Un très grand livre, suprenant, déroutant, qui mélange différents genres, témoignages, réflexions,
poésies, contes, autobio…
Le livre n'a pas vraiment de fil narratif, ils pensent les heures, le temps, en différents chapitres d'équivalence relativement égale, dont l'ordre importe assez peu (on peut d'ailleurs se demander pourquoi il les a numérotés, si ce n'est pour la coquetterie de recourir aux chiffres romains). Et même à l'intérieur de chaque chapitre, l'ordre n'est pas si important. le livre invite à porter l'attention à toutes choses, petites et grandes (le baton de rouge à lèvres, le chewing-gum rose, des photos de chats, y en a toutes les pages).
Le livre célèbre les virtuoses, les sages, les “rares” (“Rares ceux qui ont abandonné la sonnerie du réveile-matin qui pince le cerveau autant qu'elle malmène le mouvement du coeur”). C'est d'une grande érudition, et l' auteur ne prend pas toujours son lecteur par la main. Et parfois, quand le livre n'est pas à son meilleur, l'auteur ne semble pas bouder la compagnie des puissants (Mitterand cité à quatre reprises dans le chapitre XXXVIII…), et effectue un peu de ‘name dropping' (“Épicure et Lucrèce ont connu cette sensation […].
La Boétie et
Montaigne la connurent.
Schopenhauer et
Nietzsche la connurent. Esprit et La Rochefoucauld la connurent.”) mais c'est mineur.
C'est un livre rempli de cabalistiques apophtegmes, si vous n'appréciez pas il est peu probable que ce livre vous convienne.
“Passé et futur ne sont que matin et soir entre ciel et terre.
Ne sont que rêves dans la nuit où la conscience s'effondre.
Si l'on considère le présent du point de vue du souvenir, on l'appelle passé.
Si l'on considère le passé du point de vue du futur, on l'appelle mort.”
Pour celleux qui l'ont lu, je signale que le podcast La Gêne Occasionnée a consacré près de 1h30 d'émission sur ce livre.