J'ai pour habitude d'être bavarde dans mes critiques et pour la première fois depuis longtemps j'ai eu envie de me taire. Oui le destin tragique de
Romy Schneider nous le connaissons tous tant il a été relayé par les médias et pas toujours à bon escient car c'est bien connu le malheur profite toujours à quelqu'un, le malheur fait vendre et encore plus lorsqu'il s'agit d'une icône du cinéma français adulée de tous qui a voué sa vie au cinéma, pour qui jouer c'était respirer...
Je tourne la dernière page le coeur serré, 29 mai 1982
Romy s'en est allée après des semaines de souffrance. Comment faire le deuil d'un enfant ? On n'y parvient jamais que l'on soit
Romy Schneider ou pas...
David Lelait nous offre une très belle biographie de l'actrice, écrite avec beaucoup de pudeur et de respect et il faut avouer que ses mots sont magnifiquement choisis. Il a préféré ne pas ou peu évoquer les drames terribles qui ont touché les dernières années de sa vie et c'est tant mieux car de
Romy nous préférons garder le souvenir d'Hélène, l'amante, libre et désirable des "Choses de la vie" de
Claude Sautet ou de la belle et frivole Margot de "Une femme à sa fenêtre" de Pierre Granier-Deferre.
Romy incarnait l'amie idéale, la femme libre qui allait au bout de ses convictions mais aussi l'objet de désir auprès de la gent masculine et cela même à quarante ans passés.
Romy c'était l'ombre et la lumière, le clair-obscur insaisissable et c'est ce qui la rendait si belle, si unique, à l'image de ces grandes actrices hollywoodiennes aux visages indélébiles qui survivent au temps qui passe car
Romy ne jouait pas, non, "elle se jouait elle-même et se jouait d'elle-même" laissant entrevoir à l'écran ses blessures, ses failles, cette fragilité toujours à fleur de peau et ce regard... quel regard...
David Lelait a donc choisi de nous faire revivre un moment de cinéma inoubliable en mettant l'accent sur la filmographie de
Romy Schneider plutôt que sur les tragédies qui n'auront pas épargné sa courte vie. Une filmographie riche d'une soixantaine de films, elle aura tourné pour les plus grands : Visconti, Sautet, Clouzot, Zulawski, Miller,Tavernier, Welles, sans tous les citer... Il nous livre aussi de nombreuses anecdotes de tournages sans oublier de faire le lien avec l'amour car c'est l'amour qui donnait des ailes à la demoiselle dans la vie,
Romy était une grande amoureuse, l'amour elle le cherchait partout et tout le temps, dans le regard de ses hommes, amoureux, amis fidèles, réalisateurs, leurs regards dont elle se nourrissait corps et âme et sans lesquels elle dépérissait.
Pour conclure quoi de mieux qu'une liste de films à revoir si le coeur vous en dit...
"La Piscine" de
Jacques Deray (1969) dans lequel elle retrouve celui qui quelques années auparavant lui aura brisé le coeur en la personne d'
Alain Delon ; "Le Vieux Fusil" de Robert Enrico (1975) dans lequel elle partage l'affiche avec le très regretté
Philippe Noiret ; "L'important c'est d'aimer" de
Andrzej Zulawski (1975) pour lequel elle recevra le César de la meilleure actrice, un de ses meilleurs rôles de mon humble avis tant elle nous donne à voir sa part d'ombre en incarnant Nadine Chevalier ; "Garde à vue" de
Claude Miller (1981) dans lequel elle irradie la pellicule en n'apparaissant seulement vingt petites minutes à l'écran aux côtés de Lino Ventura et
Michel Serrault ; "La Passante du Sans-Souci" de Jacques Rouffio (1982) qui sera son ultime film au côté de son grand ami
Michel Piccoli. Et si vous avez encore un peu de temps pourquoi ne pas aller visionner les rushs en ligne de "L'Enfer" de
Henri-Georges Clouzot (1964) ce film au tournage maudit qui n'aura jamais vu le jour, elle y apparaît dans certaine scènes fumant une cigarette, troublante de sensualité.
"
Romy a une approche formidablement morale de l'émotion. Elle la recrée de très loin, de très profond, comme des vagues immenses qui secouent la mer..."
(
Bertrand Tavernier évoquant
Romy Schneider sur le tournage de "La Mort en direct").
Rosemarie Magdalena Albach
23 septembre 1938 - 29 mai 1982