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EAN : 9782070140541
112 pages
Gallimard (20/05/2014)
3.86/5   119 notes
Résumé :
Je pense ne plus avoir assez de vie devant moi pour écrire une autre autobiographie."
Ces paroles, dans cet entretien accordé par Romain Gary à Radio-Canada, serrent le cœur. Peu de mois après l'enregistrement, il mettait fin à ses jours, le 2 décembre 1980. Si l'on retrouve, dans la présente transcription de cet entretien, bien des confidences, des anec­dotes, des opinions déjà lues dans La Promesse de l'aube et La nuit sera calme, il faut le considérer com... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Quelle étrange sensation que cette lecture ! J'ai eu le sentiment, pendant tout le temps de ma lecture, que Romain Gary, assis devant moi, me racontait « le sens de ma vie ». Ces entretiens, accordés à Radio-Canada, peu de temps avant son suicide, le 2 décembre 1980, lèvent un modeste voile sur son oeuvre et sur son histoire !

C'est vrai qu'avec Romain Gary, nous ne sommes jamais certains de rien. Entre la légende dont il a entouré sa naissance, ses multiples noms d'auteurs et surtout, la mystification Ajar, qui lui a permis d'être le seul écrivain à obtenir deux fois le Goncourt, son image est entourée d'un halo opaque. Et rajouter à cela, toutes les théories des uns et des autres, il devient difficile de faire la part des choses. Mais certains biographes veillent comme l'excellente biographie de Myriam Anissimov, très fouillée, très bien documentée. Ce livre laisse transparaitre l'extraordinaire humanité de cet auteur qui a fait de sa vie un roman.

D'où l'intérêt de cet entretien qui vient en complément et met en lumière la complexité de cet auteur en rapport avec la complexité des évènements qui ont marqué sa vie. Mais il y a des passages comme les lettres que lui a envoyées Mina, qui fleurent bon la sincérité. Enfin, moi je veux y croire. Inconditionnelle, je lui pardonne tout et j'éprouve toujours ce même bonheur à mettre mes pas dans les siens.

Mina, quel impact elle a eu sur la vie de son fils ! Quel amour il lui porte ! Toutes ses injonctions, il les a réalisées mais a-t-il vraiment vécu sa propre vie ? Ce qui est certain c'est que Mina a mis au monde l'un des plus grands auteurs de cette deuxième partie du XXème siècle et je lui en suis reconnaissante.

Il ne parle pas de Jean Seberg. Mais pour ses lectrices et lecteurs, pour ses admiratrices et admirateurs, la fin de Jean restera un mystère !

J'ai écouté avec émotion ces instants où il raconte dans quelles circonstances il a écrit Education Européenne. Je me suis remémorée le billet de notre ami ODP31 qu'il avait écrit au sujet de ce livre. Comme quoi, nous entrons les uns et les autres, grâce et par la magie de la littérature, en résonnance avec les auteurs. Rien ne se perd !

A la fin de cet entretien, il dit :

« Je puis donc simplement dire que mon rapport avec les femmes a été d'abord un respect et une adoration pour ma mère qui s'est sacrifiée pour moi et un amour des femmes dans toutes les dimensions de la féminité y compris bien sûr celle de la sexualité. On ne comprendra absolument jamais rien à mon oeuvre si l'on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d'abord des livres d'amour et presque toujours l'amour de la féminité ».

Et plus loin :

« Je voudrais simplement avoir encore le temps de continuer dans la même direction aussi longtemps que possible et je le dis tout de suite, pas tellement pour écrire d'autres romans et en tirer je ne sais quelle gloire, mais simplement par amour de la féminité, par amour de la femme et je crois que l'on trouvera cet amour, on trouvera cette fidélité dans mon nouveau roman qui s'appelle « Les Cerfs-Volants ». Et je ne voudrais simplement pas qu'il y ait plus tard quand on parlera de Roman Gary, une autre valeur que celle de la féminité ».

Chapeau l'artiste ! Jusqu'au bout tu auras été romanesque!
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« On ne comprendra absolument jamais rien à mon oeuvre si l'on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d'abord des livres d'amour et presque toujours l'amour de la féminité …/… Et je ne voudrais simplement pas qu'il y ait plus tard, quand on parlera de Romain Gary, une autre valeur que celle de la féminité ».

Ainsi parlait Romain Gary quelques mois avant sa mort dans un entretien radiophonique autobiographique intégralement restitué dans le sens de ma vie, préfacé par le grand Roger Grenier. de sa naissance en Russie au début du XXe siècle à sa reconnaissance littéraire, Gary passe en revue toutes les facettes d'un homme aux mille vies.

Défilent ainsi le résistant, le soldat, le diplomate, le journaliste, le scénariste et, bien entendu, l'écrivain, le seul officiellement connu à l'époque avant la révélation posthume du double. Des anecdotes, drôles ; des rencontres, nombreuses, certaines plus marquantes que d'autres : l'admiration pour De Gaulle, l'irrésistible Groucho Marx, l'ami Gary Cooper et Jean Seberg, à la fois amour et blessure.

Si la première partie de sa vie marquée par la figure maternelle donne l'impression de relire La Promesse de l'aube, la confession finale sur le sens de la vie by Gary donne tout son intérêt au livre et surprend le lecteur peu familier de l'auteur. À l'aube de sa vie, il y parle écologie, identité ou féminité, avec simplicité et une touchante sincérité, même si avec un tel esprit, le doute de l'entourloupe subsiste toujours…

Et religion aussi, lui le catholique né d'une mère juive et d'un père orthodoxe : « Je pense que si le christianisme n'était pas tombé entre les mains des hommes mais entre les mains des femmes, on aurait eu aujourd'hui une toute autre vie, une toute autre société, une toute autre civilisation ».

Le livre refermé, une seule envie : vite, un Gary !
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Je n'ai pas toujours la motivation et le temps nécessaires pour réaliser des critiques très détaillées et, parfois, le livre s'y prête peu. Jusqu'ici je m'abstenais alors d'écrire mais plusieurs amis m'ont dit qu'un avis bref les intéresserait. Donc je tente ce que je vais intituler « critique sommaire » [CS] en inaugurant avec ce petit ouvrage d'un grand auteur que j'adore : Romain Gary.
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« le sens de ma vie » est un entretien retranscrit avec Romain Gary, sa spécificité étant que c'est sans doute le dernier avant son suicide et, d'une certaine façon, son testament. Qui connaît bien l'auteur ne trouvera, sauf dans la dernière partie, pas grand-chose qu'il n'aura pas lu ailleurs, en particulier dans « La promesse de l'aube » et dans « La nuit sera calme ». Pour autant cette synthèse et, surtout, la tonalité du récit proposent un nouvel éclairage sur cette personnalité fascinante et complexe. En ce sens je le conseille vivement à qui est passionné par cet écrivain. Ajoutons que la lecture est très agréable, sans surprise, avec des anecdotes savoureuses.
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En revanche et pour qui voudrait découvrir ce romancier je conseillerais plutôt de débuter par ses grands romans ou ses deux autres livres autobiographiques (3 avec « Chien blanc » d'une certaine façon). Mes choix seraient, sans classement particulier : « Éducation européenne » (premier livre écrit alors que Gary combattait pour la France Libre en tant qu'aviateur), « Les oiseaux vont mourir au Pérou » (recueil de nouvelles), Lady l'(très drôle), « Les têtes de Stéphanie » (distrayant et marqué par les expériences diplomatiques de Gary), « Les racines du ciel » (Goncourt et « premier roman écologique »), « Chien blanc » (témoignage très marquant sur le racisme aux USA ), « La promesse de l'aube » (Les relations du jeune Gary avec la femme parfois sidérante qu'était sa mère, ouvrage majeur), « Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable » (livre de réflexions sur l'impuissance et le déclin en général, des hommes comme de l'occident, fort intéressant), « Les cerfs-volants », livre optimiste écrit juste avant le suicide de l'auteur, charmant et profond… Je me limite à cette courte liste à regret tant les livres remarquables de cet écrivain sont nombreux !
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Bonnes lectures !
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Ce recueil tiré d'un entretien réalisé pour la télévision canadienne, quelques mois avant la mort de Romain Gary, est un formidable éclairage sur la vie et l'oeuvre de cet auteur fabuleux. Bien que beaucoup trop court. Comme le flash de celui qui revisite son existence avant de basculer dans l'au-delà.

Il suffit de lire cette subtile conception, pour l'agnostique qu'il a été, entre la parole du Christ et la féminité pour reconnaître l'aura qui gouverne sa pensée intime dans tous ses ouvrages.

Indispensable pour qui se passionne pour cet auteur.
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Dans la préface Jean Grenier parle de confidences, mais Romain Gary y dévoile, aussi, des anecdotes, donne ses opinions, ses espoirs mais aussi ses déceptions, ses déconvenues, ses humiliations.
Une lecture indispensable pour mieux approcher la personnalité de cet écrivain caméléon.
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critiques presse (2)
Telerama
18 mai 2016
Ce destin aventureux, on le connaît, car l'écrivain l'a maintes fois raconté, parfois aussi romancé dans ses livres, mais on ne se lasse pas de l'entendre décliner de nouveau.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeFigaro
13 juin 2014
Les entretiens qui paraissent aujourd'hui en disent beaucoup sur cette complexité et cet homme torturé, jamais satisfait de son sort.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Dans la Préface, Roger Grenier écrit :

"La première fois que j'ai rencontré Gary - je ne me doutais pas qu'il allait devenir un ami si proche - il venait d'avoir le Goncourt pour Les Racines du Ciel, et il débarquait de Bolivie. C'était à l'hôtel Pont-Royal. J'étais journaliste à l'époque et le hasard fait que je suis allé peu après en Côte d'Ivoire, dans la réserve de Bouna, où le garde-chasse Raphaël Matta venait d'être abattu par les Lobis, une tribu primitive, parce qu'il voulait les empêcher de tuer les éléphants. Ce malheureux Matta avait eu la tête chamboulée par la lecture des Racines du Ciel. Il a écrit plusieurs fois à Romain Gary. J'ai vu le marigot où il a été achevé à coups de casse-tête après avoir été atteint par des flèches empoisonnées. Bientôt une légende s'est installée, l'inverse de la réalité. On disait que c'était l'histoire de Matta qui avait inspiré le roman."

"Dans cette ultime confession, Romain Gary évoque Les Cerfs-Volants qui est à ce moment-là sur le point de paraître, son dernier roman, un des plus beaux et des plus émouvants."
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L’humour de Groucho Marx est pour moi très important, comme tout humour en général parce que l’humour est l’arme blanche des hommes désarmés. […] L’humour des frères Marx est un humour agressif, il est une contre-attaque, c’est un combat à l’arme blanche de l’humour. Il est plus pacifique, plus calme, plus gentlemanesque chez les anglais, où il est également très puissant, et il a retrouvé sa forme virulente, sa forme d’arme d’autodéfense en Amérique grâce aux juifs, dans la grande école littéraire new-yorkaise où nous avons connu deux prix Nobel, d’abord celui de Saul Bellow, ensuite celui de Singer et dont les représentants sont très nombreux : Malamud, Bruce J. Friedman, sans oublier l’auteur du Complexe de Portnoy, Philip Roth.
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Je trouve que c'est ce que j'ai fait de plus valable dans ma vie, c'est d'introduire dans tous mes livres, dans tout ce que j'ai écrit, cette passion de la féminité soit dans son incarnation charnelle et affective de la femme, soit dans son incarnation philosophique de l'éloge et de la défense de la faiblesse, car les droits de l'homme ce n'est pas autre chose que la défense du droit à la faiblesse.
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Je me prépare en ce moment - enfin il est terminé et remis à l'éditeur - à sortir un nouveau roman qui s'appelle Les Cerfs-volants. Les Cerfs-volants est un roman qui m'est très cher et très important parce que c'est un roman sur la mémoire historique des Français, la mémoire affective, c'est aussi le roman de la fidélité.
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Ensuite, "Adieu Gary Cooper", qui a été pour moi important, que la jeunesse a beaucoup suivi parce que Gary Cooper était un homme avec qui je m'étais lié d'amitié pendant mon séjour à Hollywood, un homme que j'aimais particulièrement pour sa douceur, sa gentillesse et sa qualité de gentleman, que je voyais fréquemment, c'était celui avec qui je m'étais le plus lié pendant mon séjour à Hollywood et j'ai écrit ce roman, "Adieu Gary Cooper", dans lequel il n'était pas question de Gary Cooper. C'était un malentendu d'ailleurs, j'aurais peut-être dû choisir un autre titre, il est possible que je l'appellerai dans la collection complète de mes œuvres "Adieu la compagnie". Mais ce que je voulais dire par "Adieu Gary Cooper", c'était pendant la guerre du Vietnam, c'était adieu l'Amérique sûre d'elle-même, adieu au blanc et au noir, au sens valeur, au sens traître, au sens positif, adieu au personnage que jouait Gary Cooper à l'écran, au personnage qu'incarnait Gary Cooper à l'écran, c'est-à-dire adieu à l'Amérique tranquille, sûre de ses valeurs, sûre de son droit et sûre de toujours gagner à la fin. J'annonçais donc dans ce roman l'Amérique d'aujourd'hui, l'Amérique du doute, de l'anxiété, de l'angoisse, de la vulnérabilité - puisqu'elle est exposée désormais à la destruction comme tous les autres pays du monde et j'essayais de l'exprimer sous une forme romanesque. (p.86-87)
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Vidéo de Romain Gary
"Un monument ! Une biographie indispensable pour (re) découvrir Romain Gary, cet auteur incroyable ! " - Gérard Collard.
Dans le Jongleur, Agata Tuszyska peint un portrait unique de Romain Gary, unique auteur à avoir reçu deux fois le Prix Goncourt (pour Les Racines du Ciel et La Vie devant soi), diplomate, scénariste, pilote de guerre, voyageur; et montre comment son personnage va au-delà des limites de la pirouette artistique et des responsabilités humaines.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/le-jongleur.html
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