les ouvriers d'une usine de plasturgie, la Kos, se battent corps et âme pour sauver leur outil de travail de l'inondation. Il y a là toute l'équipe de maintenance emmenée par le chef Lorquin, la cinquantaine triomphante, Rudi, à peine trente ans, l'orphelin à l'enfance tumultueuse, mais aussi Totor, Luc, Serge, Hachemi, Willer, Saïd... Ils réussiront leur pari, l'un deux y laissera même la vie. Deux ans plus tard, une décision du holding allemand qui détient l'entreprise vient rompre le fragile équilibre : pour la sauver, leur dit-on, un plan social est nécessaire. Malgré la grève, ce sont les femmes et les anciens qui vont en faire les frais, dont Lorquin que l'on croyait indétrônable.
Ah oui, je ne vous ai pas parlé des femmes, Dallas, Varda, Micky, Gisèle et les autres ; c'est vrai qu'au début, elles jouent plutôt les seconds rôles.
La Kos ne doit pas disparaitre car avec elle, elle entrainera la mort de la commune, voire de la région. C'est l'escalade dans la violence. Finalement, politiques, élus locaux, syndicats, forces de l'ordre et envoyés du gouvernement écriront ensemble la chronique d'une mort annoncée, sous les yeux des médias et des ouvriers anéantis. L'amour permettra à certains de rester vivants, d'autres n'y survivront pas.

J'ai trouvé ce roman parfaitement réussi. J'avais pu voir, il y a quelques années, son adaptation télévisée qui lui était tout à fait fidèle. J'avais donc le visage de Robinson Stevenin en mémoire, magnifique incarnation de Rudi.
Par moment, au cours de ma lecture, j'ai ressenti le souffle de Zola dans "Germinal", en version moderne. La vision finale du fantôme de la Kos abandonnée laisse un goût amer car malheureusement ce récit fait référence à une triste réalité, celle d'un monde où la valeur financière l'emporte sur les valeurs humaines. J'ai dévoré ce pavé, aux chapitres très courts car tous les protagonistes, hommes ou femmes sont attachants dans leur force comme dans leurs faiblesses. Si je n'accorde pas la note maximale, c'est tout simplement que j'ai trouvé certaines scènes plutôt crues assez déplacées dans cette lutte anticapitaliste. Déplorant aussi le manque de panache du rôle accordé aux femmes (elles soutiennent les grévistes en manifestant de leur côté bien sûr, mais c'est en tapant sur des instruments qu'elles connaissent parfaitement : des casseroles !), toute fierté ravalée, j'accorde cependant un 17/20.
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Superbe !
Plongée au coeur d'une famille d'ouvriers d'aujourd'hui. Un roman fleuve qui vous transporte comme rarement. Sur fond de passion amoureuse, se dessine une hronique sociale très actuelle : lorsque l'usine ferme, ne reste qu'une alternative : vivre ou mourir.

03/01/2010
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
- C'est non. Pas question.
- Réfléchissez, dit Rouvard, avant de dire n'importe quoi. Vous avez quand même cinq minutes. Ce que je vous propose, c'est un tiers de salaire en plus et un boulot où vous devez faire marcher votre tête. C'est pas un poste de garde-chiourme.
Rudi sent qu'il doit une explication :
- Écoutez, dit-il à Rouvard, c'est pas contre vous ni contre personne, mais c'est non. Non, non et non. Trois fois non. Vous faites super bien votre boulot et je suis sûr qu'ils ont raison de compter sur vous pour relancer la Kos. Mais moi, c'est différent. Si j'acceptais votre proposition j'aurais l'impression de trahir les autres. Ceux qui sont dehors là, qui se gèlent le cul devant un brasero. Je ne peux pas faire ça. Si vous m'aviez proposé de passer à la maîtrise il y a un mois, même une semaine, quand on n'était pas dans cette merde, je vous aurais dit oui tout de suite. Je vous aurais même dit merci et j'aurais payé un coup à toute la maintenance. Mais là, en pleine grève, c'est comme déserter. Je ne peux pas faire ça. Attendez, je ne suis pas un saint : je ne pense pas qu'aux autres en disant ça, je pense à moi. Si je vous suivais, je ne pourrais plus me voir en peinture.
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Lorquin ne se démonte pas :
-- Regarde-toi dans une glace et demande toi si tu es un homme libre.
Rudy veut répondre mais Lorquin le devance ;
--Ne me dis pas que j'emploie les grands mots,que je devrais écrire,que je dérailleJ'emploie les mots qu'il faut,ç' 'est tout.
Il compte sur ses doigts :
-Un, tu n'as rien à toi :ta maison, elle est à la banque ;le jour où ils ferment le robinet,t'es à la rue.Deux,en théorie tu peux aller où bon te semble,en réalité, comme tu n'as pas un sou devant toi,t'es bien obligé de rester là où tu es ! Je ne te demande pas où tu vas en vacances :tu restes là, t'es assigné à résidence.Trois, tu travailles pour gagner tout juste ce qui te permet de survivre,rien de plus.Et si tu t'avises de te plaindre, le peu que tu as on te l'enlève pour t'apprendre les bonnes manières. Alors tu la fermes parce que ta baraque,ta femme,tes gosses......Alors d'accord, t'es pas fouetté, t'es pas vendu sur le marché, t'as le droit de vote et le droit d'écrire dans le courrier des lecteurs de "La Voix" que tu n'es pas d'accord avec ce qui t'arrive,t'as la liberté d'expression !Quelle liberté ?Tu sais bien que si tu écrivais une lettre pour dire vraiment ce que tu penses et si tu l'envoyais, ce serait comme si tu redigeais publiquement ta fiche d'inscription à l'ANPE. Crois-moi:si tu veux bien regarder de près, ta vie ne vaut pas un pet de lapin,tu ne comptes pour rien,t'es un "opérateur "de production com le ils disent, quelque chose entre l'animal de trait et la pièce mécanique......
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- Un, tu n'as rien à toi : ta maison, elle est à la banque ; le jour où ils ferment le robinet, t'es à la rue. Deux, en théorie tu peux aller où bon te semble, en réalité, comme tu n'as pas un sou devant toi, t'es bien obligé de rester là où tu es ! Je ne te demande pas où tu vas en vacances, je connais la réponse : tu restes là, t'es assigné à résidence. Trois, tu travailles pour gagner tout juste ce qui te permet de survivre, rien de plus. Et si tu t'avises de te plaindre, le peu que tu as on te l'enlève pour t'apprendre les bonnes manières. Alors tu la fermes parce que ta baraque, ta femme, tes gosses... Alors d'accord, t'es pas fouetté, t'es pas vendu sur le marché, t'as le droit de vote et le droit d'écrire dans le courrier des lecteurs de "La Voix"que tu n'es pas d'accord avec ce qui t'arrive, t'as la liberté d'expression ! Quelle liberté ? Tu sais bien que si tu écrivais une lettre pour dire vraiment ce que tu penses et si tu l'envoyais, ce serait comme si tu rédigeais publiquement ta fiche d'inscription à l'ANPE. Crois-moi : si tu veux bien regarder de près, ta vie ne vaut pas un pet de lapin, tu comptes pour rien, t'es un " opérateur " de production comme ils disent, quelque chose entre l'animal de trait et la pièce mécanique...
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- T'as pas encore compris ce que ça veut dire " plan social "? ça veut dire le contraire de ce qu'on croit ! ça veut dire qu'on fout tout le monde à la porte en leur passant la main dans le dos, style " ne vous inquiétez pas, ça ira mieux demain".
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« L’autre jour, il m’a traité d’esclave et cela m’a mis très en colère. Comment pouvait-il me traiter d’esclave ? Comment pouvais-je être un esclave ? J’ai du travail ; mais c’est vrai que ce travail me permet seulement d’assurer ma survie pour que je puisse continuer à travailler ; je suis propriétaire de ma maison ; mais c’est vrai que je ne le suis qu’en apparence, en réalité, c’est la banque qui l’est ; je suis libre d’aller où bon me semble ; mais ça, ce n’est vrai qu’en théorie car j’ai pas un sou vaillant pour me déplacer ; j’ai la liberté d’expression, mais chacun sait que s’exprimer publiquement sur l’entreprise qui vous emploie c’est ouvrir soi-même la porte d’où on vous poussera dehors. Lorquin avait raison. Tout ce qu’il disait était vrai : j’étais un esclave, je suis un esclave, nous sommes des esclaves. »
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Vidéo de Gérard Mordillat
Avec Jacques Bonnaffé, François Chattot, Pablo Cueco, Louis Duneton, Louis-Do de Lencquesaing, Catherine Merle, Gérard Mordillat, Lou Wenzel…
Voici déjà onze ans que Claude Duneton a tiré sa révérence. Figure originale et attachante, il a marqué tous ceux qui l'ont fréquenté. Duneton a enseigné l'anglais et le français, fait du théâtre, de la radio et de la télé, et même joué dans quelques films. Un pied dans l'édition parisienne et l'autre dans le terroir occitan, il est l'auteur d'une trentaine de livres, mais sa chronique du langage au Figaro, “Au plaisir des mots”, aurait suffi à le rendre populaire. L'auteur du Bouquet méritait bien qu'on lui offrît une soirée d'hommage. Amis, collègues, partenaires, compagnons de route ou de rencontre, tous ont souhaité parler de lui, de lui avec eux. Chacun apporte ici sa pièce pour composer le portrait d'un personnage sans doute plus complexe que ce qu'il a pu paraître. Un puzzle, en somme, dans tous les sens du terme.
“Le langage est un fameux véhicule et, contrairement aux autres, il ne coûte rien.” Claude Duneton
À lire – Claude Duneton façon puzzle, préface de Gérard Mordillat, éd. Unicité, 2023.
Son : Jean-François Domingues Lumière : Marta Bellini, assistée de Hannah Droulin Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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