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Nathalie Piégay (Autre)Daniel de Roulet (Autre)
EAN : 9782889601035
190 pages
La Baconniere (03/02/2023)
3.25/5   4 notes
Résumé :
Daniel de Roulet a rassemblé des portraits de vingt-trois écrivains, femmes et hommes, qui comptent pour lui. Il ne les aborde pas en critique littéraire, mais évoque des vies dans lesquelles l'écriture a joué un rôle décisif si ce n'est exclusif. Ces portraits très documentés dérivent souvent d'une anecdote, à partir de laquelle s'ancre une admiration, se pose une question inédite sur l'oeuvre. Ils sont présentés dans l'ordre chronologique des dates de naissance de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
- Reçu par poste le 24 juin 2023

Une lecture- découverte des plus jubilatoires, franchement " Inclassable " !

Tous mes plus vifs remerciements aux éditions de la Baconnière ainsi qu'à la dernière Masse Critique " Non- fiction" qui m'ont offert cette très " belle pioche", avec la totale découverte de cet auteur Genevois : Daniel de Roulet....

Un ouvrage comme je les aime : un.livre menant à d'autres livres, d'autres écrivains....et petit plaisir supplémentaire pour cette lecture , on.peut s'y promener à sa guise, dans l'ordre ou le désordre..
selon nos préférences ou la curiosité du moment.

Pour ma part, j'ai débuté par le "portrait"
d'Agota Kristof....et d'emblée,on se rend
compte que ces portraits vont nous réserver des surprises de " perspective " !

Il nous offre, à chaque portrait d'écrivain , comme un " pas de côté ", un décalage insolite...dans sa vision .

Sur les 23 " portraits clandestins" je n'en choisirai que quelques-uns dont la présentation est plus inhabituelle...


"Agota Kristof

J'admire cette femme de soixante ans qui se déclare asociale, accepte de perdre à la fois ses amis de là- bas et ceux d'ici au nom de cette exigence qui, dit-elle, vient du dedans.Entre son sourire espiègle et la mélancolie de ses livres, le mystère demeure.
- Ça nous tue.Si on écrit, on ne peut pas vivre vraiment. Mais sans ça, la vie n'a plus de sens. "

-Pour Agota Kristof, il nous la présente lors d'une lecture publique qu'elle doit faire et qui ne la réjouit guère ; Agota demande à notre " reporter littéraire " de l'accompagner...ce qui nous donne les digressions et les observations d'Agota Kristof sur ces lectures publiques ou rencontres avec ses lecteurs, qu'elle trouve inutiles. Pour elle, ses écrits se suffisent à eux-mêmes...

- Pour James Baldwin , sa personnalité, son parcours, son oeuvre sont abordés d'une façon singulière : par le prisme d'une autre vie, d'un autre parcours éclatant d'un homme noir...se trouvant parmi ses lecteurs et admirateurs assidus : L'ancien président Barak Obama....

- Pour Roger Vailland, le biais sera la relecture des
" Mauvais coups", lecture qui avait très fortement marqué l'auteur lorsqu'il était adolescent. Cette perspective, en plus de ses appréciations diverses sur Vailland, va se prolonger avec des questionnements sur les périodes plus ou moins longues de " Purgaroire" que peuvent subir les artistes !

- Pour Jean- Christophe Bailly...étonnamment il parlera peu de ses livres mais de sa présence étonnante lors des rencontres et manifestations publiques où il doit intervenir; il parle avec beaucoup de fougue du " ballet de ses mains" toujours en mouvement, comme un autre langage complémentaire ....Daniel de Roulet ayant été l'écouter à l'une de ses interventions littéraires...

- En ce qui concerne le poète- philosophe- éditeur, Michel Deguy, cela sera à travers son texte " le Comité " : récit des rouages et des coulisses pas toujours glorieuses d' une maison d'édition parisienne , Gallimard ( dont il a été inélégamment évincé, au bout de 30 ans, au Comité de lecture) que Daniel de Roulet parlera de Michel Deguy, de son parcours, de ses engagements, mais aussi, avec une plume ironique, il nous offre les observations sur ce petit monde parisien de l'édition, er ses coulisses !!

Selon les qualificatifs très justes de la préfacière , Nathalie Piegay, le ton et le style de notre portraitiste possède " une allure enlevée et un ton décapant "...

Recueil juilatoire, surprenant, qui, en fait réunit 23 portraits rédigés entre 1998 et 2022, ayant été publiés séparément soit dans des revues, soit dans des colloques ou autres, etc.

Il y aurait encore moult choses à dire de ce riche recueil multiforme, aussi varié et éclectique dans le choix des écrivains (***Le portrait le plus fourni est celui De Stendhal) que dans les thématiques les prolongeant: que cela soit des analyses, remarques sur La Littérature, La Poésie, la philosophie au sein des maisons d'édition, la rare intégrité journalistique ( avec un hommage à la reporter russe assassinée, Anna Polikovskaïa--), les critères complexes, imprévisibles de la postérité ou le purgatoire littéraire de tel ou tel auteur...et j'allais omettre sa plume acide, incisive pour son
pays , La Suisse, les épisodes troubles de son histoire ainsi que pour ses compatriotes....tout en accordant une place importante dans "ces portraits"aux écrivains et artistes helvétiques !

J'achèverai ce billet par un extrait concernant la si courageuse journaliste russe...et aussi car il confirme le ton et l'état d'esprit exigeant de Daniel de Roulet (*** voir très beau texte sur Louis Pergaud, où il remet "les pendules à l'heure", et pique un coup de gueule justifié pour rectifier des mensonges colportés, entretenus par chaque pays, au fil de l'histoire)

" Anna Polikovskaïa

J'ai repensé à ce que vous m'avez appris du journalisme d'aujourd'hui, où les uns commentent le monde du haut de leur moralisme, les autres se laissent simplement embarquer dans les fourgons du régiment, mais quelques uns, comme vous, ne lâchent pas prise et le paient.

Ce que j'aimais chez vous, c'est que vous ne mettiez pas seulement en cause les militaires tortionnaires russes, les forces spéciales Tchétchènes, vous ne disiez pas seulement la répression, la vengeance, le meurtre des civils, vous disiez aussi votre désarroi et la manière dont ce travail d'enquête peu à peu vous
faisait découvrir le gouffre moral au fond
de chacun d'entre nous, quand il est confronté à la guerre."

Il vous reste encore à découvrir :
-Stendhal, Victor Hugo, Nietzsche, Marcel Proust, Robert Walser, Gustave Roud, Denis de Rougemont, Annemarie Schwarzenbach, Marguerite Duras, Jean Starobinski, Michel Vinaver, Nicolas Bouvier, Jacques Chessex, Raymond Carver, Niklaus Meienberg.


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J'ai lu avec plaisir plusieurs ouvrages écrits par Daniel de Roulet, en particulier « dix petites anarchistes » que j'avais trouvé original, intéressant et bien documenté. Une récente opération « masse critique » m'a permis d'avoir entre les mains l'un de ses livres récents « portraits clandestins » que je n'avais pas encore découvert. Il s'agit d'un recueil de textes avec pour fil conducteur certains aspects biographiques singuliers de la vie d'écrivain•e•s plus ou moins connus. Ils s'agit de courts essais, publiés sur différents supports et à des dates plus ou moins récentes. Ce choix constitue à la fois l'intérêt et le point faible de cet ouvrage. Les approches stylistiques sont diverses, et les textes plus ou moins longs. Il me semble que l'objectif recherché est de dresser le portrait, sous un angle original, d'un certain nombre d'auteurs auxquels l'auteur s'est intéressé. Parfois c'est un épisode isolé de la vie de l'artiste qui est choisi, parfois c'est l'approche elle-même qui est singulière.

Le premier écrivain mis en avant est Stendhal. Ensuite, on enchaine juste avec du beau linge : Hugo, Proust, Nietzche…, puis des personnages moins en vue. Beaucoup de choses ont été déjà racontées sur les célébrités. Pour éviter les redites,Daniel de Roulet a souvent choisi un angle d'approche original. Pour Stendhal par exemple, le récit est centré sur les rencontres amoureuses et les déceptions que cet auteur a éprouvées. Beaucoup d'anecdotes, pas toujours passionnantes pour qui n'est pas un fan de l'artiste. J'avoue que j'ai trouvé ce premier texte un peu long ; je n'ai guère accroché et j'ai même failli me décourager… Il a fallu que j'avance de quelques chapitres pour que mon intérêt se réveille. Les derniers portraits m'ont semblé plus vivants et surtout plus touchants. Mon attention s'est réveillée !

J'ai lu avec plus grande attention, les portraits de Louis Pergaud, d'Annemarie Schwarzenbach ou de la journaliste russe Anna Politkovskaïa (assassinée par les sbires du gouvernement russe) m'ont beaucoup plus inspiré. La démarche d'écriture concernant Pergaud m'a bien accroché.
L'évocation de la persévérance avec laquelle Delphine, l'épouse de Louis Pergaud, a espéré le retour de son époux jusqu'à la fin de la guerre m'a profondément touché. J'ignorais que la compagnie dans laquelle il combattait avait été anéantie par un bombardement français. Antimilitariste convaincu, je pense qu'il a dû se retourner plus d'une fois dans sa tombe, en entendant les hommages hypocrites qui lui ont été rendus par certains.
Daniel de Roulet, comme pour beaucoup de portraits qu'il a dressés, s'est rendu dans la petite commune de Landresse où le soldat Pergaud a perdu la vie. Je ne résiste pas au plaisir de vous recopier ce paragraphe du livre : « …alors que Pergaud avait été chassé de l'enseignement parce qu'il refusait de donner des cours de religion à ses élèves, son nom est maintenant gravé à côté du bénitier de l'église. Je n'ai pas aimé du tout. »

Parmi les portraits dressés, certains étaient totalement « clandestins » pour moi et l'ouvrage de Daniel de Roulet a eu aussi le mérite de me permettre des découvertes que j'espère enrichissantes. Je pense entre autres à Gustave Roux ou Agota Kristof. La présentation de certains artistes a le mérite de donner envie de mieux les connaître. Pour résumer, comme dans tout recueil, il y a, à mes yeux, du bon et du moins bon, d'où ma note modérée mais point négative.
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"Portraits clandestins" est présenté par les éditeurs et libraires comme une série de portraits d'écrivains plus ou moins célèbres. Ce fut ma première déconvenue car ce livre est en fait surtout le portrait de son auteur. Les écrivains qu'il évoque sont le prétexte pour parler de lui : de ses idées, de ses opinions politiques, de ses rencontres, de ses voyages et de son pays : la Suisse. À titre d'exemple, celui qui aura été le plus frustrant pour moi, le "portrait" de Victor Hugo qui consiste seulement à nous évoquer la maison-musée fermée au moment où l'auteur s'y rend, lors d'une course à pied aux portes de Paris dont on assiste à toutes les étapes, avec le ressenti de l'auteur dans chaque quartier traversé. le choix des auteurs mentionnés est fortement lié également à leur lien avec la Suisse. Je n'ai donc pas du tout trouvé ce que j'attendais de cet ouvrage. Mais il plaira sûrement à ceux qui veulent en savoir plus sur l'auteur. Rencontré manquée.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Blaise Cendrars

(*** À propos d'une rencontre à Paris entre Cendrars et Le Corbusier)

Ou bien mettons qu'ils aient parlé de leur fière condition d'autodidactes.Un sujet qui revient souvent chez l'un et chez l'autre.Cendrars n'a pas terminé ses études universitaires commencées à Berne.Il se veut homme d'action. Parfois, c'est une citation qu'il met dans la bouche de l'un de ses personnages :
" Je voyage, j'écris, mais je ne suis pas un homme de lettres en voyage.Je vous ai déjà dit que je ne suis chargé d'aucune mission, même pas de propagande."
À quoi Le Corbusier répond : " Je pense moi qu'il est à peu près dix fois plus facile de faire un diplôme d'architecte dans un polytechnicum que de n'en vouloir pas faire." Le Corbusier ne sera admis à l'ordre des architectes qu'à cinquante- six ans pendant l'occupation allemande de la France, le 13 avril 1944.
Il aime parler de lui à la troisième personne: " Notre homme était un autodidacte.Il avait fui les enseignements officiels.Ainsi avait-il ignoré les règles canoniques, les principes codifiés et dictés par les Académies. Échappé à l'esprit académique, il avait la tête libre et le nez au vent."

( p.84)
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Anna Polikovskaïa

J'ai repensé à ce que vous m'avez appris du journalisme d'aujourd'hui, où les uns commentent le monde du haut de leur moralisme, les autres se laissent simplement embarquer dans les fourgons du régiment, mais quelques uns, comme vous, ne lâchent pas prise et le paient.

Ce que j'aimais chez vous, c'est que vous ne mettiez pas seulement en cause les militaires tortionnaires russes, les forces spéciales Tchétchènes, vous ne disiez pas seulement la répression, la vengeance, le meurtre des civils, vous disiez aussi votre désarroi et la manière dont ce travail d'enquête peu à peu vous
faisait découvrir le gouffre moral au fond
de chacun d'entre nous, quand il est confronté à la guerre.

( p.176)
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Blaise Cendrars

Est-il ridicule de supposer que s'ils n'étaient pas nés à La Chaux-de- Fond, Chevrolet, Cendrars, Le Corbusier et quelques autres ne seraient pas devenus ce qu'ils sont ? Vous et moi serions- nous différents si nous étions nés ailleurs ? On naît par hasard à un endroit. Ensuite est-on obligé de l'assumer ? Qu'est-ce qu"on choisit vraiment dans sa biographie ? Le milieu social ? Le lieu de l'enfance ? Être fils d'horloger à La Chaux-de- Fonds comme ces trois- là ?

( p.73)
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Nicolas Bouvier

Pourtant ce père n'insiste pas pour que Nicolas prenne place dans la grande lignée. Il aurait pu l'aider à devenir professeur (...)
Aucune nécessité économique n'y pousse Nicolas. Il a reçu de ses parents un enregistreur, un équipement de photographe et une voiture qui doit lui permettre de se rendre du domicile de ses parents à l'Université (...)

Auguste ne retient pas son fils, ne lui demande en échange que des lettres, des récits de voyage. " Ma niche académique était quasiment préparée,avec l'écuelle et la paille, et je ne voulais pas m'appeler Médor." Le voilà donc sur les routes, avec un prétexte académique cependant, une thèse d'histoire dont il irait chercher les archives.Loin des bustes, loin d'Amiel, il fuit.

( p.132)
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Agota Kristof

J'admire cette femme de soixante ans qui se déclare asociale, accepte de perdre à la fois ses amis de là- bas et ceux d'ici au nom de cette exigence qui, dit-elle, vient du dedans.Entre son sourire espiègle et la mélancolie de ses livres, le mystère demeure.
- Ça nous tue.Si on écrit, on ne peut pas vivre vraiment. Mais sans ça, la vie n'a plus de sens.

(. p.159)
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