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3.74/5 (sur 17 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lannion , le 27/05/1940
Biographie :

Geneviève Delaisi est psychanalyste et chercheuse en sciences humaines, spécialiste de bioéthique.

Elle est la petite-fille de Francis Delaisi, et la fille de Pierre Delaisi.

Après des études de psychologie, sociologie, ethnologie, linguistique, archéologie préhistorique, de droit et d'économie politique (Paris, Sorbonne, Musée de l'Homme, Faculté de Droit Paris I) et d'anthropologie culturelle et sociale (USA, Université du Kansas et de Berkeley, boursière Fulbright), Geneviève Delaisi de Parseval est devenue psychanalyste.

Installée en libéral (cabinet privé depuis 1976 à Paris), elle mène de nombreux travaux de recherche, notamment autour de la parentalité et de ses avatars, et de la petite enfance.

Elle a publié plusieurs ouvrages, de nombreux articles scientifiques, elle enseigne, a de nombreuses activités éditoriales, elle est chroniqueuse pour le cahier littéraire du journal Libération en ce qui concerne les ouvrages de psychanalyse.

Elle est également membre associée des principaux centres de bioéthique dans le monde.

site de l'auteur:
http://genevieve.delaisi.free.fr/
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Source : Wikipédia
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Bibliographie de Geneviève Delaisi de Parseval   (13)Voir plus

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Notons aussi – est-ce un hasard?- que si le jeune individu nourri au sein a toujours droit à l’appellation bébé, en revanche, s’il est nourri au biberon, il se nomme « enfant » (p.101)
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10. « En France, à l'heure actuelle [1981, déjà!], il est beaucoup question, dans livres et journaux, de ces "nouveaux pères". Or, si l'on regarde l'image présentée, on voit que ce supposé nouveau personnage est tout simplement un jeune père (appartenant à la tranche d'âge vingt-trente-cinq ans) qui change les couches de son enfant, lui donne le biberon, le promène, va même quelquefois jusqu'à le garder pendant que la mère travaille à l'extérieur. Ou encore on nous propose l'inévitable image du père à l'accouchement […] dont on vante l'expérience fantastique et indispensable !
"Nouveautés" bien banales que celles-là ! Elles sont le simple reflet du changement de la réalité sociologique (le travail féminin, le glissement de l'idéologie médicale, les modifications des stéréotypes masculins et féminins, etc.).
[…] si les pères de demain changent – et nous pensons qu'une évolution dans ce sens est déjà amorcée – c'est un peu de la partie actuellement immergée de "l'iceberg de la paternité" qui émergera : une certaine symptomatologie de couvade sera reconnue et admise comme telle, tant par les intéressés que par la société, le deuil d'enfant chez un homme dont la compagne a avorté contre son gré sera pris en compte ; le "père de la grossesse" existera ; le rôle du père dans les naissances prématurées sera mieux compris. Au niveau de la recherche biologique et médicale, le "vecteur sperme", le mécanisme de la spermatogenèse seront davantage étudiés.
Ces exemples sont loin d'être limitatifs. Le père de demain, ce sera simplement un homme à qui l'on rendra, face au bébé et à l'enfant, les réactions complexes et ambivalentes qu'on a, jusque-là, réservées à la seule mère. Nous ne pensons pas qu'il sera un père-mère, comme certains le disent. Nous pensons qu'il sera un homme-père, avec ceci en plus qu'homme et femme sont tous deux, et avant tout, homo sapiens !
[…]
Le point important, en effet, c'est qu'il y ait un père et une mère (ou des pères et des mères) qui se considèrent et soient reconnus comme tels par la société dans laquelle parents et enfants vivent.
Quand le psychiatre J. de Ajuriaguerra exprimait l'idée qu'on adopte toujours son enfant (qu'on l'ait biologiquement enfanté ou non), il s'agissait, à notre avis, de l'expression d'une évidence psychologique, analogue à la preuve ethnologique. » (pp. 306-308)
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1. « […] le système actif, c'est-à-dire celui qui rend compte du vécu de la parentalité, c'est le système symbolique de représentation. Et, dans tous les cas, il existe un écran idéologique qui se superpose à la réalité physiologique (que celle-ci soit connue ou non).
Il est […] essentiel de voir que la connaissance – ici, la connaissance biologique et médicale – est toujours "utilisée" par une culture en fonction des objectifs idéologiques (inconscients et conscients à la fois) qui sont les siens. C'est ainsi que notre société s'est servie de ses connaissances scientifiques en matière de physiologie de la reproduction humaine pour faire de la "fabrication" d'un enfant une affaire exclusivement maternelle et féminine, excluant le père d'un bout à l'autre du processus.
[…] Cette optique […] consiste en effet à privilégier – quelquefois de façon paroxystique – le moment de la fécondation, moment unique où apparaît un père-géniteur qui disparaît aussitôt après, pour ne refaire surface qu'à l'âge où son enfant (et encore, s'il s'agit d'un garçon : dans le meilleur des cas, pourrait-on dire...) apprendra – selon les époques – les arts martiaux, le football, ou ira à l'école !
L'idéologie implicite dans le discours occidental sur la conception, la naissance, la puériculture privilégie […] grossesse, accouchement, allaitement, relations mère-enfant dans les premières années – c'est-à-dire des moments qu'elle qualifie de "naturellement" féminins. Or, tant les données ethnologiques que le matériel clinique que nous exposerons plus loin nous semblent confirmer qu'il y a là ce que l'on peut appeler un déni de la paternité dans la culture occidentale contemporaine. » (pp. 43-44)
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2. « La paternité se trouve ainsi être un "lieu géométrique", point de rencontre fondamental de l'ethnologie et de la psychanalyse, endroit privilégié d'écoute de la prohibition de l'inceste et du complexe d'Œdipe.
Il convient maintenant de résumer les réponses qu'on a données à la question : "Qu'est-ce qu'un père ?", posée plus haut. Peuvent être pères, en fait, toute une série de personnes ou personnages :
- le ou les géniteurs,
- l'amant officiel,
- le protecteur de la femme pendant la grossesse,
- celui qui pratique la couvade (ante- ou post- natale),
- celui qui joue un rôle à l'accouchement ou pendant le post-partum (ne serait-ce qu'un rôle d'évitement),
- celui qui accomplit une cérémonie officielle pendant la grossesse ou après l'accouchement,
- le mari de la mère (principal ou secondaire),
- le ou les frères de la mère (oncles maternels),
- le ou les frères du père (oncles paternels) (cf. lévirat simple ou complexe),
- le grand-père (père du père ou de la mère),
- un homme du même lignage,
- un homme qui appartient au même clan,
- celui qui élève l'enfant,
- celui qui donne son nom ou qui adopte,
- celui qui reconnaît l'enfant, légalement ou rituellement,
- celui qui transmet une ressemblance,
- un vieillard réputé impuissant,
- un célibataire,
- une femme stérile,
- un homme réputé stérile,
- Dieu. » (pp. 62-63)
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3. « P. Rivière […] défend la thèse selon laquelle la couvade est une façon pour le père de nourrir spirituellement son enfant ; l'auteur montre en effet, données ethnologiques à l'appui, que les parents sont, à la naissance de l'enfant, confrontés à une double création, et que celle de l'âme peut poser plus de problèmes que celle du corps :
"La majorité des chercheurs qui ont étudié la couvade (…) se sont attachés à son aspect physique. La simulation de la naissance et autres rites ont été interprétés comme des tentatives du père pour 'jouer' les événements biologiques de la parturition qui est la seule prérogative des femmes. Je pense que ces analyses sont erronées et je voudrais suggérer que les actions de père, et bien souvent le comportement parallèle de la mère, n'ont rien à voir avec la création de l'être physique de l'enfant, mais bien avec celle de son existence spirituelle. […]"
La justesse de ce commentaire apparaîtra en pleine lumière à l'examen de nos données cliniques : la gestation de "l'enfant du désir", de "l'enfant des rêves", de "l'enfant fantasmatique", est en effet bien plus complexe à réaliser pour les deux parents que celle de l'enfant physique. Et le point de vue développé par Rivière peut notamment s'avérer très intéressant pour la compréhension des stérilités psychogènes. » (p. 76)
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8. « Décider d'avoir un enfant ou décider de ne pas en avoir, en concevoir un ou ne pas y réussir, en un mot, toutes les vicissitudes du devenir-parent sont, certes, des aventures individuelles ; mais elles sont aussi, on le sait, l'affaire du couple. Il est bien rare, cependant, on l'a vu, que les protagonistes soient seulement un homme et une femme, un père et une mère. De nombreux personnages, réels ou imaginaires, contribuent à la conception (ou à la non-existence) d'un enfant : ancêtres, grands-parents, frères et sœurs, oncles, tantes, neveux, nièces, cousins, telles de bonnes fées ou de méchantes sorcières, s'agitent autour de la couche nuptiale et, plus tard, autour du berceau du nouveau-né.
En outre, l'étude de la multipaternité fait apparaître que tout se rejoue avec chaque enfant : certes, le premier-né "éponge" quelque chose de la fantasmatique parentale ; il n'en est pas moins vrai que lors d'une naissance ultérieure ni le père ni la mère ne sont les mêmes parents : du temps a passé – mais aussi l'expérience du premier enfantement ainsi que celle du premier enfant... pèsent sur les anticipations et projections concernant l' "autre" à venir (la principale différence entre frères et sœurs vient peut-être justement du fait qu'ils n'ont pas eu les "mêmes parents"). » (p. 276)
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5. « […] il pense devenir plus proche d'elle [sa fille de trois mois] quand il aura un contact au niveau alimentaire, dans quelque temps (mais quand ? dit-il, car sa femme n'envisage absolument pas d'arrêter l'allaitement). Cette frustration dans sa paternité, au niveau alimentaire, est un point capital pour M. Masoulin : il dira plus loin, à propos de l'éducation qu'il veut donner, qu'il ne faut surtout pas gaver un enfant comme l'a fait sa mère à lui pour ses huit enfants et ses petits-enfants […] ; en revanche, il s'aperçoit en plaisantant qu'il voudrait "gaver" sa fille de médicaments […] ; sa femme précise qu'au milieu de la nuit, ou à tout propos, il lui apporte le bébé pour qu'elle le nourrisse, même si le bébé a tété une demie-heure avant... qu'il a vraiment envie de la gaver, comme si la nourriture (gavage) et la parentalité (cf. sa relation avec sa mère) étaient intrinsèquement liées pour lui. D'où cette frustration fondamentale du père qui ne peut rien donner à ce niveau (sinon des médicaments qu'il fantasme comme bonne nourriture). » (pp. 157-158)
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4. « […] la normalité nous semble beaucoup plus riche, beaucoup plus intéressante à étudier que la pathologie. Nous reprenons à notre compte une idée développée par Georges Devereux, quand il montre que la maladie mentale représente ce qu'il appelle : "une réorganisation dédifférenciée et appauvrie du comportement" ; si le symptôme pathologique est, en effet, selon la compréhension psychanalytique, un compromis (entre la pulsion et la défense) qui s'avère négatif pour l'individu, c'est qu'il le prive d'autres aménagements que celui ainsi "trouvé" – aménagements qui, eux, seraient plus souples et plus diversifiés.
Cette très féconde idée du nivellement opéré par la pathologie avait également été exploitée par l'ethnologue Roger Bastide, lequel, observant les enfants psychotiques, trouvait qu'ils se ressemblent entre eux quelle que soit leur ethnie d'origine. Ainsi, la dédifférenciation opérée par l'aménagement pathologique s'oppose à la richesse, à l'efflorescence, à l'infinie diversité (tant au plan individuel que culturel) de la normalité. » (p. 108)
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6. « […] cette amie, qui lui plaît beaucoup, lui a demandé un enfant. Lui n'en voulait pas ; mais il a pensé : "Si je n'en fais pas un maintenant, je n'en ferai jamais, j'ai trente ans, tout tombe bien en ce moment." Du coup, dit-il, ce besoin qui existait chez elle, elle me l'a passé.
J'interviens alors pour remarquer que tout se passe comme s'il se trouvait, par rapport à cette amie, en situation de donneur (elle lui a demandé un enfant), mais en plus dans la situation de donneur telle qu'il l'a rêvée, c'est-à-dire de donneur pas anonyme... actualisant ainsi d'une certaine façon son fantasme. Après un long temps de silence (pendant lequel il paraît abasourdi), il acquiesce et enchaîne aussitôt sur le fait que, ce besoin qu'avait son amie, c'est lui qui l'a maintenant, elle le lui a vraiment communiqué après qu'il eut traversé un état de crise et qu'il eut "mis sur le tapis" tous les arguments "contre". » (pp. 186-187)
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7. « Dans ce cas – comme dans celui des autres donneurs de sperme – le don a été bénéfique pour un homme qui a trouvé là une possibilité de "donner corps" à un fantasme. Il s'agit une fois encore d'un comportement manifestement très surdéterminé et, sous la motivation altruiste mise en avant tout d'abord, il y a des raisons plus profondes : avoir d'autres enfants – faire un enfant à une amie – faire un enfant à un ami – satisfaire un idéal chrétien de générosité, de don de soi – et même pallier une certaine revendication en face de la faculté procréatrice des femmes, etc.
Ces différents "bénéfices secondaires", que nous préférons personnellement appeler "contre-dons" (expression qui donne toute sa dimension sociale et positive à l'échange), nous semblent être parfaitement normaux. » (p. 229)
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