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EAN : 9782738118899
246 pages
Odile Jacob (01/02/2007)
3.84/5   19 notes
Résumé :

Les crises hallucinatoires de Rimbaud ; les phases maniaco-dépressives de Goethe, Nerval, Schumann ; l'angoisse de Munch ; la dépendance aux drogues de Coleridge, Baudelaire, Cocteau ; les frasques caractérielles de Michel-Ange ou les excentricités de Satie ; les tendances suicidaires de Gauguin, Van Gogh, Woolf ; l'effondre-ment de Nietzsche ou Camille Claudel ; la schizophrénie d'Artaud ; la dépression de Beethoven, Pessoa ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lu un peu par hasard, sans réelle passion du sujet, mais ayant toutefois lu déjà l'un ou l'autre livre ou articles ou autres sur ce(s) thèmes. Par ailleurs, je suis et reste un psychologue clinicien.
On (enfin l'auteur) commence par un peu d'historique évidemment, l'évolution du sens des termes génie, folie...
Je cite : "Ce long développement d'idées souvent controversées m'a semblé nécessaire pour faire comprendre cette articulation du génie et de la folie qui empruntera souvent le chemin de la dépression et de la maladie maniaco-dépressive."
Un passage de l'Antiquité (Aristote, Platon...), aux temps de la Renaissance, des Lumières, à Freud et la psychanalyse, la psychiatrie, l'hérédité... de la place aussi de l'art au fil du temps passant, de l'art comparé aux autres "formes" de génie, ou plutôt de l'artiste en art plutôt que de l'artiste en d'autres matières (grands scientifiques, voyageurs, hommes politiques..) ou la différence entre artiste et homme d'exception... Evocation de la sempiternelle différence-débat entre l'inné, spontané, fulgurant et le maîtrisé, oeuvré, travaillé, peaufiné, perfectionné, "artisanal" si je peux moi le dire ainsi. Voilà, en gros.
Important à entendre, il semble établi pour l'auteur que les évolutions diverses, la clinique, la thérapeutique, la psychanalyse, la médicalisation ont finalement abouti à une mise d'accent aujourd'hui sur la grande fréquence des troubles bipolaires de l'humeur (ex maniaco-dépression) chez les personnages d'exception ou leur famille proche. On sort de la psychose qui la ou les masquait, les progrès auraient enfin atteint et défini une symptomatologie et une étiquette qui tienne la route (ce n'est pas mon point de vue et au moment où j'écris ceci, je ne vois pas très bien où cela nous mène et d'où (me) vient l'impression de certitude de l'auteur...)
L'auteur finit son introduction en disant que certes l'idée a fait son chemin mais qu'elle ne s'éloigne pas de l'observation d'Aristote (pour qui tous les mélancoliques seraient des êtres d'exception). Que du contraire, elle s'en serait rapprochée...
Remarque sur la méthode : Généraliser (banaliser?) : " ... notre pratique quotidienne qui nous rappelle, s'il le fallait, que les êtres d'exception sont avant tout des êtres humains."
« ... s'en tenir aux seules concordances descriptives suffisamment cohérentes pour devenir faits d'observation."
Dommage : Quelques incohérences, le début réel de Proust suite à la mort du père 1903 ou de la mère 1905... En moins de deux pages la contradiction apparaît.
Dommage : Pas mal de redites, impression qu' à l'instar de beaucoup des êtres d'exception ou artistes dont il parle, l'auteur a écrit son livre très vite, spontanément, sans trop réfléchir, le laissant avec une structure pauvre, pas mal de redites, sans vrai fil conducteur, on ne sent pas qu'il cerne un sujet. Ensemble pas super cohérent d'anecdotes, et plein de citations d'auteurs sur des auteurs ; comment ne pas s'embourber dans des clichés qu'on déclare vouloir éviter... Pas super réussi.

De l'utilisation de l'art...
Utilisation de l'art en psychopathologie et psychiatrie pour comprendre les fondements de l'acte créateur et les liens avec les processus pathologiques ou utilisation de l'art comme thérapeutique.

Intéressant les différentes expressions et facilité d'expression de la folie dans les différents arts ou la différence entre les arts notamment dans les pathologies attenantes ou familiales également.
"... encore une fois, on ne peut que remarquer de grandes différences entre les frères et soeurs de génie en littérature d'une part, et en peinture ou en musique d'autre part. S'il est fréquent que la gloire du grand créateur étouffe celle de la fratrie, l'éclipse est radicale et souvent très lourdement pathologique dans le monde de la littérature ; elle n'est qu'un effacement discret ou une gloire subalterne en musique et en peinture. Faudrait-il convenir que le génie est d'une nature différente lorsque l'on touche à la nature des mots, au verbe ou au sens ?"
Dans la musique, de vraie famille entière de grands artistes qui cohabitent favorablement, au contraire des familles en littérature où les cas d'artistes multiples seraient plus rares ou au contraire, pour qu'un advienne au sommet, il doit marcher sur des proches qui s'enfoncent alors d'autant... Ce(ux) que l'auteur appelle ici "les déchets du génie"...

Auteur qui (se) pose une question tout aussi intéressante : faut-il soigner les génies ? Là aussi la réponse n'est pas unanime et n'est pas si simple. Entre les pour "Bataille, Rachmaninov, Styron... et les contre : Breton, Dubuffet, Ste-Beuve...

« ... cette remarque de Kretschmer apparaît criante de vérité : "Si nous ôtions de la constitution de l'homme de génie ce facteur héréditaire psychopathologique, ferment de l'inquiétude démoniaque et de la tension psychique, il ne resterait plus qu'un homme normalement doué." »

Voilà voilà... Finalement tout ça pour arriver à cette définition-ci :
"Le génie se dessine maintenant mieux à nos yeux. Il se définit d'abord par une oeuvre innovante, transgressante, en rupture avec le contexte social qui l'a engendré, et par une continuité dans l'oeuvre, qu'il soit peintre, musicien, écrivain, inventeur, politique, mystique... le génie est durablement reconnu de tous pour sa portée universelle, ou du moins pour sa contribution à l'héritage de l'humanité."

Encore un mot sur la méthode : "Si j'ai longtemps développé l'idée d'une psychopathologie fréquemment associée au génie et à la création - c'était l'objet de ce ivre -, c'est aussi pour tenter de dégager des tendances de ce caractère selon le type sensoriel et la forme de pensée. »

Hélas la chute...
Sur la fin l'auteur nous sert (de) son "facteur humain" qui finalement expliquerait tout, qui n'explique rien. On est tous des êtres humains, il y a quelque chose en l'humain d'extraordinaire qui le distingue du reste de la création, et les génies auraient la capacité à être et utiliser ça, mais sont comme vous, comme nous, et vous et nous comme eux. Des humains...
Tout ça pour ça j'ai envie de dire. Certes, qui peut être en désaccord (complet) avec un terme aussi vague, dommage pour la clarification et tout le travail fait avant, tout est dans tout, pour certains plus que d'autres et l'eau ça mouille. Ah oui, et un final avec l'utilisation du chaman, ça marche bien aussi ça, parler d'esprit chamanique. Mouais mouais, un peu de mystique ça fait tjs bien...

Conclusion : Déçu. Ne vous ruez pas sur ce livre. Enfin faites ce que vous voulez, faites comme si j'avais rien dit.

Je vais terminer cette critique spontanée et donc géniale (ou euh folle) par :

A noter toutefois, l'assez conséquente bibliographie, en tous sens, vous trouverez sans doute largement de quoi approfondir l'un ou l'autre coup de coeur ou quelque(s) curiosité(s).

Le glossaire ne contient pas les termes facteur humain ou même chamanisme alors que ces concepts deviennent très importants dans la logique de l'auteur, chapeautent ses thèses diront-nous, et ne pas les retrouver dans le glossaire alors qu'il est là aussi assez volumineux... c'est... mouais).

Allez, point positif : L'index des noms propres. Au vu du « name dropping » foisonnant, évidemment nécessaire au propos, il est de très bon ton.
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Citations et extraits (106) Voir plus Ajouter une citation

... L'ensemble de ces éléments, tous concordants, suggère une association familiale entre créativité et troubles de l'humeur, et plutôt une meilleure créativité chez les porteurs sains de ce trait génétique, ou présentant une forme mineure qui ne gêne pas l'oeuvre par des périodes pathologiques trop intenses. Il semble encore que le charisme et la créativité côtoient fréquemment ce que nous nommons trouble bipolaire II, et qui se caractérise par une possibilité de dépression majeure alternant avec une hypomanie, c'est-à-dire un surcroît d'activité presque permanent, une activation des actes et des idées. Peut-être même existe-t-il encore des formes a minima de ce profil très particulier qui a le mérite de procurer une puissante concentration et une prodigieuse énergie à celui qui le possède.
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Exemple de raisonnement pratiqué dans les maisons de fous du XIXe siecle :
"celui-la est bien fou puisqu'il dit qu'il ne l'est pas".
De la nef des fous à l'asile psychiatrique, le raisonnement d'exclusion est toujours le même ; bien fou celui qui offense les règles de la morale, du bien penser et de la société.
Contrairement a l'hôpital général ou l'admission relevait d'un diagnostic médical, l'entrée à l'hôpital psychiatrique semblait il y a encore quelques années seulement dépendre d'un critère plus social que clinique, puisque y était admis, outre les malades mentaux, tous ceux- délinquants, éthyliques, toxicomanes ou vagabonds- dont le comportement génait l'ordre social. Ce fourre tout de la folie recouvrera au fil des siècles, les frénétiques et lunatiques, les sots, idiots et les imbéciles, les niais, furieux ou incurables, puis les illuminés, les visionnaires...
il n'est que de rappeler combien, de par le monde, les opposants politiques ou les marginaux ont été internés.
puis encore d'autres catégories viennent : le débauché, le déraisonnable, le libertin et l'homosexuel, le magicien et le blasphémateur.
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Tous s'accordent à dire que les extases artificielles ne confèrent pas le génie, n'ajoutent rien au talent, tous s'accordent pour décrire la déchéance de la descente, mais tous aussi pour dire le besoin, la curiosité et puis l'attrait du voyage et de l'expérience inouïe. S'il fallait ajouter une vertu, préciser la nécessité de l'usage des toxiques si fréquent chez les créateurs, j'insisterais sur l'effet « starter » que peuvent avoir les drogues psychotropes sur le processus créatif et qui en a rendu l'usage si fréquent. Philippe Sollers témoigne très lucidement de l'accélération des processus de perception et de création sous l'effet des amphétamines : « Elles permettent de rédiger plus vite. L'échauffement passe de une heure à dix minutes. Le rendement est meilleur. Et cela n'entraîne en rien la concentration et la lucidité. [...] Elles produisent un effet d'accélération, permettent des associations d'idées et de mots plus rapides, lèvent des inhibitions...
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L'alternative entre l'oeuvre et la sexualité apparaît clairement dans le projet de vie des très grands créateurs. Nietzsche le confirme qui dit : « Un philosophe marié est un personnage de comédie. » Lombroso en fait une liste impressionnante : Schopenhauer, Descartes, Leibniz, Malebranche, Kant, Spinoza, Michel-Ange, Newton, Foscolo, Alfieri, Meyerbeer, Léonard de Vinci, Voltaire, Chateaubriand, Mazzini, Beethoven, Haendel... furent célibataires. Et Cocteau, dans Opiul, nous en donne une lecture limpide : « L'art naît du coït entre l'élément mâle et l'élément femelle qui nous composent tous, plus équilibrés chez l'artiste que chez les autres hommes. Il en résulte une sorte d'inceste, d'aour de soi avec soi, de parthénogenèse. C'est ce qui rend le mariage si dangereux chez les artistes, chez qui il représente un pléonasme, un effort de monstre vers la norme. »


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Alfred Kraus souligne cette relation positive qui existe entre hypomanie et créativité : « Les périodes créatives s'accompagnent souvent d'une augmentation de la quantité de travail fourni, exprimant une augmentation des forces vitales et intellectuelles, souvent associée à une diminution du besoin de sommeil. » Le créateur se sent alors « comme soumis à une force étrangère... comme possédé ». Il décrit une expansion des sentiments et des perceptions pouvant aller jusqu'à l'extase et s'apparentant à la constitution hypomaniaque.
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