Éric
Neuhoff fait partie des écrivains au style immédiatement reconnaissable. Ce n'est pas la moindre de ses qualités.
Alors c'est entendu, il est grognon. Il ne s'en cache d'ailleurs pas, il en rajoute même. Il est nostalgique et réac. Il est convaincu que tout était mieux avant. Tout : le ciné, la cuisine, les livres, les actrices, les fringues, la musique, Paris, New York, la
Costa Brava - et même le jour, et surtout la nuit.
Aujourd'hui, on a fait nos jeux, il a fait les siens et rien ne va plus. Aucune de ses idoles n'est plus là, les dernières ont disparu quand il devenait un homme. Il aime le grand large, les grands écrans, les grands sentiments - Truffaut et Fitzgerald, Ava et Marlon ; il déplore que l'époque
les ait réduits aux dimensions d'un écran de Smartphone, aux séries de Netflix, aux recettes sans gluten. Peut-on lui donner tort ?
De toutes façons, il est de ce genre à toujours naître à la mauvaise époque,
Neuhoff. Il se trompe parfois (il est le premier à le savoir mais il sera le dernier a le reconnaître) mais il le fait avec un chic qui sent le tweed, l'encre fraîche et le pur malt. Ses chroniques, qui ont la précision de naturelles à la corrida, exécutées entre sol y sombra, ne sont pas loin d'être ce qu'il sait faire de mieux.
Cocktail de saison ? Garçon, remettez-nous ça !