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EAN : 9782371190740
320 pages
Piranha (19/10/2017)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Plus qu’une simple histoire littéraire abondamment illustrée, Étoiles rouges est le guide de lecture idéal pour des navigations stellaires par delà l’Oural.

Malgré la censure, l’URSS a été le pourvoyeur d’une riche littérature de l’imaginaire, très largement perçue comme un moyen d’évasion, qui a permis à des millions de lecteurs de rêver. Très populaire, la science-fiction russe a eu un rôle à la fois éducatif et scientifique et a évolué ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai découvert l'existence de ce livre via la liste d'Alfaric « Russkaya Fantastika » et plus précisément grâce au commentaire d'AS76. Merci :)

J'avais déjà lu le recueil d'articles des mêmes auteurs : « Russkaya Fantastika : travaux sur la science-fiction et la fantasy russophone » (cfr. critique du 20/02/17) et celui-ci m'avait ouvert les portes de la SF russe. Avec « Etoiles rouges : la littérature de science-fiction russe » les auteurs approfondissent le sujet et me donnent envie d'aller encore plus loin dans mon exploration.

Ce qui m'a plu au départ : les pages intérieures en couleurs et la riche bibliographie (p. 257-297). Un livre de ce genre sans bibliographie est (à mon sens) vide de sens ^^

Il s'agit d'un guide de lecture qui passe en revue les auteurs et les oeuvres par époque :

- Au temps des tsars
- Un petit âge d'or de la NEP (1917-1929)
- Un déclin stalinien (1930-1935)
- Les années fastes (1956-1969)
- Deux utopistes en utopie : les frères Strougatski
- Entre rêve et censure
- Une stagnation politique et littéraire (1970-1981)
- Les prémices d'un nouveau monde (1982-1992)

Les auteurs russes ont vraiment évolué dans un contexte particulier. Sous Staline, écrire un livre de SF pouvait vous coûter la vie – je pense à Alexandre Tchaianov exécuté en 1937 (après 7 ans de prison) pour son 1984 (publié en 1920).

Parmi les auteurs/oeuvres qui ont attiré mon attention il y a :

- Ivan Efremov (son oeuvre en général)
- Sergueï Snegov (son oeuvre en général, mais rien de traduit en français)
- Anatoli Dneprov – L'île aux crabes (1958)
- Guennadi GorL'insupportable interlocuteur (1962)
- Abraham TertzLioubimov (1966)
- Alexandre et Sergueï Abramov (père et fils) – Cavaliers venus de nulle part (1967)
« … une sorte de mélange entre Rama d'Arthur Clarke et Simulacron 3 de Daniel Galouye, autrement dit un mariage réussi des thèmes de l'intelligence extraterrestre totalement incompréhensible et de la réalité virtuelle. »
- Gueorgui Chakhnazarov – Et les arbres, tels des cavaliers (1972)
- Kir Boulytchev – Mission sur la planète morte (L'anniversaire d'Alice) (1974)
Boulytchev a aussi écrit Demi-vie en 1972. Ce titre m'avait déjà fait de l'oeil dans le recueil d'articles et c'est vraiment frustrant car il n'a toujours pas été traduit. Il faut vraiment que je me remette au russe!
- Vladislav Krapivine et sa trilogie du Pigeonnier dans la clairière jaune (1985)
- Anatoli Kim – L'écureuil (1984)
- & le duo urkrainien Henry Lion OldieLa loi des mages (2000-2004)

J'en ai certainement oublié… mais ce n'est pas un livre que l'on range après l'avoir lu. Je vais souvent le consulter et relire des passages et aussi examiner attentivement la bibliographie des oeuvres pour partir à la pêche…

Un ouvrage de référence.


Challenge multi-défis 2018 (42)
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Le passionnant travail de recensement et d'exégèse d'une littérature science-fictive trop méconnue, dans toute sa spécificité, sa diversité et son évolution au fil du temps : celle de l'ancienne Union soviétique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/04/05/note-de-lecture-etoiles-rouges-viktoriya-patrice-lajoye/

Viktoriya Lajoye est traductrice du russe et de l'ukrainien (notamment des frères Strougatski et d'Alexandre Kouprine), tandis que Patrice Lajoye est chercheur en histoire des mythologies. En couple, ils constituent sans équivoque le meilleur (duo) spécialiste des littératures de l'imaginaire russophone (nous avions déjà mentionné leur travail à propos du travail post-exotique d'Elli Kronauer sur « Ilia Mouromietz et le rossignol brigand » et sur les autres bylines russes réinventées et détournées par l'hétéronyme spécialisé d'Antoine Volodine). Publié aux éditions Piranha en 2017, leur « Étoiles rouges – La littérature de science-fiction soviétique » est un ouvrage unique en langue française, et résolument passionnant, tant à propos de connu que de moins connu en la matière.

Au fil de chapitres chronologiques allant de « Au temps des tsars » (qui joue ici le rôle du passage préhistorique obligé de toute histoire « nationale » de l'imaginaire science-fictif) aux « Prémices d'un nouveau monde (1982-1992) », en passant par « Un petit d'âge d'or sous la NEP (1917-1929) » – qui englobe la même floraison créative, toutes proportions gardées, que celle de la littérature dite « générale » dans les années ayant immédiatement suivi la révolution d'Octobre (souvenons-nous de « Tchevengour » pour ne citer qu'un seul exemple parmi des dizaines de possibilités) -, « Un déclin stalinien (1930-1955) », « Les années fastes (1956-1969) » et « Une stagnation politique et littéraire (1970-1981) », on découvrira (ou parfois redécouvrira) ainsi, grâce à ce travail colossal d'investigation de l'édition spécialisée ou non spécialisée en langue russe, mais aussi des revues éventuelles et de la critique d'époque – travail qui à lui seul appelle déjà toute notre admiration -, une littérature foisonnante, convergeant ou divergeant d'avec ses consoeurs « occidentales » selon les moments et les thèmes, mais dégageant presque toujours une spécificité de bon aloi.

L'une des caractéristiques d'un tel ouvrage, lorsqu'il est réussi – ce qui est ici absolument le cas -, c'est qu'il donne envie de lire (ou relire) des dizaines de textes : plongez-vous donc dans cette caverne aux trésors souvent fort enfouis, d'où surgiront sans doute, au fil des pages, les noms d'Alexandre Kouprine (« La Justice mécanique », 1907), de Valeri Brioussov (« le Soulèvement des machines », 1908), de Vélimir Khlebnikov – dont on connaît surtout les écrits hors science-fiction, bien sûr, comme « Des nombres et des lettres » – (« La Grue », 1913), d'Alexandre Bogdanov – dont le collectif italien Wu Ming, qu'il ne devrait plus trop être nécessaire de présenter sur ce blog, fera l'un des personnages-clé de son remarquable « Proletkult » de 2018 – (« L'Étoile rouge », 1908), de Vladimir ObroutchevLa Plutonie », 1915), d'AlexeÏ TolstoïAelita », 1922), d'Alexandre Beliaevle Pain éternel », 1928), de Mikhaïl Boulgakov, bien sûr, à travers notamment ses « Oeufs fatidiques » de 1925, d'Evgueni Zamiatine et de son « Nous » de 1921, désormais mondialement quoiqu'insuffisamment célébré, d'Ivan EfremovLa Nébuleuse d'Andromède », 1957, ou « Cor Serpentis », 1959), de Dmitri Bilenkine (« Les Neiges de l'Olympe », 1976, ou « Servitude humaine », 1980), d'Olga Larionova (« L'Accusation », 1969), de Guennadi GorL'Insupportable interlocuteur », 1962), de Viktor Nevinski (« Sous un seul soleil », 1964), d'Oless Berdnyk (« L'Oeil-fleur », 1969), de Vladimir Savtchenko (« Découverte de soi-même », 1967), de Zinovi Iourevle Sommeil paradoxal », 1977), de Sergueï Drougal (« L'Examen », 1979), de Kir Boulytchev (« le Village », 1988), ou encore de Vladimir MakanineLa Brèche », 1991 – qui sera traitée en France comme de la littérature dite « générale »).

Les frères Arkadi et Boris Strougatski, auteurs immortels de « Pique-nique au bord du chemin » (« Stalker » selon le titre de l'incroyable adaptation au cinéma par Andreï Tarkovski) en 1972 ou de « Il est difficile d'être un dieu » en 1964, parmi tant d'autres oeuvres déterminantes, ont droit à un chapitre entier, à part, en plus de leur présence dans les chapitres chronologiques idoines, comme également la question plus que délicate de la censure sous un régime qui sera totalitaire durant de longues années.

Par la variété de ses approches, par la sagacité de ses remarques et de ses rapprochements entre traitements « occidentaux » et « soviétiques » des grandes thématiques de la science-fiction du vingtième siècle, « Étoiles rouges » est un ouvrage passionnant et particulièrement précieux (et son cahier central illustré est vraiment délicieux), à mettre entre toutes les mains curieuses, et pas seulement celles des exégètes les plus pointus du genre littéraire en question, loin de là.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
En 1920, Alexandre Tchaianov, un économiste, fait paraître sous le pseudonyme d'Ivan Kremnev le roman Voyage de mon frère Alexis au pays de l'utopie paysanne, dont l'action se passe en 1984. Un parti paysan a pris le pouvoir, les villes sont vidées de toute force, la vie communautaire prédomine et l'agriculture prospère. Tout ceci en même temps que la NEP a justement pour but de faire baisser le poids de la classe paysanne au profit de la classe ouvrière. Cette utopie fut donc considérée comme factieuse et dangereuse. Tchaianov est arrêté en 1930 et exécuté en 1937.
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La section SF de MG [éditions Molodaja Gvardija] avait à sa tête V. Stchebakov et Youri Medvedev qui, profitant du pouvoir de leur monopole, ne publièrent personne d'autre qu'eux-mêmes et plusieurs de leurs amis, ce qui donna généralement naissance à d'incroyables merdes littéraires. Et des auteurs plus talentueux n'eurent aucune chance d'être publiés. (Youri Savtchenko)
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S’il est deux auteurs qui ont littéralement incarné la période du dégel sous Khrouchtchev, ce sont bien les frères Arkadi et Boris Strougatski. Le premier est linguiste, traducteur du japonais et parfait anglophone, le second est astronome de formation, mais a finalement travaillé dans le domaine de l’informatique. À eux deux, ils couplent ainsi les qualités du littéraire et du scientifique pour offrir aux lecteurs une science-fiction atypique qui balaiera tout le champ thématique de l’époque en mettant l’individu au cœur de son propos, individu qui ne peut s’empêcher de se poser des questions sur ce qu’il vit et ressent.
L’histoire aurait commencé en 1958. Les frères Strougatski ont alors écrit, avec la collaboration de Lev Petrov, un récit romancé du premier essai nucléaire américain sur l’atoll de Bikini. Mais il ne s’agit pas de science-fiction et leur véritable carrière débute par un défi. Lors d’une conversation avec des amis, ils déclarent que n’importe qui est capable d’écrire un roman de science-fiction. Il faut dire qu’à l’époque, la production soviétique officielle est pour le moins médiocre. On les presse alors de montrer l’exemple et peu de temps après, en 1959, paraît Le Pays des nuages pourpres, récit d’exploration sur Vénus. Voilà pour l’histoire officielle, telle que racontée au grand public et dans les revues internationales de propagande. La réalité est sans doute plus complexe puisqu’ils ont publié dès 1958 une longue nouvelle de science-fiction, Du dehors, et que l’on a retrouvé dans leurs archives des nouvelles ou des fragments de récits dont la rédaction remonte au milieu des années 1950. Et même avant cela, Arkadi a publié, seul ou avec un collaborateur, une poignée de récits réalistes. De fait, les deux frères ont toujours baigné dans la littérature, puisque leur père, mort durant le siège de Leningrad, avait été rédacteur dans une revue ukrainienne. (…)
Avec une intrigue plutôt linéaire, qui accumule les péripéties pas nécessairement liées entre elles, mais qui sont un prétexte à faire le tour du système solaire, Les Stagiaires ne se démarque guère de la production antérieure des deux frères, à une différence près : les discussions à caractère idéologique font leur entrée en force. Car ce qui fait l’intérêt de ce roman est bien la coexistence pacifique des systèmes capitaliste et communiste, ce qui permet de les comparer ouvertement. or à l’époque, Arkadi et Boris Strougatski ne sont pas encore critiques envers le pouvoir soviétique et leurs chicanes sont adressées à la petite bourgeoisie, symbole d’inertie et de médiocrité. L’épisode du conflit ouvrier au sein de l’exploitation minière est en cela symptomatique : tant que le capitalisme perdurera, ce genre de situation continuera d’exister. Même s’ils s’intéressent encore à la science et à la recherche scientifique, ils discutent avant tout de la place des savants au sein de la société, de leur rôle qui doit conduire l’humanité à la paix. Il faut donc passer à l’étape supérieure et régler avant tout les problèmes de la Terre. C’est un véritable « programme » littéraire qu’annoncent les Strougatski, qui à l’avenir s’intéresseront moins à l’espace et plus à l’homme… ce qui, on le sait, les obligera à faire la critique du système soviétique et les confrontera au problème de la censure. De fait, à partir de 1968 et jusqu’en 1985, Les Stagiaires ne sera plus réédité.
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Mais que valait-elle, cette science-fiction ? Était-elle « la meilleure du monde » ? Évidemment, il est impossible de répondre à cette question, surtout quand les arguments avancés en faveur du « oui » sont la quantité et la qualité. En ce qui concerne la quantité, seuls les tirages peuvent impressionner : lorsqu’on étudie le nombre de titres, il faut bien avouer que cette science-fiction est relativement rare. Il n’y a jamais eu de revue spécialisée, les romans et recueils destinés à paraître en volume faisaient l’objet d’une sélection éditoriale drastique. Que dire de la qualité ? Rien, puisque cette science-fiction n’est clairement pas comparable à ses homologues occidentales. Certes, durant les années 1920, elle est encore très proche du « merveilleux scientifique » français, anglais ou allemand. Mais très vite, elle a été considérée de la même manière que la littérature pour enfants, et a donc été prise au sérieux. On lui a donné un rôle éducatif, philosophique et idéologique. On en a exclu le sexe (et plus encore la « sexualité alternative »), la violence gratuite, la vulgarité, et on l’a préférée lorsque ses héros étaient exemplaires et ses scientifiques bénéfiques à l’ensemble de l’humanité. La science-fiction en Union soviétique était intellectuelle et morale, et en même temps particulièrement populaire, à même d’apporter du rêve là où il y en avait peu. Si elle a failli être littéralement étouffée par ses propres règles à l’époque de Staline, appliquées sans marge de manœuvre, elle est devenue brillante par la suite.
Bien entendu, puisqu’il s’agit d’un courant littéraire, il serait faux de dire que tout était bon à partir de 1953. Cette science-fiction, comme toutes les autres, a produit des textes de qualité variable. Elle n’en reste pas moins remarquable, et souvent plus audacieuse sur le plan philosophique que ses homologues occidentales. L’objectif de ce livre est donc d’apporter un éclairage nouveau sur cette littérature, en insistant sur des périodes, comme les années 1920, qui n’ont été jusqu’ici que peu étudiées, même en Russie. Cette histoire de la littérature de science-fiction soviétique est aussi un ouvrage critique : nous nous sommes permis de donner notre avis sur les textes que nous présentons. En effet, il nous a semblé important de ne pas nous cantonner à la froideur universitaire et de proposer plutôt un guide de lecture, avec ce qu’il a de subjectif. Nous espérons ainsi redonner l’envie de lire ces textes non pas uniquement pour leur intérêt politique ou philosophique, mais aussi pour leurs qualités littéraires. Car la science-fiction soviétique a bel et bien produit quelques chefs-d’œuvre.
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La science-fiction en Union soviétique était intellectuelle et morale, et en même temps particulièrement populaire, à même d’apporter du rêve là où il y en avait peu.
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Vidéo de Patrice Lajoye
Du début des années 60 jusqu'au années 80, les frères Strougatski — Arcadi et Boris — ont façonné le Cycle du Midi, un ensemble de romans et nouvelles prenant place dans un XXIIe siècle radieux et questionnant les marges de cette utopie. Traduits en France de façon éparse au fil du temps, les récits ont été rassemblés au sein d'une intégrale coordonnée par Vitkoriya et Patrice Lajoye, publiée chez les éditions Mnémos fin février : un beau projet, inédit sous cette forme et méritant qu'on s'y attarde le temps d'une discussion en compagnie de Patrice Lajoye. Ce sera également l'occasion de parler de leur structure éditoriale, Lingva, et de ses projets, notamment en matière de SF ukrainienne. https://mnemos.com/livres/le-cycle-du-midi/ https://www.lingva.fr/ Animation : Erwann Perchoc
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