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Critiques sur le theme : famille (138)
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Lilas rouge

Au début des années quarante, le forestier Goldberger, originaire d'une région frontalière avec l'Allemagne, fuit en toute hâte son village. Il arrive à Rosenthal, un village de Haute-Autriche, accompagné de son épouse et de sa fille Martha. La toute jeune fille terrorisée serre dans ses mains un bouquet de lilas rouge. Ils élisent domicile dans une ferme abandonnée qui leur a été attribuée. Ferdinand, le fils, revient du front et les rejoint. Peu à peu, ils acquièrent une place dans le village. Des enfants naissent, leur domaine se développe et se modernise. Mais une sourde atmosphère entache les destinées malgré la prospérité familiale. Les non-dits du passé pèsent sur la descendance comme une malédiction. Quel crime a commis Goldberger ? Pourquoi Martha s'est-elle murée dans le silence ?

Avec ce roman, Reinhard Kaiser-Mühlecker dépeint, grâce à d'amples descriptions, la province autrichienne et ses paysages. Il raconte dans une langue somptueuse une grande saga familiale et paysanne, retraçant le destin de l'Autriche rurale des années 1940 aux années 2010. Pour cette famille aux prises avec l'héritage nazi, les lilas rouges, dont chaque floraison se voudrait un espoir de renouveau, sont le symbole d'un passé qui ne passe pas.
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Le Grand Monde

Beyrouth, 1948. le couple Pelletier a construit toute sa vie au Liban. Notables reconnus, ils ont quatre enfants et M. Pelletier a monté une entreprise florissante. Mais, depuis peu, les choses se gâtent : Mme Pelletier déplore les départs successifs des enfants dont deux ont déjà gagné Paris. Jean tente, malgré ses névroses, de réussir dans la vente, au bras d'une femme qui se rêvait grande bourgeoise, et a l'art et la manière de lui faire payer sa frustration. François, qui prétend passer Normal Sup, se jette à corps perdu dans le traitement des faits divers afin de percer dans le journalisme. Quant à Etienne, le rêveur, il part pour Saïgon rejoindre un jeune légionnaire dont il est fou amoureux. Enfin, Hélène la cadette, exaspérée par sa mère, ne tardera pas à leur emboîter le pas ...
Pierre Lemaître nous embarque dans l'aventure à travers cette France des Trente Glorieuses qui étend encore son influence de colonies en protectorats. Nous suivons au plus près les héros, naviguant entre histoires d'amour et découvertes de secrets d'état. L'auteur parvient à faire vibrer la corde des émotions chez un lecteur tour à tour bouleversé, inquiet, compatissant, haletant lors d'épisodes de suspens qui relèvent du thriller. La peur laisse place au rire, le narrateur faisant de nous ses complices devant les réactions improbables de personnages truculents. Difficile de quitter cet univers. Par chance, il s'agit du premier volet d'une trilogie.
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On était des loups

Au coeur des montagnes hostiles et sauvages s'est installée une famille : un couple, Liam et Ava, et leur petit garçon de cinq ans, Aru. Mais un jour, alors que Liam est parti repousser la présence menaçante d'un loup, un ours s'attaque à Ava et Aru. Ava réussit à protéger son enfant mais meurt des suites de ses blessures. Liam et Aru se retrouvent alors seuls. de nature sauvage, Liam s'était jusqu'ici très peu occupé de son fils, happé par la chasse et ce besoin absolu de vivre en solitaire dans les montagnes. Il décide donc de confier Aru à son oncle et à sa tante, mais le voyage à dos de cheval ne va pas se passer comme prévu ...
A travers ce sublime roman sur la paternité, Sandrine Collette dépeint magnifiquement la façon dont un homme farouche et asocial devient un père aimant et viscéralement attaché à son fils. Cette histoire intense est un tour de force littéraire, car l'autrice, bien que faisant le portrait de deux taiseux, décrit avec expressivité et profondeur toutes les émotions qui les traversent. Aru et Liam échangent à peine quelques phrases, mais par les regards, par quelques mots brefs, par une commune sensibilité, ils se comprennent intimement . « On était des loups » est aussi un très beau roman sur la Nature, impitoyable envers les humains.
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Blizzard

Une femme lâche la main d'un enfant au coeur d'une énorme tempête dans les paysages hostiles et désolés de l'Alaska. Elle se bat elle-même pour survivre dans le blizzard, persuadée que l'enfant ne sera jamais retrouvé. Pendant ce temps, les hommes qui l'accompagnent dans cette vie de bout du monde se lancent à leur recherche, chacun avec des intentions différentes. Bess, Freeman, Benedict ou Cole deviennent à la fois les héros et les narrateurs de cette histoire et de leur passé tragique.
Marie Vingtras nous propose avec Blizzard un récit nerveux et dense, où se rencontrent le roman d'aventures dans le Grand Nord et la chronique sociale d'êtres humains dont la vie semble être une malédiction sans fin. En déployant dans le temps et dans l'espace, au cours d'une tempête monstrueuse, cette galaxie de personnages, elle réussit à composer une fresque pleine de surprises, de suspense et d'émotions.
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Connemara

"Hélène, David, Philippe, les prénoms d'une génération, celle qui vient d'avoir 40 ans et fait un (premier) bilan de ses années de vie, de couple, de famille, de réussites et d'échecs professionnels. Hélène cherche le frisson en se lançant dans l'aventure des rencontres sur internet. Mais au cours de son premier rendez-vous, elle tombe par hasard sur son amour de jeunesse dans le cadre improbable d'un restaurant de seconde zone. Christophe lui-aussi est à un croisement de sa vie, entre séparation douloureuse et rêve de seconde carrière de star du hockey local.
Avec Connemara, Nicolas Mathieu continue de creuser le sillon d'une littérature en forme de chronique sociale, entre Vosges, Moselle et Lorraine. D'une plume simple, directe, mais toujours précise et imagée, riche en dialogues acérés, il nous fait ressentir tous les doutes et toutes les fêlures d'un âge fragile, celui dit de la ""midlife"". Un roman qui se lit d'une traite comme les pages réelles de vies"
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Là où chantent les écrevisses

En 1952, dans un marais côtier de Caroline du Nord, les enfants Clark se retrouvent avec leur père violent après le départ de leur mère. Quand ses frères et soeurs partent, Kya reste avec son père qui lui apprend à naviguer et à pêcher mais se montre cruel. Fascinée par les oiseaux, elle se réfugie dans les marais, peignant et collectionnant toutes sortes d'objets. Mais une lettre envoyée par sa mère va déclencher la colère du père et entraîner son départ. A 10 ans, Kya est alors livrée à elle-même et doit apprendre à survivre. Quand elle rencontre Tate, ils s'apprivoisent, unis tous deux par un même amour de la nature et une connaissance parfaite du monde animal et végétal qui les entoure, superbement décrit par Delia Owens, zoologue. On voit grandir Kya sur vingt ans, indépendante et combative. le récit alterne passé et présent, s'ouvrant sur la découverte du corps d'un homme dans les marais en 1969, et met en place deux intrigues parallèles dont on découvre peu à peu les liens. Un premier roman magnifique qui s'inscrit dans le genre du “nature writing” et relève à la fois du roman de formation, avec ses épreuves et ses rencontres bonnes ou mauvaises qui accompagnent l'évolution du personnage, et du roman policier, avec l'enquête et ses rebondissements et un procès mémorable.
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Les dames de Kimoto

A Wakayama, au sud de la baie d'Osaka, il est une légende qui se transmet de mère en fille : il est de mauvais augure de remonter le fleuve pour se marier. Respectueuse des coutumes ancestrales, Toyono a élevé sa petite fille Hana dans la plus pure tradition japonaise et arrangé un mariage avec un riche propriétaire terrien. Installée de l'autre côté du fleuve Ki, Hana est à son tour une épouse modèle, entièrement dévouée à son mari. En réaction, sa fille Fumio aspire à une existence libérée de tous carcans, résolument tournée vers le monde moderne. C'est sa fille Hanako, la dernière née, qui parviendra, enfin, à relier les valeurs des femmes qui l'ont précédée. A travers quatre générations, Les dames de Kimoto nous immerge intimement dans un Japon en pleine mutation. En racontant l'histoire du point du vue des femmes, Sawako Ariyoshi dresse un portrait saisissant et raffiné de la condition féminine au tournant du XIXe siècle. Portant fièrement leur lignée, Hana, Fumio et Hanako sont le magnifique miroir d'une société en mouvement, à la recherche d'un équilibre tissé entre transmission et émancipation.
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La carte postale

Une carte postale anonyme sème le trouble et ravive la mémoire familiale. Quatre noms y sont inscrits. Débute alors le dialogue entre une mère et sa fille autour de ceux qui ne sont plus, grands-parents, oncle et tante, depuis leur enfance en Russie, puis leur fuite vers la Lettonie, la Palestine et la France. Alertés à plusieurs reprises de la montée du nazisme, ils ne peuvent se résoudre à quitter le pays, confiants dans les idéaux français. Conduits dans les camps de transit, ils périront dans les camps allemands. Seule la grand-mère de l'auteure, Myriam, a survécu, cachée lors de l'arrestation. Anne Berest raconte ensuite le couple de Myriam avec le fils Picabia, la résistance. Qui, alors, pourrait avoir écrit cette carte ?
Dans ce roman de l'émotion et de la filiation, hommage à une famille fortement endeuillée par les camps, l'auteure décrit précisément leurs faits et gestes, leur psychologie, jusqu'aux réminiscences dans le présent. À la manière d'une généalogiste, elle construit un récit sans concession sur les camps français, sur la déportation et les pratiques du gouvernement de Vichy. Soixante-dix ans après, elle traque des secrets historiques farouchement préservés jusqu'ici.
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Thésée, sa vie nouvelle

Après le suicide de son frère, le premier réflexe de Thésée est de fuir. Quittant la France pour Berlin, il espère faire table rase, se délester d'un passé familial trop lourd à porter. Mais les quelques cartons d'archives qu'il a emportés s'imposent à lui avec une force renouvelée. Explorant les lettres, les journaux et les photographies, Thésée va tenter de faire parler les morts, et de comprendre, depuis le drame fondateur du suicide d'un ancêtre, la nature du fardeau passé dans sa famille de génération en génération.
Comme le héros grec défiant le destin, l'alter ego de Camille de Toledo dans cette nouvelle variation autobiographique cherche à conjurer le sort. Mais les forces auxquelles il fait face sont celles qui ont déchiré l'Europe tout au long du XXe siècle. Mettant en oeuvre une véritable poétique de l'archive, d'où émergent les regards et les pensées de tous ces ancêtres aux existences heurtées, Camille de Toledo compose un grand roman de la réparation, une enquête familiale à la tonalité lyrique, funéraire, comme une vaste oraison pour tous les morts des grands traumatismes du siècle passé.
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La papeterie Tsubaki

Lorsqu'elle reprend, à l'aube de ses vingt-cinq ans, la papeterie familiale, Hatoko ne s'attend pas à ce que ce lieu change à ce point sa vie. Renouant avec l'art de la calligraphie que lui avait appris sa grand-mère, elle reprend le rôle d'écrivain public que celle-ci tenait auprès de ses voisins. Lettres d'amour ou de condoléances, échanges chaleureux avec des amis perdus de vue... Au travers des lettres qu'elle signe pour ses clients, Hatoko redécouvre sa propre intériorité.

Peuplé de personnages secondaires attachants, La Papeterie Tsubaki déborde de la délicatesse et de l'humanité qui rendaient le Restaurant de l'amour retrouvé et le Jardin arc-en-ciel si attachants. Scrutant aussi bien le grain du papier et les mouvements du pinceau que les émotions vacillantes d'Hatoko, Ito Ogawa compose dans ce nouveau roman un paysage de l'intime d'une rare sensibilité.
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Celui qui veille

Nous partageons la vie de plusieurs habitants d'une réserve amérindienne du Dakota du Nord dans les années 50. L'Indien Chippewa Thomas Wazhashk est veilleur de nuit à l'usine de pierres d'horlogerie qui emploie majoritairement des femmes pour un travail minutieux et pénible. Sa jeune nièce Pixie (“Patrice”) y est employée. Elle veille sur sa famille, entre une mère aimante et un père alcoolique. Sans nouvelles de sa soeur Véra partie à Minneapolis, elle se lance à sa recherche. Quand Thomas découvre le projet de l'Indian termination policy, loi censée viser l'émancipation des Amérindiens, il comprend qu'un danger se profile. Il est décidé à combattre cette loi, à mobiliser les membres de sa communauté car il sait qu'il s'agit d'une menace pour leur identité et qu'elle fait suite à toutes les dépossessions subies par le passé.
Le roman décrit la solidarité des personnages au sein de la réserve malgré des conditions de vie difficiles. Il dépeint les traditions, les fêtes, le lien à la nature et ce que représente pour eux le risque d'être déplacés, envoyés en ville, séparés. le roman se teinte de mélancolie quand il évoque les souvenirs douloureux des personnages (les maladies, le rejet, les brimades subies au pensionnat, la guerre de Corée, les disparus…) et les fantômes qui accompagnent les vivants. le roman est d'autant plus fort qu'il s'inspire du grand-père de l'autrice et de son combat jusqu'au Capitole.
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Toucher la terre ferme

Au début de ce récit autobiographique, l'autrice Julia Kerninon évoque sans fard son expérience de la maternité, et le gouffre que la naissance de son premier enfant a ouvert en elle, à trente ans. Elle raconte l'accouchement en siège, l'envie paradoxale de fuir, un soir de novembre, en chemise de nuit sur le parvis d'un hôpital, tandis que son enfant tout juste né dort avec son père au premier étage, mais aussi la vie d'avant qui lui revient comme un appel au large. Face aux doutes et aux contraintes, l'autrice se raccroche aux souvenirs de celle qu'elle était : une jeune femme libre, passionnée de littérature, traversant la vingtaine dans une solitude heureuse, habitée par des passions amoureuses tumultueuses et des vagabondages exaltés. Jusqu'à la rencontre avec celui avec qui tout est simple, avec qui tout est sain, et qui devient le père de ses enfants.
Ce récit intime, ponctué de citations des auteurs qu'elle dévore, pose la question de l'ambivalence maternelle, et de l'amplitude parfois contradictoire des émotions et du ressenti des mères à l'arrivée de leurs enfants, loin des images d'Epinal véhiculées par la société. En confiant ses tempêtes intérieures, Julia Kerninon nous offre la possibilité de partager les interrogations de femmes sur la façon dont est redéfinie leur identité tandis qu'elles viennent de donner la vie.
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S'adapter

"Un jour, dans une famille, est né un enfant inadapté", ainsi commence le livre. Cet enfant ne voit pas, ne bouge pas, ne parle pas, mais il entend et il réagit à certaines sollicitations. Autour de lui, une famille ébranlée. Pendant que les parents, hagards, se noient dans les démarches administratives, la fratrie réagit. le frère ainé, empreint d'une grande affection pour cet être vulnérable, s'en occupe sans faille et le protège du monde extérieur, tandis que la cadette se rebelle et rejette l'enfant. Enfin, après la mort de l'enfant handicapé, naît un dernier fils, qui doit lutter pour ne pas être cantonné au rôle de remplaçant.
Avec ce roman d'inspiration autobiographique, Clara Dupont-Monod montre, avec douceur, poésie mais aussi parfois avec humour, comment la brève cohabitation avec un enfant lourdement handicapé forge les personnalités de ses proches, même après sa mort. En évoquant le point de vue de chaque membre de la fratrie, sans qu'ils soient nommés, ce roman devient un récit universel sur la tolérance envers le handicap. C'est aussi une ode aux paysages sauvages et hostiles des Cévennes, dont les pierres, témoins attentifs, sont les narratrices de ce drame.
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Betty

Hommage à la figure maternelle, Betty est un livre de l'enracinement, une quête des origines familiales et terrestres. L'héroïne, mère de l'autrice, est une enfant d'origine cherokee par son père. Dans sa petite ville de l'Ohio, elle va rapidement subir la violence et le racisme. Elle tente de grandir “normalement” sous le regard d'Alka, sa mère abîmée par son enfance, et d'une fratrie atypique et extravagante : Fraya, l'ainée émancipée, Flossie, qui se rêve en star de cinéma, Leland, meurtri par la guerre, Trustin l'artiste rêveur et Lint, le petit dernier, qui vit dans son monde.

Mais surtout il y a “P'pa”, solaire et solide, qui l'appelle “ma petite indienne". Il va enseigner à Betty tous les trésors que la nature apporte à l'homme. Il lui conte des histoires cherokee transmises à chaque génération qui permettent de penser un monde meilleur. Toutes ces croyances indiennes sont la force de ce livre initiatique : on grandit avec Betty et on s'enrichit avec elle de cette sagesse paternelle et ancestrale. Ce premier roman, ancré dans la nature et empli de la volonté de vivre malgré la méchanceté des hommes, est un beau cadeau, sombre et lumineux à la fois.
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Cent ans

Cent ans, c'est le temps qui sépare Herbjørg Wassmo de son arrière grand-mère Sara-Suzanne. En remontant la mémoire familiale, la romancière raconte l'histoire de cette lignée de femmes dont elle est issue, entrecroisant les générations de 1842 à 1942. Toutes natives des îles Lofoten, au nord du cercle polaire, Sara Susanne, Elida et Hjørdis connaîtront des vies rudes, traversées de joies, de souffrances et de solitude.

À travers leurs destins croisés, Herbjørg Wassmo dessine une généalogie foisonnante, étroitement liée aux bouleversements de son propre pays. Cent ans nous montre que l'histoire est une affaire de femmes, une aventure et un combat auxquels Herbjørg Wassmo rend un hommage fier et romanesque.
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