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Critiques sur le theme : littérature sud-américaine (29)
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Chronique d'une mort annoncée

Que s'est-il réellement passé au lendemain du mariage entre le riche Bayardo San Román et Angela Vicario, quand Santiago Nasar est assassiné par les frères d'Angela ? Vingt-sept ans plus tard, le narrateur, un ami de Santiago présent ce jour fatidique revient pour reconstituer les circonstances qui ont conduit à la tragédie. Il interroge les personnes présentes : pourquoi, alors que le meurtre fut maintes fois annoncé, n'a t-il pu être évité ? Peu à peu la vie de ce village côtier se dessine et le portrait de Santiago apparaît à travers les récits des différents personnages. Si beaucoup savaient, si certains ont essayé de l'avertir, d'autres espéraient-ils sa mort ? Les personnages se dévoilent, chacun donne sa version des faits, on découvre les violences subies par les femmes, les mariages arrangés, les préjugés, les superstitions, le poids des traditions. On devine les pressions exercées sur les frères, obligés de défendre l'honneur de leur famille, exigeant un coupable. Et on est intrigués par Angela : pourquoi a t-elle dénoncé Santiago ? Tenant à la fois de la chronique journalistique et de l'enquête policière, le roman étonne par son rythme, par une vérité toujours insaisissable, des détails macabres et une implacable fatalité.
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Le Ghetto intérieur

Wincenty ou Vicente ? Héros de ce récit, hanté par la culpabilité et la mémoire des siens, Vicente est un émigré argentin, fraîchement arrivé dans les années trente, quinze ans avant la conflagration mondiale. Wincenty, d'origine juive polonaise, a quitté l'Europe pour fuir l'antisémitisme et assumer son indépendance. Mais l'histoire le rattrape : la persécution des juifs dans le ghetto de Varsovie, les lettres de plus en plus rares et douloureuses de sa mère. Pourra-t-il échapper à la culpabilité, lui qui n'a pas su la faire venir en Argentine ? Wincenty se mure dans un silence honteux proche de l'agonie. le narrateur intervient alors pour redonner au récit une perspective historique : ce que son grand-père ne pouvait savoir, ce dont les journaux ne parlaient pas. En remontant le fil d'un silence et d'une culpabilité qui ont traversé les générations, Santiago H. Amigorena signe un récit éminemment personnel, magnifique roman familial en forme de leçon d'histoire.
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Les dangers de fumer au lit

Après le succès de son roman « Notre part de nuit », Mariana Enriquez fait son retour avec douze nouvelles horrifiques ancrées dans la géographie argentine, des zones ultra-urbanisées aux villages isolés de la Pampa. Elle approche au plus près les obsessions et les fantasmes d'adolescentes ou de jeunes femmes, aux prises avec d'étranges phénomènes : présences spectrales, terreur inexpliquée, pulsions déviantes… le recueil est une immersion au coeur du fantastique. Entre croyances religieuses, malédictions et folie, le texte nous emporte et nous laisse dériver au fil de nos interprétations pour tenter d'expliquer le sort des héroïnes.
En quelques lignes l'écrivaine capte son lecteur et le fait pénétrer dans la psyché tourmentée des personnages. D'un état de fascination proche du voyeurisme à un sentiment de malaise, la lecture de certaines nouvelles peut même provoquer le dégoût. Difficile de ne pas faire le lien entre cette atmosphère, où la mort flirte en permanence avec les vivants, et l'histoire de l'Argentine, toujours hantée par les « disparus » de la dictature militaire des années 70-80 dont on n'a pas retrouvé les corps. A travers une langue moderne parsemée d'images crues qui allie férocité et humour, Mariana Enriquez crée un monde terrifiant et inédit qui interroge nos propres limites.
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Mortepeau

Au milieu des ronces et des fleurs desséchées, Lucas s'adresse à son père défunt, enterré dans le jardin familial. Un jardin autrefois splendide et aujourd'hui tombé en ruines, à l'image de l'histoire familiale qui compose le monologue de Lucas. Les souvenirs les plus sombres de son enfance brisée se mêlent à un présent cousu de rancoeurs, particulièrement meurtri par un amour profond dont l'expression a été lourdement empêchée: l'amour de Lucas pour sa mère, éloignée contre son gré de sa famille. La figure du père, d'apparence médiocre, revêt peu à peu les traits du mépris, de la lâcheté et de la violence, dès lors qu'il décide d'accueillir au sein du foyer familial deux inconnus, Eloy et Felisberto. Deux êtres abjects qui vont rapidement détruire la famille de Lucas et plonger son enfance dans des abîmes de peur, de colère, de haine et d'impuissance.
Natalia García Freire signe avec Mortepeau un premier roman fascinant, qui explore avec finesse les rouages de la décomposition d'une famille, à travers une écriture tellurique qui, tour à tour répugnante et poétique, vient illuminer l'obscurité d'un récit proche du conte gothique. L'omniprésence du lien humain à la terre et du monde mystérieux des insectes donne corps à l'étrangeté captivante du récit et illustre à merveille la vulnérabilité des relations humaines.
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L'oiseau rare

Laura, jeune thésarde, vit à Mexico et a une conviction profonde : elle ne désire pas d'enfant. Son amie Alina, qui partageait son opinion, décide finalement de devenir mère et tombe enceinte. Les médecins détectent à l'échographie une malformation cérébrale et, même s'ils annoncent qu'elle sera fatale, la petite Inès nait et lutte pour vivre. Ses parents, qui s'étaient préparés à un deuil, se battent pour que leur fille se développe au mieux, malgré un lourd handicap. En parallèle, Laura aide sa voisine, Doris, une mère célibataire qui a du mal à gérer son fils Nicolas, sujet à de fortes crises de violence.
La romancière mexicaine Guadalupe Nettel livre un récit sensible sur la difficulté d'être une « bonne mère » comme la société le demande, d'apprendre à aimer son enfant et à le faire grandir dans un environnement sain et bienveillant. Par le portrait de ces trois femmes courageuses, l'autrice s'interroge aussi sur les différentes formes de parentalité et vante l'idée de « maternité de substitution ». Elle démontre qu'accepter l'aide d'un tiers, voisine, nourrice, n'est en rien problématique et permettrait même d'enrichir sa propre maternité : cette sororité aiderait ainsi les femmes à supporter le poids qui pèse sur elles quand elles deviennent mère.
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Patagonie route 203

Ancien saxophoniste, Parker a quitté Buenos Aires et sillonne la Patagonie à bord d'un camion pour livrer des marchandises de contrebande. Il traverse des villages perdus aux noms improbables, des paysages souvent hostiles, découvre des conditions de vie épouvantables. Misanthrope, il cherche la solitude. Pourtant, en cours de route, il croise à plusieurs reprises son ami journaliste qui conduit une voiture sans freins et recherche un sous-marin nazi. Et quand Parker débarque dans une fête foraine, il tombe sous le charme de Maytén qui se lamente sur sa vie étriquée avec un mari violent.
Ce fabuleux road trip nous embarque à la découverte de contrées immenses balayées par des vents incessants et une poussière omniprésente. On suit Parker lancé à la poursuite de Maytén sur les routes de la steppe et de ses habitants parfois peu accueillants. Avec ses détails très visuels sur la nature et les éléments, ses personnages loufoques hauts en couleur, ses dialogues absurdes, son réalisme mêlé de légendes et son humour décalé, Varela donne une atmosphère surréaliste à son roman. On y entend des histoires de cannibales, on croise des néo-nazis et des jumeaux évangélistes, on assiste à un rendez-vous amoureux dans un train fantôme, et notre conception de l'espace-temps est durablement chamboulée.
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L'invention de Morel

Pour fuir la justice de son pays, un homme part se réfugier sur une île qui a la réputation d'être maudite. Dans ce lieu abandonné, la vie est spartiate, difficile, et les jours se suivent péniblement. Un jour, alors que l'île est censée être déserte, le narrateur voit d'autres gens, mais toute forme de communication apparaît étrangement impossible. Il tombe alors éperdument amoureux de Faustine, une jeune femme qui semble ignorer sa présence et ses signes. le narrateur serait-il victime d'hallucinations à force de solitude et de privations ? Il découvre que ce peuple fantôme est le fruit de l'invention de Morel, un scientifique faisant partie du groupe de personnes venues sur l'île. Il a mis en place une machine de projections holographiques, à l'aide d'un ingénieux système capable d'enregistrer les êtres et de reproduire leurs mouvements à l'infini. Roman envoûtant et atypique, L'invention de Morel explore les thèmes de l'amour fou, du temps qui passe et de l'immortalité, interrogeant sans cesse la puissance symbolique des images. Superbement construit, à la lisière du rêve et de la fantasmagorie, le récit s'achève sur un dénouement au romantisme absolu. Un chef-d'oeuvre !
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Notre part de nuit

Argentine, 1981. Juan Peterson s'enfuit de Buenos Aires avec son fils Gaspar. le garçon est le plus jeune héritier d'une famille de riches propriétaires terriens dont les membres, non contents d'exploiter sans relâche les habitants d'un pays rendu exsangue par des décennies de dictature militaire, sont aussi les caciques d'une puissante société secrète. Usant des facultés d'un médium asservi, ils communiquent avec un au-delà funeste, nommé "l'Obscurité", espérant accéder à la vie éternelle. Juan qui a transmis, bien malgré lui, son don de médium à son fils, met tout en oeuvre pour tenter de l'arracher aux griffes de l'Ordre. Porté par un souffle puissant et un art consommé de la construction, le récit alterne les points de vue, parcourt les lieux et les époques - de la Londres psychédélique des années 70 au Buenos Aires underground des années 90, ravagé par le sida. L'écriture envoûtante de Mariana Enríquez, imprégnée de romantisme noir, nous transporte dans un monde onirique qui nous happe et nous hante. Creusant une veine fantastique chère à la littérature argentine, mâtinée de gothique anglais, de folklore guarani, d'occultisme noir, de catholicisme baroque, l'autrice est la digne héritière de Borges, Cortázar, Bioy Casarès ou Sábato.
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Les vilaines

Camila, María ou encore Nadina ont construit leur identité transgenre sur les bases d'un passé chaotique et violent. Toutes gravitent autour de Tante Encarna, figure divine de cent soixante-dix huit ans, mère protectrice et reine d'une communauté trans torturée mais lumineuse. Leur terrain de vie nocturne est le parc Sarmiento, poumon vert de Córdoba en Argentine qui devient, la nuit tombée, le lieu de tous les désirs, qu'ils soient amoureux, inavouables ou prostitués. Une nuit, elles découvrent un bébé abandonné sous les ronces et décident de l'adopter clandestinement. A travers cet enfant, qu'elles baptisent Éclat des yeux, le rêve d'un avenir digne émerge mais se heurte à la cruauté et au rejet qui façonnent leur quotidien.
Dans Les Vilaines, Camila Sosa Villada raconte la prostitution, la dépossession du corps, l'impossible acceptation d'une identité masculine dans un monde où la férocité de l'homme s'érige en modèle. Elle révèle la violence subie par les trans, perpétuelle et omniprésente, ressuscitée par la nuit, prête à surgir au milieu de chaque page et sur chaque partie du corps. Elle écrit à la fois la douleur et le bonheur d'être trans, dans une fresque flamboyante qui mêle trash et lyrisme, brutalité et douceur, souffrance et humour, réalisme et fantastique. Elle lance un cri de tolérance phosphorescent, mû par un instinct de solidarité tendre et implacable.
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Pleines de grâce

En bordure de Buenos Aires, dans le bidonville d'El Poso se trouve une villa de fortune, un refuge aux airs de maison close et de couvent. Là, autour de Cleopatra, prostituée transgenre à qui la Vierge Marie apparaît régulièrement, les enfants perdus du quartier et les laissés pour compte d'une société homophobe et puritaine tentent de construire leur utopie miniature. Lorsque Qüity pénètre dans la villa, c'est en tant que journaliste et accompagnée de son ami photographe, Daniel. Elle n'en repartira qu'après la destruction du rêve, au bras d'une Cleo miraculée, prête à devenir une icône du martyre des habitants des bidonvilles.
Dans l'univers de misère et de violence d'El Poso, Gabriela Cabezón Cámara installe la scène d'un opéra-cumbia baroque, où le vulgaire et l'ordure côtoient le sublime. Elle y célèbre la résistance farouche et désespérée de ses personnages, dont le mysticisme queer évoque les héros aussi impurs que divins de Genet ou de Mishima. Par leur excentricité et leur capacité de résilience, Cleo, Qüity et leurs compagnons illuminent la réalité sordide d'une société hypocrite qui a abandonné ses plus démunis, et dont Pleines de grâce révèle les contradictions dans un grand tumulte irrévérencieux et extatique.
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Archives des enfants perdus

Valeria Luiselli nous embarque en voiture avec une famille recomposée, à la recherche de deux fillettes disparues au Texas. Les adultes constituent des archives sonores, l'homme est tourné vers le passé (les sons liés aux Apaches), la femme, elle, veut capter la parole des migrants présents à la frontière mexicaine. Les deux enfants écoutent les histoires qu'ils racontent, notamment les aventures d'adolescents fuyant sur le toit d'un train. Un parallèle se fait entre la disparition des Indiens de l'"Apacheria" et l'"effacement" des migrants dans le désert. Les paysages désolés ou chargés d'histoire sont décrits avec réalisme. Très documenté, le roman expose le sort des migrants dans toute son horreur (les corps retrouvés dans le désert, les centres de détention, les expulsions). Roman sur la transmission, évoquée par le biais d'une narration alternée où la mère passe le relais au garçon qui reprend le cours de l'histoire, donnant sa version des faits, c'est aussi un récit initiatique pour les "enfants perdus", rassemblés lors d'un passage à la puissance d'évocation inoubliable.
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La Nuit de Tlatelolco

En 1968, le Mexique connaît une grande vague de contestation sociale qui culmine avec la répression sanglante du rassemblement étudiant dans le quartier de Tlatelolco à Mexico. Au lendemain du massacre, Elena Poniatowska recueille la parole des témoins et manifestants. Elle construit cette chronique en deux parties, racontant par des témoignages les espoirs de la jeunesse, les revendications et la succession des actions militantes menant, dans la deuxième partie, à la nuit fatidique. Comme dans son oeuvre de fiction, qui se nourrit de son travail journalistique, elle concilie dans ce livre la recherche formelle et la recherche de la vérité : elle compile les témoignages et les entrecoupe de slogans, d'articles de presse, de photographies, de poèmes, y ajoutant ses propres considérations et celles d'artistes. Elle retranscrit les propos de personnes favorables aux revendications et d'autres qui étaient opposées au mouvement étudiant.Tous disent l'horreur et la panique devant l'attitude de l'armée, les chars et les hélicoptères fondant sur la foule, les manifestants tués à bout portant. Elle expose les raisons de la tragédie (les jeux olympiques ne devaient pas être perturbés par les manifestations) et inscrit ces événements dans un contexte plus vaste de protestations qui couvaient dans le pays depuis longtemps déjà.

Le livre n'est publié qu'en 1971, les éditeurs ayant subi des menaces, mais il fait désormais partie des textes les plus étudiés au Mexique et constitue un véritable document sociologique sur cette période. Sa richesse et sa forme hybride ont contribué à renouveler le genre du reportage journalistique. La traduction française (2014) est enrichie du texte qu'a proclamé Elena Poniatowska en 2008 lors de l'inauguration d'un mémorial pour les étudiants tués à Tlatelolco. Elle y rendait hommage à cette jeunesse qui voulait changer le monde et rappelait qu' à cette époque les coupables n'avaient toujours pas été jugés et que le nombre de victimes n'était toujours pas officiellement révélé.
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Les nuits de Flores

Le quartier de Flores n'est peut-être pas le plus touristique de Buenos Aires, mais il n'en est pas moins terriblement pittoresque ! César Aira y habite depuis cinquante ans et, de roman en roman, construit une oeuvre à la gloire de ce quartier populaire. Dans les Nuits de Flores, il ajoute à sa vaste galerie de personnages Aldo et Rosita Peyró, deux retraités qui pour arrondir les fins de mois se livrent à une drôle d'occupation : livrer des pizzas à pied. A travers leurs pérégrinations et l'intrigue policière baroque qu'il met en place autour d'eux, Aira dessine avec un humour mordant les contours d'une société argentine haute en couleurs, peuplée de personnages excentriques qui résistent vaillamment à la crise.
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Anna Thalberg

Dans un village de Bavière au XVIIe siècle, une jeune femme, Anna, est arrêtée chez elle et emmenée en prison où on l'accuse de sorcellerie sur dénonciation d'une voisine. Elle est interrogée par un terrible examinateur, Vogel, qui ordonne de la torturer jusqu'à ce qu'elle avoue. Quand son mari rentre, personne ne veut lui dire où est Anna et seul le curé accepte de l'aider à la retrouver.
Dans ce court récit qui frappe par son style original et sa forme particulière, une seule et longue phrase épouse le rythme de la course effrénée du mari dans la forêt, et le flot de pensées d'Anna. Un souffle puissant accompagne les dialogues entre les personnages, la narration alterne les points de vue et tient le lecteur en haleine. On comprend vite que le tort d'Anna est d'être une étrangère dont la beauté suscite le désir des hommes et la jalousie des femmes. Quand des malheurs s'abattent sur la communauté, cette femme rousse apparaît comme un être maléfique aux yeux des villageois superstitieux. Face à ses tortionnaires, Anna résiste et oppose son courage à la violence et la bêtise d'hommes tout puissants protégés par le pouvoir religieux. Bien qu'inspiré de faits réels datant du temps de l'Inquisition, ce roman du mexicain Eduardo Sangarcía regorge d'échos à l'actualité, démontrant que la haine envers les femmes demeure aujourd'hui encore une problématique centrale de nos sociétés.
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L'attrapeur d'oiseaux

Le narrateur, anthropologue, effectue ce qu'il estime être sa dernière mission en Amazonie pour combler les lacunes d'un travail sur un chant chamanique. Or, son parcours est semé d'embûches, du radeau de fortune aux pluies torrentielles, des crises de paludisme à la défiance de certains villageois. Il n'est pas dans son état habituel, et ce énième voyage l'éloigne de la vie stable à laquelle il aspire. Pourquoi le fait-on attendre ? Que cache ce mystérieux récit cosmogonique qui ne puisse être divulgué ?
Pedro Cesarino nous livre ici un récit initiatique sur les peuples autochtones d'Amazonie où chaque animal, chaque signe de la nature s'incarnent en esprit. Son histoire est aussi parsemée de drôleries, depuis son attirance pour une femme du village qu'il peine à contenir jusqu'à ses amitiés et inimitiés qui se nouent et dénouent au fil des événements : une élection à la plus haute fonction du village ou une discussion animée sur la fusée comme moyen de transport. On est frappé par la force imaginative de cette magnifique complainte éthologique et de sa mise en scène, à l'exact opposé de nos représentations.
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