Livre après livre, le projet de Ferdinand von Schirach se dévoile, laissant percevoir une écriture de plus en plus précise, quasi-chirurgicale. Cet ancien élève de
Bernard Schlink et de
Juli Zeh s'impose comme le virtuose d'une littérature du fait réel, judiciaire, avec une langue bien à lui. Les douze nouvelles qui composent
Sanction dévoilent le destin hors du commun de Monsieur-tout-le-monde devenus criminels, d'anonymes pour qui, sans que l'on sache pourquoi, le verre déborde soudain pour s'achever dans ces fameux “faits divers”. Ici, on a bien affaire au juriste, à l'avocat spécialiste en droit criminel que fut von Schirach vingt ans durant : les nouvelles sont courtes, la langue dépouillée, sans pathos. Aucun voyeurisme, aucun jugement de valeur pour les bourreaux, ni pour les victimes, juste l'essentiel : l'horreur, la solitude, et en même temps l'idée que l'histoire, le sol effaceront toutes les traces de ces inconnus sortis quelques minutes de l'anonymat. Passé maître dans l'art de la nouvelle, l'auteur publie dans divers quotidiens allemands ; la dernière nouvelle du recueil laisse quelques pistes autobiographiques sur les raisons de son propre passage à l'acte : l'écriture. Comme
Hannah Arendt face au procès d'Eichmann, von Schirach restitue parfaitement l'idée selon laquelle le mal est dans chacun d'entre nous.
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