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EAN : 9782890529441
170 pages
Boréal (10/03/1999)
4.28/5   9 notes
Résumé :
Je suis d'une famille de chasseurs, d'embusqués, de poseurs de piège.
On me faisait marcher en avant, à grandes enjambées briseuses de souches et de silence, pour faire sortir le lièvre de sa cachette, s'envoler la perdrix du bouleau, se rapprocher le gibier des fusils. Je n'étais pas tireur, mais " vacarmeur ", celui qui n'aperçoit pas la bête qu'il traque, mais la cherche, la devine dans les limbes de la fardoche. Je n'ai pas choisi : traqueur je fus, traqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"J'ai des rages, des hontes, des cataclysmes longs mais transitoires, des découragements d'ange déchu, de violents mais fugaces désespoirs d'animal dans le piège, des tristesses de rêveurs sorti de sa chimère par le fracas de l'arbre qui tombe..."

Moi aussi, je connais tout cela mais l'avantage que j'ai sur Robert Lalonde, c'est qu'il me suffit d'ouvrir un de ses livres, de tourner quelques pages, savourer quelques mots pour que les phrases se transforment en guirlandes d'étoiles scintillantes et que leur clarté diaphane pourchasse les tristes pensées.


Ouvrir un recueil de cet écrivain, c'est laisser caracoler cinq chevaux sauvages dont on essaye de tenir solidement les rênes : ça part dans toutes les directions, c'est la fougue au bout des doigts, c'est une sollicitation grisante, on est avide de lire, de filer à toute allure à travers les phrases et d'en partager le plus possible.

Le texte s'écoule sur quatre saisons, une année qui se lit dans les ciels changeants, dans les fluctuations des contours des nuages, prenant naissance à la fin de l'été quand l'air se fait plus doux et que la lumière plus floue redessine toute chose, que la pensée s'alanguit, ainsi que la volonté.
C'est le temps pour évoquer, définir, retrouver les muses et les écrivains aimés et admirés. En les conviant encore une fois - ce texte fait suite au "Monde sur le flanc de la truite"-, Robert Lalonde essaye de nous faire entrevoir ce qu'écrire représente, englobe de l'existence. Ecrire n'est qu'une forme de vision, n'est qu'un amour partagé, n'est qu'une invite à écarquiller les yeux sur la nature et sur ce que nous voisinons.
En suivant les pensées de Robert Lalonde, Les couleurs se font plus ardentes, les chants d'oiseaux plus cristallins et dialoguer avec le chien devient une évidence, les cimes des arbres bruissent, et tout un monde s'évade du livre venant à la rencontre du lecteur dans la solitude tranquille de celui-ci.


Robert Lalonde convoque bon nombre des ses inspirateurs de l'écrit, ceux vers lesquels il revient toujours, pour nous faire toucher le secret des mots, que ce soit de jongler avec ou de les lire pour en extraire toute la magie et de voir, écouter, palper ce qui deviendra le levain du texte.
Ecrire, c'est prendre un pinceau et brosser à coups de mots un tableau de ce que l'on perçoit, écrire c'est recueillir l'inspiration en revenant toujours auprès de ces maîtres, ces écrivains qui savent parler au coeur et à l'âme, ceux qui secouent et ébranlent par leurs écrits, qui font pirouetter les idées et les emmêlent pour obliger à les détricoter en méditant.
Ecrire , c'est dire cette vie dans laquelle on avance en se démenant toujours, à tous âges..

L'encre dont se sert l'écrivain est la fuite du temps, le passage de l'enfance à âge adulte, ce territoire peuplé de secrets, d'instants fulgurants, de sentiments qui bouillonnent quand ce n'est pas le regard attendri de l'homme sur les années passées laissées en friche puisqu'il y revient sans arrêt. Son encrier est son royaume peuplé d'arbres, de lacs et d'herbes folles, d'animaux sauvages, de myriades d'oiseaux qui vont et viennent au gré des migrations comme les idées, rencontrées ou pistées par ce "vacarmeur" qui débusque pour l'unique joie de les faire entrevoir au lecteur.



"On n'écrit bien que sur ce qu'on aime le plus" dit en substance Robert Lalonde, et il le réussit merveilleusement, on referme le livre chamboulé, renouvelé, en sachant qu'il suffira de relire quelques phrases pour retourner dans ce pays où se côtoient Annie Dillard, Flannery O'Connor, Eudora Welty, Jean Giono, Jean-Claude Pirotte, Colette, Gabrielle Roy, Emily Dickinson, Jacques Poulin et d'autres dont Il est réconfortant de savoir qu'en plus de la plume de Robert Lalonde qui attend, là, à portée de main, pour recolorer les jours un peu trop ternes et chasser la mélancolie qui s'y invite, la pile de livres de ces écrivains qu'il adule, érigée au fil de la lecture est gage d'autres bonheurs à partager.
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« La vie est tragique et joyeuse. On se brise, on se rafistole, on se déchire, on se recoud. On vit au jour le jour notre vie de grands fêlés, toujours debout, nos racines à fleurs de ciel. (p. 69)”

Il y a un peu de l'esprit et du sens poétique de Christian Bobin dans le regard de Robert Lalonde…dans ses descriptions de la nature, d'infimes détails qui le sauvent de ses moments d'abattement… Une jolie lumière, un oiseau, l'affection de son chien, une belle lecture, et l'Amour de la Vie, surgit, avec ses enchantements, ses petits émerveillements…qui sauvent « notre » écrivain !

Un texte que j'ai eu l'agréable surprise de « dénicher » dans les fonds de la Réserve Centrale des Bibliothèques de la ville de Paris ; je l'ai demandé et reçu quelques jours plus tard…

Un récit toujours intime, personnel de Robert Lalonde, qui narre son appréhension du quotidien, de ses doutes , de ses phases noires, mais aussi des phases heureuses, créatrices, qui lui redonnent l'Enchantement de VIVRE, même si…parfois c'est très douloureux et incompréhensible…

Sa curiosité, son amour des mots, de la littérature ainsi que ses admirations envers d'autres écrivains ré--illuminent « ses jours ». Parmi ses vénérations indéfectibles : Flannery O'Connor, Jean Giono, Gabrielle Roy, Anne Dillard, Rick Bass, Montaigne, Emily Dickinson, Henry Miller, Cocteau, Philippe Jaccottet, Jean-Claude Pirotte, Eudora Welty, Constantin Paoustovski

Comme chaque fois, Robert Lalonde, à travers ses enthousiasmes littéraires, m'a fait « connaître » par ce texte, d'autres « littérateurs », comme André Major, et Constantin Paoustovski… qui « titillent » ma curiosité !..

D'abondantes analyses sur l'acte de « LIRE » comme celui d' »ECRIRE »…les questionnements, doutes, angoisses universels et enrichissements qu'ils induisent l'un comme l'autre !
Sans oublier son amour de la Nature qui le ressource, l'apaise , qu'il décrit toujours magnifiquement…!

Poursuivant dans mon élan enthousiaste, j'ai commandé aujourd'hui à la Librairie du Québec, sa dernière publication, éditée en ce mois de septembre 2021…à Montréal, aux éditions Boréal, son éditeur attitré, proposant un cheminement littéraire et historique que je suis bien impatiente de recevoir : « Pas un jour sans un train »… Un titre qui fait déjà voyager et rêver !...

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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Ce que j'aimerais qu'on dise, c'est que les étoiles parlent, comme les dauphins, c'est que les astres écrivent, comme les pluviers sur la grève. C'est qu'il y a mille langages --- beaucoup trop pour nos deux oreilles ! ----, que nous ne sommes pas les rois de l'univers mais des fourmis sur le rocher. Ce que j'aimerais qu'on avoue, c'est qu'Homère, Shakespeare et les autres sont des mystères pareils à la salamandre qui éclaire dans le noir, au pluvier mâle qui mime la perte d'une aile pour éloigner les prédateurs du nid où couve sa femelle. Ce que j'aimerais que la nuit m'enseigne enfin, c'est qu'il n'est pas seulement question d'aimer, d'être heureux et de sortir de soi-même, mais bien d'être, d'exister entièrement. La nuit, cette nuit, me rappelle que je méconnais le creux du monde où flamboient des évidences que je n'apercevrai jamais, que je manque de perspectives, que je ne vois les choses que de mon coin, du petit bout de la lorgnette, en quelque sorte.
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Le moqueur polyglotte, du haut du peuplier, baragouine dans toutes les langues d'oiseaux des Amériques. Il miaule comme le moqueur chat, son cousin, puis trille comme la grive, pépite comme la paruline, imite, entre deux airs, le couinement de ma roue de brouette, siffle comme le merle et achève sa mélopée par un pot-pourri éblouissant, où je reconnais le chant flûté de l'oriel, la plainte de moulinet-qui-se-dévide de la tourterelle et la lamentation de notre porte de hangar qui ferme mal. Le beau parleur jase pour jaser, apparemment. Mais peut-être aussi qu'il philosophe, débitant aphorismes et sages conseils à la queue leu leu, oracle juché haut, pythie acrobate, crieur public de bonnes et de mauvaises nouvelles, emmaillées les unes aux autres. Comment savoir ?
Quand la pluie se met à tomber, mon bavard sibyllin décolle, gagne le fond du champ, où je perds son vol dans la brouillasse de vapeurs et de pollens que l'ondée fait lever des grandes herbes. Pluie tiède, qui sent le trèfle et le noyau de pêche : je la bois debout. Puis je rentre me sécher et lire un peu.
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C'est donc ça, la jeunesse : l'attention, la confiance, le prolongement de soi-même dans une hâte à vivre que n'arrête pas l'élancement des vieux os. Et le voilà parti avec le chien, dans les bois, d'où il reviendra tout à l'heure, déplorant la mort du tremble, saluant la renaissance du bouleau. Pour accueillir les jours neufs, les ranger aux côtés des anciens, son coeur s'est élargi. Vieillir ne rétrécit pas tout.
Vieillir ne résorbe pas les désirs, n'écourte pas l'espérance, n'escamote pas les effrois. Vieillir aiguise l'attention, ou bien l'abolit tout à fait.
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"J'ai vu cent fois, écrit Giono, un saule dans le brouillard être plus qu'un saule et me donner à penser. Le monde a mille tendresses, mille surprises dans lesquelles il faut se plier pour les comprendre, avant de savoir ce que représente leur somme. Les océans intérieurs de la conscience des hommes, la géographie ne vous les apprend pas plus que l'anatomie n'apprend au chirurgien le mystère des passions" Il faut s'immerger, descendre, suivre le courant, lutter contre, sentir et apercevoir avec son corps. C'est ça, la présence: écrire avec son corps.
Alors, et alors seulement, vous ne ferez plus partie de ces gens "qui s'étonnent de Saint-François parlant aux oiseaux"... (p. 32)
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C'est un soir calme, doux, qui me donne envie de réciter tout haut ce petit quatrain d'Emily Dickinson, qui dit le mystère et la simplicité de la tendresse :

"Je suis personne ! Qui es-tu ?
Es-tu personne, toi aussi ?
Nous sommes donc deux - n'en dis rien !
On nous chasserait , tu le sais !"
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Vidéo de Robert Lalonde
La lec­ture s'est avérée être un refuge essen­tiel en temps de pandémie. La lit­téra­ture, art par­mi tant d'autres, est thérapeu­tique. C'est un out­il pour notre san­té men­tale. Dans son essai Ser­vice essen­tiel, Émi­lie Per­reault plaide pour une plus grande place des arts et de la cul­ture dans nos vies en adop­tant «de saines habi­tudes de vie cul­turelle». L'animatrice s'entoure des écrivain·e·s Émi­lie Mon­net, Sophie Fauch­er et Robert Lalonde lors d'une table ronde pour dis­cuter de la fonc­tion sociale de l'art et de l'accès à la cul­ture, entre autres.
Avec: Émilie Monnet, Auteur·rice Sophie Faucher, Auteur·rice Robert Lalonde, Auteur·rice Émilie Perreault, Animateurrice
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