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EAN : 9782844851543
98 pages
Allia (14/04/2004)
3.46/5   56 notes
Résumé :
"Ce ne fut pas elle qui ouvrit la porte. Elle ne m'apparut pas comme au premier jour sculptée dans la lumière qui venait de la fête et nous ne restâmes pas à nous contempler en silence, trop émus pour dire quoi que ce soit tandis que nos regards s'abreuvaient à ce qui leur avait manqué si longtemps et que l'enchantement ressuscitait et se renouaient les fils et qu'un même sourire se mettait alors à passer de ses lèvres aux miennes et c'était comme un baiser qui n'av... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Grégoire Bouillier, après l'excellent "Rapport sur moi" se met une nouvelle fois en scène, cette fois ci pour évoquer un épisode de sa vie, survenu autour de la trentaine. Alors qu'il est en train de tenter péniblement de se remettre d'une rupture, la femme qui l'a quitté l'appelle, quelques années plus tard, un dimanche, le jour de la mort de Michel Leiris (ce qui a son importance...ou pas). Cette dernière l'appelle pour l'inviter à la soirée anniversaire de l'artiste Sophie Calle. Tous les ans, Sophie Calle demande à un de ses hôtes de convier un "invité mystère", inconnu de tous. Cet appel ouvre donc une brêche et le narrateur (l'auteur donc) voit dans cette invitation l'occasion d'obtenir enfin une réponse de la part de cette femme qui l'a quitté si brusquement, sans explications quelques années plus tôt. Il part alors en conjectures et son texte prend la forme d'un long monologue intérieur, hâté, précipité, où les pensées se bousculent, se contredisent. La forme rappelle évidemment Thomas Bernhard, d'ailleurs évoqué dans le texte.Tantôt regénéré par l'espoir, habité de nouveaux élans ou effondré par l'absence d'écho, on rentre dans la tête de cet homme en lutte qui cherche de façon désespérée des signes et du sens, pour pouvoir avancer, pouvoir clore les chapitres de sa vie, organiser le réel. La forme sert parfaitement le fonds en montrant au plus près la fragilité de celui qui cherche à rendre cohérent son chaos intérieur.
Tout doit désormais faire sens pour lui (du port de sous-pulls en signe de deuil jusqu'au changement d'une ampoule dans la salle de bains), et c'est d'ailleurs une phrase anodine prononcée par cette ancienne compagne lors de la soirée qui lui permettra de tourner la page 'comme on dit'. Ça parle aussi du pouvoir de la littérature qui agit en sourdine dans nos vies "on croit penser à tout et on oublie le livre posé sur la table de nuit". L'épilogue donne également à voir en quoi la littérature aura influencé directement la propre existence de Grégoire Bouiller, Sophie Calle ayant cherché à le rencontrer suite à la sortie de son premier libre "Rapport sur moi".
Ça a a l'humour désespéré et le charme de celui qui a compris et accepte le ridicule de ses faiblesses. Cela montre avec intelligence et sensibilité la façon dont on est parfois obligé d'interpréter le réel pour lui donner de l'épaisseur, rendre les contingences supportables. Et la façon dont l'écriture permet un peu de le faire. Réjouissant !
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Déjà, pourquoi ce livre ?
Celui-ci a été présenté joyeusement « comme remède à la mélancolie » par l'auteur et dessinateur Fab Caro, dans l'émission d'Eva Bester sur France Inter, en mars 2018 (https://www.youtube.com/watch?v=d¤££¤22D Eva Bester21¤££¤).
J'ai toujours gardé dans un coin de ma tête l'éloge qui avait été fait de ce tout petit roman autobiographique d'à peine 100 pages, édité en 2004… Aujourd'hui, quelques sujets personnels me ramènent à lui… il était donc urgent d'en faire la lecture.

L'histoire :
Nous sommes au début du livre en septembre 1990 (et on le termine en 2004), l'auteur Grégoire Bouillier est dans un profond désespoir depuis que son amie l'a quitté sans donner d'explication. Celle-ci, maintenant mariée et maman d'une petite fille, l'appelle étrangement et lui demande d'être "l'invité mystère" lors de la soirée d'anniversaire de l'artiste contemporaine Sophie Calle.

Rituel d'anniversaire de Sophie Calle (dont je prends un malin plaisir à reprendre) : « le jour de mon anniversaire je crains d'être oubliée. Dans le but de me délivrer de cette inquiétude, j'ai pris en 1980 la décision d'inviter tous les ans, le 9 octobre, si possible, un nombre de convives équivalent à mon nombre d'années. Parmi eux, un inconnu que l'un des invités serait chargé de choisir. Je n'ai pas utilisé les cadeaux reçus à ces occasions. Je les ai conservés, afin de garder à portée de main les preuves d'affection qu'ils constituaient. En 1993, j'ai mis fin à ce rituel ».

Grégoire Bouillier accepte l'invitation et va se torturer l'esprit jusqu'à la date de la fête : Pourquoi cette reprise de contact ? A-t-elle des intentions ? Pourquoi lui ? Quoi offrir à Sophie Calle ?...

Il se rend à l'anniversaire et évidemment tout est compliqué pour lui, bien seul au milieu des invités connus ou non et du brouhaha. Il est toutefois bien fier de son luxueux cadeau qui devrait épater les convives : « un Château Margaux 1964 » qui lui a coûté plus cher que son loyer d'appartement. L'espace d'un instant, il revoit son ex-amie, plus belle que jamais, avec qui il échange de pathétiques banalités et elle le présente à Sophie Calle. Cette rencontre est brève, exubérante et le fameux cadeau n'a pas fait l'effet escompté.

Grégoire est sur le départ quand son ex-amie apparait. Leur dernier échange autour d'un magnifique bouquet de roses sera magique et énigmatique…

Je n'en dirai pas plus quant à l'histoire.

Je retiens un livre très bien écrit ! Des portes s'ouvrent et se referment.
Beaucoup de répétitions utilisées par l'auteur, comme une litanie. C'est bien vu !
Je trouve le récit drôle et pertinent ! J'ai particulièrement souri sur la théorie/la punition autour du port des sous pulls col roulé que l'auteur s'impose lorsque la déprime est là…
L'auteur insiste sur les coïncidences dans la vie… que je partage vraiment… Ainsi, il sera notamment amené à croiser une nouvelle fois sur son chemin Sophie Calle… toujours de manière décalée…
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Avant de me faire une overdose de rentrée littéraire, il est bon de revenir à ces petits livres que j'adore relire de temps à autre : Manifestation de notre désintérêt de Jean Rouaud, du plaisir de haïr de William Hazlitt, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman, le truculent Tyrannicide de Giulio Minghini (découvert il y a un an mais relu déjà quatre fois!), La bouche pleine de terre de Branimir Scepanovic, Ce que j'appelle oubli de Laurent Mauvignier, À la fin d'Eric Laurrent, Jérôme Lindon de Jean Echenoz (la liste semble infinie, j'arrête ici) et cet Invité mystère de Grégoire Bouillier où j'aime me plonger comme on s'enivre sans excès d'un (très) bon vin (facile facile). Autofiction réussie, livre qui mêle à la fois les exigences littéraires, qui en font un ouvrage très éloigné de tout divertissement, les références (Ulysse de Joyce, L'Âge d'Homme de Michel Leiris, Mrs Dalloway de Virginia Woolf), l'art contemporain (Sophie Calle) et le contemporain tout court - dans son excès de réalité -, c'est un petit chef-d'oeuvre de nombrilisme généreux, d'à quoi bon qui fait sens, de fiasco glorieux... ça et les Cure (qui sont cités dans ce livre) et ma journée est sauvée.
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Une couverture sobre, élégante et atypique, qui donne envie d'ouvrir le livre. Un titre intrigant et un résumé qui laisse présager une autobiographie. Trois éléments qui donnent une première approche extrêmement positive de ce court roman de 93 pages.

Ce roman met donc en scène Grégoire Bouillier. Il a trente ans, sa vie amoureuse est dominée par le souvenir de son ex-amie qui l'a quitté quelques années auparavant sans explication. Un homme qui n'a aucune confiance en lui et se retrouve chamboulé lorsque cette même femme l'appelle, un dimanche après-midi, pour l'inviter à une soirée d'anniversaire en tant qu'invité mystère. le narrateur est à la fois enthousiaste à l'idée de la revoir mais aussi terriblement déçu qu'elle ne se soit pas excusée à retardement de leur rupture soudaine.
On le suit dans une torture psychologique presque burlesque où les sentiments qu'il ressent face à cette future rencontre sont parfois euphoriques et à d'autres moments déprimants. Cela donne un récit très dense, à la limite de l'indigestion. Ajoutez par-dessus un style fait de phrases très longues où se succèdent des accumulations d'idées avec la conjonction de coordination « et » utilisée à l'excès. Une écriture certes parfaitement maîtrisée par l'auteur mais à laquelle je n'ai pas adhéré. C'est long, épuisant mais pour sûr cela traduit l'état d'esprit du narrateur. Un exemple intéressant du style et de la forme au service du fond.

Le deuxième élément du récit est cette fameuse invitation. Grégoire se retrouve chez Sophie Calle, artiste plasticienne reconnue, qu'il veut impressionner. Dans son ressenti, on a l'impression qu'il croit assister à une sorte de « dîner de cons » où il est la coqueluche. Pourtant, personne ne semble le remarquer plus que de nécessaire. Encore des sentiments ambivalents et torturés.

A dire vrai, je n'ai pas vraiment compris le fin mot de l'histoire et où l'auteur voulait nous amener. Je sors perplexe de cette lecture dont je ne peux néanmoins pas dire qu'elle fut mauvaise. Finalement, tout comme le narrateur, mes sentiments sont partagés et ambivalents.
Un avis bien court pour un livre que je ne suis pas certaine d'avoir compris.
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Je garde un assez bon souvenir du premier roman de Grégoire Bouillier, Rapport sur moi, et ce fut suite à ça que j'avais acheté son deuxième roman dès sa sortie. de plus, il était court et j'aimais beaucoup la photo de couverture, principalement sobre et intrigante. Mais je ne me suis lancée dans la lecture que cette année. J'avais commencé les premières pages en 2004, mais je n'avais pas accroché plus que ça. Cette fois j'ai persévéré, mais j'ai tout de même compris pourquoi j'avais eu du mal à le poursuivre il y a 9 ans.

Le narrateur nous parle de cette femme qui lui a fait tourner la tête et qu'il a perdue il y a quelques années de cela. Mais il ne nous explique pas pourquoi, en tout cas pas de suite. Et elle finit par l'appeler, un beau jour, un jour béni pour lui. Elle souhaite l'inviter à une soirée où il représenterait « l'invité mystère ». C'est une certaine Sophie Calle qui aurait lancé ce rituel d'anniversaire : « chaque année pour son anniversaire, le jour exact si possible, Sophie Calle organise une fête d'anniversaire où elle invite un nombre de convives équivalent au nombre de ses années, avec, à chaque fois, un inconnu invité par l'un des convives. Pour chaque anniversaire, elle a constitué une vitrine contenant les cadeaux offerts (ce ne sont pas les vrais cadeaux qui y sont utilisés). Sur chaque vitrine est inscrit le descriptif des cadeaux offerts. » (explication tirée de wikipédia). Et, du début à la fin, s'ensuivent des phrases interminables, sans ponctuation, sur les réflexions de cet homme face à son passé, à cet amour, à ce dîner. Cela peut charmer ou déplaire. Je me situe entre les 2. Autant je trouve que Grégoire Bouillier raconte très bien tout ce qui se passe dans sa tête, comment il appréhende les choses, autant je trouve que ça alourdit le texte à de nombreuses reprises. Surtout qu'il ne se passe pas grand-chose. Ce sont plutôt des réflexions face à l'avancement du temps et de la fameuse soirée que des événements intéressants qui viennent s'immiscer dans les situations. Et quelque part, heureusement qu'il y a LA révélation de la fin, sinon j'aurais trouvé cet écrit plutôt insipide.

En bref, pour les amateurs de longs monologues et réflexions sur soi, sa vie, son entourage…
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
En même temps les quotidiens titraient en énorme à la devanture des kiosques sur la "Réunification de l'Allemagne" et le magazine Best titrait "The Cure : Reintegration" et le magazine Guitare et Claviers titrait "Remixouko" et c'était comme si l'époque semblait prise d'une frénésie de recycler le passé pour mieux aller gaillardement de l'avant et solder ses comptes avant d'en ouvrir de nouveaux à l'approche du troisième millénaire et je me disais que son appel n'était pas tout à fait dû au hasard et qu'il participait de la marche de l'histoire, oui, il était en un certain sens historique au-delà de ce que j'imaginais et personne n'échappe à son environnement. C'était peut-être une explication. Car à travers le chaos de mes sentiments et sensations je cherchais à résoudre l'énigme que constituait pour moi son appel, oui, il s'agissait d'une énigme et même un défi à l'entendement et je ne comprenais pas, comment avait-elle pu oser, c'était inconvenable, désirait-elle ma destruction totale et mon anéantissement ? S'agissait-il d'un complot ? Mais trop d'eau avait passé sous les ponts, comme on dit, pour qu'elle cherchât à se venger après toutes ces années et elle n'avait d'ailleurs selon moi aucun motif de se venger et cela ne tenait pas debout, il s'agissait d'autre chose, comme tout le monde elle avait forcément accès aux sentiments les plus élémentaires et je ne savais plus où j'en étais et ma tête n'était qu'une plaie et je me tordais le cou dans mes sous-pulls pour tenter d'apercevoir ce qui m'échappait car il devait fatalement y avoir un sens à tout cela ou alors, c'était la fin des haricots, comme on dit, et la civilisation n'était qu'un mensonge de plus et cela ne valait même plus la peine de faire semblant d'y croire dans les pays dits civilisés et je m'approchais une fin d'après-midi tout au bord d'un trottoir tandis que des voitures arrivaient en trombe sur le boulevard.
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Tout au long de notre existence nous ne cessons finalement de nous éloigner de nous-mêmes et de disparaître derrière ce qui nous nie
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Cette soirée serait le tombeau de toutes mes illusions et j'allais m'y faire déchiqueter et jamais je ne m'en remettrais
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Videos de Grégoire Bouillier (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Grégoire Bouillier
Il y a un an, une soirée spéciale a été organisée autour du roman "Le coeur ne cède pas" de Grégoire Bouillier (éditions Flammarion, prix André Malraux 2022) qui avait reçu une bourse d'écriture du CNL. Découvrez l'entretien enregistré avec l'auteur.
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