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EAN : 9782081375963
132 pages
Flammarion (13/01/2016)
3.59/5   16 notes
Résumé :
30 juin 1961 : dans sa mansarde de Meudon, Louis-Ferdinand Céline est sur le point de mourir. Mettant un point final à «Rigodon», son roman testament, il évoque son parcours littéraire, ses déconvenues et sa déchéance.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Meudon, 30 juin 1961.
Louis-Ferdinand Céline, sent la mort venir.
Entre ses maux et son désir d'achever son dernier roman, il se souvient...
L'auteure a choisi un point de vue périlleux, et certains diront présomptueux, parler à la place de Céline.
L'exercice était risqué, je le trouve réussi, les souvenirs tour à tour chaotiques ou plus subtilement littéraires, de l'auteur du "voyage au bout de la nuit", étaient des plus difficiles à restituer d'une façon cohérente et accessible.
Mais pas accessible à tout le monde, car autant vous avertir, il faut être "Célinien(ne)" confirmé(e) pour apprécier ce court roman, qui bien entendu, puisque c'est son sujet, aborde dans les détails, la vie et l'oeuvre de cet écrivain, qui demeure controversé.
Je termine ce mot, avec une remarque de pinailleur, qu'on voudra bien, je l'espère, me pardonner moi qui ne suis même pas bachelier.
Sur le bandeau du livre, je lis dans la présentation de l'auteure qu'elle a : " fait une thèse sur la dérision chez Céline".
Je ne suis pas aller très loin dans l'étude de notre chère langue française, mais je crois bien me souvenir, avoir appris qu'il faut éviter le verbe "Faire", et le remplacer par un autre plus précis.
"Ecrire, rédiger, soutenir, une thèse"..?!
Détail me direz vous ? Peut-être !
Mais pour présenter un livre sur un auteur si pointilleux sur le choix des mots c'est un peu léger...
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L'auteure est une spécialiste de Céline et elle met ses connaissances au service d'un roman original et érudit dont le but est de nous faire vivre ses dernières heures dans la tête de l'écrivain Ô combien controversé. L'exercice de style est parfaitement réalisé, on y croit, c'est impressionnant. Ensuite, il faut quand même connaître un peu l'oeuvre et la vie de Céline car les références sont nombreuses (j'avoue que je suis sûrement passée à côté de quelques subtilités). Moi qui n'arrive toujours pas à lire Voyage au bout de la nuit (il prend la poussière sur une étagère depuis des années...), ce livre ne m'a pas vraiment donné envie de découvrir l'oeuvre du monsieur mais a plutôt conforté mes appréhensions. Bref, un ouvrage de grande qualité mais un sujet pas forcément à portée de tout le monde.
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Pour son premier roman, Isabelle Bunisset qui enseigne à l'université de Bordeaux, nous conte les dernières heures de l'écrivain qu'elle connaît le mieux : Louis-Ferdinand Céline. En effet, elle est l'auteure d'une thèse sur la dérision chez Céline.
Nous sommes le 30 juin 1961, à Meudon. Il est 16 h et il fait très chaud. L'auteure fait parler, délirer souvent, Céline qui s'acharne à terminer Rigodon, son dernier roman qui ne sera publié par Gallimard qu'en 1969. Tout de suite, il parle de Lucette, son épouse, qu'il a connue en 1935 et qui l'a suivi partout. Elle a une école de danse à l'étage au-dessus.
Il parle des bombardements, de sa fuite, des journalistes qui tentent de le rencontrer car « le pépé acariâtre » est à la mode après avoir été traîné dans la boue : « Dumayet, Chancel, Pauwels, Brissaud, Audinet, Lazareff sont venus interroger l'oracle. »
Ce Prix Goncourt qu'il n'a pas eu en 1932, avec le Voyage au bout de la nuit, alors qu'il était encore respectable, récoltant les faveurs De Beauvoir, de Sartre, d'Aragon et de Triolet, il ne l'a jamais digéré.
Ses souvenirs se bousculent : la taule, les maladies, l'attente du peloton d'exécution, la fuite au Danemark, sa radiation de l'Ordre des médecins… Il parle de son invalidité à 75 % à cause de sa trépanation et de cette balle qui se balade dans sa tête. Tous ses droits d'auteur mis de côté avant-guerre ont été confisqués et ces Chinois qui le hantent…
Il s'emporte contre « les écrivaillons à la mode ». Proust, Gide, Mauriac, Giono ne sont pas épargnés. La Fontaine, Stendhal, Villon, La Bruyère, La Rochefoucauld, Shakespeare, Diderot, l'abbé Brémond, Montaigne, Saint-Simon trouvent grâce à ses yeux mais ce ne sont pas vraiment des contemporains.
Les heures passent et il souffre atrocement. Il repense à ce 27 octobre 1914 : « Ça ne s'oublie jamais la guerre… », son bras inerte, sa tête, sa surdité à cause d'un obus. Il avoue : « Comme s'ils savaient guérir les médecins… » puis, un peu plus loin : « Je ne me heurte pas à la mort, je la cherche au contraire, positivement. »
Il évoque ses souvenirs d'enfance, parle de Bonaparte : « Que savait-il du courage ce fou sanguinaire ? » Ses expériences de médecin qui a toujours pris soin des pauvres ne l'empêchent pas d'être « l'antisémite n°1 depuis plus d'un demi-siècle. Bourreau de moi-même mais assassin de personne, c'est ça le vrai. »
Celui qui avait été en photo en première page du Petit Journal illustré, en grande tenu du 12e Régiment de cuirassiers avec médaille militaire, croix de guerre avec étoile d'argent, arrive à « La fin du voyage ». Il sait qu'il n'aura pas de Panthéon, « Tout le monde n'est pas Hugo » mais ajoute : « le clochard de la littérature tire sa révérence. » le jour se lève et nous sommes le 1er juillet 1961.
Vers la nuit, roman original, agréable à lire, permet d'éclairer un peu différemment ce que nous savons d'un écrivain controversé mais au talent unique.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Céline est au soir de sa vie. Nous sommes le 30 juin 1961. Il est 16 heures lorsque commence ce dialogue intérieur de l'auteur, perclus de douleurs, navigant entre son lit et sa table de travail, tous deux au sous-sol de sa dernière demeure. Céline est dans un abandon quasi mystique pour clore Rigodon son ultime legs littéraire, qui ne verra pourtant le jour aux yeux du public qu'en 1969. A cinq heures le lendemain, Céline tirera sa référence, réprouvé public et littéraire, entouré de son dernier amour Lucette Almanzor et de ses animaux de compagnie. Pendant cette longue nuit, ultime voyage au bout de la nuit, Céline se remémore les champs de bataille, mais aussi s'anime et s'enflamme pour la belle écriture, conspuant ces autres inélégants, qui manquent de style, de finesse, et qui ne savent reconnaître la portée de son génie. Grandiloquent et narcissique, c'est un Céline acculé qui nous est présenté, un Céline fier du combat qu'il a mené mais pour autant conscient des plumes qu'il y a laissé. On oscille donc entre la tendresse et l'affliction pour cet homme seul contre tous, à qui le dos a été tourné après avoir été porté aux nues, mais aussi l'irritation et l'exaspération devant un Céline renonçant en rien à son antisemitisme. le grand monsieur de la Litterature semble si petit alors.

Oser se mettre à la place d'un illustre mourant, c'est déjà culotté. Et quand cet illustre mourant est de l'acabit de Céline, c'est un exercice véritablement casse-gueule, qui pourrait laisser à penser à un suicide littéraire. D'autant plus dans un premier roman. Et pourtant, Isabelle Bunisset se sort de cet exercice difficile à maints égards.

Les formules aussi sèches que le corps amaigri de Céline claquent. "Vingt d'hallali pour trois livres fâcheux" lui fait-elle dire en évoluant ses trois pamphlets antisemites. On pourrait entendre Céline, entre suffisance et dérision. Pas de concession, ni de commisérations non plus de la part d'Isabelle Bunisset qui a comme atout dans son chapeau, une connaissance approfondie du bonhomme avec une thèse consacrée à la dérision dans l'oeuvre de Céline. La restitution de cet univers celinien est juste ; le portrait brut et touchant d'un homme acculé face à la mort, alors que la vie et l'écriture le quitte.

Cependant à la lecture qui vous emmène dans cette nuit obscure et torturée,une question émerge : celle de la dissonance entre la voix portée et la voix réelle. Si le chemin de bataille qu'était le style l'habitait à ce point Céline, on peut être désarçonné par le style propre de l'auteur, qui s'il se paraît de beaux atours Isabelle Bunisset maniant très agréablement la langue, reste fatalement en-deçà de son sujet. C'est ici que l'écriture introspective au nom de Céline touche à ses limites et s'avère presque pénalisant dans l'appréciation générale du roman, qui demeure un très bon premier roman prometteur.

Un grand merci à l'équipe de Babelio pour leur énergie et l'opération masse critique, qui permet aux blogueurs de recevoir un livre en échange d'une critique positive ou négative, ainsi qu'aux éditions Flammarion qui m'ont parvenir le présent exemplaire.
Lien : http://lire-ecouter-voir.com
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Jean Tulard disait que Bonaparte était le sujet qui faisait le plus vendre.
Citati, quant à lui, considérait que c'était Kafka.
Céline est ,avouons le, également un sujet vendeur.
En cela , Isabelle Bunisset, s'assure un moindre succès. Toutefois, là où elle prend un maximum de risques, c'est en adoptant la première personne du singulier pour faire parler l'auteur de Mort à crédit durant les dernières heures de sa vie.
Une universitaire qui se risque à adopter le langage célinien, le projet ne manque pas d'audace.
Et reconnaissons qu'elle y parvient par moment assez bien (la deuxième moitié de la page 74 en est un exemple parfait). On y retrouve le ton geignard qui le caractérisait si bien.
Mais la question qui me rongeait durant ma lecture était "pourquoi ?".
Quel est l'intérêt d'un tel livre ? On a l'impression que l'auteur synthétise une biographie de Céline en y agrégeant des extraits de sa correspondance. Je la soupçonne de paraphraser quelques passages de ses lettres les plus fameuses (mais aucune certitude là-dessus).
On a le droit à tous les truismes et poncifs concernant Louis Ferdinand Céline. Je me demandais quand arriverait l'histoire de la fameuse petite musique. Il m'aura fallu attendre la page 53.
Entendons-nous bien ! La lecture de ce "roman" n'est pas désagréable. Il se lit très rapidement. le passage où Céline juge ses pairs est d'ailleurs amusant.
Le public visé de ce livre me semble être les lecteurs qui souhaitent découvrir les grandes lignes de sa vie.
Amateurs du grand Louis Ferdinand en revanche, passez votre chemin.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
On ne contraint pas les autres à écrire autrement sans qu'ils se rebiffent . Les médiocres s'ennuient vite et, quand ils se sentent menacés, ils font rouler les têtes. Nos censeurs vigilants ne prendront aucun risque. C'est pourquoi ils n'ont jamais voulu de mes audaces, de mes effets. trop raffiné pour eux. L'Académie, les milieux littéraires, toute la bande des faux jetons, ils régentent ça très bien. Ils savent en trouver des écrivains plus dociles, qui sentent bon, même à l'étranger, au besoin. Et eux, ils ont tous les talents bien sûr.
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Comment imaginent-ils me surpasser ? Pas de musique, pas de rogne, pas d'instinct. Et ce n'est pas près de changer. Avec tout ce qui se publie comme navets. Public dupé, gros tirages pour du vent. "Les fainéants ont l'œuvre facile", comme disait l'autre. Avec l'encouragement des éditeurs, ils pondent benoîtement. La grande consommation, voilà ce qui commande. Publicité à outrance et arnaque à la qualité.
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que se referme maintenant la boite à musique, ils n'ont rien compris.Rien d'attentatoire à la dignité humaine. Textes biaisés. Une longue histoire d'incompréhension. Je ne demande que l'intuition du lecteur. A lui seul de décider. Je dois m'allonger, recouvrer un peu mes forces pour finir ma chronique. Allez, nom de dieu, encore une phrase. Ne rien laisser sur l'établi,mission accomplie, comme en 14, mais non, rompu, brisé, inservable. Je ne prendrai plus de coups. Ils ne viendront plus observer l'Oracle vaticinant. C'en est fini de causettes. Cette tanière disparaîtra avec moi. La fin du livre avec la mienne. Maintenant la bouche de guingois comme Michel Simon.
Sans doute de la marmelade la-haut. Les mots ne franhcissent pas la barrière des lèvres.
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... l’antisémite n°1 depuis plus d’un demi-siècle. Bourreau de moi-même mais assassin de personne, c’est ça le vrai.
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Tout le monde n’est pas Hugo.
Le clochard de la littérature tire sa révérence.
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