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EAN : 9782070245598
224 pages
Gallimard (25/10/1983)
3.6/5   91 notes
Résumé :
Pluriel singulier... Ils sont deux, Venise et l'auteur. Soixante ans, et plus, d'une union sans nuages. Venise fut toujours fidèle, et lui à Venise. Venises n'est pas un portrait de ville ; c'est le portrait d'un homme, dans mille Venises : un homme qui n'est pas seulement un auteur.
" Le mérite de ces pages, dit Morand, c'est d'être vécues, leur réunion, c'est une collection privée, sinon mon musée secret ; chacune présente un jour, une minute, un enthousia... >Voir plus
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Eblouissante lecture !
Un livre proprement extraordinaire sur Venise à travers la vision de Paul Morand, une vison appuyée sur une quantité de voyages vénitiens infinie...On croise à la fois Proust, Chateaubriand, les hippies...Le style est éblouissant. C'est le genre de livre qui rend un peu poussive la lecture suivante, car il est bien difficile de passer après l'intelligence et la beauté du style de Morand. On pourrait souligner des dizaines de phrases.
Bien sur on m'objectera que Paul Morand était un odieux réactionnaire, dont on a découvert l'ignominie parfois dans certains passages de son journal publié de manière posthume, qu'il est très peu Peace and love...Je n'aurai rien à dire car cela est très vrai. N'empêche, comme écrivain, quel incroyable talent !
Pour un amateur, ou un amoureux de Venise, je ne sais pas si beaucoup de livres peuvent rivaliser avec celui-ci...
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L'auteur livre par écrit ses impressions sur la 1ere partie du 20 ème siècle. Il apporte un témoignage sur un monde en mutation, tout en jetant un regard lucide sur ses contemporains, ainsi que sur une ville, Venise, qu'il découvre adolescent.
Morand éprouvera une véritable fascination, voire même un profond amour pour Venise. Il lui restera fidèle jusqu'à son décès en 1976. A chaque séjour, Paul Morand jette un regard neuf sur Venise, et, c'est l'occasion pour lui, d'aborder la ville d'une manière différente. de nombreuses rencontres (célèbres ou non) ponctuent ses visites.
C'est un récit tout en poésie, mais, surtout d'une très grande tristesse car l'auteur voit le monde qu'il connaissait basculer, petit à petit, vers la folie. C'est aussi écrit dans une langue pure, dans un style tout en finesse.
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« Est-ce la destinée, ou est-ce ma faute ? J'arrive toujours quand on éteint »

Ce constat désabusé est celui de Paul Morand dans « Venises ». Une Venise plurielle comme l'est la vie et plus encore sa vie.
Diplomate-écrivain, ambassadeur nommé par Vichy et révoqué par De Gaulle, contraint à l'exil puis modèle de cette nouvelle génération d'écrivains qu'on appellera par la suite les Hussards, Morand ne laisse pas indifférent.

De loin en loin au gré des fortunes diverses de son existence, Morand sera toujours fidèle à Venise qui résume si bien dans son espace contraint la durée de toute vie, quoi qu'on fasse en suspens au milieu du vide, entre les eaux foetales et celles du Styx.

Par goût et par fonction, Morand fut un grand voyageur. Mais pour lui, le centre du monde c'est Venise. « Au sommet du Campanile j'embrassais Venise, aussi étalée que New-York est verticale, aussi saumonée que Londres s'offre en noir et or. L'ensemble est lavé d'averses, très aquarellé, avec des blancs rompus, des beiges morts, relevés parle cramoisi sombre de façades pareilles à la chaire de thon. Un air violent secoue la lagune, poussant des nuages aussi légers que ces nouvelles voiles en nylon des régates, au Lido ».

En cette fin des années 60 nous sommes dans les pas de Morand et de Maurice Rheins, le célèbre commissaire-priseur, « au front d'intellectuel, et la taille d'un sous-lieutenant, l'oeil précis et ingénu ». Ils se rendent à la vente du Labia, le dernier palais vénitien à dégorger ses richesses. Il y a quelque chose d'une fin de vie dans ce vieux palais désormais dépouillé de ses tableaux dont les plafonds désertés par les lustres monumentaux, comme percés de trous de rats, révèlent la décrépitude ; toute une vie refluant en une escadre hétéroclite et désordonnée de vases de chines, de girandoles et de canapés sinueux .La vente faite, il ne subsiste que la « cohue des déesses peintes à fresque pour toujours, désormais maîtresses d'un Labia désert, au rire éternel, comme celui des filles du Rhin ».

Morand finira sa destinée pas très loin, dans le cimetière de Trieste, veillé par la foi orthodoxe, auprès de sa femme, d'origine grecque.
Au bord de la lagune, toujours s'enfonçant, la vie continue, « un peu comme une pièce de Beckett jouée dans les arènes de Nîmes ».
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Venises, le s dit tout.
A différentes périodes de sa vie, Paul Morand y passa, y vécut.
Tout un monde, évanoui dans le Temps, défile sous nos yeux.
Des noms, un monde dans le monde, des excentriques, des artistes, des politiques se côtoient dans une Venise qui n'appartient qu'à un cercle de privilégiés dans le premier quart du vingtième siècle.
L'auteur évoque son enfance, son éducation, ses rencontres, ses rêves, son désir continu de la Sérénissime.
Entre évocations historiques, anecdotes, descriptions de la ville, souvenirs personnels, Paul Morand mêle les Venises qu'il a connues et celle du moment où il écrit ce livre : 1971.
Le ton y est différent, l'amertume s'y ressent.
Quelques phrases font mouche, d'autres heurtent et puis l'homme n'est pas toujours plaisant tant l'appartenance à une caste transparaît, semblant figée à jamais, tenant difficilement compte de l'évolution de la société si ce n'est dans sa description amère des hippies et de Venise devenue trop accessible...
Un document sur une époque révolue et sur le mode de pensée d'un privilégié.
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Personnage douteux, convaincu de collaboration avec l'occupant, réputé antisémite et homophobe (ce qui n'apparaît pas dans cet ouvrage, loin de là !), entré à L Académie Française en 1968 après que le Général de Gaulle a levé son veto, Paul Morand signe un très grand livre, sans doute ce qui m'a été donné de lire de plus passionnant sur la cité des Doges.
Mais l'ouvrage ne se réduit pas à cela : c'est un formidable panorama sur les grandeurs et misères de la première moitié du 20ème siècle, toujours rapportées à la Sérénissime où l'auteur, comme aujourd'hui Philippe Sollers, vient et revient se reposer des tumultes de l'époque.
Seule réserve, tout finit mal : le "vieux con" apparaît dans les dernières pages :
ah, ce monde moderne ! Ah, ces hippies noirs de crasse qui souillent le paysage ! Ah, Venise accessible à tous !
Indispensable néanmoins.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Venise n'a pas résisté à Attila, à Bonaparte, aux Habsbourg, à Eisenhower; elle avait mieux à faire : survivre; ils ont cru bâtir sur le roc; elle a pris le parti des poètes, elle a bâti sur l'eau.
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Mon café de la nuit, c’est à la Fenice. La placette contient deux églises, le théâtre, un grand restaurant et le bar du théâtre. De quoi tout jouer, sur place, depuis Gozzi jusqu’à du Courteline.(...) La place est éclairée par les projecteurs qui noircissent le ruban du ciel et font éclater le poli de la pierre, sortir de l’ombre les colonnes ; entre Dieu et les Muses c’est à qui soutiendra le plus de gloire : tout y est créé par l’homme, pour l’homme, tout si équilibré, si bien assis sur l’eau invisible, tous les plans s’entendent si bien à construire l’harmonie qu’on se sent aussi heureux que si on avait bu
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Venise d'automne, épouillée des touristes (sauf des hippies, bouddhas incurieux, indélogeables) avec ses monuments houssés de coton, grillagés de pluie; c'est la moins frivole. Venise de printemps, quand son pavement commence à suer et que le Campanile se reflète dans le lac de la place Saint-Marc. Venise d'hiver, celle de la temperatura rigida, du congelamento, lorsque les vigiles du feu surveillent les feux de cheminée, du haut des clochers et que les loups descendent des Dolomites. Quant à la Venise d'été, c'est la pire...
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Midi personne ne parle plus ; les Vénitiens ont des spaghetti plein la bouche ; ils y ajoutent tant de fruits de mer que les nouilles deviennent algues.
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« C’est après la pluie qu'il faut voir Venise », répétait Whistler : c’est après la vie que je reviens m'y contempler. Venise jalonne mes jours comme les espars à tête goudronnée balisent sa lagune; ce n’est, parmi d'autres, qu'un point de perspective; Venise, ce n'est pas toute ma vie, mais quelques morceaux de ma vie, sans lien entre eux, les rides de l’eau s'effacent, les miennes, pas.
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