AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques sur le theme : cinema (11)
Classer par :   Date   Les plus appréciées
Alice Guy

De nos jours, avoir « sa bande dessinée » est devenu le signe d'une reconnaissance, cela inscrit définitivement une existence dans l'inconscient collectif et la grande Histoire. Il est donc tout à fait légitime et heureux qu'Alice Guy, première femme cinéaste, reprenne vie sous les mains de la dessinatrice Catel et de l'auteur José-Louis Bocquet. Leur travail hyper documenté restitue librement l'histoire de cette femme pleine de fougue, intelligente et déterminée, qui a collaboré avec tous les grands noms liés à l'invention du cinématographe : Georges Demenÿ, les frères Gaumont et les frères Lumière, Georges Méliès… de sténodactylo chez Gaumont à ses propres tournages aux États-Unis, Alice Guy fait ses armes et ses preuves au milieu de tous ces hommes, « légitimée » par sa finesse d'esprit, sa répartie et son intérêt immense pour le cinéma dont elle comprend très vite les enjeux artistiques et économiques.
Il n'est pas une vignette où Alice Guy ne soit présente, tel un fil rouge au coeur de chaque événement historique. Évincée pendant des décennies de l'histoire du cinéma, Alice Guy retrouve enfin sa place au Panthéon du 7e Art parmi Méliès, Feuillade, Chaplin ou Keaton.
Commenter  J’apprécie          30
Trois femmes disparaissent

Dans "Trois femmes disparaissent", Hélène Frappat enquête sur le destin de trois femmes, trois actrices devenues célèbres de mère en fille : Tippi Hedren, Melanie Griffith et Dakota Johnson. En revenant sur les longs métrages dans lesquels elles ont joué, des "Oiseaux" d'Hitchcock jusqu'à "Cinquante nuances de Grey", en passant par la symbolique morbide des snuff movies - films clandestins mettant en scène le meurtre, la torture ou le viol d'une ou plusieurs personnes -, l'autrice devenue enquêtrice met en lumière la façon dont les hommes ont orchestré la disparition de ces trois femmes, devant les caméras et en dehors des plateaux de tournage - à l'image d'Alfred Hitchcock bloquant toutes les propositions de rôles offertes à Tippi Hedren et lui promettant de ruiner sa carrière après que cette dernière a refusé ses avances. Une véritable opération de soumission qui témoigne de la cruauté du milieu du septième art et soulève, après que la vague # MeToo en a révélé l'ampleur, la question de l'impunité dans l'industrie du cinéma.
Effaçant les frontières du roman biographique, jouant avec les codes de la non-fiction narrative, elle analyse et décortique les prédations dont cette lignée de femmes a été victime, et les liens symboliques parfois déroutants qui tissent leur carrière et leur destin. Dans une langue tour à tour incantatoire, ludique et précise, Hélène Frappat élucide le mystère de ces actrices activement disparues, et donne à voir ce qui était sous nos yeux depuis le début.
Commenter  J’apprécie          20
La rage

Sorti en 1963, La Rage (La Rabbia) est un film en deux parties dont la première est réalisée par Pier Paolo Pasolini. Il s'agit d'un montage d'images d'archives d'actualités cinématographiques de 1945 à 1962, confiées au cinéaste par le producteur Gastone Ferranti. Trouvant le film de Pasolini trop à gauche, le producteur confie le second volet à Giovanni Guareschi, un écrivain satiriste de droite. Un procédé que récusera Pasolini, accusant le producteur d'avoir dénaturé son oeuvre. Pour accompagner ces images de guerre, de violences et de révoltes partout dans le monde, Pasolini écrit un long monologue poétique qu'il lit en voix off. Il y témoigne de sa foi dans la révolution des peuples et de la certitude qu'il n'y aura pas de paix tant que des hommes exerceront sur d'autres leur domination. On retrouve, dans cette édition intégrale du texte, le mélange de lyrisme et de radicalité caractéristique de Pasolini.
Commenter  J’apprécie          00
Poésie en forme de rose

Ce recueil de poèmes, écrits entre 1961 et 1963, est publié en 1964, alors que Pier Paolo Pasolini compte déjà parmi les personnalités intellectuelles les plus influentes en Italie. Il écrit des poèmes depuis son enfance et en écrira jusqu'à sa mort. Pourtant, alors qu'il semble trouver là une forme concentrée et puissante de son art, il écrit : « Il est révolu, ton temps de poète…», ou encore « personne ne te réclame plus de poésie ! » On y retrouve l'évocation de la vie sociale et politique italienne, mais aussi sa découverte d'un autre monde (l'Afrique, Israël…) qu'il parcourt pour les besoins de ses tournages. Se déploie aussi, à travers cette esthétique du fragment faite de journaux de tournages, de projets, de réflexions ou souvenirs, un Pasolini plus intime, parlant de ses blessures et de ses révoltes. Cette édition regroupe les poèmes en italien et leur traduction en français.
Commenter  J’apprécie          10
Le jeune acteur, tome 1 : Aventures de Vinc..

Après une carrière fulgurante dans le monde de la BD, Riad Sattouf n'a pas encore accompli tous ses rêves d'artiste et de création. D'une passion d'enfance pour la SF, il a finalement orienté son trait et son récit vers le réel et en particulier la jeunesse, dans tout son charme et dans toutes ses imperfections. Pour en faire un film, il doit composer un casting et notamment trouver l'acteur pour incarner Hervé, son héros adolescent, « moche », mal dans sa peau et plein de gaucherie. Ce sera Vincent Lacoste. Il va nous faire le récit dessiné de cette rencontre et de leur découverte conjointe du cinéma et de la célébrité. En alternant les points de vue de l'auteur et de l'acteur, Riad Sattouf lance une nouvelle série qui reprend les principes et le ton de l'Arabe du Futur ou des Cahiers d'Esther. Basée sur le réel, d'inspiration autobiographique, on y retrouve l'ironie et la tendresse qui caractérisent l'écriture de Sattouf. du « bleu Riad » au « jaune Vincent », la précision et parfois la fulgurance du trait, l'usage des couleurs, viennent renforcer l'humour, la violence de certaines situations et surtout les doutes de l'artiste de 30 ans comme de l'acteur de 15 ans. Tout en délicatesse, en fine dérision et en sobriété, ce premier tome réussit à nous charmer par son humilité et sa fraicheur.
Commenter  J’apprécie          30
Les étoiles les plus filantes

Rio, 1958. le réalisateur Aurèle Marquant tourne difficilement son premier film avec un casting inédit pour le cinéma français : les acteurs sont tous noirs et, pour la plupart, non professionnels. Mais derrière le scénario du film, une histoire d'amour dans une favela de conte de fée, se nouent des rivalités, tromperies et intrigues politiques dans un Brésil en pleine transformation.
En imaginant librement le tournage d'Orfeu Negro, film culte qui recevra la Palme d'Or à Cannes en 1959, Estelle-Sarah Bulle nous plonge avec délice dans un Rio fantasmé, à une époque où la bossa nova émergente n'adoucit pas tout à fait la lutte des classes et des races. Elle y mélange avec habileté souffle romanesque et intrigue policière. le livre est aussi un très beau portrait de femmes à travers les personnages des trois actrices du film. D'horizons opposés, rivales mais liées fondamentalement par leur condition de femmes noires, elles donnent au récit toute sa profondeur et sa modernité.
Commenter  J’apprécie          30
Éthique du mikado

Dans cet essai paru en 2015, l'écrivaine et psychanalyste Sarah Chiche explore la filmographie de Michael Haneke qui, au-delà de grands succès publics et critiques – La Pianiste, Amour, le ruban blanc – reste en partie méconnue.
L'essai, suivi d'une interview du cinéaste, témoigne du souci assumé de l'autrice pour la forme. Reprenant la structure d'un film confidentiel de Haneke, 71 fragments d'une chronologie du hasard (1971), il offre une constellation d'articles puissants, riches en références intertextuelles, vaste jeu d'échos faisant appel au cinéma, à la littérature, à la philosophie ou à l'histoire de l'art – de Blanchot à Georges Didi-Huberman en passant par Rimbaud, Thomas Mann ou Bresson.
Porté par une écriture lumineuse et puissante, cet ouvrage stimulant montre comment les films de Michael Haneke, loin de se complaire dans la violence et le sordide, donnent à lire chaque instant, chaque action comme un point de bascule ouvrant la possibilité d'interrompre la pente du mal. Et de découvrir la possibilité d'une joie d'autant plus vaste et profonde qu'elle sait "qu'elle s'est frayé un chemin dans la nuit".
Commenter  J’apprécie          10
Mr Wilder et moi

Quand Calista, jeune étudiante grecque, se retrouve à Los Angeles dans un restaurant au côté du cinéaste mythique Billy Wilder et du scénariste I.A.L Diamond, elle ignore tout de leurs films et du cinéma. Mais en 1977, Wilder, boudé par la critique et le public, cherche un financement pour son nouveau film. Leurs échanges les rapprochent et l'année suivante Calista est recrutée comme interprète sur le tournage de Fedora à Corfou. Elle devient vite la confidente de ces deux hommes en proie au doute et dépassés par les nouveaux cinéastes.

Le roman mêle habilement l'apprentissage de cette jeune fille naïve qui découvre la vie, le cinéma et sa vocation de compositrice face à deux hommes nostalgiques de leurs succès et confrontés à l'approche de la vieillesse. Les personnages sont attachants et le récit documenté. J.Coe est un admirateur de l'oeuvre de Wilder (aussi doué pour les comédies satiriques que pour les films noirs), il cite ses bons mots, égrène des anecdotes et va jusqu'à utiliser la forme d' un scénario pour éclairer un pan du passé de Wilder : son départ de Berlin à la montée du Nazisme, son passage à Paris, son arrivée à Hollywood… Roman plein d'humour mais empreint de mélancolie, il offre un portrait tendre et cruel d'un homme hanté par la tragédie et la disparition de ses proches, qui culmine avec la découverte par Billy Wilder de films sur les camps de la mort.
Commenter  J’apprécie          30
Intérieur nuit

Articulé autour de la mort brutale d'Ashley Cordova, fille d'un réalisateur culte et auréolé de mystère, ce second roman confirme, après la Physique des Catastrophes, le statut de jeune prodige des lettres américaines de Marisha Pessl. Car Intérieur nuit n'est pas seulement un redoutable page-turner à la mécanique implacable : par sa forme labyrinthique et sa façon de jouer avec un imaginaire collectif venu du cinéma, d'Alfred Hitchcock à David Lynch, il nous interpelle sur notre désir de fiction et sur notre besoin de jouer à nous confronter à nos peurs les plus sourdes.
Commenter  J’apprécie          61
Blonde

Voir Joyce Carol Oates s'emparer du destin de Marilyn Monroe dans Blonde apparaît comme une évidence : son histoire contient tous les grands thèmes de la romancière. Des dysfonctionnements de la machine hollywoodienne, qui en fit une star avant de la laisser se détruire, aux représentations du corps des femmes, cette vie tragique est une invitation à passer de l'autre côté du miroir aux alouettes qu'est le rêve américain.

Roman monstrueux, foisonnant et magnétique, Blonde dit l'impossibilité à saisir le personnage sans cesse réinventé de Marilyn et donne à voir son inéluctable disparition, dans la chronique d'une mort annoncée. Sommet emblématique de l'oeuvre de Oates, cette bio-fiction est une démonstration exemplaire de l'acuité de son regard et de son inventivité narrative. Incontournable !
Commenter  J’apprécie          90
Tiens ferme ta couronne

Yannick Haenel ne sait pas faire simple. Pour preuve : dans son dernier roman, son héros poursuit Michael Cimino, le réalisateur maudit, afin de lui faire tourner un scénario sur Hermann Melville. Dans sa course, il croisera Isabelle Huppert, Ovide, la déesse Diane ou encore Coppola, pour parler de soif d'absolu, d'Art et de Vérité… Rien que ça. Si cette ambition maximaliste et le lyrisme emphatique de Yannick Haenel peuvent être usants, Tiens ferme ta couronne trouve cependant un bel équilibre entre visions sanglantes, digressions érudites et scènes intimistes mettant en scène, non sans humour, la débâcle personnelle de son héros. Profondément juste et touchant, Tiens ferme ta couronne est le plus beau livre d'Haenel.
Commenter  J’apprécie          20

{* *}