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Critiques sur le theme : littérature allemande (19)
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La rivière

Dans ce roman magistral, Esther Kinsky nous livre le récit, dans une langue somptueuse, de la “vie balagan” d'une femme ayant déposé ses bagages dans la banlieue de Londres, près de la rivière Léa. On ne saura rien - ou si peu - de la narratrice, de sa vie, des raisons qui l'ont amenée dans cette banlieue du nord-est ; ceci n'est finalement pas important. Dans ce quartier cosmopolite, nombreux sont comme elle, jamaïcains, hassidims, croates, des voyageurs débarqués, pour quelques jours, parfois quelques heures. le lecteur est invité à naviguer en eaux troubles lors des expéditions qui conduisent cette femme le long de cet affluent de la Tamise, de ses sols marécageux, des morceaux de vie qu'elle recueille et assemble dans sa chambre.

A la manière des alluvions du fleuve, quelques rares souvenirs personnels émergent, la mort de son père, une enfance près du Rhin, ses lieux de transit (Israël, Canada, Hongrie). Ce sont les riches descriptions des lieux, quasi-topographiques, ou encore tout ce qu'elle observe de monde mis à distance, liées à une langue parfaitement maîtrisée, riche et poétique, qui rendent ce livre magique.
“La boue de chaque rivière souterraine possède une couleur qui lui est singulière et porte sa propre histoire. Aussi la palette de couleurs des briques de Londres est-elle la plus riche du monde."
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Terminus Berlin

Après plus de trente ans d'exil en Amérique, l'écrivain Lesche retrouve son pays natal, l'Allemagne. Lui qui a connu le ghetto et a échappé de peu à la déportation découvre un pays profondément transformé, qui, après la chute du Mur, s'offre éperdument au capitalisme et au consumérisme. Un pays où, pourtant, les fantômes de la Shoah restent omniprésents et où le fascisme ne demande qu'à refleurir. Mettant en scène un fidèle alter-ego de l'auteur, Terminus Berlin revient sur la genèse de plusieurs de ses livres tout en évoquant cette période-charnière de sa vie que fut le retour en Europe. Ce dernier roman en forme de bilan comblera les lecteurs des grands romans d'Hilsenrath, de Nuit au Conte de la dernière pensée. Les autres découvriront un auteur à l'humour ravageur, dont la lucidité face aux aspects les plus sombres de la morale et de l'histoire humaine reste, quelques mois après sa disparition, des plus précieuses.
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Fuck America

Sans travail, sans ami et sans argent, Jakob Bronsky ne connait pas "l'American dream" des années 1950. Emigré juif qui a réussi à survivre aux ghettos nazis, la désillusion d'une vie prospère aux Etats-Unis est vite arrivée. Solitude, chômage, prostitution, les failles de la société américaine sont mises en avant et tournées en dérision par l'auteur. Bronsky ne veut pas travailler. Il veut écrire son livre, le Branleur, et profiter de la vie avec les deux dollars qui lui restent. Il enchaîne les petits boulots, les coups d'un soir et les combines pour pouvoir se nourrir et continuer à écrire sur les ghettos. À travers le personnage de Jakob Bronsky, l'auteur romance une partie de sa vie. Son humour noir et piquant permet de relativiser l'image d'une Amérique idéale. Edgar Hilsenrath montre le ridicule des lois des quotas des années 1921 et 1924 qui ont empêché sa famille d'émigrer dans les années 1930 alors que la guerre se profilait : "A l'époque où nous avions besoin de l'Amérique, les portes étaient fermées. Aujourd'hui, nous n'avons plus besoin d'elle". Il décrit le fossé qui sépare les étrangers vus comme des rebuts de la société de ceux qui suivent les codes formels du rêve américain et s'insèrent dans le moule. La facilité avec laquelle l'auteur nous livre ses ambitions déçues, ses fantasmes et ses rêves à travers des situations cocasses et des dialogues loufoques permet au lecteur d'avoir une vision différente de l'Amérique des années 1950. La force de l'auteur est d'avoir rassemblé dans un même ouvrage tous les maux de la société américaine, glissés dans un récit qui mêle réalisme, inventions et ironie face à la Shoah. Très controversé en Allemagne à cause de son point de vue sur la Shoah, l'auteur est d'abord publié aux Etats-Unis, Fuck America ne sort en Allemagne qu'en 1979.
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La Montagne magique

Hans Castorp jeune homme de 27 ans rejoint son cousin, soigné dans un sanatorium sur les hauteurs de Davos pour 3 semaines. Finalement, il y restera 7 ans. C'est le roman de formation d'un jeune homme de son temps, un magnifique Bildungsroman mais aussi le roman d'une époque, celle qui précède la guerre de 14-18. La temporalité des gens “d'en haut” n'est plus la même que celle des hommes restés dans la vallée : l'atmosphère languissante du sanatorium, le sentiment d'attente, la force des liens, les rencontres de la dernière chance, les joutes verbales, tout semble plus fort. Settembrini, Naphta, Madame Chauchat, le Docteur Behrens et tous les autres n'attendent que vous.
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Nouvel an

Dans “Nouvel An”, Juli Zeh joue avec brio la symphonie d'une âme tourmentée et nous emmène (à vélo !) dans une aventure de Noël très savoureuse. La quarantaine à peine, Henning est à bout : père investi, couple au bord de la rupture, personnalité angoissée, rien ne va plus. Pour une raison qui lui échappe (ou peut-être pour conjurer le sort ?), il décide de partir avec sa famille passer les fêtes de fin d'année à Lanzarote, une île paradisiaque des Canaries réputée pour ses plages et ses routes pour cyclistes en quête de sensations fortes. Hélas, il s'aperçoit vite que la distance n'apaise en rien son malaise. Alors ce premier janvier, il décide de partir. Seul. A vélo. Jusqu'au point culminant de l'île. “Nouvel an” est le récit de cette traversée - celle d'une âme humaine, d'une histoire, d'un paysage. Juli Zeh brosse avec une grande justesse les petits détails et les grands ravages du quotidien de jeunes parents. Elle dresse surtout le portrait d'un homme, en quête de sens, de lui-même et de son histoire, en faisant de nombreux allers-retours entre cette course contre la montre et les fantômes du passé. Depuis Brandebourg, son précédent roman, Juli Zeh est passée maître dans l'art de peindre l'âme de personnages imbriqués dans un réseau de relations complexes, les strates du temps, l'espace géographique et les rugosités du paysage. Un livre idéal pour fuir les fêtes de Noël en famille (du moins en rêve !)
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Crimes

Ferdinand von Schirach n'est pas un écrivain pour midinettes. Lorsque vous vous saisissez de son livre "Crimes" – au titre si éloquent –, vous savez à quoi vous vous exposez. Et pourtant, vous n'êtes qu'au début d'une très longue série de frissons. Né en 1964, von Schirach connait son sujet sur le bout des doigts: les 12 nouvelles qui composent l'ouvrage sont toutes tirées d'affaires criminelles auxquelles il s'est frotté, de près ou de loin. du médecin de province sans histoire qui craque au bout de cinquante ans de mariage et assassine sa femme de treize coups de hache, de la soeur qui assassine son propre frère handicapé « par amour", du malfrat prêt à tout pour retrouver la vie rêvée qu'il s'était construite dans un village éthiopien, de cette horloge mal réglée qui permet de laver l'accusé de toutes les charges qui pesaient sur lui, du génie en mathématiques qui élabore un magistral alibi pour sauver de la prison ses truands de frères...

Toutes les couches de la société allemande d'aujourd'hui sont présentes, chaque affaire parait incroyable, et pourtant, il faut l'avouer, on jubile à chaque chapitre. L'auteur, au ton dur, précis, sans fioritures, et pourtant empli d'empathie pour les victimes, n'épargne aucun détail. Sa narration froide a pourtant un résultat inattendu : comme pour les films d'horreur, c'est insupportable, mais on en redemande.
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Le liseur

Né en Allemagne en 1944, Bernhard Schlink appartient à la génération d'après-guerre fortement marquée par l'histoire de son pays. En 1995, il publie le Liseur, qui devient un best seller mondial traduit en trente-neuf langues. Son roman lui vaut néanmoins les foudres de l'essayiste Cynthia Ozick, qui lui reproche d'avoir disculpé son héroïne Hanna Schmitz en la rendant analphabète.
Le Liseur est en effet un roman ambigu : après avoir refermé le livre, nous ne savons qui sont les bonnes et les mauvaises personnes, si nous devons les comprendre ou les condamner. L'histoire soulève, avec une écriture simple, de multiples questions sans pour autant y répondre. Ce récit initie à la réflexion sur divers sujets : la justice, la culpabilité, le pardon, les lourdes répercussions d'un secret ou d'un premier amour, l'attitude parfois ambivalente des Allemands durant l'Hitlérisme et après l'Holocauste. Dans ce roman à la fois poignant et déstabilisant, Bernhard Schlink nous décrit toute la complexité liée à l'après-guerre. En 2009, l'oeuvre est adaptée au cinéma par Stephen Daldry, avec Kate Winslet dans le rôle principal.
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La douce indifférence du monde

Lorsque le narrateur aperçoit la silhouette de Lena, il reconnaît en elle son amour de jeunesse, Magdalena, quittée vingt ans plus tôt. Plus tard, leur rendez-vous au cimetière de Stockholm attise encore davantage l'étrange ressemblance entre les deux jeunes femmes, Léna étant en couple avec Chris, qui semble être à son tour le propre double du narrateur. Les identités sont-elles en train de vaciller ? Les réalités pourrait-elles se superposer ? En diffractant le monde et nos certitudes, Peter Stamm explore les histoires qui nous constituent, dont la mémoire a rendu la vérité insaisissable. Mélancolique, fantasmé, ciselé, La douce indifférence du monde - qui emprunte son titre aux mots d'Albert Camus - est une expérience intime qui se joue magnifiquement de nos instabilités, la plus belle sans doute écrite par Peter Stamm.
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Les Émigrants

S'il est une oeuvre hantée par la destruction et ses fantômes, c'est sûrement celle de W. G. Sebald, qui restitue avec une rare puissance le souvenir des disparus. Ses livres sont autant d'objets inclassables, mêlant montage de textes et d'images, véritables révélateurs d'une mémoire oubliée.
Les Emigrants est à la fois le récit et le fruit de cette saisissante machine à explorer le temps. A partir de traces minutieusement recueillies, l'écrivain raconte le destin de quatre personnages marqués par l'exil et la disparition. La matière de cette reconstruction, ce sont les témoignages, les images et les lieux, qui forment peu à peu la carte sensible de ces vies déracinées. Ces histoires singulières sont tissées de souffrances, de déchirements, de silences. En donnant une voix à ces hommes jetés à travers l'Europe, Les Emigrants télescope les époques comme les territoires, et résonne particulièrement aujourd'hui.
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Le passeur de livres

Carl est un employé de librairie qui fait des tournées quotidiennes dans sa ville pour distribuer des livres à des clients immobilisés chez eux. Grâce à son expérience et à son flair, il est particulièrement doué pour conseiller les livres adaptés aux personnes qu'il croise. Il est prescripteur dans un sens quasi médical tant les lectures qu'il propose font du bien à ceux qui suivent ses conseils. Tout cela est bel et bon, mais voilà que des nuages viennent porter une ombre sur sa vie bien rangée : son patron, hospitalisé, laisse place à sa fille qui veut réformer le fonctionnement de la librairie. le travail de Carl apparaît à cette jeune libraire comme une anomalie à l'heure des réseaux sociaux et des achats en ligne. Heureusement, Carl rencontre sur son chemin une petite fille férue de lecture qui insiste un jour pour l'accompagner dans ses tournées.
Carsten Henn invente avec "le Passeur de livres" une magnifique histoire qui fait chaud au coeur. Carl connaît la déréliction d'un homme que la société et le monde moderne mettent progressivement au rancart. Mais la présence d'une petite fille à la sagacité mêlée d'une naïveté enfantine toute assumée va permettre aux adultes de réaliser dans quelles contradictions ils vivent. Un happy end réconfortant attend le lecteur. le livre ne se départit pas de quelques clichés sur le monde des livres et sur ceux qui en font profession, mais il projette une lumière de conte de Noël sur le métier de libraire.
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Quand la lumière décline

Au début des années 2000, Alexander se sait atteint d'une maladie incurable. Fuyant cette réalité qu'il ne peut accepter comme il a fui la RDA pour l'Ouest, il se penche sur l'histoire de sa famille. Il y a Charlotte et Wilhelm, les grands-parents, communistes fervents exilés au Mexique dans les années 1950 et qui attendent impatiemment de rentrer en Allemagne pour construire avec le parti une RDA à la hauteur de leurs idéaux. Il y a Kurt et Irina, les parents. le premier a survécu au goulag stalinien et est devenu un professeur éminent, tandis que la seconde a combattu aux côtés de l'armée stalinienne et s'est réfugiée dans l'alcool. Il y a Nadejda Ivanovna, la grand-mère russe, qui ne s'habitue pas à la vie en Allemagne, et Marcus, le fils désabusé, dont l'enfance a été marquée par un pays divisé et un père absent.

Des températures glaciales de Slava en Russie aux chaudes plages de la côte Pacifique au Mexique, en passant par Berlin, ce récit polyphonique est un foisonnant voyage dans l'histoire contemporaine à travers trois générations. Premier roman d'Eugen Ruge, Quand la lumière décline a remporté en 2001 le Deutscher Buchpreis, équivalent du prix Goncourt Outre-Rhin.
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Les occasions manquées

Au départ, il y a le voeu du père de Martha de mettre fin à ses jours dans un établissement spécialisé en Suisse. Il demande à sa fille de l'accompagner pour son dernier voyage, et celle-ci propose à Betty, sa meilleure amie, de conduire le vieux tacot qui doit les amener de Hanovre jusqu'à leur destination. Sauf que rien ne se passe comme prévu : les deux femmes, après avoir laissé le vieil homme dans une pension du nord de l'Italie, se mettent à arpenter les routes vers le sud, à la recherche du père de Betty. Leur quête les mène d'abord dans un village perdu près de Rome puis sur une île grecque isolée.
Avec Les Occasions manquées, Lucy Fricke imagine un road trip qui nous fait voyager à travers une Europe alternative, loin des sentiers battus, laissant les lieux touristiques sur le bas-côté. Dans un style truculent et avec un humour désabusé, Betty, la narratrice, raconte les aventures de deux femmes à la recherche du père et dont l'amitié est touchante de tendresse. Lorsque la crise grecque se mêle au destin en voie de dislocation des personnages, le roman prend des allures d'épopée décadente de la civilisation européenne."
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Schluss !

Sur les hauteurs enneigées de Mitkau, petite ville de Prusse orientale, se dresse le Georgenhof, le manoir où la famille von Globig attend avec inquiétude le dénouement de la guerre. Tandis que la vieille tante Helene continue de soutenir Hitler, Katharina, la maîtresse de maison, écoute discrètement la BBC sur son poste de radio. A mesure que l'armée russe gagne du terrain, Mitkau se voit peuplé d'une foule de personnages fuyant les lignes de front. C'est le monde et sa fureur qui, soudain, frappent à la porte pour sommer les von Globig de sortir de leur torpeur : après des années d'indifférence criminelle, oseront-ils faire preuve de courage ?

Chronique de la chute de la vieille aristocratie prussienne, Schluss débute dans une ambiance feutrée, à peine troublée par le bruit des bombes au loin, pour se transformer insensiblement en un théâtre de marionnettes éperdues et démunies, tantôt grotesques et tantôt émouvantes. Dernier roman publié par Walter Kempowski avant sa mort, Schluss clôt une oeuvre prolifique méconnue en France, qui porte sur les derniers mois de guerre et ses répercussions sur les populations un regard singulier, aussi tragique que subtilement ironique.
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Sanction

Livre après livre, le projet de Ferdinand von Schirach se dévoile, laissant percevoir une écriture de plus en plus précise, quasi-chirurgicale. Cet ancien élève de Bernard Schlink et de Juli Zeh s'impose comme le virtuose d'une littérature du fait réel, judiciaire, avec une langue bien à lui. Les douze nouvelles qui composent Sanction dévoilent le destin hors du commun de Monsieur-tout-le-monde devenus criminels, d'anonymes pour qui, sans que l'on sache pourquoi, le verre déborde soudain pour s'achever dans ces fameux “faits divers”. Ici, on a bien affaire au juriste, à l'avocat spécialiste en droit criminel que fut von Schirach vingt ans durant : les nouvelles sont courtes, la langue dépouillée, sans pathos. Aucun voyeurisme, aucun jugement de valeur pour les bourreaux, ni pour les victimes, juste l'essentiel : l'horreur, la solitude, et en même temps l'idée que l'histoire, le sol effaceront toutes les traces de ces inconnus sortis quelques minutes de l'anonymat. Passé maître dans l'art de la nouvelle, l'auteur publie dans divers quotidiens allemands ; la dernière nouvelle du recueil laisse quelques pistes autobiographiques sur les raisons de son propre passage à l'acte : l'écriture. Comme Hannah Arendt face au procès d'Eichmann, von Schirach restitue parfaitement l'idée selon laquelle le mal est dans chacun d'entre nous.
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En présence de Schopenhauer

Aucun philosophe, à ma connaissance, n'est d'une lecture aussi immédiatement agréable et réconfortante qu'Arthur Schopenhauer. Ainsi Michel Houellebecq se propose-t-il, au travers de quelques passages du maître ouvrage du philosophe traduits et commentés par ses soins, de nous montrer combien cette lecture aura été, autour de sa 25ème année, une révélation. On comprendra en particulier pourquoi l'entreprise de désillusion opérée par le philosophe allemand a pu trouver un écho chez le romancier et être constitutive du thème central de l'oeuvre houellebecquienne : la misère de l'homme contemporain.
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