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Serge Quadruppani (Traducteur)
EAN : 9782265118454
304 pages
Fleuve Editions (04/11/2021)
3.94/5   33 notes
Résumé :
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Montalbano !
Ces récits se déroulent dans les années 1980, quand on tirait sur le pape et qu'on empoisonnait un banquier mafieux en prison, à cette époque lointaine où les portables n'existaient pas, mais où Montalbano exerçait déjà à Vigàta. Les amateurs des aventures du commissaire sicilien y découvriront la réponse aux questions qu'ils se posaient jusque-là d'un livre à l'autre, par exemple pourquoi Livia, l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Après la disparition du regretté Camilleri, un recueil bienvenu qui montre s'il en était besoin que le génial auteur sicilien avait encore du gaz sous le pied.
Le fan en mal de nouveautés se régalera de ces 6 nouvelles inédites qui auraient pu donner naissance à 6 romans, tant les thématiques chères à Montalbano sont présentes.
La précision donné dans le titre "et autres enquêtes du jeune Montalbano" nous donne à voir un Montalbano assez radical dans sa méthode pour clore les enquêtes et de faire justice à sa façon, sans s'embarrasser de la morale légitimiste qui laisse parfois la bride sur le cou aux dérives mafieuses.
L'humour de Camilleri nous enchante toujours, qui voit les banquiers comme des requins et les mafiosi comme des hommes d'honneur :
"— Je m'appelle Vittorio Barracuda, dit-il. J'ai beaucoup entendu parler de vous et je suis désolé de vous connaître dans ces circonstances désagréables.
Et il sourit, exhibant deux rangées de dents très exactement semblables à celles du dangereux poisson carnivore dont il portait le nom."
"C'était la confirmation de ce qu'il avait pinsé. La Mafia tenait à lui faire savoir qu'elle n'avait rin à voir avec la tentative de meurtre."
Le recueil commence par une adresse de Serge Quadrupani le traducteur au héros de Camilleri qu'il n'hésite pas à comparer à Maigret pour sa liberté de penser : "À l'instar de Maigret, ton grand ancêtre, tu ne manifestes pas un attachement forcené aux institutions et à leurs règles,"
Avis partagé par le lecteur !
Autres facéties présentes dans chacune de ces nouvelles qui sont la substantifique moelle montalbanienne, les sorties ou les entrées toujours fracassantes de Catarella, "Fernandel informaticien qui regarde (Salvo) comme un chien amoureux de son maître" :
"Catarella l'assaillit dès son entrée.
— Ah, dottori ! Trois fois, il vous appela, M. Sconsolato, qu'y voulait vous parler urgentevitement."
Les thématiques abordées dans chacune des nouvelles sont riches et originales et on imagine sans peine le roman que chacune d'elle aurait pu donner.
Hôtel accueillant des migrants sans papiers, incendié, mari joueur invétéré trustant la fortune personnelle de sa femme et déguisant son enlèvement comme une action de la Mafia, Marins pêcheurs plus que tentés par des activités illicites mais beaucoup plus lucratives que la vente de poisson, logeuse indélicate profitant de la naïveté d'une barmaid à l'activité sexuelle débridée et maîtresse d'un membre de la Mafia, traffic de filles venant de l'Est, comment une supposée allergie aux abricots de la victime permet d'élucider un meurtre et de confondre l'assassin, le voleur honnête aide Salvo à confondre un avocat véreux impliqué dans un meurtre...
Vision d'une Italie qui pour Camilleri, est "(...)destinée à ne jamais changer ses belles habitudes, quel que soit le gouvernement en charge."
Montalbano est là pour veiller au grain et rétablir une certaine forme de justice, sans oublier de sacrifier à la tradition :
"Il se prépara une assiette avec un peu de saucisson, du caciocavallo, du jambon et une dizaine d'olives, se prit une bouteille de vin et emporta le tout sur la véranda. Il fit passer ainsi une heure, puis rentra et alluma la tilévision. On diffusait le troisième épisode de la Pieuvre, une série sur la Mafia qui avait un énorme succès. Il en regarda un bout, on aurait dit que les Italiens venaient juste à l'instant de découvrir la Sicile, mais du pire côté, donc il changea de chaîne. Et là, il y avait Toto Cutugno qui chantait Con la chitarra in mano, prisenté l'année précédente à Sanremo. Il éteignit et revint sur la véranda pour fumer en se tourmentant la coucourde. À cette heure, les chalutiers de Vigàta s'adirigeaient vers leurs emplacements respectifs."
Merci Fleuve Noir pour ce recueil qui compense notre manque endémique de Camilleri !


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Quelle bonne surprise !
On croyait la source tarie, et il restait encore quelques aventures de Montalbano inédites en France. La traduction de ce recueil paru en Italie est vraiment bienvenue. Espérons sans se faire trop d'illusions qu'il reste encore quelques petites choses du même genre chez les éditeurs transalpins.
Sur le fond, que dire? Les afficionados feront comme moi et se precipiterons sur le livre. Ils constateront que l'auteur et son héros sont égaux à eux-mêmes.
Quant à ceux qui les connaissent pas encore, c'est peut-être une bonne occasion de les découvrir, et ensuite de lire le reste de l'oeuvre.
La préface de Quadrupanni, traducteur historique du versant Montalbano de l'oeuvre de Camilleri est une présentation du petit univers de Vigata, bien meilleure que je ne saurais le faire.
Hélas elle sonne comme un adieu.
C'est une occasion de rendre aussi hommage au travail exemplaire du traducteur. On souhaiterait que tous ses confrères fournissent un travail de même qualité.
Et pourtant l'oeuvre n'est pas des plus faciles à traduire.
On devrait lui confier une traduction de Gadda dont la lecture demeure malheureusement difficile, faute sans doute d'un traducteur de cette qualité.
Addendum pour les "obssessionnels" comme moi :
Il serait intéressant de savoir à quelle date la nouvelle "La Transaction" a été écrite. Elle pose en effet un problème de cohérence chronologique avec le reste de la série Montalbano. Je m'explique : le temps interne de la série est grosso modo parallèle au temps du lecteur, identique au temps du rédacteur. Montalbano et les autres personnages récurrents vieillissent donc au rythme du temps du monde " réel" ( pour ce que réel veut dire). Dans ses derniers enquêtes, qui ont été écrites et ont lieu dans à la fin des années 2010, Montalbano approche la soixantaine. le premier roman de la série "La forme de l'eau" date de 1994. On peut donc admettre qu'à cette époque, il a environ 35 ans, ce qui est cohérent. Mais d'après "La Transaction" il était déjà en poste au moment de l'attentat contre Jean-Paul Il soit en 1981, alors qu'à cette date il ne pouvait avoir plus de vingt ans, et était trop jeune pour être déjà en poste.
On doit en tirer la conclusion que Camilleri a été mal informé. L'enquête a eu lieu à une date ultérieure. Rien ne s'oppose à cette hypothèse dans le reste du récit.
Et certains vont me dire que "ce n'est qu'une histoire". Non, ce n'est pas " qu'une histoire", c'est une oeuvre romanesque, c'est à dire un récit où l'auteur, comme Balzac, se propose de " faire concurrence à l'état-civil" )et même dans une certaine mesure au Bon Dieu. Et si l'auteur n'a pas cette ambition, ce n'est pas la peine qu'il écrive ni que nous le lisions. Cette règle ne s'impose naturellement pas dans certains genres littéraires : il y a le conte, la SF, la Fantasy, l'ensemble des littératures de l'imaginaire..tous genres qui ont leurs propres contraintes externes.
Ajoutons que :
-tous les créateurs de personnages récurrents s'exposent à des problèmes de chronologie interne. Pour prendre l'exemple le plus connu, Hercule Poirot est âgé d'au moins 60 ans en 1916, date de l'action de "la mystérieuse affaire de Styles". Ses dernières enquêtes se déroulent dans le swinging London de la fin des années 70 ; on voit le problème.
-- je ne suis pas le seul obsessionnel à m'intéresser à la réalité des personnages de fiction. Voir par exemple les publications des Baker Street Irregulars et autres spécialistes de Sherlock Holmes, ils sont beaucoup plus atteints que moi.
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Un de plus et celui ci est un recueil de petites enquêtes mettant à l'épreuve Montalbano et son équipe.Le format réduit force à aller à l'essentiel , moins de personnages, plus de vitesse. C'est plaisant et comme d'habitude , finement mis en musique . j'ai un faible pour la dernière nouvelle qui , à la fois ,met en scène un voleur esthète ( façon Arsene Lupin un peu) et permet à Montalbano de montrer sa capacité à jouer avec les lois en vigueur....on le savait déjà, il le démontre encore avec bienveillance.
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MORT EN PLEINE MER et autres enquêtes du jeune Montalbano: tel est le titre complet de ce recueil de 8 nouvelles publié en Italie en 2021.

Les connaisseurs de la série des Montalbano: ce Maigret sicilien, ne seront pas dépaysés. Ils se retrouveront dans la ville fictive de Rigata, cadre attitré des autres romans, reconnaîtront les pittoresques membres de l'équipe du commissaire, les manies et les goûts de celui-ci ainsi que les personnages habituels ( fiancé, cuisinière, patron de trattoria ... ) qui font le sel et le charme des comédies policières de la série.

Les affaires que Montalbano est ici chargé d'élucider se déroulent dans les années 1980, période qui a vu la tentative d'assassinat du Pape Jean-Paul II, le débarquement premiers migrants.
Elles sont pour la plupart liées à des femmes, à leur disparition, à leur relations avec maris ou amants, aux témoignages de celles qui les connaissaient. Elles mettent aussi souvent en cause la Mafia et ses procédés expéditifs.

Chacune de ces nouvelles est le modèle réduit des romans de Camillieri, chacune constitue à elle seule un roman miniature, comme le serait le scénario d'un roman à venir. On y trouve les étapes habituelles de l'enquête : constat, recherche des causes possibles, pistes et fausses pistes, dénouement, sans oublier ni les savoureux dialogues entre les personnages ni le regard acéré et plein d'ironie que l'auteur porte sur la société de son temps.

Tout cela en une trentaine de pages , alors que j'aime avoir le temps de m'installer dans une histoire, m'imprégner des données de la situation , faire mes propres hypothèses et n'avoir la solution qu'après plusieurs heures de lecture. Je dois avouer que je me suis sentie frustrée d'une partie du plaisir habituel que me procure ce genre d'ouvrage.
Ma nouvelle préférée, c'est la dernière, au titre en forme d'oxymore  LE VOLEUR HONNÊTE.Tout un programme !

Un recueil de nouvelles qui peut donner à ceux qui ne connaissent pas encore Andréa Camilleri l'envie de découvrir ses romans.
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Huit nouvelles particulièrement savoureuses issues de la jeunesse de notre commissaire sicilien préféré.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/01/03/note-de-lecture-mort-en-pleine-mer-et-autres-enquetes-montalbano-27-andrea-camilleri/

Juste après « La pyramide de boue » en 2014, Andrea Camilleri avait observé une légère pause dans le déroulement des enquêtes du commissaire Salvo Montalbano, en se permettant de publier la même année ce recueil de huit nouvelles renvoyant (théoriquement) aux années enfuies du « jeune Montalbano ». Traduit en 2021 au Fleuve Noir, comme toujours par Serge Quadruppani – qui remplace ici sa traditionnelle et si précieuse préface évolutive concernant les questions bien particulières de traduction qu'impose la langue de la série, entre italien, sicilien et « montalbanais », par une savoureuse lettre ouverte à Salvo, partiellement parue en 2017 dans le cadre d'une journée d'études alors consacrée à Andrea Camilleri -, l'ouvrage est ainsi venu s'insérer en français juste après deux autres romans, « le manège des erreurs » et « L'autre bout du fil », dont nous vous parlerons ici plus ou moins prochainement.

Belles occasions pour toucher du doigt, de l'oeil ou du bout de la langue, l'évolution de nos personnages favoris depuis leur prétendue « jeunesse », du bourru commissaire lui-même à son éternelle fiancée Livia, en passant par les irremplaçables détectives adjoints Augello et Fazio, le toujours aussi (ou déjà) déroutant Catarella, futur génie informatique définitivement fâché avec les noms propres des visiteuses et visiteurs, que ce soit au standard téléphonique ou à l'accueil physique du commissariat, le légiste Pasquano ou encore le restaurateur Calogero, « La chambre numéro 2 », « Double enquête », « Mort en pleine mer », « le billet volé », « La transaction », « Conformément à la procédure », « Un abricot » et « le voleur honnête » forment aussi à elles huit comme un condensé des thématiques qui hantent l'ensemble des romans-enquêtes du commissaire sicilien, des frasques amoureuses des uns et des autres aux règlements de comptes tortueux, des malversations de nantis aux basses vengeances de celles ou ceux n'acceptant pas la réussite d'autres, des drames nés de la lâcheté politique à ceux issus des appropriations mafieuses, en une galerie d'autant plus impressionnante qu'elle est conduite à un rythme ici accéléré, forme courte oblige. Signalons enfin que RAI 1 s'est également emparé entre 2012 et 2015 de ces nouvelles (et de quelques autres laissées précédemment de côté, car ayant trait aussi à la jeunesse de Salvo, telles certaines issues de « Un mois avec Montalbano » , de « La démission de Montalbano », de « La peur de Montalbano » ou de « La première enquête de Montalbano ») pour lancer une deuxième série télévisée, « le jeune Montalbano », avec Michele Riondino dans le rôle-titre, pour accompagner les quatorze saisons (entre 1999 et 2020) de la série « principale », conduite depuis « La forme de l'eau », où Luca Zingaretti incarne le commissaire dans la force de l'âge, voire doucement vieillissant.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
À l’instar de Maigret, ton grand ancêtre, tu ne manifestes pas un attachement forcené aux institutions et à leurs règles, tu es beaucoup moins intéressé à conclure tes histoires en présentant un coupable à la Justice qu’à remettre un peu de justice dans le monde. Et pour cela, il peut arriver que tu maquilles des preuves ou que tu omettes de transmettre des informations à qui de droit. Car tu sais que l’État que tu sers est souvent fort avec les faibles et faible avec les forts. Et toi, tu choisis d’instinct de faire l’inverse. Tu préfères l’amitié d’un vagabond à celle de ton questeur, et si tu as du mal à tendre la main à un puissant avocat mafieux, tu prends volontiers celle d’un enfant migrant à peine débarqué d’une barcasse surpeuplée sur ton port de Vigàta.
Mais je ne voudrais pas fabriquer un Montalbano à ma convenance, te gauchiser outre mesure (même si, quand tu te laisses aller à ironiser sur la politique du moment, tu te fais traiter de communiste par Fazio). Peut-être es-tu en fait profondément conservateur. Dans le sens où, ce que tu voudrais conserver, c’est un monde d’oliviers sarrasins que n’ont pas encore attaqués les tronçonneuses des promoteurs immobiliers, un monde de plages propres et dépeuplées et de cannoli parfumés, consommés en silence avec ton irascible ami, le Dr Pasquano, tandis que vous tournez le dos un moment à l’horreur d’une époque étalée sur la table de dissection.
Cette laideur et cette méchanceté, à la fois éternelles et tellement contemporaines, tu les fuis par moments à la nage, quelle que soit la température, à en perdre le souffle. Tu lui résistes avec l’aide de ton petit monde à toi, celui du pêcheur du matin qui t’offre un poulpe au regard malfaisant, le monde de l’ineffable Catarella, Fernandel informaticien qui te regarde comme un chien amoureux de son maître, d’Ingrid la Suédoise, dont l’absence de toute idée de péché sexuel ne peut que fasciner le post-catholique que tu es, d’Adelina, dont le dialecte quasi catarellien sait exprimer aussi bien son admiration pour ton anatomie intime que sa haine sans limites pour Livia, ton éternelle fiancée génoise. Ah, Livia ! Son principal mérite, outre sa plastique impeccable malgré le passage des ans, semble être de t’offrir d’indispensables disputes vespérales. Que d’envies elle a pourtant suscitées chez tant de lectrices, dont Adelina pourrait bien être la porte-parole ! Ton créateur m’a raconté qu’un jour une dame l’a reconnu dans la rue et l’a apostrophé en lui disant que, décidément, cette Livia, même pas sicilienne, il fallait que ça cesse, sa relation avec Montalbano. Et ce n’est pas le moindre mérite de tes histoires que de nous ramener à une robuste division sexuée des rôles, dans la mesure où nous autres, lecteurs mâles, ne pouvons avoir qu’une fidèle tendresse pour la Génoise, dont l’éloignement est si pratique à la fois pour maintenir l’ardeur de la flamme et autoriser toutes les tentations (et y céder parfois).
CaroSalvo, cela me fait penser que l’attachement profond que j’ai pour toi tient peut-être surtout à tes faiblesses, dont l’énumération ne saurait être exhaustive : ton art de ne pas dire la vérité sans mentir tout à fait, ton goût pour les coups de fil en déguisant ta voix, ton côté légèrement pédant dès qu’il s’agit de tableaux italiens des années 20 et 30, ta peur de vieillir si envahissante (et un peu lassante, il faut l’avouer, c’est quelqu’un qui a passé cette soixantaine si redoutée de toi qui te le dit), ton fanatisme pour les rougets de roche et la pasta ‘ncasciataqui t’entraîne à des conduites retorses moralement condamnables : à quelles profondeurs d’hypocrisie es-tu capable de sombrer pour échapper aux fâcheux et surtout aux fâcheuses, et te retrouver attablé in santa pacechez Enzo, si possible avec une femme qui ne parle pas en mangeant ! Sans compter ton goût parfois immodéré pour le whisky ou ce second Montalbano en toi, dont le pénible moralisme ne semble là que pour se faire envoyer promener par le premier…
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IIs passèrent la nuit au 'pital. Le lendemain matin, les médecins les examinèrent et dirent qu'ils pouvaient rentrer chez eux. Ce fut Gallo qui vint les prendre avec la voiture de service. Augello avait un bandage qu'on aurait dit le Grand Vizir. Montalbano fut raccompagné à Marinella. II y atrouva Adelina en larmes.
- Sainte Mère, quelle trouille je me pris!
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Ils étaient assis sur la véranda, à parler de choses et d’autres, quand Livia, soudain, sortit une phrase qui surprit Montalbano.
– Quand tu seras vieux, tu te comporteras pire qu’un chat routinier, dit-elle.
– Pourquoi ? demanda le commissaire, éberlué.
Et aussi un peu irrité, ça ne lui faisait pas plaisir de pinser à lui en vieux.
– Tu ne t’en rends pas compte, mais tu es extrêmement méthodique, ordonné. Un truc qui n’est pas à sa place, ça te met de mauvaise humeur.
– Allez !
– Tu ne t’en aperçois pas, mais t’es comme ça. Chez Calogero, tu t’assieds toujours à la même table. Et quand tu ne vas pas manger chez Calogero, tu choisis toujours un restaurant à l’ouest.
– À l’ouest de quoi ?
– À l’ouest de Vigàta, ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Montereale, Fiacca… Jamais, je sais pas, à Montelusa ou à Fela… Et pourtant, il doit y en avoir, des jolis endroits. Par exemple, on m’a dit qu’à San Vito, la plage de Montelusa, il y a au moins deux petits restos qui…
– On t’en a donné les noms ?
– Oui. L’Ancre et La Poêle.
– Lequel tu choisirais ?
– Comme ça, à l’intuition, je dirais La Poêle.
– Ce soir, je t’y emmène, trancha le commissaire.

À la très grande satisfaction de Montalbano, la bouffe était bonne pour les cochons. Disons même que les cochons mangeaient mieux que ça. L’établissement était fier de sa friture mixte de poisson. Mais le commissaire eut e soupçon que l’huile utilisée servait pour les moteurs d’autocars et le poisson, au lieu d’être croquant comme il aurait dû, était mollasson et aqueux, comme s’il avait été préparé la veille. Et comme Livia s’excusa de son erreur, le commissaire le prit en rigolant.
Quand ils eurent fini de manger, ils ressentirent le besoin immédiat de se rincer le palais et s’en allèrent boire, lui un whisky, elle un gin tonic, dans un bar qui se trouvait vraiment tout au bord de l’eau.
Et pour rentrer à Vigata, Montalbano, désireux de montrer à Livia qu’il n’était pas aussi routinier qu’elle le croyait, suivit une route inhabituelle. Il arriva aux première maisons sur le haut du bourg, d’où l’on avait une vision à couper le souffle sur le port et la mer sereine qui reflétait un bout de lune.
– Que c’est beau ! Arrêtons-nous un moment, proposa Livia.
Ils descendirent de voiture, le commissaire s’alluma une cigarette.
Il était à peine plus de minuit et le ferry pour Lampedusa, tout illuminé, était en train de manœuvrer pour sortir du port. À l’horizon brillaient quelques lamparos.
Juste dans leur dos, un peu détaché des autres habitations, il y avait un vieil immeuble de trois étages, en mauvais état, dont la façade quelque peu décrépie portait une enseigne au néon allumée : Hôtel Panorama. La porte en était close, les clients retardataires devraient sonner pour entrer.
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Tandis qu’il mangeait un délice de rougets en papillote, il lui vint une pinsée et il appela le propriétaire de la trattoria.
– Je vous écoute, commissaire.
– Dis-moi, par curiosité. Tu i pisci unni l’accatti ? Toi, les poissons, tu les achètes où ?
– Chez Filici Sorrentino.
– Chez Matteo Cosentino, tu ne t’es jamais approvisionné ?
– Oh que oui, pendant une certaine période. Mais ensuite, j’ai changé.
– Pourquoi ?
– Passque deux fois de suite, il m’a pris pour un con.
– Comment ça ?
– En me vendant du poisson décongelé comme du poisson frais.
– Ça veut dire qu’il n’avait pas assez pêché de poissons pour…
– D’après ce qu’on raconte, ça lui arrive souvent. Ses chalutiers reviennent à moitié vides et lui, pour ne pas perdre ses clients, s’achète du poisson congelé chez les collègues.
– Mais il a toujours fait comme ça ?
– Avant, il était réglo. Ça a commencé il y a trois ou quatre ans.
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Vidéo de Andrea Camilleri
Certains personnages ont la vie dure, traversant les années comme si auteurs et lecteurs ne pouvaient pas les quitter. Harry bosch, le fameux détective de L.A., est de ceux-là, créé en 1992 par Michael Connelly. Deux ans plus tard, Andrea Camilleri donnait naissance à son fameux commissaire sicilien Montalbano. Que deviennent-ils ? Leurs nouvelles aventures, qui viennent de paraître, valent-elles encore le coup ? Quant à Don Winslow, l'auteur de la fameuse trilogie La griffe du chien, il publie un recueil de six novellas dont deux remettent en scène les héros de ses plus anciens romans. Alors ? On a lu, on vous dit tout.
Incendie nocturne de Michael Connelly, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, éd. Calmann-Lévy. Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, éd. Fleuve noir. Le prix de la vengeance de Don Winslow, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, éd. Harper Collins. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤36Abonnez-vous20¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
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