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Critiques sur le theme : lgbtq+ (77)
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Le secret de la force surhumaine

Inconditionnelle du sport, la narratrice Alison raconte comment ce dernier est entré dans sa vie. Depuis l'enfance, elle est initiée par sa famille à l'endurance. Dès l'adolescence, elle prend conscience que les sports lui servent à s'affirmer, mais plus tard, ils lui permettent aussi de nourrir son inspiration en tant qu'écrivaine. le sport la rapproche de la nature et de la littérature comme celles et ceux qui ont poursuivi une quête de soi, des transcendentalistes à Jack Kerouac. Au fil des âges et des relations amoureuses, l'autrice assouvira-t-elle sa recherche d'apaisement ? Découvrira-t-elle ce qu'elle nomme « le secret de la force surhumaine » ?
Alison Bechdel aborde ici un thème peu commun en littérature, celui du sport comme essence de la vie et auquel on s'adonne sans compter. Ce récit haut en couleurs s'apparente à un manuel technique d'initiation aux sports. Sur le mode de l'autobiographie, l'autrice se confie sur ses angoisses, à l'image des tomes précédents relatant le parcours de ses parents. Agrémenté de références littéraires, comme à son habitude, le récit composé par l'autrice est celui de la recherche d'une voie intermédiaire et réconciliatrice entre le corps et l'esprit.
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Nom

L'avocate Constance Debré est la fille du journaliste de guerre François Debré et de la mannequin Maylis Ybarnegaray, tous deux accros à l'opium. Dans « Nom », elle interroge le milieu bourgeois dont elle est issue et dont elle s'est affranchie. Il lui a fallu plusieurs années pour briser les chaînes de son histoire familiale, marquée par la violence des silences, les folies et les solitudes enfermantes. « Nom » est homonyme de « non » ! Au-delà de cette mise à distance avec son héritage lié au nom Debré, Constance se sert de l'écriture pour redéfinir et affirmer l'identité dans laquelle elle se reconnaît : « Il faut en finir avec l'origine, je ne garde pas les cadavres ». de la même manière, elle refuse d'étiqueter son récit dans le carcan des genres littéraires. Autofiction, roman, autobiographie… ce texte peut être tout cela à la fois ou rien du tout : Ce texte risque de vous secouer par la rythmique des phrases saccadées, reflet de la pensée survoltée et énergisante de l'autrice. Une pépite à lire pour qui est prêt à une écriture cash et nerveuse.
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Pussyboy

Patrick Autréaux commence avec Zakaria une relation qu'il a du mal à définir : c'est plus que du sexe, mais pas encore de l'amour. Il se trouve que Zakaria est très peu fiable : Patrick ne sait jamais quand il viendra. Zakaria reste de longues semaines sans donner de nouvelles, puis appelle au dernier moment pour dire qu'il arrive et souvent ne vient pas. Patrick ne fait plus attention aux lapins que Zakaria lui pose et se résout à apprendre de lui "l'ambivalent plaisir de ce qui n'est jamais acquis”. Mais lorsque Zakaria vient, les corps se rencontrent et se retrouvent d'une façon que Patrick n'a jamais expérimentée avec aucun de ses amants. Pourtant Zakaria est d'une autre sphère : il est arabe, musulman et pratiquant. Sa religion inscrit fortement en lui un interdit sur cette relation homosexuelle.
Dans ce court récit, Patrick Autréaux questionne le désir sexuel et cherche à remonter à sa source. Bien que sa relation avec Zakaria ne semble pas se situer dans les hautes sphères amoureuses, elle prend une place déterminante dans sa vie et lui permet de faire des liens avec son histoire familiale. Dans une écriture qui ne s'encombre d'aucun tabou sexuel, Patrick Autréaux attribue une importance remarquable à une relation qui ne semble mener nulle part. L'auteur donne ainsi une force et une profondeur littéraire à ce qu'on pourrait juger un peu rapidement frivole ou secondaire.
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Voleuse

Ella et Madeleine, deux adolescentes, s'entrecroisent au gré des cours de lycée et des soirées festives, sans jamais se parler. Il ne faut qu'un pas pour que leur attirance se concrétise enfin ; Ella, la plus audacieuse, tente d'approcher Madeleine, mais une soirée très arrosée la plonge dans l'oubli. Au matin, elle se réveille entourée d'objets que Madeleine entasse et vole pour conjurer sa timidité. À la faveur de cette mésaventure, Ella pousse Madeleine à rendre tous les objets volés à leurs propriétaires. Ce « jeu » leur permet de mieux se connaître et de vivre leur relation amoureuse, en même temps que Madeleine assume peu à peu son homosexualité.
Ce roman graphique relate deux vies aussi opposées que les caractères d'Ella et de Madeleine. Lucie Bryon s'emploie à décrire de manière très expressive les émotions des jeunes filles, avec un visuel un brin manga, notamment dans le visage de la joyeuse Ella. La mise en page est faite de rebondissements, de sauts dans le temps. Les vignettes se remplissent de teintes pleines comme si nos protagonistes tentaient de surnager face à leur tristesse. Avec un trait léger, l'autrice aborde l'acceptation de soi et les premières amours adolescentes.
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Les aventures de China Iron

Gabriela Cabezón Cámara revisite un mythique poème épique argentin, « El Gaucho Martin Fierro », pour s'intéresser à la femme de celui-ci et en faire un personnage de premier plan. Mariée de force à 14 ans à Martin Fierro, elle ressent une véritable libération quand celui-ci est capturé. Elle décide alors de partir, laissant ses deux enfants à des paysans. Elle se retrouve ainsi dans une charrette aux côtés de Liz, une Anglaise qui traverse la pampa pour aller s'occuper d'une ferme et qui lui donne le nom de China Josefina Iron. Toutes deux apprennent à se connaître, se séduisent et tombent amoureuses.
Roman d'aventures et des grands espaces, ce récit raconte comment ces deux femmes s'apprennent mutuellement leur culture et leur langue et s'éveillent à l'amour, tout en parlant de poésie et de chants. Avec un jeune marginal au passé tragique rencontré en chemin et un chien adopté, elles forment une communauté qui défie la violence des hommes, l'arrogance des militaires et des propriétaires terriens. le roman décrit avec subtilité la réalité sociale et la beauté de la nature environnante, mais se teinte aussi de fantastique quand il offre des images de fleuves en crue, de festins orgiaques ou de personnages qui passent du masculin au féminin dans d'étonnantes métamorphoses. En choisissant de raconter cette histoire du point de vue d'une femme, l'autrice fait de ce roman un texte résolument féministe, qui exalte le corps, le désir et la possibilité d'une vie heureuse en harmonie avec les éléments.
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Le jardin, Paris

Paris, dans les années vingt. Rose, un jeune garçon de dix-neuf ans, s'apprête à faire ses premiers pas sur la scène du Jardin, un cabaret burlesque tenu par sa mère célibataire, où il a grandi entouré de danseuses aux noms de fleurs : Marguerite, Tournesol, Jasmin… Il fait la connaissance d'Aimé, spectateur admiratif et attentionné, puis celle de Martin, journaliste dont un article élogieux apporte au Jardin une nouvelle renommée. Ces rencontres poussent Rose à sortir de ce cocon protecteur pour explorer le monde extérieur : s'habillant dans un vestiaire tantôt masculin, tantôt féminin, il découvre les clubs de jazz, les boutiques élégantes, les terrasses de café, les étés à la campagne.
L'autrice relate avec poésie et délicatesse l'éclosion de ce “petit bourgeon” à l'identité de genre fluide et assumée, dans un roman graphique optimiste centré sur l'acceptation de soi et des autres. La beauté de l'histoire fait écho à celle du dessin : Gaëlle Geniller dépeint d'un trait précis les expressions des visages et les costumes aux inspirations fleuries des années vingt, dans une palette de couleurs douces et chaleureuses. Un ouvrage et un héros admirables, fiers et romantiques comme une rose.
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Homo sapienne

Le premier roman de l'autrice inuite groenlandaise Niviaq Korneliussen est un récit choral, organisé autour de cinq jeunes personnages groenlandais en pleine quête identitaire. Fia, Inuk, Arnaq, Iviq et Sara racontent leurs difficultés d'être soi et d'être au monde, particulièrement dans une société où les différences sont mal acceptées et les minorités marginalisées. Ils évoquent leurs amours, leurs amitiés, leurs espoirs et leurs déceptions ; en filigrane, se pose la question d'une naissance ou renaissance par la libération de leur propre identité. le roman est scindé en cinq chapitres, qui forment un récit initiatique où la voix intérieure de chaque personnage s'exprime dans des styles de narration très différents. Chaque chapitre porte, de plus, le titre d'une chanson qui identifie le personnage dont il est question.
Les questions d'identités sont centrales dans ce roman et traitées par Niviaq Korneliussen autant par le fond que par la forme. Son travail d'écriture atypique lui permet d'inscrire ces sujets dans la société contemporaine et de reprendre la réflexion sociologique de ces 40 dernières années sur le genre. Daniel Chartier, qui préface la publication française, aux éditions La Peuplade, écrit d'ailleurs que « l'oeuvre de Niviaq Korneluissen est politique, féministe, queer, sociale, pionnière et universelle ». En effet, la particularité littéraire de ce récit permet une certaine émancipation de la pensée et une redéfinition de la norme pour toucher à l'universalité la plus large possible.
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Stuck Rubber Baby

Prix de la bande dessinée patrimoniale d'Angoulême 2022, la réédition du roman graphique d'Howard Cruse (1944-2019) est l'occasion de redécouvrir un auteur américain majeur. Cet acteur de l'art underground a influencé toute une génération de bédéistes dont Alison Bechdel qui signe ici l'avant-propos. Stuck Rubber Baby est la version romancée de sa propre histoire. Toland Polk, jeune homme blanc homosexuel dans l'Amérique raciste et homophobe de Clayfield, ville imaginaire d'un Etat du Sud, s'initie à la politique et à l'amour au fil de ses rencontres. Pris dans la tourmente des combats pour les droits civiques et LGBT des années Kennedy, nous suivons son parcours et celui d'une galerie de marginaux, complexes et attachants. Si l'auteur a d'abord écrit le texte pour construire l'histoire, le soin apporté à la représentation graphique des protagonistes les fait exister avec force. En prime, le récit de l'Amérique divisée des années 60 fait parfaitement échos aux tourments de celle d'aujourd'hui.
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Éclat(s) d'âme, tome 1

Tasuku Kaname est un lycéen qui subit du harcèlement scolaire, depuis le jour où il a été surpris en train de regarder une vidéo porno gay. Une rencontre fortuite avec une jeune femme le conduit à devenir membre du Congrès des chats, une association chargée de rénover des maisons dans sa ville d'Onomichi. Il y trouve un « salon de discussions » dans lequel plusieurs personnes de la communauté LGBT se rencontrent et partagent avec lui leur expérience de vie. Fragile, à fleur de peau, Tasuku est en effet dans une période de sa vie où il se cherche, où le regard de l'autre prend trop d'importance, et où affirmer sa personnalité est encore difficile. Après avoir un peu repris confiance en lui, il parvient à avouer ses sentiments à Tsubaki, un de ses camarades de classe.
Dans ce manga en 4 volumes, Yuhki Kamatani aborde avec beaucoup de délicatesse les thématiques LGBT et s'interroge sur la manière dont chacun ou chacune essaye d'accéder au bonheur en aimant la personne qui lui plait. Il démontre aussi, de manière poétique, comment la tolérance et le respect de l'autre sont indispensables pour un vivre ensemble harmonieux.
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L'incandescente

Marcelle et Emma se rencontrent un jour d'été 1923, dans un petit village de Bourgogne. La blonde et la brune, la raisonnable et la fantasque, s'aiment passionnément et se le racontent dans des lettres. Toutes deux éprises d'émancipation et de connaissance, elles commenceront leurs études ensemble avant d'être séparées par des problèmes d'argent, des choix de vie opposés et enfin par la maladie qui enferme Marcelle dans l'atmosphère ouatée et mortifère des sanatoriums tandis qu'Emma prend son envol dans le monde. Mais jamais ou presque, Marcelle ne cessera d'écrire à ce premier grand amour, cette âme soeur inégalée.
L'autrice et plasticienne alsacienne Claudie Hunzinger est la fille d'Emma, ce personnage qui apparaît en négatif dans le livre, à travers les lettres que lui adressait Marcelle. Dans cette correspondance sur laquelle se base le récit, Marcelle, dont l'autrice dit avoir trouvé en elle une soeur, y dépeint une histoire d'amour d'une force et d'une audace étonnante. Ce roman, d'une grande sensibilité et écrit dans une langue magnifique, fournit également un tableau de la condition des femmes durant ces “années folles”, parenthèse de légèreté entre deux tragédies qui auront particulièrement touché l'est de la France où se déroule l'histoire.
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Transitions

Mère de trois enfants, Anne voit son univers chavirer le jour où sa fille aînée, âgée de 19 ans, lui annonce qu'elle ne se sent pas fille mais garçon, qu'elle n'est plus Lucie mais bientôt Alex. Toutes ses certitudes de femme, mais également d'universitaire et de biologiste en quête d'explications rationnelles, basculent. « Chacun d'entre nous possède sa propre toile de genre. Elle est unique ». La norme et le monde binaire qu'elle connaît depuis toujours sont brutalement balayés, les représentations du genre que son éducation a modelées sont déconstruites. Anne va traverser toutes les étapes psychologiques, déni, peur, colère, puis batailler et avancer vers une nouvelle étape pour finalement renaître, en harmonie avec son enfant.
Prix Révélation du festival d'Angoulême en 2011, Elodie Durand signe, dix ans plus tard, ce nouveau roman graphique captivant. Nous sommes immédiatement entraînés dans ce cheminement accordé au pluriel : « Transitions ». le sujet n'est plus, uniquement, la transition de genre de Lucie, mais la transition des représentations de sa mère et des normes de la société. Les planches se succèdent, mêlant une illustration sensible des étapes psychologiques d'Anne et une explication scientifique des notions et des représentations du genre. de plus, le choix de traiter le sujet par une figure maternelle permet à Elodie Durand de poser habilement la question de la transition de notre société : l'autrice nous incite à bouger nos représentations et nous invite à saisir la complexité et la richesse humaine.
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Tous les hommes désirent naturellement savoir

Nina Bouraoui se remémore sa jeunesse à Paris, dans les années 80, quand elle fréquentait les boîtes de nuit réservées aux femmes. En parallèle, elle replonge dans son adolescence à Alger, y cherchant l'origine de son homosexualité. le récit alterne ainsi entre sa vie parisienne, ses rencontres, le sentiment de honte et de haine de soi qu'elle y a ressenti, et les souvenirs de son enfance heureuse en Algérie. Jusqu'à ce qu'un soir, en boîte, une jeune fille se mette à l'obséder.
Ce roman initiatique est marquant par sa profonde sincérité, par un regard sur soi parfois dur et par le portrait juste d'une époque et du milieu de la nuit. La beauté du texte tient aux nombreuses sensations et réminiscences qui traduisent le trouble, les désirs de l'autrice, mais aussi la nostalgie de son enfance. Nina Bouraoui interroge son identité sexuelle et témoigne de la peur de l'homophobie qui l'oblige à se cacher. Elle dépeint sans fard des femmes en quête d'amour, confrontées au rejet de leurs proches, au mal de vivre, à la tentation du suicide ou à l'alcool. Mais elle évoque aussi la complicité avec sa mère, femme rejetée par sa famille pour avoir épousé un Algérien, et révèle le lien existant entre ses premiers émois amoureux et son désir d'écriture : les impressions jadis consignées dans un journal ont été la source de ce texte fort et poétique sur l'acceptation de soi.
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Autour d'elles, tome 1

Maya et Michiru vivent à Tokyo avec Yûta, le fils de Michiru, un garçon très sage qui va encore à la crèche. Bien qu'elles aient été en couple plusieurs années auparavant, c'est à présent en tant que colocataires que les deux femmes élèvent ensemble Yûta. Ensemble, mais pas seules, puisque Nico, l'ex-compagnon du père de Yûta, habite l'appartement du dessous, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est lui aussi très attaché au petit garçon. « Autour d'elles » nous plonge dans le quotidien de cette famille recomposée attachante, pas toujours épargnée par le regard des autres malgré l'affection qui l'unit.
Il faut, paraît-il, tout un village pour élever un enfant, un adage qui correspond bien à cette série. La palette des personnages, tous attachés les uns aux autres d'une manière ou d'une autre, démontre s'il le fallait l'importance de la famille choisie, des êtres réellement présents dans la vie d'un enfant au-delà de la filiation traditionnelle. Au fil des six tomes, on recompose les liens qui unissaient les protagonistes, on en découvre de nouveaux, mouvants, en affrontant des thématiques graves comme le deuil, la santé mentale, le stress au travail et bien sûr l'homophobie. Un manga léger qui ne manque pas de profondeur.
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Trash

Née dans l'Amérique blanche des laissés pour compte, Dorothy Allison a nommé son premier recueil de textes ""Trash"" - traduisible par “cassos” en français - pour transformer l'insulte en fierté, comme elle l'a fait auparavant avec le mot “gouine”.
Dans ces quinze nouvelles, elle raconte son enfance dans une famille marquée par la grande pauvreté et l'inceste. Elle fait le portrait d'hommes alcooliques et violents, de femmes “difficiles, complexes, en colère, avec des natures secrètes et imprévisibles”, et retranscrit l'atmosphère si particulière du sud des Etats-Unis, évoquée par le passé par Flannery O'Connor ou William Faulkner. Elle évoque également, par traits, la manière dont le lesbianisme l'a amenée loin de la violence de son milieu d'origine et lui a permis de se réinventer.
Si l'autobiographie occupe une place importante dans les récits de Dorothy Allison, la frontière avec la fiction n'est jamais claire, et cela importe peu quand les textes sont aussi forts. Libre à chacun de se laisser emporter par ces histoires de fantômes, de morsures de singes ou d'amours interdits. Comme bell hooks dans le domaine des sciences sociales, Dorothy Allison porte une voix singulière dans le paysage littéraire, celle des lesbiennes issues des franges de l'Amérique les plus pauvres. Il aura fallu plus de trente ans pour que Trash soit traduit en France grâce à la collection Sorcières des éditions Cambourakis.
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Coming in

« Ça se voit », « on veut juste te faire gagner du temps ». Ses amies ont beau le lui répéter, Elodie ne pense pas être lesbienne. Pourtant, ses expériences sentimentales avec des hommes lui donnent peu de satisfaction. Et même quand elle se met en couple avec Maëlle, elle ne se considère toujours pas comme homosexuelle : c'est uniquement cette fille qui lui plaît. Il lui faudra du temps pour se rendre compte que, depuis l'enfance, elle s'est autocensurée et étouffait ses sentiments à la vue d'une femme. Après une longue errance, Elodie parvient à faire son « coming in », à s'avouer à elle-même qu'elle est lesbienne, et à faire enfin le deuil de son hétérosexualité.
Ce roman graphique, illustré par des dessins tout en puissance et en couleur de la dessinatrice Carole Maurel, est l'adaptation du podcast du même nom, diffusé sur Arte radio en mai 2017. Elodie Font y narrait, dans un récit intimiste, la découverte et la lente acceptation de son lesbianisme. La journaliste parvient ici à nous faire passer du rire aux larmes, et aborde des sujets aussi graves que la dépression, les pensées suicidaires ou la discrimination au travail. Elle montre aussi parfaitement combien s'avouer son homosexualité a pu être difficile à une époque où certains Français manifestaient contre le mariage des personnes de même sexe.
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