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Critiques (919)
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Lilas rouge

Au début des années quarante, le forestier Goldberger, originaire d'une région frontalière avec l'Allemagne, fuit en toute hâte son village. Il arrive à Rosenthal, un village de Haute-Autriche, accompagné de son épouse et de sa fille Martha. La toute jeune fille terrorisée serre dans ses mains un bouquet de lilas rouge. Ils élisent domicile dans une ferme abandonnée qui leur a été attribuée. Ferdinand, le fils, revient du front et les rejoint. Peu à peu, ils acquièrent une place dans le village. Des enfants naissent, leur domaine se développe et se modernise. Mais une sourde atmosphère entache les destinées malgré la prospérité familiale. Les non-dits du passé pèsent sur la descendance comme une malédiction. Quel crime a commis Goldberger ? Pourquoi Martha s'est-elle murée dans le silence ?

Avec ce roman, Reinhard Kaiser-Mühlecker dépeint, grâce à d'amples descriptions, la province autrichienne et ses paysages. Il raconte dans une langue somptueuse une grande saga familiale et paysanne, retraçant le destin de l'Autriche rurale des années 1940 aux années 2010. Pour cette famille aux prises avec l'héritage nazi, les lilas rouges, dont chaque floraison se voudrait un espoir de renouveau, sont le symbole d'un passé qui ne passe pas.
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La rivière

Dans ce roman magistral, Esther Kinsky nous livre le récit, dans une langue somptueuse, de la “vie balagan” d'une femme ayant déposé ses bagages dans la banlieue de Londres, près de la rivière Léa. On ne saura rien - ou si peu - de la narratrice, de sa vie, des raisons qui l'ont amenée dans cette banlieue du nord-est ; ceci n'est finalement pas important. Dans ce quartier cosmopolite, nombreux sont comme elle, jamaïcains, hassidims, croates, des voyageurs débarqués, pour quelques jours, parfois quelques heures. le lecteur est invité à naviguer en eaux troubles lors des expéditions qui conduisent cette femme le long de cet affluent de la Tamise, de ses sols marécageux, des morceaux de vie qu'elle recueille et assemble dans sa chambre.

A la manière des alluvions du fleuve, quelques rares souvenirs personnels émergent, la mort de son père, une enfance près du Rhin, ses lieux de transit (Israël, Canada, Hongrie). Ce sont les riches descriptions des lieux, quasi-topographiques, ou encore tout ce qu'elle observe de monde mis à distance, liées à une langue parfaitement maîtrisée, riche et poétique, qui rendent ce livre magique.
“La boue de chaque rivière souterraine possède une couleur qui lui est singulière et porte sa propre histoire. Aussi la palette de couleurs des briques de Londres est-elle la plus riche du monde."
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Le Grand Monde

Beyrouth, 1948. le couple Pelletier a construit toute sa vie au Liban. Notables reconnus, ils ont quatre enfants et M. Pelletier a monté une entreprise florissante. Mais, depuis peu, les choses se gâtent : Mme Pelletier déplore les départs successifs des enfants dont deux ont déjà gagné Paris. Jean tente, malgré ses névroses, de réussir dans la vente, au bras d'une femme qui se rêvait grande bourgeoise, et a l'art et la manière de lui faire payer sa frustration. François, qui prétend passer Normal Sup, se jette à corps perdu dans le traitement des faits divers afin de percer dans le journalisme. Quant à Etienne, le rêveur, il part pour Saïgon rejoindre un jeune légionnaire dont il est fou amoureux. Enfin, Hélène la cadette, exaspérée par sa mère, ne tardera pas à leur emboîter le pas ...
Pierre Lemaître nous embarque dans l'aventure à travers cette France des Trente Glorieuses qui étend encore son influence de colonies en protectorats. Nous suivons au plus près les héros, naviguant entre histoires d'amour et découvertes de secrets d'état. L'auteur parvient à faire vibrer la corde des émotions chez un lecteur tour à tour bouleversé, inquiet, compatissant, haletant lors d'épisodes de suspens qui relèvent du thriller. La peur laisse place au rire, le narrateur faisant de nous ses complices devant les réactions improbables de personnages truculents. Difficile de quitter cet univers. Par chance, il s'agit du premier volet d'une trilogie.
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On était des loups

Au coeur des montagnes hostiles et sauvages s'est installée une famille : un couple, Liam et Ava, et leur petit garçon de cinq ans, Aru. Mais un jour, alors que Liam est parti repousser la présence menaçante d'un loup, un ours s'attaque à Ava et Aru. Ava réussit à protéger son enfant mais meurt des suites de ses blessures. Liam et Aru se retrouvent alors seuls. de nature sauvage, Liam s'était jusqu'ici très peu occupé de son fils, happé par la chasse et ce besoin absolu de vivre en solitaire dans les montagnes. Il décide donc de confier Aru à son oncle et à sa tante, mais le voyage à dos de cheval ne va pas se passer comme prévu ...
A travers ce sublime roman sur la paternité, Sandrine Collette dépeint magnifiquement la façon dont un homme farouche et asocial devient un père aimant et viscéralement attaché à son fils. Cette histoire intense est un tour de force littéraire, car l'autrice, bien que faisant le portrait de deux taiseux, décrit avec expressivité et profondeur toutes les émotions qui les traversent. Aru et Liam échangent à peine quelques phrases, mais par les regards, par quelques mots brefs, par une commune sensibilité, ils se comprennent intimement . « On était des loups » est aussi un très beau roman sur la Nature, impitoyable envers les humains.
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Blizzard

Une femme lâche la main d'un enfant au coeur d'une énorme tempête dans les paysages hostiles et désolés de l'Alaska. Elle se bat elle-même pour survivre dans le blizzard, persuadée que l'enfant ne sera jamais retrouvé. Pendant ce temps, les hommes qui l'accompagnent dans cette vie de bout du monde se lancent à leur recherche, chacun avec des intentions différentes. Bess, Freeman, Benedict ou Cole deviennent à la fois les héros et les narrateurs de cette histoire et de leur passé tragique.
Marie Vingtras nous propose avec Blizzard un récit nerveux et dense, où se rencontrent le roman d'aventures dans le Grand Nord et la chronique sociale d'êtres humains dont la vie semble être une malédiction sans fin. En déployant dans le temps et dans l'espace, au cours d'une tempête monstrueuse, cette galaxie de personnages, elle réussit à composer une fresque pleine de surprises, de suspense et d'émotions.
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Les Hauts de Hurle-Vent

Imaginez-vous un presbytère isolé au coeur du Yorkshire, dans une lande sans cesse battue par les vents. Entre les murs austères, une jeune fille prend la plume et écrit l'une des plus sombres et violentes histoires d'amour de tous les temps. Tissé par une obsédante narration à deux voix, Les Hauts de Hurlevent raconte l'histoire passionnée de Catherine Earnshaw et de Heathcliff, un orphelin que Mr Earnshaw décide d'élever comme son fils. Leur relation, aussi amorale que fusionnelle, aura le destin tragique des amours contrariées et la puissance des paysages sauvages. Sombre, âpre, envoûtant, Hurlevent demeure un mystère, celui d'avoir été écrit par une jeune fille recluse et solitaire, qui avait tout compris aux tourments de l'âme humaine. Son oeuvre est intense, furieuse, éternelle - hantant à jamais les plaines du Yorkshire et notre imaginaire.
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Le mage du Kremlin

Vadim Baranov, surnommé "Le Mage du Kremlin", était le conseiller politique de Vladimir Poutine, avant de démissionner mystérieusement. Quelques années plus tard, devant un chercheur français, il raconte son histoire, qui croise intimement celle de la Russie contemporaine. Petit-fils d'un aristocrate déchu par la révolution communiste, Vadim est producteur pour la première chaîne de la télévision publique. Il rencontre un fonctionnaire du FSB qui souhaite redonner à la Russie sa grandeur perdue et la verticalité du pouvoir : Vladimir Poutine. Baranov devient alors conseiller du candidat puis du président Poutine. Ce récit retrace les événements marquants de cette présidence : la deuxième guerre de Tchétchénie, l'arrestation d'un oligarque, les Jeux olympiques de Sotchi et la crise ukrainienne.
Giuliano da Empoli, essayiste italo-suisse et conseiller politique, remarqué notamment pour son essai "Les ingénieurs du chaos", présente ici son premier roman. le Mage du Kremlin est inspiré de personnages réels à qui l'auteur prête une vie privée et des propos imaginaires ; Vadim Baranov est, en effet, le double fictionnel de Vladislav Sourkov, éminence grise de Poutine jusqu'en 2021. A travers ces personnages, ce récit fictif tente de montrer les arcanes du pouvoir politique russe. Il propose aussi un bilan de la situation économique et médiatique et rend compte de la psychologie ambivalente du président russe, marqué par la chute du communisme et la nostalgie d'un empire déchu.
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À la ligne : Feuillets d'usine

“L'usine c'est pour les sous.” Parce qu'il ne trouve pas de travail dans sa branche, Joseph Ponthus finit par se résoudre à accepter des missions d'intérim dans l'industrie agro-alimentaire. de l'univers clinique et froid des abattoirs et des usines de conditionnement de fruits de mer, il ramène chaque soir quelques lignes d'écriture, des “feuillets d'usine” comme autant de minutes volées au travail si harassant qu'il empêche de penser et de rêver.
Une ligne à la fois, restituant le rythme haché de la chaîne de travail, il décrit les tâches infinies, violentes et insensées, et la fatigue et la douleur qui empoisonnent les jours de repos. Avec un dépouillement qui n'exclut en rien une attention à la beauté surgissant dans la rigidité mécanique des journées de travail, Joseph Ponthus livre un témoignage nécessairement engagé où brillent avec un éclat particulier les figures des camarades de galère, héros malgré eux d'une réalité sordide.
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Moby Dick

Lorsque Ishmaël se sent un peu déprimé, il s'embarque. Il a ainsi navigué sur maints navires de la marine marchande. Mais le jour où il s'engage sur un baleinier, de nombreux indices lui font penser que cette fois-ci, le voyage sera une aventure. C'est que son capitaine, Achad, n'a qu'un seul but : se venger de Moby Dick, la baleine blanche qui a emporté sa jambe lors de leur dernière confrontation.
Histoire d'une vengeance qui tourne mal, Moby Dick nous entraîne dans les cales d'un navire américain du milieu du XIXe siècle et nous livre tous les secrets des baleines et de la manière dont on les chassait à cette époque. Melville livre un récit encyclopédique, mais aussi mythique : Moby Dick apparaît comme un véritable monstre des mers et il prend des allures de Léviathan sous la plume du romancier américain. Un livre au goût salé de la mer qui regorge de scènes fabuleuses où la pêche prend des allures d'épopée.
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Les abeilles grises

Au coeur du Donbass, Sergueïtch et Pachka sont les derniers habitants d'un village situé dans la "zone grise", sur la ligne de front où s'opposent, depuis 2014, l'armée ukrainienne et des séparatistes prorusses. Bien qu'"ennemis d'enfance", les deux cinquantenaires s'entraident pour survivre face au manque d'électricité et de nourriture, mais aussi pour surmonter leur solitude. le printemps arrivant, Sergueïtch installe ses six ruches à l'arrière de sa vieille voiture et part à la recherche d'un endroit éloigné des bombardements. Il s'arrête d'abord dans un village paisible du sud de l'Ukraine, puis va en Crimée rejoindre un ami tatar, lui aussi apiculteur. La joie de vivre de Sergueïtch ne faiblit pas, bien que la guerre le rattrape toujours, quand des checkpoints barrent sa route ou que des agents du FSB surveillent ses allées et venues.
À travers le portrait de cet homme solitaire et rêveur, Andreï Kourkov évoque une population ukrainienne prise dans une guerre civile qu'elle a du mal à comprendre. le conflit est vu, non pas du point de vue des soldats, mais de celui des civils qui continuent leur vie, malgré tout. Ce voyage, au fil des prairies où le héros pose ses ruches, devient par ailleurs un hymne à la nature et aux plaisirs simples, malgré une guerre latente.
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Connemara

"Hélène, David, Philippe, les prénoms d'une génération, celle qui vient d'avoir 40 ans et fait un (premier) bilan de ses années de vie, de couple, de famille, de réussites et d'échecs professionnels. Hélène cherche le frisson en se lançant dans l'aventure des rencontres sur internet. Mais au cours de son premier rendez-vous, elle tombe par hasard sur son amour de jeunesse dans le cadre improbable d'un restaurant de seconde zone. Christophe lui-aussi est à un croisement de sa vie, entre séparation douloureuse et rêve de seconde carrière de star du hockey local.
Avec Connemara, Nicolas Mathieu continue de creuser le sillon d'une littérature en forme de chronique sociale, entre Vosges, Moselle et Lorraine. D'une plume simple, directe, mais toujours précise et imagée, riche en dialogues acérés, il nous fait ressentir tous les doutes et toutes les fêlures d'un âge fragile, celui dit de la ""midlife"". Un roman qui se lit d'une traite comme les pages réelles de vies"
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Les délices de Tokyo

C'est la semaine du goût, et on a puisé dans nos souvenirs de lecture pour choisir les romans les plus gourmands... On commence avec une pâtisserie qu'on aime particulièrement : les dorayakis japonais, liés pour toujours au roman de Durian Sukegawa, Les délices de Tokyo ! - - -
Dans un coin de Tokyo, le jeune Sentarô prépare et vend des dorayakis, ces petites pâtisseries japonaises à base de pâte de haricot rouge. Peu passionné par son métier, il subit le morne quotidien de sa boutique, dont la faible clientèle ne suffit pas à rembourser ses dettes. Un jour de printemps, Tokue, une vieille dame aux doigts déformés, se présente avec une demande inhabituelle : mettre son savoir-faire au service de sa cuisine. D'abord sceptique, Sentarô accepte son aide après avoir goûté son incomparable pâte de haricots rouges. Bientôt, c'est tout le quartier qui se précipite pour déguster les savoureuses pâtisseries confectionnées par Tokue. Odeurs, chaleur, crépitements, textures... Si Durian Sukegawa met délicieusement nos sens en éveil, c'est pour mieux nous parler du temps qui passe, de transmission et de générosité, tout en explorant un pan méconnu de l'histoire de son pays. On en sort apaisé et revigoré, certain que les dorayakis n'auront plus jamais tout à fait la même saveur...
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Les vestiges du jour

On doit sans doute à Kazuo Ishiguro d'avoir écrit l'un des romans les plus délicieusement anglais qu'il soit. Au crépuscule de sa vie, le majordome Stevens se remémore les années de l'entre-deux-guerres passées au service de l'influent et ambigu Lord Darlington. Entre fierté et regret, il s'interroge sur le sens d'une vie entièrement dédiée au devoir et se souvient d'une femme qu'il a aimée, dans l'ombre du silence et des non-dits. Chef d'oeuvre de retenue et de mélancolie, Les Vestiges du jour est un roman magnifique, qui mêle avec une subtilité rare l'intime et la grande Histoire.
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Le Mur invisible

En une nuit, la narratrice du Mur invisible se retrouve coupée du monde, dans le pavillon de chasse des amis chez qui elle passait quelques vacances. A peine a-t-elle le temps de s'interroger sur la mystérieuse paroi transparente apparue soudainement tout autour de la forêt ou sur la raison pour laquelle toute vie semble figée derrière celle-ci : il faut commencer à s'organiser pour survivre.

Entre la robinsonnade et le récit post-apocalyptique, le roman de Marlen Haushofer s'offre d'abord comme une chronique austère de la vie dans les bois, qui implique chaque jour de chasser, cueillir ou cultiver sa subsistance. Au-delà, le rapport de la narratrice à sa solitude contrainte esquisse un éloge de la vie en retrait de la société des hommes, et peut même se lire comme une ode à l'émancipation féminine.
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L'Oeuvre au noir

Au XIVe siècle, dans les cendres d'un Moyen-Age où pointent les premiers rameaux des sciences, Zénon, alchimiste et médecin, parcourt le monde. Tantôt expérimentant, tantôt soignant, esprit libre et traqué, il fuit les préjugés, l'ignorance et les persécutions. Il tentera d'accomplir, le temps d'un parcours chaotique et menacé, le Grand Oeuvre de la libération intérieure. Y parviendra-t-il ?
Marguerite Yourcenar pose un regard d'aigle sur le monde foisonnant, entrecroisé de beauté et de laideur, des vies humaines. Comme Zénon les corps, elle ausculte, dissèque et panse les existences blessées et souffrantes des êtres qu'elle décrit. le lecteur suit les pérégrinations de Zénon l'alchimiste au service des Hommes, se reconnaissant dans cet ancien si moderne, éprouvant crainte et espoir devant les bourrasques d'une époque sombre qui en menace sans cesse la fragile flamme. Un livre somptueux renouvelant de façon magistrale le roman historique.
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