AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques sur le theme : voyages (50)
Classer par :   Date   Les plus appréciées

La rivière

Dans ce roman magistral, Esther Kinsky nous livre le récit, dans une langue somptueuse, de la “vie balagan” d'une femme ayant déposé ses bagages dans la banlieue de Londres, près de la rivière Léa. On ne saura rien - ou si peu - de la narratrice, de sa vie, des raisons qui l'ont amenée dans cette banlieue du nord-est ; ceci n'est finalement pas important. Dans ce quartier cosmopolite, nombreux sont comme elle, jamaïcains, hassidims, croates, des voyageurs débarqués, pour quelques jours, parfois quelques heures. le lecteur est invité à naviguer en eaux troubles lors des expéditions qui conduisent cette femme le long de cet affluent de la Tamise, de ses sols marécageux, des morceaux de vie qu'elle recueille et assemble dans sa chambre.

A la manière des alluvions du fleuve, quelques rares souvenirs personnels émergent, la mort de son père, une enfance près du Rhin, ses lieux de transit (Israël, Canada, Hongrie). Ce sont les riches descriptions des lieux, quasi-topographiques, ou encore tout ce qu'elle observe de monde mis à distance, liées à une langue parfaitement maîtrisée, riche et poétique, qui rendent ce livre magique.
“La boue de chaque rivière souterraine possède une couleur qui lui est singulière et porte sa propre histoire. Aussi la palette de couleurs des briques de Londres est-elle la plus riche du monde."
Commenter  J’apprécie          290
Moby Dick

Lorsque Ishmaël se sent un peu déprimé, il s'embarque. Il a ainsi navigué sur maints navires de la marine marchande. Mais le jour où il s'engage sur un baleinier, de nombreux indices lui font penser que cette fois-ci, le voyage sera une aventure. C'est que son capitaine, Achad, n'a qu'un seul but : se venger de Moby Dick, la baleine blanche qui a emporté sa jambe lors de leur dernière confrontation.
Histoire d'une vengeance qui tourne mal, Moby Dick nous entraîne dans les cales d'un navire américain du milieu du XIXe siècle et nous livre tous les secrets des baleines et de la manière dont on les chassait à cette époque. Melville livre un récit encyclopédique, mais aussi mythique : Moby Dick apparaît comme un véritable monstre des mers et il prend des allures de Léviathan sous la plume du romancier américain. Un livre au goût salé de la mer qui regorge de scènes fabuleuses où la pêche prend des allures d'épopée.
Commenter  J’apprécie          130
Les abeilles grises

Au coeur du Donbass, Sergueïtch et Pachka sont les derniers habitants d'un village situé dans la "zone grise", sur la ligne de front où s'opposent, depuis 2014, l'armée ukrainienne et des séparatistes prorusses. Bien qu'"ennemis d'enfance", les deux cinquantenaires s'entraident pour survivre face au manque d'électricité et de nourriture, mais aussi pour surmonter leur solitude. le printemps arrivant, Sergueïtch installe ses six ruches à l'arrière de sa vieille voiture et part à la recherche d'un endroit éloigné des bombardements. Il s'arrête d'abord dans un village paisible du sud de l'Ukraine, puis va en Crimée rejoindre un ami tatar, lui aussi apiculteur. La joie de vivre de Sergueïtch ne faiblit pas, bien que la guerre le rattrape toujours, quand des checkpoints barrent sa route ou que des agents du FSB surveillent ses allées et venues.
À travers le portrait de cet homme solitaire et rêveur, Andreï Kourkov évoque une population ukrainienne prise dans une guerre civile qu'elle a du mal à comprendre. le conflit est vu, non pas du point de vue des soldats, mais de celui des civils qui continuent leur vie, malgré tout. Ce voyage, au fil des prairies où le héros pose ses ruches, devient par ailleurs un hymne à la nature et aux plaisirs simples, malgré une guerre latente.
Commenter  J’apprécie          130
De pierre et d'os

Tout commence par un craquement énorme sur la banquise, qui retentit au coeur de la nuit : la glace se fracture et engloutit une jeune femme inuit dans la brume arctique. Séparée de sa famille, Uqsuralik tâche de survivre dans des conditions extrêmes de froid, de fatigue et de faim, jusqu'à croiser la route d'un autre groupe auquel elle se joindra pour échapper à une mort solitaire. Dans ce paysage instable de fjords et d'icebergs, peuplé d'animaux terrestres et de créatures marines, dans ce désert immense où le froid brûle la peau et les âmes, notre narratrice grandit et chemine. Habile dans l'art de chasser, résistant aux dangers et aux esprits qui rôdent et vivent parfois dans les êtres qu'elle croise, elle surmontera l'absence de ceux qu'elle aime, les deuils et les affronts, et découvrira la puissance d'enfanter, en s'initiant aux pouvoirs chamaniques guérisseurs.

Ce roman, achevé au cours d'une résidence d'écriture au Muséum national d'histoire naturelle, est tout à la fois une initiation et un voyage. Ponctué de chants qui font entendre la voix de différents personnages et qui approfondissent la poésie du texte, de pierre et d'os nous plonge dans la tradition d'un peuple et d'une culture grâce à un minutieux travail de documentation. Mais sa force se trouve bel et bien dans ce rythme propre de l'imaginaire qui assoit, dans la rudesse d'une longue nuit polaire, la métamorphose d'une femme, d'une mère, qui se bat pour que continue d'éclore une vie fragile mais toujours renouvelée.


Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          120
Voyage avec un âne dans les Cévennes

Ce n'est pas une aventure très exotique que cette randonnée d'une quinzaine de jours que relate Robert Louis Stevenson dans Voyage avec un âne dans les Cévennes. Et pourtant, ce journal d'une traversée de la Lozère et du Gard reste un des récits de voyage les plus populaires du XIXe siècle. Ce succès jamais démenti, Stevenson le doit avant tout à un personnage secondaire étonnant, l'ânesse Modestine, têtue mais affectueuse... Mais aussi à la façon pittoresque dont il décrit la campagne française en cette fin de siècle, qui offre aujourd'hui un dépaysement à la fois spatial et temporel absolument irrésistible !
Commenter  J’apprécie          120
Les Racines du ciel

Dans les années 1950 au Tchad, un homme fait circuler une pétition pour empêcher le massacre des éléphants, décimés par milliers. Lorsqu'il prend les armes, incendie des dépôts d'ivoire et tire sur des chasseurs, c'est la stupeur dans l'administration coloniale. Que veut vraiment cet homme, très vite érigé en héros par certains ? Agit-il uniquement pour la préservation de la faune africaine, ou a-t-il d'autres ambitions politiques, à un moment où l'idée d'indépendance commence à faire son chemin en Afrique Equatoriale Française ? Alors qu'une traque s'organise, les nombreux personnages de ce roman polyphonique prennent partie pour ou contre Morel, objet de tous les fantasmes et de toutes les rumeurs. Tantôt tourné en ridicule, haï, traité d'idéaliste ou de misanthrope, tantôt porté aux nues, incarnant par son combat la liberté et l'humanisme le plus audacieux, cet ardent défenseur de la nature renvoie tous les protagonistes à leurs contractions, à leurs conflits d'intérêt et bien souvent, à leurs fragilités personnelles. Son obstination farouche les questionne et les pousse à agir. Avec ce roman foisonnant qui embrasse des thématiques écologiques et politiques sur fond de colonialisme, Romain Gary dessine un personnage inoubliable, et montre que le respect des animaux n'est pas incompatible avec les exigences du progrès. Un prix Goncourt 1956 d'une actualité confondante.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          110
L'Ile mystérieuse

Alors qu'ils ont fui en ballon la guerre de Sécession qui fait rage aux Etats-Unis, Cyrus Smith et ses quatre acolytes sont pris dans une violente tempête. Jetés sur les rives d'une île déserte au milieu du Pacifique, ils décident de s'installer le plus confortablement possible en espérant des secours. Mais leur rationalité se heurte à d'étranges événements qui leur donnent l'impression que l'île agit selon sa volonté propre, et qu'une force inconnue veille sur eux...
L'Île mystérieuse est une des robinsonnades les plus rigoureuses qui soient, presque un manuel de survie à avoir sur soi en cas de naufrage. Débrouillards et versés dans toutes les sciences, les cinq héros s'improvisent aussi bien forgerons que chimistes, agriculteurs ou encore architectes et recréent à eux seuls une micro-société industrielle, finalement bien éloignée des rudimentaires constructions de Robinson. Éloge de la camaraderie et du travail, l'Île Mystérieuse porte des valeurs très ancrées dans son époque mais brille du talent de conteur exceptionnel de Jules Verne, chantre de la technologie et du génie humain.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          113
Le royaume de Kensuké

Après le licenciement de ses parents à l'usine, le jeune Michael et sa famille partent s'installer dans le sud de l'Angleterre. Passionnés de voile, ils ne résistent pas longtemps à l'appel du large et embarquent bientôt à bord d'un voilier pour un grand voyage autour du monde ! A onze ans, Michael découvre les joies de la navigation aux côtés de son père, sa mère et sa fidèle chienne Stella. Chaque jour, il consigne ses souvenirs dans son carnet de bord, qui garde la trace de leur traversée. Mais un soir de tempête, Michael tombe à la mer, emporté par la houle déchaînée. A son réveil, il se retrouve échoué avec sa chienne sur une île luxuriante, peuplée d'animaux sauvages. Alors qu'il s'imagine abandonné au milieu du Pacifique, Michael comprend peu à peu qu'une mystérieuse présence veille sur lui. Cette présence, c'est Kensuké, un vieil homme japonais naufragé quarante ans auparavant, et que le jeune garçon va devoir apprivoiser, comme sa nouvelle vie.
Parfaite robinsonnade des temps modernes, le royaume de Kensuké captive par sa profonde humanité - celle qui se transmet entre les êtres et qui se tisse avec la nature. En revisitant le mythe de Defoe, Michael Morpurgo signe une magnifique ode à l'amitié et à la beauté du monde.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          110
Promenons-nous dans les bois

Se retirer dans la forêt comme Henry David Thoreau est déjà une chose... Mais entreprendre une randonnée de plus de 3500 km au long des Appalaches, sur la côte Est des Etats-Unis en est encore une autre ! Surtout quand on sait à peine planter une tente et qu'on a une peur bleue de tomber nez à nez avec un ours...

Embarquant avec lui un vieil ami plus porté sur les donuts et les séries télé que sur les baies sauvages et les couchers de soleil, Bill Bryson se lance à corps perdu dans cette drôle d'aventure. Il en tire une chronique de voyage qui, sous sa grande drôlerie, rappelle à quel point l'homme peut se sentir humble face à la nature... Et invite à aller se confronter - avec un minimum de préparation - à ses manifestations les plus exceptionnelles.
Lien : https://balises.bpi.fr/Conte..
Commenter  J’apprécie          100
Kafka sur le rivage

Les héros d'Haruki Murakami franchissent souvent une frontière qui sépare le monde réel d'un monde parallèle où ils recherchent une vérité qui n'appartient qu'à eux... Kafka sur le rivage est peut-être son plus beau roman, qui joue sur ce passage d'un monde à l'autre, dans un registre à la fois tragique, poétique et ironique. Deux quêtes initiatiques s'y mêlent, celle d'un jeune adolescent abandonné par sa mère, poursuivi par une terrible prophétie, et celle d'un vieillard, qui sait parler aux chats et dont l'apparente candeur masque une sagesse singulière. Au bout de leur voyage, se trouve la porte qui sépare deux mondes, le nôtre et un monde fantastique, symbolique et spirituel.
Tissant étroitement réalisme et fantastique, culture occidentale et culture japonaise, l'écriture limpide, inventive et extrêmement poétique de Murakami absorbe totalement le lecteur dans son univers si particulier. Humour, amour, sagesse, folie, tous les ingrédients d'une trame romanesque d'une extraordinaire créativité sont réunis dans ce roman jubilatoire. Il faut plonger complètement dans ces histoires enchevêtrées de nos deux héros pour en apprécier toutes les trouvailles, en décrypter tous les symboles et continuer d'en imaginer le sens que l'auteur, avec une très grande maîtrise, suggère mais laisse ouvert. Quelque soit le sens que chaque lecteur leur attribuera, le souvenir de la merveilleuse bibliothèque Komura où trouve refuge le jeune Tamura, ou celui des rencontres du vieux Nakata - chats, fantômes ou humains - laisseront en lui une empreinte durable, souriante et mélancolique...
Auteur japonais aux influences occidentales prégnantes, Murakami est nourri de musique, de littérature et de philosophie. Volontairement anti-conformiste, refusant de faire entrer la littérature dans des cases, mêlant tous les genres, il a créé une oeuvre particulièrement foisonnante, parfois déroutante, mais toujours passionnante.
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
Commenter  J’apprécie          101
Robinson Crusoé

Au début du livre, Robinson a 19 ans et ne tient plus en place : il veut voyager. Contre l'avis de son père, il devient marin. Après de multiples tempêtes et aventures qui auraient pu lui coûter la vie, il devient propriétaire d'une florissante plantation au Brésil. Robinson allait devenir riche et, peut-être, heureux. Mais il est rattrapé par sa “folle inclination de courir le monde”. Il reprend la mer vers l'Afrique, mais le navire doit changer de cap et se perd dans un maelström. Robinson se retrouve seul survivant sur une île dans les Caraïbes où il passe de nombreuses années sans rencontrer aucun humain. Il apprend à vivre seul et à se réjouir des découvertes qu'il fait pour pallier le manque. Quelle joie lorsqu'après maintes déconvenues, il arrive à planter du blé et à faire du pain! Puis, un jour, il découvre sur la plage la trace d'un pied qui n'est pas le sien...
Cette histoire extraordinaire est l'occasion pour Defoe de réfléchir sur la capacité de l'homme à s'adapter aux catastrophes et à la solitude, ce qui résonne singulièrement pour nous en temps de Covid. Dans un discours édifiant mais jamais donneur de leçon, le romancier anglais nous montre que l'homme s'adapte et que le bonheur est d'abord une façon de considérer les choses.
Commenter  J’apprécie          90
Le lac de nulle part

Dans les conditions extrêmes du Nord canadien, un père invite ses deux enfants adultes à faire du kayak et à camper durant un mois. Quelles sont les raisons d'une telle invitation ? le père souhaite-t-il se racheter d'une longue absence ? Revivre les randonnées familiales du passé ? Après s'être séparé de sa femme, Bill ne voyait en effet ses enfants qu'aux grandes vacances. Les relations entre Bill et Al, sa fille, sont tendues, alors que celles avec son fils Trig sont plus complices. Les défaillances de leur père en termes d'organisation font douter ses enfants quant à l'issue de cette expédition : ils craignent d'être perdus ou bloqués par la neige.
Malgré la beauté des paysages et la vie au grand air, le père ne parvient pas à se rapprocher de ses enfants. Mais le silence se brise avec la glace : cette excursion est le révélateur de secrets enfouis. Il est intéressant de voir comment l'auteur fait se rencontrer les territoires de l'intime avec ceux des grands espaces. Dans la tradition du « nature writing », Pete Fromm dévoile avec une grande délicatesse la résilience de deux jeunes adultes aux prises avec la nature.
Commenter  J’apprécie          80
Dans les forêts de Sibérie

Sylvain Tesson est un habitué des grandes expéditions - il raconte, entre autres, son périple de la Sibérie à l'Inde dans l'Axe du loup (2004), ou plus récemment un Moscou-Paris en side-car dans Berezina (2015).
Dans les forêts de Sibérie est plutôt un voyage immobile, puisqu'il s'agit du carnet de bord des six mois passés par Tesson dans une cabane sur les bords du lac Baïkal. On y retrouve cependant toutes les préoccupations de Sylvain Tesson vis-à-vis de la vie sauvage, mais aussi sa propension à inscrire ses pas dans ceux des Hommes qui ont fait la grande Histoire, le tout porté par une écriture et un sens de l'aventure forcément inspirants !
Commenter  J’apprécie          70
Je m'en vais

Je m'en vais”, ce sont les mots, laconiques, que prononce Félix Ferrer au début et à la fin du roman, sans que l'on sache réellement où, ni pourquoi. Entre les deux pourtant, on aura visité Paris, l'Arctique ou l'Espagne ; on aura pris des avions, un camion frigorifique et même un brise-glace… avant de revenir au point de départ. Notre héros, finalement, est comme le monde : il tourne en rond sans parvenir à sortir de l'impasse.

Comme dans chacun de ses romans, Jean Echenoz aime jouer avec son lecteur, multipliant les indices et les clins d'oeil. Je m'en vais s'amuse de ces croisements, entre polar improbable, faux récit d'aventures et vraie parodie - à moins qu'il ne s'agisse de la suite d'Un an, paru deux ans plus tôt. le jury du prix Goncourt, lui, ne s'y est pas trompé, couronnant le roman en 1999.
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
Commenter  J’apprécie          70
L'Amérique entre nous

Récit d'une traversée intime et géographique, ""L'Amérique entre nous"" nous fait suivre le voyage d'un couple qui parcourt les Etats-Unis pendant trois mois. Sur leur chemin, des paysages somptueux, des villes gigantesques qu'ils sillonnent entre émerveillement et désillusions, des rencontres surprenantes mais aussi, de l'attente, de l'ennui, des disputes parfois. Tandis qu'elle interviewe des stars hollywoodiennes pour le compte du journal qui l'emploie, il photographie la faune en tant que reporter animalier.
Mais ce voyage est aussi et surtout une enquête sur la possibilité de l'amour libre : la narratrice, qui aime deux hommes à la fois, compte sur cette expérience hors du temps pour confronter son couple à une nouvelle proposition, cette possibilité qu'elle explore entre exaltation et blessures, doutes et ténacité. Un voyage pour vivre et affirmer une trajectoire de femme libre.
Commenter  J’apprécie          60



{* *}