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Bernard Cohen (Traducteur)
EAN : 9782226179678
286 pages
Albin Michel (14/08/2007)
4/5   54 notes
Résumé :
« Je vis parmi les poètes, les lesbiennes, les peintres et les musiciens, les troubadours et leurs guitares, les alcooliques et les drogués, les putes et les fous. En pleine décadence, quoi. L’abolition du bourgeois. L’enfer. » Dans le Cuba délabré des années soixante, coincé entre désir de liberté et volontarisme castriste, un jeune garçon fait l’apprentissage de la vie. Le sexe, la violence, mais aussi la soif de culture et le désir d’écrire vont constituer le ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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« le nid du serpent » explore les bas-fonds. Les bas-fonds cubains. Là où l'errance et la pauvreté mènent irrésistiblement vers le sexe le plus dissolu, vers la violence, l'alcool, la malnutrition, la came, la débrouille, le tout sous surveillance des camarades du régime castriste.

Je ne connaissais de la littérature cubaine que Zoé Valdès dont j'ai lu un bon nombre de livres, il me semble que Pedro Juan Gutierrez est son pendant masculin. Donc plus trash, plus fort, plus sexuel, limite pornographique par moment. Plus viril. Âmes sensibles s'abstenir.
Si Zoé Valdès nous dépeint la société cubaine avec moult détails, son architecture, ses voitures rutilantes et bringuebalantes, son ambiance nocturne, ses coutumes, Gutierrez nous plonge dans ses bas-fonds sans préambule, presque sans décor. Ou du moins uniquement l'envers du décor, très loin de la carte postale surannée d'un Cuba exotique et délicieusement figé des années 60, Cuba la plus grande île des Antilles, aux paysages paradisiaques, Cuba la sensuelle, Cuba lascive et langoureuse aux effluves de rhum et de cigares, se déhanchant au rythme d'une rumba ou d'un Cha cha cha. Non, là nous sommes dans la fange, directement. Sans manichéisme pour autant. Gutierrez ne fait pas dans le roman social, il ne dénonce pas, il raconte juste crûment les pulsions d'un pauvre hère dans le Cuba des années 60.

Comme enfermé dans une cage de misère, celle de sa condition sociale et de ses pensées, nous suivons Pedro Juan (l'auteur lui-même semble-t-il) dans ses déambulations, d'abord avant le service militaire vers ses quinze ans, puis pendant ce fameux service militaire cubain d'une durée de trois ans et enfin après, notre bonhomme devenu alors complètement déboussolé. Pedro Juan se décrit comme un « dépressif, suicidaire, furieux, fou, sado-queutard, alcoolique, agressif. Tout ça à la fois. Autodestructeur. Bien sûr, puisque le serpent avait incubé en moi depuis l'adolescence ». Pourtant son salut, étonnamment, passe par les livres et l'écriture. Nourri aux livres de Truman Capote, Faulkner, Erskine Caldwell, Jean-Paul Sartre, Marguerite Duras, Nietzsche, Wright Mills, Sherwood Anderson, Carson McCullers, Hermann Hesse, Dos Passos, Hemingway. Que des écrivains tourmentés par leurs obsessions et leurs fantasmes.
De cette vie et de ses lectures, de ce nid de déchéance et de stupre, une écriture éclot, sans compromis, pas des plus plaisante mais authentique, vraie, crûe. Dérangeante car permettant de mettre en lumière ce qu'il y a de plus sombres dans l'homme, ses instincts les plus primaires. Nous sommes dans les pensées de cet adolescent rebelle, gênés, limite scandalisés, et pourtant ces pensées, se sont aussi les nôtres, ou cela a pu être les nôtres à un moment de notre vie, du moins les pensées les plus enfouies, les désirs les plus inavouables, c'est en cela qu'il nous dérange, ce sont nos fantasmes, nos désirs, nos pulsions, no instincts, qu'il nous laisse entrevoir et dans lesquelles il nous met la tête, nous qui rougissons, gênés en lisant certaines scènes hautes en couleurs.

Son amour pour la « baise » notamment est incontrôlable, jamais assouvi : « Plein de poils aux aisselles ! Noirs, denses ! Je l'ai attirée à moi pour la humer. Elle sentait fort. La sueur de négresse. J'ai passé la langue sur son dos. C'était salé. Transpiration. Pas de parfum, pas de déodorant. Primitif. La fatigue et la migraine se sont envolées d'un coup. J'ai cherché à l'enfiler à sec mais elle n'était pas pressée, elle. Elle m'a échappé en se tortillant comme un serpent.— D'abord, je te fais le massage. Rien ne presse. Il y a un temps pour tout. Elle a pris de la crème dans un pot et elle a commencé par les pieds. Ses mains étaient vigoureuses, aussi fortes que celles d'un homme ». Cette obsession sera présente tout au long du livre, avec des femmes de tout âge, de différentes conditions, des femmes laides et jolies, plates ou aux seins énormes, romantiques ou vulgaires. Mais derrière ces ébats, parfois hallucinés et hallucinants, c'est toute la misère affective du narrateur que nous entrevoyons. le sexe semble alors être un puits sans fonds dans lequel tomber, un oeil cyclopéen auquel se confronter, dans lequel se perdre, pour pallier au manque d'amour. Un moyen aussi de s'évader, de fuir la misère, de se sentir viril, donc puissant et libre.

Il y a une poésie qui émane de toute cette noirceur, une poésie mélancolique, une poésie hypnotisante, une poésie qui nous encercle, nous enserre et nous étouffe, mais oui, une magnifique poésie. Epicée, sensorielle, charnelle. Un Bukowski tropical qui ne laissera pas indifférent ! Vous aimerez ou vous détesterez.

Merci au Bison (@le_bison) pour cette découverte (et allez vite voir sa critique, il l'a écrite avec la voix de Gutierrez, ça vous donnera une très belle idée du style de l'auteur) !
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Ñooooo ! Muy caliente, ce Buko Cubain, que j'ai goûté sur ma plage ensoleillée, les gouttes d'eau salée, mêlées à ma sueur, étincelant comme une rivière de diamants sur mon corps alangui ! Quand je cherchais des romans de pays chauds pour les vacances d'été, on m'a proposé le nid du serpent. La 4ème de couv étant lapidaire, je me suis laissée porter aveuglément, comme dans ces voyages surprise que les tour operator organisent désormais en vous demandant seulement : Quel genre de voyage vous aimeriez ? de la chaleur, du dépaysement, des gens différents ; Qu'est-ce que vous ne voulez absolument pas ? du conventionnel, des bons sentiments, de la réflexion… Gutierrez m'a donc transportée à Cuba, sous une chaleur humide et beaucoup de sueur, avec un peu de rhum, des Camarades machos et des filles faciles. le narrateur s'appelant Pedro Juan, j'en déduis que l'auteur se met en scène, un peu comme Bukowski (d'ailleurs cité en épigraphe) dans ses Contes de la folie ordinaire. « On ne doit écrire que ce que l'on a vécu dans sa chair ». Rapidement, je vois bien que le gars est un poète, de la même espèce que le précité : « J'étais sur elle et en elle, la bite enfoncée jusqu'à la garde, le nez dans la touffe de son aisselle. L'odeur de sueur d'une Noire est l'aphrodisiaque le plus puissant au monde. Gladys était un serpent, oui. Elle baisait avec tout son corps, dense, souple, musclé. A chaque orgasme, elle était prise de tremblements et criait de toutes ses forces. » Ça pose l'ambiance - et j'ai coupé le passage pour qu'il reste tout public.


Maintenant causons de l'histoire, coño. « Luxure et désespoir » : Cette formule, empruntée à la page 22, résume à elle-seule ce récit. Dans le Cuba des années 60 où le communisme s'installe, Pedro Juan a entre 15 et 19 ans et peine à trouver sa place dans un pays en pleine mutation, où l'exode est le projet de beaucoup, et la faim la préoccupation de tous. Pour cette population presque privée de pain et de jeux, qui voit les bars fermer un à un, les billards et autres distractions confisqués, les occupations sont minces et clandestines. Pour exister tout en se fondant parmi les camarades, alors que le métier familial de vendeur de glace est rendu impossible, « Il fallait être macho et le montrer ». C'est dans ce contexte que Pedro Juan développe très vite une obsession : le sexe, surtout avec les Noires poilues qu'il affectionne particulièrement. de ce côté, le rythme est enlevé, on va de branlette en train en nuits de sexe torride sans lendemain. Mariage, enfants, travail : Pourquoi faire, quel est le sens de cette vie ? Personne n'est là pour le lui montrer. Il faudra le chercher tout seul, dans la merde et la poussière qui sont son quotidien. « Je voulais rester comme j'étais, un être vulgaire qui aimait trainer dans les rues. Rien d'autre. Un inutile de plus. » Pourtant la vulgarité ici m'a moins semblé être une provocation voire une insulte que chez d'autres auteurs du genre. « Born to be free », annonce son blouson, et cette liberté d'esprit, de ton mais aussi de corps est à la fois une manière d'occuper son adolescence désoeuvrée, de prouver sa virilité pour ne pas être pris pour « un pédé » et interné dans un « camps », d'être « comme tout le monde » autant que, paradoxalement, de se distinguer. C'est aussi l'un des seuls plaisirs autorisés dans un pays devenu autoritaire, ainsi que la seule petite parcelle de liberté qui demeure, notamment lorsqu'il est appelé par l'armée.


Voilà peut-être pourquoi le sexe prend tellement de place dans ce récit, sans compter qu'il s'agit de la vie d'un adolescent naturellement vigoureux. Ce fil conducteur va nous amener à faire quelques rencontres loufoques et découvrir des originaux dont Pedro Juan saura très vite percer la couverture : des filles de diplomates dévergondées aux prostituées et autre faune locale, en passant par des transsexuels érudits. Les interactions avec ces personnages font de ce roman initiatique un récit presque onirique, elles lui permettront d'approfondir aussi ses goûts littéraires, et de trouver son style. « La vie est un roman, et c'est moi qui l'écris ! Je refuse que quiconque me dicte ce que j'ai à mettre sur ces pages ». Et il l'écrit comme il le vit : sans filtre. Si j'ai aimé me fondre dans l'ambiance du pays et regarder la vie avec d'autres yeux, dans toute la liberté qu'autorise la précarité de n'avoir rien à perdre, le récit m'a parfois paru long en l'absence d'autre véritable direction ou but. le serpent qui se mord la queue, si j'ose dire… Je me demandais où l'auteur voulait nous emmener avec ces épopées avortées, alors qu'en fait, précisément, il ne nous emmène nulle part ailleurs que dans cette vie merdique et libre de laquelle il ne peut s'enfuir, mais qui l'a mené à l'écriture. de pinga ! « C'est là que j'ai découvert à quel point l'oisiveté est nécessaire à la création ». Quant à vous c'est la fin des soldes : Un public averti en vaut deux !
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Je débarque sur l'île, poussière de Havane. Un cigare, un rhum, une pute. C'est mon univers, ma prison, ma musique. Dans la rue aux couleurs bariolées, les palaces sont abandonnés, des saxophones jouent des mélopées libres comme le vent d'Est, l'air est chaud et humide. Je m'appelle Pedro et je suis accroc. Addict comme on dit maintenant. Je suis vieux, j'ai survécu à l'île, je me suis repenti mais en 1969, une putain d'année, j'avais quinze ans, et je découvrais l'amour avec Dinorah, une vieille pute quarante ans bien tassée, chaude et humide. Mais son sourire et son expérience firent mon bonheur, surtout celui de ma queue lorsqu'elle s'aventurait dans sa bouche. Sa langue tournait autour de mon gland, moi le vendeur ambulant de glaces, et j'avais beau me retenir pendant des heures, au final, je giclais toujours autour de ses lèvres. J'avais le sexe en feu, tant elle en redemandait. Et entre deux pipes, je laisse le cigare au repos, et j'ouvre la bouteille de rhum. Une giclée dans le gosier, une autre entre ses seins, je lèche cette douceur ambrée. OH!, enlève ton doigt de mon cul, je suis pas de ce genre-là. le soleil se couche au-delà de la mer, les étoiles se réveillent, elles sont mon guide, elles sont là pour me rappeler que de l'autre côté de l'océan, il y a l'Amérique. Ils rêvent tous de mythes, mais les légendes sont rares à Cuba, et la tristesse m'emplit chaque nuit lorsque je fixe la lune bleue au plus profond de son âme. J'ai honte de ce que je suis, alors à la lumière d'une bougie de contrebande, je sors ces vieux livres interdits Truman Capote, Faulkner, Erskine Caldwell, Jean-Paul Sartre, Marguerite Duras, Nietzsche, Wright Mills, Sherwood Anderson, Carson McCullers, Hermann Hesse, Dos Passos, Hemingway... Et je rentre dans ma bulle, mon île, mon rhum. On ne quitte pas comme ça la poussière de sa vie.

Je ramasse un balai abandonné et balaie ainsi devant le rideau de ma vie la poussière amassée par une nuit sauvage de stupre. La trique au réveil, les lèvres sèches, donne-moi ton rhum lui dis-je, donne-moi ton foutre me dit-elle, le soleil déjà levé et la sueur qui dégouline, déjà, encore, de ses cuisses, de mes aisselles, une odeur de débauche. Je lèche l'ambre de cette vie à Cuba, terre d'accueil, île de prisonniers. Des putains et du rhum, je m'allonge sur cette plage isolée, le regard sur la myriade d'étoiles qui entourent la lune, des putains et du rhum. Pendant des heures, des jours, je garde ce silence en moi, pour moi, le regard triste porté vers la lune, les verres de rhum s'enchaînent, les éjaculations se déchaînent, un saxo furieux crie sa rage en mélopée, Cuba, île de toutes les luxures, Cuba, île de tous les rêves, Cuba, île de tous les désenchantements. Cuba, pulsion de ton cul, ô abandonne-toi dans mes sauvages pensées, prend une guitare, joue-la salsa corps à corps ou rhumba coeurs enrhumés, la sauce épicée de la vie, le rhum de l'envie. Cuba, fièvre allure, les yeux clos, la mélodie iodée des vagues s'échouent sur la plage comme autant de radeaux abandonnés, tristes sorts d'une échappatoire impossible. Un cigare, odeur de fumée, le tabac roulé entre les cuisses d'une cubaine, ce doux parfum de fumet, respire entre ses cuisses, sent ce bonheur mouiller les rêves pornographiques à peine léchés par le flux et le reflux de la marée, le va et vient de moi en toi.

Une dernière goutte de rhum ?
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Cuba dans les années 1960.

Un livre qui déborde de misère, de violence, de saleté, de grossièreté, de sueur et d'odeurs.
Provocant et amoral mais dans lequel on se laisse guider avec Juan, jeune homme de 17 ans, parmi les fous du sexe, les drogués, les alcooliques pour découvrir un monde crépusculaire.

Juan, beau gosse style "James Dean" a des désirs sexuels, incessants, jamais inassouvis.
Il est toujours à la recherche d'une femme et des plaisirs de la chair.
Tout "lui fait ventre" il se fourvoie dans le n'importe quoi dès l'instant qu'il y trouve son compte sexuellement.
Et malgré son désir de sortir de cette spirale "queutarde" il a du mal à sortir la tête hors de cette eau saumâtre où il croupit.

Seule la lecture, les chroniques et haïkus qu'il gribouille, et la musique classique qu'il adore lui apporte un peu d'oxygène et de beauté dans sa vie merdique et tumultueuse.

"Born to be free" ...
- Moi j'étais un branleur patenté....
- Pedrito, rigole sans raison même si les gens pensent que tu es zinzin ...
- A dix sept ans, on ne connaît rien, c'est pour ça qu'on a jamais peur ...
- Cyrano de Bergerac obsédé par son nez, Pedro Juan faisant une fixette sur son noeud ....

Après l'armée, Juan à une période où il se sent perdu et précipité dans un monde vertigineux et violent.
Les années d'armée l'avait déboussolé.
Entre dans une phase de révolte paranoïaque.

Puis , il taille la route...
Il fallait continuer à avancer, avancer à travers la furie et l'horreur.

J'ai bien aimé finalement malgré les scènes de cul qui jalonnent le livre.

Belle écriture.

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Baignée dans la mer des caraïbes, Cuba est la plus grande île des Antilles. Toute en longueur, ses côtes sont ponctuées de petites îles aux paysages paradisiaques. Cuba est une destination touchante et sensuelle où l'accueil est très chaleureux. le sourire des Cubains et l'intensité de la vie sur l'île contrastent avec la pauvreté et les difficultés quotidiennes. Un voyage Cuba restera gravé à jamais dans votre mémoire.

Cette prose est celle que l'on trouve dans les agences de voyages, ici pour une escale à Cuba, âmes prudes passez votre chemin.


Pedro Juan Gutierrez nous livre de la poésie, de l'alcool et de la drogue, du sexe (de la baise) de la misère et de la violence, et pour embellir le tout : la dictature castristes au pouvoir. Mais c'est un aussi un roman du changement, de la révolte et de la naissance. On va suivre le narrateur depuis l'âge de ses quinze ans jusqu'à la fin de son service militaire dans la cuba des années 60. On pourrait voir en Gutierrez un compagnon de Bukowski, il le cite d'ailleurs, un compagnon de la vie des rues, des tavernes, des amours de mulâtresses. « Toutes les femmes m'attiraient, laides et jolies, plates ou avec des seins énormes, fessues ou non, blanches et noires avec toute la gamme intermédiaire, grandes ou basses du cul, romantiques et caressantes ou vulgaires et toxiques. Épouses fidèles et nymphos dépravées. C'était une obsession incontrôlable » Dans son amour/obsession pour les femmes, une soif inextinguible raconté par un macho qui ne veut en aucun cas s'attacher.

« Plein de poils aux aisselles ! Noirs, denses ! Je l'ai attirée à moi pour la humer. Elle sentait fort. La sueur de négresse. J'ai passé la langue sur son dos. C'était salé. Transpiration. Pas de parfum, pas de déodorant. Primitif. La fatigue et la migraine se sont envolées d'un coup. J'ai cherché à l'enfiler à sec mais elle n'était pas pressée, elle. Elle m'a échappé en se tortillant comme un serpent.— D'abord, je te fais le massage. Rien ne presse. Il y a un temps pour tout.Elle a pris de la crème dans un pot et elle a commencé par les pieds. Ses mains étaient vigoureuses, aussi fortes que celles d'un homme ».

J'ai été surpris dans cette lecture, car au premier abord on rencontre une histoires un emballage décoré de stupre et de sexe, et une autre beaucoup plus intime que l'on ne découvre que progressivement vers le milieu du roman. Ou la narration devient une initiation à la vie d'écrivain, une inspiration de sortir de ce ‘merdier' pour faire autre chose, vivre une vie choisie et non subie. On ressent tout d'abord la contradiction du narrateur face à la réalité, il s'enferme dans la bibliothèque publique déserté « Une main magique me guidait le long des rayonnages jusqu'à Truman Capote, Faulkner, Erskine Caldwell, Jean-Paul Sartre, Marguerite Duras, Nietzsche, Wright Mills, Sherwood Anderson, Carson McCullers, Hermann Hesse, Dos Passos, Hemingway. Que des écrivains tourmentés par leurs obsessions et leurs fantasmes. », puis progressivement l'apprentissage jusqu'à la rencontre avec le Senor, la vieille tantouze le passage à l'écriture va se faire, éclore dans un poème d'amour, et de Haïkus

« Ensuite, je me contentais d'un petit pain et de deux litres de limonade. Et je revenais aux livres : L'Écume des jours, de Boris Vian, Les Choses, de Georges Pérec, L'Image publique, de Muriel Spark, les poèmes de Constantin Cavafy, les haïkus de Bashô, de Kobayashi et de Buson…Ça a été le début d'une étape ascétique et frugale, qui s'est prolongée d'elle-même pendant longtemps, de manière naturelle. »

Un romancier à découvrir, une fois passé la pudibonderie des premiers émois sexuels hauts en couleur. C'est un parcours plein de doutes, de solitude, de pragmatisme. Une belle découverte de Cuba dans les années soixante.
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
14 octobre 2022
Un excellent livre avec une écriture fluide....
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
A dix-huit ans, j’ai très bien vu que mon écriture n’aurait jamais pour but de plaire et de divertir. Elle ne ferait jamais passer un agréable moment à un public bienséant, pusillanime et blasé. Au contraire : pour ces gens-là, mes livres seraient une épreuve, parce qu’ils secoueraient leurs certitudes et leurs bonnes manières. Ils allaient me détester.
Tant pis, je voulais conjurer le démon, déballer tout ce que l’on cache. Tout le monde veut se montrer plaisant, civilisé, raisonnable. Ça ne m’intéressait pas, donc il fallait en premier lieu que je m’éloigne de ce type d’individu. L’apprentissage devait être solitaire. Je n’avais aucune question à poser, à quiconque. L’écrivain digne de ce nom est un spectre invisible : personne ne peut le voir, pourtant, il entend et note tout. Le plus intime, le plus secret de ce que chaque être recèle. Il passe à travers les murailles, s’introduit dans le cerveau et l’âme des autres. Ensuite, il écrit sans aucune peur. Il doit tout risquer. Celui qui n’ose pas aller à l’extrême limite n’a pas le droit d’écrire. Il faut pousser tous les personnages jusque-là. L’extrême limite. Il faut apprendre à le faire. Tout seul. Parce que personne ne peut enseigner comment on y arrive.
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Ce soir-là, je suis allé à la plage pour nager et essayer de me soulever une meuf. Il fallait que je tire un coup, autrement je risquais la crise de nerfs. Mais rien, que dalle. Quand on est désespérément après quelque chose, ça ne se présente jamais. Il faut chercher comme si ce n'était pas un vrai problème, de trouver ou pas. Je me suis fait une pogne dans l'eau. Ça a du swing, comme ça. C'est plus lent, la queue paraît encore plus massive. C'est la branlette du cosmonaute : gravité zéro.
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Je vis parmi les poètes, les lesbiennes, les peintres et les musiciens, les bourreurs de cul les plus jeunes et les plus charmants qui soient, les troubadours et leurs guitares, les alcooliques et les drogués, les putes et les fous. En pleine décadence, quoi. L'abolition du bourgeois. L'enfer. C'est le bonheur, mon très cher et tendre, de vivre sur une terre vacante, au milieu du feu ardent...
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Question parlote, j'étais à court, mais j'ai commencé à avoir la trique. C'était en permanence comme ça : je vivais d'érection en érection. Peut-être parce que j'avais beaucoup d’imagination ? Comme une maladie. Incontrôlable. A la mater encore et encore, elle me plaisait bien la vioque. Ses yeux parlaient. Elle riait avec ses prunelles.
- Viens t'asseoir avec moi, pitchoune. Je ne mords pas.
J'ai obéi, en posant mon livre sur ma braguette, parce que je ne voulais pas qu'elle voie la bestiole dressée en l'air comme une flèche.
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J'ai toujours cru qu'il était possible de vivre dans l'ordre, l'équilibre, la modération. Tout le monde s'était ligué pour m'enfoncer ça dans la caboche, l'école, les parents, l'Eglise, la presse. Patrie, discipline et liberté. Liberté, égalité, fraternité. La vie est pure, belle, parfaite. Comme dans une revue de décoration intérieure : tout aligné au millimètre, pas un grain de poussière en vue, pas même une minuscule toile d'araignée dans un coin. Mais ensuite, je suis allé voir dehors. Dans la rue. Seul. Et là, toutes ces idées se sont écroulées. Confusion totale. Tout autour de moi, je n'ai aperçu que désordre et déséquilibre. Aucune pièce ne s'emboîtait dans l'autre. Découvrir ça à quinze ans, c'est flippant. Folie, panique, chaos et vertige.
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