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Joël Gayraud (Traducteur)Moro Gobbi (Illustrateur)
EAN : 9782910233679
95 pages
1001 Nuits (01/07/1997)
4.31/5   89 notes
Résumé :
A la faveur d'une approche anthropologique des comportements en vigueur dans les camps nazis, Primo Levi reprend, en les élargissant, les thèmes déjà abordés dans l'essentiel de ses écrits. Il insiste notamment sur la différence entre l'œuvre du témoin et celle de l'écrivain.
L'auteur de Si c'est un homme nous offre une leçon exemplaire de lucidité.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Avant de me replonger dans la lecture de Si c'est un homme (lu il y a plus de 15ans…) j'ai voulu commencer ce "cycle Primo Levi" par ce petit recueil qui contient un entretien qu'il a eu avec deux journalistes italiens.

Il parle de ses "souvenirs" du Lager, de son travail en tant que témoin de la Shoah et parfois de son sentiment de décalage face aux jeunes générations qui ne le comprennent pas. A cela s'ajoute le désarroi de ne pas pouvoir faire comprendre la différence qui existe entre le déporté du régime nazi ou le prisonnier du goulag stalinien par exemple.

L'intérêt principal de cette lecture reste quand même qu'il montre Primo Levi dans tous ses 'rôles" : celui de rescapé des camps et témoin, celui d'autodidacte en historiographie des camps, celui d'écrivain et celui de père !
Les retours qu'il fait sur ses différents ouvrages ainsi que sur le choix des thématiques et à l'inverse les omissions sont assez intéressantes.

Déjà dans cet entretien, on peut avoir une idée des raisons qui ont fait que Si c'est un homme reste une référence quasi absolue en matière de littérature concentrationnaire .
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Complément utile et poignant à Si c'est un homme, Primo Levi livre dans cette interview réalisée avec deux journalistes italiens en 1983 ses réflexions sur le sens du témoignage, ses doutes quant la portée de ce témoignage sur la déportation à mesure que les années passent. Il confie se retrouver démuni, lui l'athée, face aux questions récurrentes de son auditoire sur le sens de la barbarie nazie, et plus encore face à un jeune dans une école qui l'interpelle sur la nécessité à ce jour de témoigner sur la Shoah quand depuis il y a eu le Vietnam et tant d'autres horreurs. Ces questions le laissent sans voix, et l'on sent une lassitude à dire et redire, et être toujours compris de la même façon.
Il livre également des réflexions troublantes sur l'occultation de la question de la mort et sur l'absence de solidarité en situation d'oppression extrême.
Le format de l'interview laisse percevoir l'homme, ses limites et ses doutes derrière l'écrivain, ce qui fait tout l'intérêt et la densité de ce texte.
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"Le Devoir de mémoire" est un livre d'entretiens entre Primo Levi et un journaliste.
C'est l'occasion pour l'auteur de "Si c'est un homme" de parler de la vie dans les camps.
Et c'est fort intéressant. J'ai beaucoup aimé en apprendre un peu plus sur la vie dans ces lieux, ainsi que sur la personne de Primo Levi.
Le propos est historiquement plein d'intérêt et permet de comprendre mieux le système des camps, tels que l'ont établis les nazis.
En outre, on apprend des choses sur les relations entre prisonniers dans les camps mentionnés ci-dessus. Primo Levi parle d'une façon simple et claire ( pour autant qu'on puisse en juger avec la traduction ).
Ce livre fut presque un coup de coeur.
Je lirais d'autres ouvrages de cet auteur.
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Cet ouvrage est la retranscription d'un entretien de 1983 entre l'auteur de Si c'est un homme et deux historiens, Anna Bravo et Federico Cereja ( qui signe l'adaptation écrite avec l'introduction et la postface ) pour une étude sur la mémoire de la déportation.

Et cet entretien me paraît indispensable à lire en complément du récit témoignage de Primo Levi, notamment pour le choix d'écriture de Primo Levi. Sa biographie présentée en fin d'ouvrage montre bien qu'il ne se destinait absolument pas à une vie d'auteur. Primo Levi était diplômé de chimie et il exerça son métier de chimiste sa vie durant. C'est l'horreur de l'expérience à laquelle il a survécu qui fit de lui un écrivain : " Nous, les rescapés, nous sommes des témoins, et tout témoin est tenu, même par la loi, de répondre de façon complète et véridique. " Voilà son rôle, témoin direct comme lors d'un procès, ce qui explique son ton factuel dans Si c'est un homme, sa crainte et son refus de faire des personnes des personnages.

J'ai appris avec ces pages biographiques, en plus de ces études et cette carrière scientifiques, que le manuscrit de Si c'est un homme, écrit en 1946, a d'abord été refusé par certains éditeurs puis qu'il ne fut publié qu'à 2500 exemplaires par celui qui finit par l'accepter. Ce ne sera que dix ans plus tard, suite à une exposition consacrée à la déportation durant laquelle il témoigne, que Primo Levi décide de présenter à nouveau son récit à un grand éditeur ( c'est donc depuis 1956 qu'il ne cesse d'être réédité, traduit en 1959 pour l'Angleterre et les Etats-Unis, en 1961 pour la France et l'Allemagne )

" Celui qui a écrit "Si c'est un homme" n'était pas écrivain, au sens habituel du terme, c'est-à-dire qu'il ne se proposait pas un succès littéraire, il n'avait ni l'illusion ni l'ambition de faire un bel ouvrage. [...] il n'y avait aucun moyen de rien garder sur soi. Je ne disposais que de ma mémoire. "

J'ai également découvert par cette lecture les autres textes de Primo Levi, dont La Trêve, récit inspiré de son long voyage de retour, du camp de transit soviétique à la traversée de l'Europe de l'Est durant cinq mois ( de juin à octobre 1945 ) avant d'arriver enfin en Italie, ainsi que Les naufragés et les rescapés - Quarante ans après Auschwitz dans lequel il tente d'analyser.

Cet entretien porte donc sur les rapports entre écriture et mémoire. Primo Levi revient sur les faits énoncés dans son témoignage autant que sur ceux qu'ils n'a pas abordé parce que lui semblant moins essentiels: " j'ai cherché à transcrire les choses les plus pénibles, les plus lourdes, et les plus importantes ". Transcrire et transmettre étant les mots justes - certaines rencontres et conversations seront racontées de façon fictionnelle dans le recueil Lilith, " j'étais devenu écrivain "- . L'entretien m'a paru aussi intéressant que complet car on y lit un véritable échange entre Primo Levi et les historiens, une discussion sur cette littérature témoignage de déportation et de pertinentes questions sur le quotidien, le concret de ce rôle de témoin, la façon dont Primo Levi le vit face aux sollicitations, ses interventions publiques, sa relation aux jeunes générations, les courriers qu'il reçoit lui demandant encore pourquoi.... Il évoque ainsi en toute franchise toutes ces réponses qu'il n'a pas et ce statut de témoin, de survivant, dans la sphère privée, la transmission sans mot à ses propres enfants.

Evidemment, l'entretien porte également sur le fonctionnement du camp et les codes internes des déportés. Les sigles dessinés sur la couverture de cet ouvrage sont ceux qui étaient cousus sur les vestes des détenus, ils sont explicités sur une double page.
Lien : http://www.lireetmerveilles...
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Primo Levi répond avec mesure et précision aux questions de deux chercheurs italiens pour leur faire comprendre la complexité de l'univers concentrationnaire. Il ne se positionne ni en écrivain ni en historien, mais en témoin qui a le devoir de raconter l'indicible à ceux qui ne l'ont pas vécu.
(...)
Cette discussion éclaire la personnalité et les intentions de Primo Levi. Son soucis constant d'être juste et précis, impressionne.

Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Mon cas coïncide avec celui de l'homme prit en tant que Juif, donc puni pour la faute d'être né, en somme, sous le coup d'une gigantesque injustice ; je me rappelle, soit pour moi, soit pour mes compagnons juifs du Lager, n'avoir jamais fini de m'étonner de cette énorme injustice. Punir un adversaire politique, le mettre en prison ou l'envoyer au Lager est cruel, mais rationnel, on l'a toujours fait ; jadis on vendait comme esclaves les prisonniers de guerre. C'est une réalité de toujours, blâmable certes, mais de toujours, on la rencontre même dans le monde animal : les fourmis font des razzias et prennent des esclaves. Mais punir l'autre parce qu'il est autre, sur la base d'une idéologie abstraite, nous semblait le comble de l'injustice, de la sottise et de l'irrationalité. Pourquoi, en quoi, suis-je différent des autres? Il y a ici une distinction importante à faire : les Juifs pieux, les Juifs croyants, comme tous les croyants, ne comprenaient pas, ne ressentaient pas cette injustice, ils y voyaient un châtiment divin, l'imputaient au dieu incompréhensible, au dieu inconnu, qui a pouvoir de vie ou de mort, qui ne suit que des critères inaccessibles à notre entendement, car tout ce que Dieu décide doit être accepté. Mais pour un laïc comme j'étais, et comme je suis resté, c'était la plus grande iniquité possible, que rien ne pouvait justifier ou expliquer.
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[...] la corruption régnait dans tout le Lager, chose qui avait surpris tout le monde. En effet au moins nous, Juifs italiens, qui n'avions été que très tard en contact avec les Allemands, nous avions adopté l'image officielle de l'Allemand, cruel et incorruptible, alors qu'en réalité ils étaient extrêmement corruptibles. On l'apprenait, plus ou moins vite, avec l'expérience.
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Aujourd'hui, nous avons beau être libres, nous savons tous que nous allons mourir, et là-bas non plus on n'ignorait pas que la mort frappait : non pas dans dix, vingt ou trente ans, mais dans quelques semaines, dans un mois. Etrangement cela ne changeait pas grand-chose. La pensée de la mort était refoulée, comme dans la vie courante. La mort ne figurait pas au registre des mots ou des peurs quotidiennes, on manquait si cruellement de tout, de nourriture, de chaleur, il était si vital d'éviter la fatigue et les coups, que la mort, qui n'apparaissait pas comme un péril immédiat, était escamotée.
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[…] l'origine sociale s'effaçait très rapidement, et c'étaient d'autres facteurs qui prenaient le dessus. Je me souviens d'intellectuels tombant dans la déchéance extrêmement vite, alors que des dockers ou des gens habitués au travail manuel résistaient mieux. Il n'y a pas de critère absolu ; il y avait d'autres critères. L'un d'eux était celui du poids corporel […].
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La perte de la dignité humaine a été plus forte chez les femmes que chez les hommes, et certaines ont eu honte de le raconter, […].
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