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EAN : 9782330012472
256 pages
Actes Sud (03/10/2012)
3.6/5   82 notes
Résumé :
Dans ce récit contemplatif et ciselé, le lecteur est invité à accompagner un flâneur infatigable dans son voyage solitaire à travers la Norvège. Sans obligations ni feuille de route imposée, celui-ci se laisse guider par l'envie et le rythme de ses pas. Il n'y a pas de ligne d'arrivée car pour lui, l'expérience de la marche constitue une fin en soi. Sa promenade improvisée le conduit au pays de Galles, à Paris, à Istanbul avant de l'entraîner vers les montagnes de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Je débuterais par un houspillage en règle… à mon intention. Je bénis souvent mon caractère boulimique…mais là dans ce cas là et tant d'autres , je le fustigerais de la plus belle manière !!!
Car comment ai-je pu débuter ce livre il y a plus d'un an…et avoir osé l'abandonner en cours de route. Pourtant, ce texte me plaisait au plus haut point… J'imagine, comme je le fais si fréquemment que j'avais plusieurs livres en cours… et que dans ces cas-là, il se trouve des « abandonnés » au cours du chemin, que l'on reprend avec des délais plus ou moins longs.

Un livre total où le narrateur-auteur parle de sa passion de la marche, de cette activité solitaire ou accompagné d'un ami soigneusement choisi… de sa perception unique en l'occasion, de la vie, des paysages, des gens rencontrés, des beuveries et fiestas, des aventures féminines…et cerise sur le gâteau, en parallèle, Tomas Espédal nous livre ses lectures, ses sympathies, affinités artistiques dans de nombreux domaines, avec bien sûr, au centre, la Philosophie et la Littérature !
« le voyage ne nous vieillit pas, il nous rajeunit. le voyage nous trouble, il change notre rapport au temps et aux années, nous croyons tout voir avec un regard neuf, avec un regard jeune, le voyage perturbe notre mémoire, il nous fait oublier; nous ne nous rappelons plus notre âge réel, nos erreurs, nos déceptions, nous voyageons, nous croyons retrouver notre jeunesse, alors qu'en réalité nous sommes entrain de rêver. Nous rêvons, c'est le voyage qui l'exige, il exige que nous soyons jeunes. le voyage attend de nous que nous affrontions le monde avec un regard innocent, un regard novice, que nous découvrions les choses avec un regard curieux, affamé (...) (p.181) »

Un texte prodigue, généreux, débordant de partout. En plus du récit détaillé de toutes les étapes d'un voyage, d'une longue marche, du répertoire des émotions multiples (dont à un moment donné, l'inévitable « mal du pays » !) qui vont l'accompagner, Tomas Espédal nous fait part de des attirances littéraires, artistiques et philosophiques : Voltaire, Rousseau, Hölderlin, Kierkegaard, Walt Whitman, Hamsun, Rilke, Marguerite Duras, Jean Genet, Sartre, Bruce Chatwin, Alberto Giacometti et « son homme qui marche »… qui nous vaut de magnifiques lignes.

Les pérégrinations de l'auteur vont aussi au-delà : questions métaphysiques (le « gros mot » est lâché !!) du sens d'une vie, de son authenticité, de remises en question de notre réalité, des vanités de notre société de consommation, et de la société , en général. Il décrit fort bien la « Marche » comme une protestation en soi…
« Oui, pourquoi marcher quand on peut naviguer ? Pourquoi marcher quand on peut se déplacer en voiture ou en avion ? Pourquoi cette lenteur, cette solitude, tous ces efforts, tous ces désagréments, pourquoi cette révolte imperceptible, cette protestation inaudible, cette tentative de faire quelque chose de différent et de compliqué ? J'ai toujours voulu vivre différemment, mener une autre existence que celle à laquelle on m'a éduqué. » (p.115-116)

Inutile de dire combien le catalogue Actes Sud renferme de pépites…là, je dirais un bref mot sur ces jaquettes qui m'enchantent toujours. Une couverture des plus sobres et réussies : la photographie en couleur d'un champ à perte de vue, un arbre solitaire, un nuage tout aussi solitaire et un ciel immense qui mange la couverture….Une jaquette des plus parlantes et significatives pour traduire merveilleusement le sujet du texte !

Un tout petit mot sur l'auteur.Il y a des détails qui transportent, des détails qui me font rêver, pouvant, et je le conçois, paraître très enfantins, mais tant pis, j'assume !!
Dans le cas de Tomas Espédal, j'ai été surprise et amusée d'apprendre que ce voyageur-marcheur-écrivain a été boxeur !... les rêveuses fantaisies vont bon train entre le film de Clint Eastwood, la figure légendaire de Marcel Cerdan, etc… et l'évasion se poursuit autrement !

Pour prolonger le plaisir et ma curiosité pour cet auteur norvégien, je continue à faire sa connaissance avec son dernier texte, plus intimiste et douloureux « Contre l'art », toujours publié par les éditions Actes Sud…
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Je viens de lire, d'apprécier et de commenter la critique de Fanfanouche sur ce récit. "Voilà un Tomas Espedal, grâce à Fanfanouche, installé sur un beau pied d'Estale '' , je sais il y a une faute ça s'écrit piédestal et alors ! ça me fait une belle jambe ,et c'est mieux qu'un pied de nez, Non !! Hihihihi :-)
Comme son nom ne l'indique pas, Tomas Espedal est norvégien, aussi il maîtrise la langue de Shakespeare, et il saura nous faire découvrir multitude d'auteurs étrangers, principalement des poètes, souvent inconnus à la plupart d'entre nous, tout au moins, j'assume, je ne connaissais pas la moitié de ces illustres auteurs avant ma majorité ! non, je ne connaissais pas la majorité de ces auteurs alors que Tomas marchait déjà dans notre capitale, avec sa petite copine à seize ans, et ça c'est bien en-dessous de la majorité !!! Faut dire que c'était un boxeur, va pour l'endurance mais pour la poésie c'est pas la caractéristique qui se remarque le plus chez ce genre de personnage !
Tout ça pour dire, que oui j'ai bien apprécié ce recueil-récit... Dans toutes ces pérégrinations, Tomas nous fait marcher,"A force de transpirer, nous éliminons la fatigue et le froid, nous éliminons l'alcool et la peur, les soucis et les mots", faut avouer que pour leur voyage dans le grand Nord Scandinave, avec un copain, ils emmènent deux cartons de vin et deux bouteilles d'alcool fort, d'accord ils se le répartissent entre leurs sacs, mais là encore je pense qu'il nous fait marcher. ;-)
J'entends d'ici, certains bannir ces vagabonds, ces nomades errants, ces rêveurs déambulateurs, acceptons l'enseignement de ces pérégrinations tels des péripatéticiens à l'école de nos Antiques Lycées ...
(du grec peripatein : se promener, élèves d'Aristote; je sais ça vous fout un coup, mais je vous rappelle que c'est le boxeur qui l'a écrit ! )
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Je quitte l'avenue aux acacias, une des rares rues parisiennes décrivant un arc de cercle, échappant à la géométrie implacable qui découpe trop souvent la ville en formes rectangulaires, emprunte l'un des nombreux escaliers de la butte et me dirige vers les vignes montmartroises, carré de vert sous un dôme bleu nuit.

Le brouhaha incessant de la ville s'estompe laissant place à un ronronnement lointain et aux gazouillis de quelques oiseaux parisiens. le ciel s'est évadé de l'ombre des façades haussmanniennes, l'air lui-même semble plus pur. Je songe à une estampe tibétaine où un moine quitte Babylone, sa poussière, sa misère, ses bidonvilles, ses bordels, et escalade une imposante montagne enneigée afin d'aller méditer sous une cascade.

J'atteins les vignes que je contourne par la droite en me dirigeant vers la place Marcel Aymé où m'attend avec une patience infinie, sous un ciel crépusculaire parsemé de quelques nuages rougeoyant, le passe-muraille engoncé pour l'éternité dans un épais mur de pierre.
La quiétude de ces lieux oubliés des hordes de touristes est ma récompense, si loin du vacarme assourdissant de la place de Clichy. La musique du hasard m'accompagne toujours, je crois discerner la mélopée nostalgique d'un oud, et le rythme syncopé d'une contrebasse, qui se fondent dans la douceur de cette soirée d'été.

Je continue de m'éloigner du bruit incessant de la ville, de la foule aux yeux brillant d'un désir incompréhensible, des voitures qui enserrent la butte de leur flux infini, comme un immense serpent gris qui tenterait d'étouffer la citadelle blanche, je laisse les hommes derrière moi et avec eux ton regard bleu qui hante mes nuits, je m'arrache du monde et je grimpe, vif et léger malgré la souffrance indicible qui gronde au fond de ma poitrine …
____

Ce court texte se veut un hommage « littéraire » au très beau livre de l'auteur norvégien Tomas Espedal, « Marcher ».

Le narrateur sort de chez lui un beau matin, quitte sans crier gare son domicile et sa compagne, et part pour une interminable marche qu'il n'a absolument pas préméditée. Se laissant porter par la poésie de ses auteurs « marcheurs » préférés, Rousseau, Hölderlin, Rimbaud, Tomas va sillonner la Norvège, le Pays de Galles, les montagnes de Transylvanie, la côte grecque, parcourir Paris et Istanbul. Tout en méditant sur les maximes en forme de mantras énoncées par Kierkegaard, Thoreau, ou Whitman, il va de rencontres inopinées, en mésaventures montagnardes, retrouver le sens d'un mot trop souvent galvaudé, la liberté.
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"Marcher", emboîter le pas à l'auteur et le suivre dans ses errances, de villes en villes et parfois de bars en bars, le suivre au gré des rencontres, en Norvège, à Paris ou en Turquie. L'imaginer dormir à la belle étoile, poser le livre et regarder par la fenêtre la nuit claire et tranquille.

J'ai toujours beaucoup aimé ce que l'on nomme "Littérature de voyage" et peut-être qu'en ces temps de confinement, je l'apprécie plus encore.
C'est l'histoire d'un homme qui sort un jour de chez lui et commence à marcher. Il ne sait pas vraiment où il va. Il "vagabonde", selon la vieille tradition. Derrière lui, une maison, une femme, tout un pays. Des liens terrestres, des liens du coeur. Mais Tomas Espedal s'éloigne, il avance, il marche. Et plus il marche, plus son esprit s'allège, plus sa pensée s'approfondit. C'est une force incroyable qui le pousse en avant, l'irrépressible envie de liberté.
"Petit à petit je le comprends, tu es heureux parce que tu marches" écrira-t-il.
Il fera route tantôt seul, tantôt avec un ami. Car si la solitude est féconde, nous devons nous méfier de toute fascination morbide qui nous éloignerait du monde. Cela, Tomas Espedal semble l'avoir bien compris.
En chemin, l'auteur rend hommage à quelques solitaires bien connus, comme Erik Satie, dont il ira voir la petite maison, mais sans s'y attarder, déçu sans doute de la trouver si misérable. le lecteur croisera aussi Giacometti, Rousseau, et quelques autres, ces grands hommes évoqués donnant au récit de voyage un tour plus érudit.

Le rythme de cette balade est lent, comme pour réhabituer le lecteur à faire la pause, à accepter les blancs. Tomas Espedal veut faire de nous des lecteurs-flâneurs. Il nous berce de sa prose délicate et mélodieuse. Il ne s'agit ici que de prendre son temps, de ne pas trop en demander et de regarder vraiment.
Mais point d'idéalisme. L'auteur nous rappelle, juste au moment où nous commencions à chausser nos sandales que la vie du vagabond est une vie faite de beaucoup de souffrances et de privations. Alors marcher, oui, mais pouvoir rentrer quand on veut dans sa chaude maison. C'est le vagabondage moderne, un itinéraire pour enfant gâté. L'auteur en est pleinement conscient et le léger agacement qui parfois m'avait titillée s'est évanoui en lisant ceci: "nous avons assez d'argent et aucune contrainte, ni travail ni devoirs, (...) nous sommes irresponsables et libres."

Pour tous les autres il reste les voyages immobiles car, nous dit l'auteur, "il y a bien des façons de voyager, il y a bien des façons de rester à la maison; (...) nous pouvons voyager dans notre propre salon. Nous pouvons nous asseoir dans le premier fauteuil venu, derrière le bureau près de la fenêtre, et commencer à écrire."
Ou lire....








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Tomas Espedal, écrivain norvégien qui a déjà publié plusieurs romans, éprouve un matin l'envie ou plutôt la pulsion irrépressible qui l'invite à partir et entreprendre un voyage à pied, dont il n'a pas prévu l'itinéraire. Pas vraiment bien équipé, il décide de découvrir la Norvège et de trouver le long de la route le gîte et le découvert au gré des rencontres. Mais ce voyage qui n'a pas de but précis, lui permet néanmoins de convoquer tous les écrits de voyage et rendre hommage à tous les écrivains voyageurs...De Rousseau à Kirkegaard, de Hölderlin à Henry David Thoreau en passant par Shakespeare, Virginia Woolf, Eric Satie ou Rimbaud, c'est l'éloge de la solitude, de la réflexion, de l'introspection qui permet la construction de la pensée, le retrait du monde qui permet l'observation de la nature, les difficultés qui remettent en cause la présence de l'homme dans la nature...Traversant les villes comme Bergen, mais dormant également à la belle étoile au bord des Fjords, Espedal offre une belle réflexion sur l'Homme dans l'univers.
Dans une deuxième partie du récit, Tomas Espedal part avec un ami dans un voyage en Grèce puis en Turquie, l'occasion également d'apprécier le voyage en duo dans le berceau de la civilisation occidentale mais également d'en apprécier le style de vie, la quiétude des monastères des Météores, ou le partage d'un repas de poissons avec un vin résiné.
Tmas Espedal offre avec "Marcher", une parenthèse pas toujours enchantée, mais très érudite, illustrée de citations d'écrivains et poètes, un récit qui reste accessible et n'est jamais suffisant...Il réussit ce partage avec le lecteur.
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Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
"La piste ouverte. La vaste demeure de l'âme est la piste ouverte. Ni le ciel ni le paradis. Pas "au-dessus", pas même "dedans". L'âme n'est ni au-dessus ni au-dedans. Elle est un voyageur sur la piste ouverte. Ni par la méditation. Ni par le jeûne. Ni par la connaissance du ciel et de la vie intérieure, à la manière des grands mystiques. Ni par l'exaltation. Ni par l'extase. Par aucune de ces voies, l'âme n'arrive à s'appartenir. Seulement en suivant la piste ouverte. Ni par la charité. Ni par le sacrifice. Ni même par l'amour. Ni par les bonnes actions. Par aucun de ces moyens, l'âme ne s'accomplit. Seulement en s'en allant sur la piste ouverte. Le voyage en lui-même, sur la piste ouverte. Exposé à tous les contacts. Sur deux pieds lents. Affrontant tout ce qui passe sur la piste ouverte. En compagnie de ceux qui suivent le même chemin. N'allant vers aucun but. Seulement la piste ouverte."

D. H. Lawrence
p40
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On est passé à coté de ses poèmes, de la même façon que nous passons à coté d'un arbre, sans véritablement le voir, sans comprendre ce que nous avons laissé derrière nous. L'arbre et le poème sont porteurs du même message : nous devons apprendre à voir. Nous devons apprendre à lire. En lisant Olav Nygard, nous découvrons que tout ce que nous cherchions, tout ce qui nous manquait, est là, où que nous soyons, devant nos yeux. Caché dans ce qui nous est proche, dans les choses simples, dans ce qui nous entoure et nous est familier, dans ce que nous ne voyons plus à force de le côtoyer.

p66
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"Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans les voyages que j'ai faits seul et à pied. La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées : je ne puis presque penser quand je reste en place; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit. La vue de la campagne, la succession des aspects agréables, le grand air, le grand appétit, la bonne santé que je gagne en marchant, la liberté du cabaret, l'éloignement de tout ce qui me rappelle à ma situation, tout cela dégage mon âme, me donne une plus grande audace de penser."
J.J. Rousseau.

p33
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Pour Rousseau, le promeneur est donc un homme simple et paisible. Il est libre. Il a quitté la ville, abandonné famille et obligations. Il a fait ses adieux au travail. Aux responsabilités. A l'argent. Il a pris congé de ses amis et de sa bien-aimée, de ses ambitions et de son avenir. C'est un révolté, mais il a également fait ses adieux à la révolte. Il erre seul dans la forêt, en vagabond. Il parcourt les chemins, sans trop de possessions, il s'est approprié le monde et ses possibles. Tout ce dont il a besoin, il le porte dans un sac sur son dos.

p35
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Le plaisir que vous procure une maison n'a rien à voir avec la satisfaction de posséder un logement, il est plus profond, il réside dans le fait d'avoir trouvé un lieu où se reposer, où il y a de la chaleur et de la lumière, où on peut s'asseoir près de la fenêtre pour regarder dehors; être dedans. Le plaisir de la maison, c'est le plaisir d'être dedans. Le plaisir d'être dehors découle du fait d'avoir trouvé une maison, elle n'a pas besoin de vous appartenir.

p76
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Vidéo de Tomas Espedal
Lecture en anglais de Tomas Espédal, à partir de son texte "Marcher"
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