Le titre "
La Langue sauvée" est resté jusqu'à la dernière page du livre, pour moi, un mystère.
De langues, il en est beaucoup question dans l'ouvrage. Canetti est né à Routschouk "Ruse", Bulgarie, sur les bords du Danube, dans une famille de négociants séfarades. Sa langue maternelle, fut donc le Judéo-Espagnol, à cinq ans ses parents déménagent à Manchester où naquirent ses deux frères avec qui il utilisa longtemps l'Anglais même après l'installation à Vienne. L'Allemand était la langue que ses parents utilisaient pour parler de théâtre et de musique : c'est donc la langue de la culture, la langue que Canetti utilisera pour écrire. le grand
père, figure impressionnante, se vantait de parler dix-sept langues quoique qu'il n'en lisait qu'une : l'Espagnol écrit en caractère hébraïques.
De Routschouk, Canetti raconte la maison donnant sur le jardin fruitier, la variété des gens qu'il rencontrait, à la maison et la boutique : Juifs de sa famille, petites bonnes bulgares, Tsiganes qui venaient mendier tous les vendredis, l'Arménien triste, les amis Russes de sa mère...
"
C'est donc l'histoire d'une jeunesse cosmopolite et européenne. L'enfant prit la place du
père, décédé jeune, il entretint avec sa mère très jeune des conversations intellectuelles de haut niveau :
Shakespeare, Schiller ou Dickens était le sujet de leurs entretiens.
Ils ont traversé la Première Guerre Mondiale, à Vienne, en Bulgarie puis à Zurich. Bien que les Canetti avaient des passeports turcs, que la Bulgarie se soit rangée du côté des Empires Centraux, la mère et le fils se refusaient à soutenir François Joseph comme on l'exigeait de l'enfant à l'école. Ils tenaient l'Autriche pour responsable du conflit, ne pouvaient se résoudre à être en guerre contre la Russie qui avait toujours soutenu les Bulgares contre les Turcs, ayant ds amis russes, et vénérant
Tolstoï. leur situation d'"Anglais" à vienne devenant inconfortable , ils déménagèrent à Zürich. On y croise
Lénine.
En Suisse, le jeune Canetti élargit sa société à celle de ses camarades d'école, de ses professeurs au lycée. Il ne se borne plus à la littérature classique, aux Grecs et aux explorateurs comme pendant sa prime
enfance. La lecture de ses mémoires est donc une promenade littéraire. de son côté, la mère se passionne pour
Strindberg et
Schnitzler. Au lycée, il découvrira des écrivains Suisses (que je ne connais pas) aussi Werfel et Wedekind. Il rencontrera aussi l'antisémitisme.
La maladie mettra fin au tête à tête jaloux de la mère et du fils. Cette dernière partira en sanatorium. 1921: la mère décide d'arracher son fils à son paradis zürichois et de partir en Allemagne pays marqué par la guerre, se mesurer à la réalité et quitter des études trop douces.
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