AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Découvrez les meilleures listes de livres


Littérature latino-américaine
Liste créée par art-bsurde le 26/08/2014
59 livres.



1. La lumière difficile
Tomas Gonzales
4.14★ (34)

Retiré dans un petit village de Colombie, David, un peintre devenu presque aveugle, se remémore ses années passées à New York et à Miami, lorsqu'il s'efforçait de capter sur la toile l'infinie beauté de la lumière, son amour pour sa femme et le jour où son fils Jacob a décidé de renoncer à la vie pour mettre fin aux souffrances d'une paraplégie irréversible. Avec son frère Pablo, Jacob s'était rendu dans l'Oregon, seul état où l'euthanasie est légale, tandis que la famille, respectant sa décision, était restée à New York dans l'attente du coup de téléphone qui lui annoncerait que Jacob n'est plus. Ce livre bouleversant, magnifique, tout en délicatesse et en concision, d'une écriture claire et juste, est paradoxalement un hymne à la vie, à la solidarité et au respect de l'autre. Des valeurs qui permettent à la famille de Jacob de s'élever au dessus de la toute puissance de la mort. (Colombie - 2012)
2. Des êtres sans gravité
Valeria Luiselli
3.12★ (34)

A Mexico City, une Emily Dickinson du XXIe siècle (agoraphobe et introvertie) raconte ses déboires de jeune éditrice à New York pour faire publier un obscure poète mexicain qui hanta le Harlem des années 1920. L'onde de choc de l'échec d'alors vient heurter l'apparente normalité d'une vie amoureuse et familiale qui se désintègre sous nos yeux. (Mexique - 2011)
3. L'île invisible
Francisco Suniaga
3.84★ (70)

Margarita : un paradis caribéen pour touristes européens. Edeltraud Kreutzer, originaire de Düsseldorf, se rend sur cette île pour comprendre les circonstances de la mort de son fils, Wolfgang, retrouvé noyé sur la plage où il tenait un bar. Perdue dans cet environnement radicalement étranger, elle fait appel à José Alberto Benítez, un avocat local qui va l'aider dans ses démarches. Leurs recherches mettront au jour une autre île, bien éloignée des hôtels all-inclusive : la Margarita de la jungle bureaucratique, des passe-droits en tout genre, mais aussi celle des combats de coqs qui ont tant fasciné Wolfgang... (Venezuela - 2005)
4. Les théories sauvages
Pola Oloixarac
2.46★ (37)

Le poisson rouge s'appelle Yorick et la petite chatte Montaigne Michelle. Leur maîtresse se promène avec une édition trilingue de la métaphysique d'Aristote, prépare une thèse sur la violence comme partie intégrante de la culture et cherche désespérément à séduire son professeur de philosophie en revisitant son extravagante « théorie des transmissions moïques », empruntée à un anthropologue imaginaire du XIXème siècle. Chemin faisant, elle expérimente auprès d'un ex-guerillero la transformation des thèses marxistes-léninistes en happening coïtal. Parallèlement, le couple de laiderons formé par la petite K. et le bloggeur Pabst cherche son identité en pratiquant le sexe comme on fait de la gymnastique et en s'essayant à tout ce que peut procurer le Buenos Aires branché des années deux mille : kétamine, fêtes gothiques dans des synagogues désaffectées, war games, hacking.Il se dégage de ce roman iconoclaste et très provocateur un charme vénéneux. Délirant, drôle et d'une érudition philosophique volontairement embrouillée par l'usage effréné de Google, il met en scène un « esprit du temps » avec une étonnante inventivité. Entre guerre du verbe et guerre du sexe, Les Théories sauvages pourrait bien être une anthropologie extravagante du chaos contemporain. (Argentine)
5. Tes yeux dans une ville grise
Martín Mucha
3.92★ (95)

Tous les jours, Jeremías traverse en bus ou en combi la capitale péruvienne pour se rendre à l’université. Sous son regard sensible et lucide défile la Lima d’aujourd’hui, où coexistent quartiers pauvres et zones richissimes. Désenchanté, Jeremías est le représentant parfait d’une génération qui n’a jamais pu intégrer la prétendue « société parfaite » des années 1990 en Amérique du Sud. Récit poétique, portrait urbain, roman social, Tes yeux dans une ville grise est servi par une écriture précise et fragmentaire. (Pérou)
6. Mémoire Argentine
Tununa Mercado
3.00★ (12)

Écrivain de la mémoire et de la sensation, auteur de plusieurs ouvrages salués pour leur subtilité et leur profondeur, c'est avec cette autobiographie kaléidoscopique que Tununa Mercado aborde les vertigineux écueils de sa condition d'exilée : perpétuelle confusion des lieux et des temps, éclatement de l'identité, obsession de la mort, sentiment omniprésent de la perte, autant de formes différentes que revêt une angoisse dont les manifestations viennent se lover dans les moindres détails de la vie quotidienne. Tout est difficile pour l'exilée en quête de repères : le choix d'un vêtement, les habitudes culinaires, les pièges d'une langue qui se dérobe, le déroulement des saisons. Parce que l'auteur parvient, non sans humour, à lier son destin dans ce qu'il a de plus intime à la fatalité collective qui emporte ses semblables, son livre se lit comme une radiographie de tous les exils. (Argentine - 1998)
7. Pierres enchantées
Rodrigo Rey Rosa
2.95★ (64)

Un garçonnet de cinq ou six ans est renversé par une voiture près d'un parc, dans la capitale du Guatemala. Par crainte des représailles (et parce qu'il transporte de la marijuana), l'automobiliste s'enfuit et tente ensuite de cacher sa voiture dans le parking de l'un de ses amis. Ce fait divers, apparemment anodin dans un pays où la vie est à chaque instant menacée, devient ici le point de départ d'une intrigue fascinante qui nous fait découvrir la véritable face d'une société corrompue et malade. Jamais le roman noir latino-américain n'a proposé une analyse aussi fine du surgissement de la violence et du mal. Nous les voyons naître dans les paroles de l'ami qui trahit l'ami, dans les mensonges de la mère qui n'aime pas son enfant, dans le machisme de l'homme d'affaires sans scrupules, dans les combats quotidiens des démunis pour trouver de quoi tromper leur faim. (Guatemala - 2001)
8. La Beauté du monde
Héctor Tizón
3.54★ (29)

Un jeune apiculteur épouse une adolescente espiègle, bien qu'étrangement inquiète parfois. Très vite la joie délaisse le foyer conjugal. Laura est traversée par d'autres désirs. Les routes se séparent. S'ensuivent pour lui vingt ans d'errance pendant lesquels il se livre à la beauté du monde, à la solitude et au silence. Rien ni personne n'arrive jamais à le retenir. C'est une véritable anti-odyssée qui nous est ici racontée. Nul exploit homérique sur cette terre argentine aride, désertée par les dieux. Cet Ulysse-là est aux prises avec les vicissitudes de l'existence. Au terme du voyage, un homme sans nom rentre chez lui presque par hasard, dépouillé de toute passion. Puisqu'il n'a plus rien à perdre, il s'est enfin trouvé. (Argentine - 2004)
9. Monde perdu
Patricia Melo
3.85★ (47)

Après dix ans de cavale, le tueur professionnel Máiquel, "comme Máiquel Jackson, l'artiste", revient à São Paulo pour enterrer la vieille tante qui constituait sa seule famille. Plus solitaire que jamais, il réalise qu'il lui reste au monde sa fille Samanta, tombée aux mains des évangélistes. Grâce au pécule hérité de tante Rosa, il entreprend un road movie effréné à travers le Brésil des hors-la-loi pour retrouver l'enfant qu'il n'a pas vue grandir. D'un bout à l'autre du pays, il multiplie les rencontres, les cadavres et les amours sans lendemain. Paysans sans terre, abattoirs clandestins, déforestation sauvage, caïds du narcotrafic, sectes qui délestent surtout les crève-la faim : un monde en perdition, loin du mythique Rio qui "en jette". (Brésil - 2008)
10. Tierra del Fuego
Francisco Coloane
4.15★ (756)

Gauchos condamnés à la solitude, marins attachés au service de rafiots hors d'usage, insurgés en fuite, contrebandiers, chasseurs de phoques, tels sont les personnages qui peuplent les paysages grandioses et désolés de la Terre de Feu. Francisco Coloane restitue ainsi, dans toute sa puissance et sa fragilité, la condition de l'homme chilien et son combat chaque jour renouvelé pour dompter la nature cruelle de ce bout du monde. (Chili - 1963)
11. La maison aux esprits
Isabel Allende
4.17★ (5425)

Une grande saga familiale dans une contrée qui ressemble à s'y méprendre au Chili. Entre les différentes générations, entre la branche des maîtres et celle des bâtards, entre le patriarche, les femmes de la maison, les domestiques, et les paysans du domaine, se nouent et se dénouent des relations marquées par l'absolu de l'amour, la familiarité de la mort, la folie douce ou bestiale des uns et des autres, qui reflètent et résument les vicissitudes d'un pays passé en quelques décennies des rythmes ruraux et des traditions paysannes aux affrontements fratricides et à la férocité des tyrannies modernes. (Chili - 1984)
12. Les Veuves du jeudi
Claudia Piñeiro
3.47★ (168)

Au-delà des grillages et des barrières de sécurité se cache un écrin de verdure à la périphérie de Buenos Aires ; un havre de paix pour gentlemen, à l'abri du tumulte d'une capitale grouillante et tentaculaire. Ici, on est entre gens de bonne compagnie. Une poignée d'amis se réunissent chaque semaine, loin des regards, pour discuter entre hommes. Les épouses, exclues de ces soirées, s'appellent avec humour "les veuves du jeudi". Un veuvage somme toute agréable, jusqu'à ce funeste jour de la fin septembre 2001 où la plaisanterie s'avère prémonitoire : les hommes sont retrouvés électrocutés au fond d'une piscine. L'attitude du seul rescapé laisse à penser que ce pourrait ne pas être le tragique accident qu'il y paraît. Derrière les façades clinquantes on découvre les grands secrets et les petites misères de ces nantis. (Argentine - 2009)
13. Une ardente patience
Antonio Skármeta
4.01★ (654)

Qu'est-ce qu'un poète pour Mario Jiménez, le petit facteur de l'île Noire, dont l'unique client n'est autre que Pablo Neruda ? Quelqu'un qui sait mieux que quiconque manier les phrases et qui l'aidera donc à faire la cour à Béatrice, la fille de l'aubergiste ? Neruda se laisse séduire par le petit facteur en quête d'un " art poétique ". Et Mario, impressionné, va découvrir la " force du verbe ". Une grande tendresse s'établit entre ces deux " hommes de lettres ". Mais les rivages marins s'obscurcissent bientôt, jusqu'à la tragédie finale : la mort du poète, et au-delà celle d'Allende et de la démocratie chilienne. (Chili - 1985) [Voir la version cinématographique de l'auteur sous le titre Le facteur]
14. Le vieux qui lisait des romans d'amour
Luis Sepúlveda
4.02★ (10554)

Antonio José Bolivar Proaño est le seul à pouvoir chasser le félin tueur d'hommes. Il connaît la forêt amazonienne, il respecte les animaux qui la peuplent, il a vécu avec les Indiens Shuars et il accepte le duel avec le fauve. Mais Antonio José Bolivar a découvert sur le tard l'antidote au redoutable venin de la vieillesse : il sait lire, et il a une passion pour les romans qui parlent d'amour, le vrai, celui qui fait souffrir. Partagé entre la chasse et sa passion pour les romans, le vieux nous entraîne dans ce livre plein de charme dont le souvenir ne nous quitte plus. (Chili - 1992)
15. Le Troisième Reich
Roberto Bolaño
3.50★ (229)

Udo Berger, vingt-cinq ans, est passionné par les jeux de guerre. En compagnie de sa fiancée, Ingeborg, il part quelques jours sur la Costa Brava, dans l'hôtel tenu par la belle Frau Else. Dans sa chambre, Ugo installe une grande table afin d'établir de nouvelles stratégies pour son jeu, «Le Troisième Reich». La nuit venue, le couple rencontre deux autres Allemands, Charly et Hanna. Lorsqu'ils descendent sur la plage, l'imprévisible Charly leur présente certains locaux : le Loup et l'Agneau, deux personnages mystérieux, ou encore le Brûlé, un homme défiguré dont personne ne sait rien, même si le bruit court qu'il serait étranger et aurait été torturé dans son pays. Texte inédit écrit en 1989, Le Troisième Reich est un roman splendide des débuts de Roberto Bolaño. S'y trouvent certains thèmes chers à l'auteur - remaniés et amplifiés dans ses textes ultérieurs - comme les formes étranges que peut prendre le nazisme ou l'idée que la culture - les jeux ou la littérature - se confond avec la réalité. (Chili - 1989)
16. La nuit recommencée
Leopoldo Brizuela
2.94★ (52)

Avoir à la fois envie et peur de savoir. Désirer comprendre et être, d'avance, terrifié à cette seule idée. Tel est le conflit qui hante ce roman de Leopoldo Brizuela sur le Mal argentin des années de dictature et sa persistance jusqu'à ce jour. Une nuit de 2010, l'écrivain Leonardo Bazán est témoin d'une effraction au domicile de ses voisins. Il ne s'agit pas d'un simple cambriolage mais d'une opération montée par une bande organisée escortée par une voiture de police : voilà qui réveille en lui le souvenir d'une intrusion similaire, dans la même maison, en 1976. Une intervention dont lui-même et ses parents ont été les témoins et aussi, en quelque sorte, les protagonistes. Leonardo se trouve alors confronté à une vérité insupportable qu'il ne pourra se révéler à lui-même qu'en essayant de l'écrire. Et en acceptant de plonger au coeur des ténèbres. La Nuit recommencée est une enquête abyssale qui conduit le lecteur à se poser les mêmes questions que le narrateur : comment réagissons-nous lorsque l'autre est en danger et jusqu'où avons-nous conscience de notre propre lâcheté ? (Argentine - 2011)
17. La Fille aux ciseaux
Jorge Franco
3.71★ (65)

Antonio et Emilio sont amoureux de la même fille, Rosario, la fille aux ciseaux, la belle tueuse, la Vénus futuriste, fascinée par la violence et la mort. Elle a séduit les deux garçons et les a entraînés dans une relation triangulaire faite de plaisir, de vertige et de peur, entrecoupée par les missions mortelles qu'elle effectue pour les hommes du narcotrafic. Rosario aimait Emilio mais c'est avec Antonio qu'elle parlait, et c'est Antonio qu'elle a appelé à l'hôpital où elle est en train de mourir, exécutée par celui qu'elle pensait tuer. Roman noir des bas-fonds de la drogue, de la prostitution et du crime, avec en toile de fond la ville de Medellin, La Fille aux ciseaux est aussi un roman d'amour et d'apprentissage, vibrant et poétique. (Colombie - 2001)
18. Cent ans de solitude
Gabriel Garcia Marquez
4.15★ (19380)

À Macondo, petit village isolé d'Amérique du Sud, l'illustre famille Buendia est condamnée à cent ans de solitude par la prophétie du gitan Melquiades ... Dans un tourbillon de révolutions, de guerres civiles, de fléaux et de destructions, elle vit une épopée mythique, à la saveur inoubliable, qui traverse les trois âges de la vie : naissance, vie et décadence ... (Colombie - 1967)
19. Mon ange
Guillermo Rosales
3.90★ (247)

Livre échangé sous le manteau, longtemps introuvable dans sa langue d'origine, Mon ange a été instrumentalisé par les Cubains des deux rives afin de le réduire à un sommaire règlement de comptes. L'histoire de sa publication serait simplement romanesque, si son contenu n'était dramatiquement testamentaire. Un écrivain qui a fui le régime carcéral insulaire refuse la reddition sans condition à la sphère étriquée des "triomphateurs" qui l'attendent à Miami. Il est interné par sa famille "américaine" dans un boarding home, asile privé qui recueille des inadaptés de toute engeance. Les grilles se referment sur lui et en lui, seul dans un univers hallucinant où l'on ne peut que souffrir et faire souffrir. C'est ici qu'il faut vivre, et pour toujours, sans espérance ni pitié ; pour personne. Le faut-il vraiment ? (Cuba - 1987)
20. Le reste est silence
Carla Guelfenbein
3.98★ (301)

Tommy a douze ans, et une maladie cardiaque qui lui interdit les jeux turbulents des garçons de son âge. Caché sous une table, il s'amuse à enregistrer sur son Mp3 le joyeux verbiage d'un banquet nuptial. Et voilà que l'on parle de sa mère, brutalement disparue dix ans plus tôt. Une brèche s'ouvre dans les secrets si bien gardés d'une famille recomposée, comme il en existe tant. La vie que tous croyaient ordonnée et paisible dérape, et les liens se distendent à mesure que l'histoire se tisse. Dans les non-dits de l'autre, chacun cherche sa propre vérité. L'enfant découvre à travers la mort violente de sa mère l'improbable "faute" de la judéité. Le père voit se raviver l'abyssale impuissance à protéger ceux qu'il aime. Et la belle-mère d'affronter une fragilité qui lui vient de l'enfance, une incapacité d'aimer et d'être aimée. Le reste est silence explore avec grâce la part d'ombre de chacun - cet infime espace intime auquel même l'amour ne peut donner accès - pour rappeler que c'est l'addition de toutes ces blessures qui constitue la pierre angulaire de l'édifice familial. (Chili - 2010)
21. Un lieu nommé Oreille de chien
Ivan Thays
3.00★ (21)

Ce roman est le livre d'un voyage ou plutôt d'un double voyage : celui que fait un jeune journaliste jusqu'à une bourgade appelée Oreille-de-Chien, à plus de trois mille mètres sur la Cordillère des Andes, mais également celui, parallèle, qui le projette à l'intérieur de lui-même, vers les tréfonds de ses souvenirs. Nous sommes au Pérou, quelques années après la chute de Fujimori et la fin de la «guerre sale» entre le Sentier Lumineux et l'armée régulière péruvienne. Pendant ce conflit meurtrier, les paysans indiens d'Oreille-de-Chien ont été tués indistinctement par les guérilleros et les patrouilles militaires qui ont mené dans la zone une répression d'une violence extrême. C'est pourquoi le nouveau président, Alejandro Toledo, choisit le village pour lancer l'un de ses programmes sociaux destinés aux populations andines, un geste politique fort et hautement symbolique. Par petites touches,avec une écriture agile, fine et intelligente, Iván Thays restitue l'atmosphère irréelle d'Oreille-de-Chien et plonge son lecteur dans un univers dense et magique où les tensions culturelles et ethniques restent très vives. (Pérou - 2009)
22. Jolis yeux, vilains tableaux
Mario Vargas Llosa
3.40★ (12)

Le critique Eduardo Zanelli ne pouvait pas imaginer que le jeune officier de marine rencontré ce soir-là, lors d'un vernissage, avait attiré délibérément son attention dans le but d'exécuter une vengeance. Zanelli, connu pour ses penchants homosexuels, l'invite à prendre un verre dans son studio en songeant déjà à une nouvelle aventure érotique, quand, soudain, le marin sort un revolver. Sur une trame qui mêle subtilement le désir et l'exigence esthétique, le sens de l'honneur et le code de la bonne société, et qui joue également sur les registres de la peur et de la lâcheté, de la frustration et du sadisme, Mario Vargas Llosa nous offre ici une pièce de théâtre dense et bouleversante. Il fait de l'affrontement entre ces deux personnages un duel sans pitié et un violent réquisitoire contre le pouvoir de la critique dans le milieu de l'art contemporain. (Pérou - 2000)
23. Les fleuves profonds
José María Arguedas
3.78★ (91)

Dans les vallées du Pérou du Sud arrosées par l'Apurímac, un avocat pauvre erre de ville en village à la recherche d'une résidence idéale. Son jeune fils, Ernesto, l'accompagne dans ce périple et raconte avec beaucoup de gravité et de poésie comment il découvre le monde à travers cette existence nomade. Et lorsque son père le laisse dans un collège religieux de la province, Ernesto connaît le désarroi au milieu de camarades brutaux ou vulnérables. Au cours de ses escapades, il voit le misérable sort des péons. Lors d'une révolte, il suit les métisses dans leur bruyante émeute. Une épidémie de typhus s'abat sur les hameaux indiens : cette vision digne de l'Apocalypse constitue pour l'enfant le sommet d'une crise où tout, dans sa solitude, lui aura été révélé. (Pérou - 1966)
24. Contes d'amour, de folie et de mort
Horacio Quiroga
3.86★ (309)

Lorsque Quiroga parle de folie et de mort, c'est en connaissance de cause ! Il avait trois mois quand il a vu son père - suicide ou accident ? - mourir d'un coup de fusil, dix-sept ans quand son beau-père se suicide devant lui, également d'un coup de fusil. Lui-même, Horacio, tue accidentellement son meilleur ami en manipulant un pistolet. Sa femme se suicide et Quiroga, à son tour, se donne la mort à Buenos Aires en 1937. Né en Uruguay en 1878, Horacio Quiroga, "le sauvage", a passé l'essentiel de sa vie en reclus au fond de la forêt de Misiones sur les rives du Rio Parana où il a écrit la plus grande partie de son oeuvre. L'atmosphère étrange de cette forêt vierge peuplée de serpents monstrueux, de fourmis mangeuses d'hommes et de toute une faune redoutable, imprègne ses contes d'une atmosphère particulièrement inquiétante. L'âpreté de son style, dépourvu de toute fioriture, et le mélange du réalisme le plus cru et du fantastique le plus délirant donnent aux contes de Quiroga une tonalité unique qui a considérablement influencé de nombreux écrivains sud-américains. (Uruguay - 1917)
25. Le baiser de la femme-araignée
Manuel Puig
4.05★ (383)

Molina l'homosexuel, arrêté pour attentat à la pudeur, parle, et Valentin, le militant de gauche en cheville avec des groupements politiques clandestins, écoute. Derrière les murs et les barreaux de la prison de Villa Devoto, le dialogue est leur seule échappatoire. Molina raconte à Valentin les films qu'il a vus, quand la liberté n'était pas un mirage lointain, et de tous les détails dont il se souvient. Les récits merveilleux, les histoires étranges, le suspense, les stars aux visages d'anges. L'imagination dans la nuit poussiéreuse de leur cellule est comme un avant-goût de la liberté qui les attend, peut-être. Mais malgré la complicité qui lie les deux hommes, Molina n'a pas encore fait tomber le masque ... (Argentine - 1976)
26. Aberration
Bernardo Carvalho
4.00★ (8)

Onze personnages à la recherche d'une vérité, emmêlant le passé et le présent à coup de coïncidences que l'on croit obscures. Bernardo Carvalho joue avec le lecteur au jeu du mensonge et de la vérité. À partir d'un événement apparemment quelconque, l'auteur et, avec lui le lecteur, ont à reparcourir les différents moments liés à cet événement et à en rétablir la logique. À chaque voyage, le cercle des personnages et des connaissances s'élargit et, quand le lecteur approche d?une révélation, c'est pour découvrir de nouvelles énigmes. Comme dans une cité parfaite, il existe un point aveugle, un vide, le moment où rien n'a plus de sens. Bernard Carvalho nous propose alors un apprentissage de la solitude, une sorte de stoïcisme contemporain. (Brésil - 1993)
27. La maison en papier
Carlos María Dominguez
3.59★ (72)

Quel mystère recèle cet exemplaire de La Ligne d'ombre recouvert par une croûte de ciment, aux pages humides et gondolées, posté en Uruguay sans mention d'expéditeur et arrivé sur le bureau de Bluma Lennon à l'université de Cambridge, alors que celle-ci vient de mourir renversée par une voiture ? Le successeur au poste de Bluma, un Argentin établi en Angleterre depuis une vingtaine d'années, se rend alors à Montevideo pour tenter de retrouver le propriétaire de cet étrange livre. Un voyage qui le conduit à découvrir d'invraisemblables bibliothèques et à affronter, sur une côte sauvage et inhabitée, le fantôme d'un homme que les livres ont rendu fou d'amour. (Argentine - 2004)
28. Luz ou le Temps sauvage
Elsa Osorio
4.32★ (953)

A vingt ans, à la naissance de son enfant, Luz commence à avoir des doutes sur ses origines, elle suit son intuition dans une recherche qui lui révélera l'histoire de son pays, l'Argentine. En 1975, sa mère, détenue politique, a accouché en prison. La petite fille a été donnée à la famille d'un des responsables de la répression. Sa mère adoptive ignore d'où vient cette enfant qui lui ressemble si peu, son grand-père, le général, campe sur ses certitudes politiques et son mépris pour son gendre, tourmenté par le remords et dont le suicide ressemblera à une exécution ... Personne n'a su d'où venait Luz, à l'exception de MIriam, la compagne d'un des tortionnaires qui s'est liée d'amitié avec la prisonnière et a juré de protéger l'enfant. Luz mène une enquête semblable à celles des Grands Mères de la place de Mai, mais depuis sa situation troublante d'enfant que personne n'a jamais recherchée. (Argentine - 2002)
29. Signes qui précéderont la fin du monde
Yuri Herrera
3.62★ (30)

Au commencement, une simple requête maternelle. Celle que Cora fait à sa fille, Makina : elle doit partir à la recherche de son frère, de l'autre côté de la frontière, afin de lui transmettre un message. Voilà une mission que la jeune femme est la seule à pouvoir assumer. Mais pourquoi? La réponse est au bout du voyage, un périple qui s'effectuera en neuf étapes aussi actuelles qu'immémoriales. Franchir un fleuve avec un pneu pour radeau, transporter des paquets sans chercher à savoir ce qu'ils contiennent, vaincre la montagne d'obsidienne : telles sont quelques-unes des épreuves qui feront de Makina quelqu'un d'autre. À moins qu'elles ne lui permettent, au bout du compte, de devenir un peu plus elle-même. Quelque part, là-bas. Ou, définitivement, de l'autre côté. (Mexique - 2013)
30. Dernier train pour Buenos Aires
Hernán Ronsino
3.31★ (38)

D'abord il y a un salon de coiffure. C'est de là que Vicente, le taciturne, observe. Il observe les ouvriers qui démontent les rails. Des rails qui ne conduiront plus à ce bourg perdu, loin de Buenos Aires. Des rails qui laisseront une balafre dans la terre comme dans les têtes. Ensuite il y a le Don Pedrin, ce bistrot où l'on commente. On commente le film projeté dans l'unique cinéma, et le passé ... Pourquoi la Negra a-t-elle pris un jour le train pour Buenos Aires et n'est jamais revenue ? Elle avait des jambes sublimes, la Negra Miranda, de quoi faire tourner la tête des jeunes hommes, de quoi rendre fou de jalousie un mari policier ... A soi-même ou à d'autres, chacun dit ce qu'il sait, les souvenirs estompés, l'abandon, la vengeance. Et c'est seulement à la dernière ligne que tout prend sens. (Argentine - 2010)
31. Quand je sortirai d'ici
Chico Buarque
3.23★ (42)

Prisonnier de son histoire et de son lit d'hôpital, Eulálio Montenegro d'Assumpção se confronte à la vie passée. La présence d'une infirmière, de sa fille ou de sa mère décédée, entretient en lui le besoin d'explorer des souvenirs qui s'entrechoquent en fouillant le parcours des générations qui le précèdent et qui le suivent. Sa vision de l'héritage familial se nuance au fil de la mémoire qui évolue, s'immisce en des lieux insoupçonnés à l'ombre permanente du doute. Né au début du XXe siècle, il raconte l'évolution du Brésil à travers les figures de la dynastie Assumpção. Dans son récit, la fécondité et l'hérédité reviennent comme une obsession à travers l'image du lait. Elle envahit les pensées pour révéler un quotidien fait de jalousie et de quête d'honneur qu'Eulálio est condamné à ressasser. (Brésil - 2012)
32. L'autobus
Eugenia Almeida
3.51★ (153)

Dans une petite ville du fond de l'Argentine, un homme et une très jeune femme attendent un autobus dans un café, il passe mais sans s'arrêter. Il y a quatre jours maintenant que l'avocat Ponce amène sa soeur pour prendre cet autobus et qu'il ne s'arrête pas. Les jeunes gens décident de partir à pied le long de la voie ferrée. Le village s'interroge. Il s'est passé quelque chose dans le pays que tout le monde ignore ici. Sous l'orage qui gronde sans jamais éclater, de chaque côté de la voie ferrée qui sépare parias et notables, la réalité se dégrade subtilement. Des livres disparaissent de la bibliothèque. Les militaires rôdent autour de la ville, des coups de feu éclatent. Les masques tombent à mesure qu'une effrayante vérité se dévoile. Sobre et dense, sans concession, ce court roman nous conduit, dans un style alerte et cinématographique, au coeur des pages les plus sombres de l'histoire de l'Argentine et parle du pouvoir sous ses formes les plus perverses. (Argentine - 2005)
34. Histoires indiscrètes d'une famille sans histoire
Santiago Roncagliolo
3.53★ (35)

Alfredo n'a plus que six mois à vivre ; Lucy découvre des billets pornographiques dans son sac à main ; Sergio voit des cadavres partout ; Mariana perd bêtement sa virginité pour imiter son amie Katy ; Papi, qui n'a plus toute sa tête, drague dans les jardins publics ; quant au chat, une seule chose l'obsède : le sexe. Comme dans beaucoup de familles, ils vivent ensemble et ils sont seuls. Ils n'osent confier leurs secrets à personne, pas même à celui ou celle qu'ils aiment le plus, et ils mentent pour se protéger des autres. Cette comédie cruelle et tendre, menée sur un rythme trépidant par un narrateur hors pair, est un portrait au vitriol de la vie moderne, la face cachée de l'apparent bonheur familial. (Pérou - 2004)
35. Coupable d'avoir dansé le Cha-cha-cha
Guillermo Cabrera Infante
2.88★ (38)

Comme le rythme du cha-cha-cha, les trois nouvelles de ce livre progressent par répétition et par contraste. Elles commencent toutes par une scène identique : un après-midi de pluie, un homme et une femme déjeunent dans un restaurant du centre ville de La Havane. Cependant, cette rencontre donnera lieu, à chaque fois, à une histoire d'amour différente et elle sera le point de départ d'un récit qui est aussi un voyage dans le temps, à la recherche de l'un des multiples visages de Cuba. À chaque histoire d'amour va ainsi correspondre une vision de l'île bien distincte, une image aux couleurs de la musique tropicale : l'île des rites africains et des tambours sacrés, l'île des hôtels de luxe et des touristes américains, et enfin l'île de l'utopie communiste et des persécutions politiques. (Cuba - 1995)
36. Quand plus rien n'aura d'importance
Juan Carlos Onetti
3.81★ (66)

Ce dernier roman d'Onetti est conçu comme un journal, celui de Carr, le narrateur. Mais un journal discontinu dans les faits et dans les dates, sur une quinzaine d'années, car les feuilles en ont été éparpillées. Une manière de nous inciter à comprendre, dans les ellipses, les carences, les oublis, ce qui est essentiel dans son histoire. Son monde est unique, fermé. Mais à l'intérieur, rien n'est étanche. Une fois encore il se déroule à Santamaria, ce lieu mythique d'Amérique latine, un patelin perdu, introuvable sur une carte, où les hommes vivent parce qu'ils sont condamnés à vivre, sans illusion. (Uruguay - 1994)
37. Personnages secondaires
Alejandro Zambra
3.41★ (38)

Dans les années 80, à Santiago du Chili, un enfant de neuf ans accepte de jouer les espions pour plaire à une petite fille. Il note les allées et venues d'un homme. Livre son rapport détaillé. Plus de vingt ans après, un jeune écrivain s'interroge sur son passé : était-ce si étrange de vivre sous Pinochet ? Que pensaient véritablement ses parents de la répression ? Et lui, qu'a-t-il à dire, au-delà des versions officielles ? Personnages secondaires est un « antiroman historique ». Loin des grandes fresques politiques, Alejandro Zambra dépeint avec une ironie mélancolique sa génération : la distance est son talent ; le désenchantement, son art. Il s'intéresse à cette part immobile de l'Histoire, à ceux que rien ne semble perturber, pas même la dictature. (Chili - 2011)
38. Les années inutiles
Jorge-Eduardo Benavides
2.38★ (23)

Un homme échoue en sang dans les bas-fonds de Lima. Sans identité. À mesure que l'histoire de cet étranger se dessine, un fabuleux portrait nous est révélé, celui d'une société où cohabitent deux mondes aux liens subtils et souvent cruels. D'un côté les fils de la bourgeoisie, étudiants idéalistes et amoureux, dont les illusions se perdent au gré de la vie. De l'autre les damnés de la terre, victimes résignées ou survivants débrouillards. Avec Les Années inutiles, Jorge Benavides offre dans un même mouvement un premier roman virtuose, feuilleton aux personnages inoubliables, et un voyage dans les arcanes du pouvoir au Pérou aujourd'hui. Et signe le roman magistral d'une génération perdue. (Pérou - 2002)
39. Caramel vert
Fernando Ampuero
3.50★ (43)

Au plus fort de la crise financière péruvienne, Carlos, un jeune cambiste, tombe amoureux fou de la femme de chambre d'une vieille receleuse. Leur romance, sous la pression du désir de Mabel d'avoir une vie différente, loin de la violence des rues de Lima, les entraîne dans une série de crimes, soupçons et rebondissements. Et dans ce Pérou urbain et périlleux, la leçon de vie devient pour Carlos une leçon de mort. (Pérou - 1992)
40. Le siège de Bogotá
Santiago Gamboa
3.23★ (42)

Bogotá est assiégée depuis des mois. Le gouvernement a fui à Carthagène, la guérilla contrôle le sud de la ville et affronte l'armée et les paramilitaires. Tandis que les obus pleuvent sur la ville, deux journalistes étrangers, la belle Islandaise Bryndis Kiljan et le Maltais Olaf K. Terribile enquêtent sur une sombre histoire de trafic d'armes entre la guérilla et l'armée, dont les ramifications les guideront à travers une Bogotá clandestine jusqu'aux clés d'un conflit inextricable. (Colombie - 2003)
41. Les greffiers du diable
Vilma Fuentes
2.75★ (7)

Après avoir reçu des menaces de mort, un journaliste observe le grand bal des vaniteux autour d'un ex-président du Mexique qui perpétue dans son exil parisien la tradition d'une cour pitoyable. Grinçante réflexion sur le pouvoir, narcotique de la pire espèce qui chaque jour exige des doses plus stupéfiantes. (Mexique - 1997)
42. A contrevie
Augusto Roa Bastos
3.43★ (15)

Un homme fatigué, fugitif, rescapé de mille batailles, le corps et l'âme marqués de cicatrices douloureuses, tente de prendre le chemin de l'exil. Il est le seul survivant d?une tentative d'évasion dans laquelle les autres prisonniers ont péri ensevelis sous les décombres d'un tunnel. Il n'a pas de nom, pas de voix. Mais le train qui devrait le conduire vers la paix et le repos l'emporte dans un voyage initiatique vers la mort, vers la rencontre finale avec les fantômes de son passé et les haines ancestrales qui rongent son peuple. (Paraguay - 1994)
43. Souvenirs de la guerre récente
Carlos Liscano
3.68★ (54)

Dans la lignée des plus grands chefs-d'oeuvre de la littérature latino-américaine, un roman magnifique sur l'aliénation de l'individu et les paradoxes de la liberté et de l'enfermement. Une écriture dépouillée, un imaginaire absurde et poétique inspirés du Désert des Tartares. Une nuit, un jeune homme est arrêté et enrôlé pour une guerre dont personne ne sait rien. Dans un camp isolé, il commence son entraînement militaire. Successivement affecté à la garde d'un rocher, puis au ramassage du crottin, il est ensuite promu gratte-papier et traduit des brochures sur les pneumatiques pour véhicules de montagne, sur le mobilier pour maisons de bord de mer, ainsi que le mode d'emploi d'une fusée. La vie s'écoule. On proclame férié le jour de changement d'uniforme, les hommes décernent un prix du plus beau jardin potager ... Assis à son bureau, le narrateur s'invente une nature rêvée, et s'échappe dans des forêts d'arbres imaginaires ... Les jours et les années passent, mais l'ennemi reste invisible. (Uruguay - 1988)
44. Monastère
Eduardo Halfon
3.19★ (64)

Épuisé par quinze heures de vol, en manque de sommeil et de nicotine, Eduardo attend ses bagages aux côtés de son frère, à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. Les deux hommes sont venus du Guatemala assister au mariage de leur soeur cadette avec un Juif orthodoxe originaire de Brooklyn, et la perspective ne les réjouit ni l'un ni l'autre. Car si certains se rendent en Israël pour se rapprocher de la Terre promise, Eduardo n'a fait le voyage que par devoir familial. La visite de Jérusalem, et en particulier du centre hassidique que fréquentent sa soeur et son futur époux, provoque en lui un malaise croissant. Les jours passent, sous une torpeur étouffante, jusqu'à ce matin où la sensuelle et impulsive Tamara, une Israélienne rencontrée dans un bar d'Antigua Guatemala des années plus tôt, le contraint, le temps d'une excursion au bord de la mer Morte, à affronter les fantômes de son histoire familiale, ces légendes que transportent avec eux les survivants. (Guatemala - 2014)
45. La maladie
Alberto Barrera Tyszka
3.82★ (25)

Au début du roman, Andrés Miranda, médecin dans un hôpital de Caracas, apprend que son père, Javier, est atteint d'un cancer. Bien qu'il ait toujours soutenu qu'il ne faut pas cacher la vérité aux patients, cette fois-ci, il n'ose rien dire au malade. Au lieu de lui transmettre les résultats des examens, et dans l'espoir de trouver le bon moment pour lui parler en toute franchise, il l'invite à faire un voyage sur une île des Caraïbes, Margarita, qu'ils avaient déjà visitée ensemble des années auparavant. Mais le docteur Miranda a un autre souci : se débarrasser d'un ancien patient, Ernesto Durán, qui se dit très malade, et lui envoie régulièrement des e-mails pour lui demander de le recevoir d'urgence. Agacé, convaincu qu'il s'agit d'un malade imaginaire, Andrés demande à sa secrétaire, Karina, de ne plus lui transmettre les messages d'Ernesto. Il ignore qu'il existe entre eux une relation secrète dont la portée va créer très vite une situation explosive pour le médecin. Avec beaucoup d'habileté et de savoir-faire, Barrera Tyszka développe ces deux trames qui se répondent en finissent par prendre au piège les personnages et le lecteur. Mais en vérité il fait bien plus que cela : il nous invite à rompre le silence sur un sujet tabou et à mieux connaître la réalité de la maladie tout au long d'un roman parfaitement maîtrisé, à la fois d'une force et d'une sérénité admirables. (Venezuela - 2008)
46. L'oubli que nous serons
Héctor Abad Faciolince
4.03★ (383)

L'Oubli que nous serons est à la fois le récit d'un crime, la biographie d'un homme, la chronique d'une famille et l'histoire d'un pays. L'homme est un médecin colombien engagé dans le combat contre la misère et l'ignorance. Le docteur Héctor Abad Gômez enseigne à l'Université de Medellin et travaille dans les quartiers populaires de la ville. Eduqué dans la tradition des Lumières, ce libre penseur croit à la possibilité de changer la vie de ses semblables et de bâtir, grâce à la science, un avenir meilleur. Le portrait de ce père d'exception est dépeint par Abad avec une admiration et un amour tout aussi exceptionnels. Le pays est, bien entendu, la Colombie des années 1980 : une société déchirée par la violence et la guerre sans merci que se livrent les paramilitaires, l'armée, les guérilleros et le narcotrafic. L'Oubli que nous serons donne des éléments pour comprendre la genèse de cette situation, car il nous offre une fresque de l'histoire colombienne récente, ou plutôt, une chronique intime de cette histoire à travers le quotidien de la famille Abad. A travers ce dosage équilibré entre histoire publique et chronique privée, le lecteur a l'impression de découvrir les événements qui ont marqué l'histoire colombienne récente, mais de l'intérieur, tel qu'ils ont été vécus par les Colombiens. Enfin, L'Oubli que nous serons est le récit d'un crime : l'assassinat d'un juste, d'un défenseur des droits de l'homme qui n'a pas cédé à la peur ni à la menace des armes. (Colombie - 2006)
47. La Havane année zéro
Karla Suárez
3.69★ (107)

Cuba, 1993. C'est la crise, on ne trouve plus grand-chose à manger, et faute de carburant tout le monde roule à vélo. Julia, la narratrice, est une jeune prof de maths, qui enseigne dans un lycée technologique. Elle navigue entre trois hommes, trois histoires, toutes différentes, et qui vont se retrouver curieusement mêlées. Euclides, son ancien prof de faculté, ex-amant, est brisé par l'exil de ses enfants. Angel est un bel amoureux qui en outre dispose d'un appartement dans le quartier du Vedado, en plein centre-ville - un luxe rare à l'époque. Leonardo est un écrivain à lunettes, grand amateur de rhum et affabulateur de première. Tous ces personnages sont fascinés par l'histoire d'un certain Antonio Meucci, un Italien émigré à La Havane qui aurait inventé le téléphone avant Graham Bell. Tous souhaitent récupérer le document original qui permettrait de prouver définitivement l'antériorité de l'invention de Meucci sur celle de Bell. Mais surtout, et c'est le plus important : tous mentent, par jeu, par intérêt, par ennui. Coincée entre les trois hommes, la narratrice cherche à démêler le vrai du faux, tout en pratiquant la survie active et quotidienne dans un pays au bord du gouffre. (Cuba - 2011)
48. Une santé de fer
Pablo Casacuberta
3.12★ (27)

Comment peut-on survivre lorsqu'on a été prénommé Hannibal par un père historien ? Vaincu dès le départ, notre héros, lui aussi historien, n'a jamais été à la hauteur des rêves de son géniteur. Chassé de l'université, il a sombré dans l'alcoolisme et la lamentation paranoïaque. À la mort de son père, il hérite de trois boîtes au contenu hétéroclite. Au milieu des journaux intimes et des souvenirs de l'enfance se cache le début d'un plan machiavélique qui va pousser Aníbal vers des personnages excentriques et d'anciennes amours. Névrosé, plein de ressentiment, entraîné vers des aventures inattendues, Aníbal découvre la duplicité des tours que joue parfois la génétique. Il se retrouve alors plus proche de son père qu'il ne l'a jamais été de son vivant. Sa colère cède la place à l'empathie tandis que tout nous donne à penser que ce que nous haïssons le plus est peut-être la vision de ce que nous n'arriverons pas à être. (Uruguay)
49. Le bruit des choses qui tombent
Juan Gabriel Vásquez
3.78★ (341)

À quarante ans, Antonio Yammara dresse le bilan de sa vie et revient sur sa relation, brève mais lourde de conséquences, avec Ricardo Laverde, un homme laconique et secret qu’il a autrefois fréquenté dans une salle de billard du centre de Bogotá. Un soir alors qu’ils marchent dans la rue, deux hommes à moto abattent Laverde et blessent grièvement Antonio. Traumatisé, ce dernier voit son rapport au monde se détériorer chaque jour davantage malgré l’amour qu’il porte aux siens. Deux ans après l’attentat, il reçoit un appel téléphonique d’une femme qui dit s’appeler Maya et être la fille de Laverde. Comprenant alors que pour pouvoir se débarrasser de son angoisse il doit affronter l’énigme de Laverde et de sa mort, il va trouver Maya. Ensemble, ils remontent le fil du passé et de la mémoire, jusqu’aux années 1970 où l’un et l’autre ont grandi dans l’ombre du commerce mortifère de la drogue et la violence des cartels qui ont mené la Colombie au bord de l’abîme. (Colombie - 2011)
50. La langue des signes
Luiz Schwarcz
3.00★ (10)

Quand elle évoque le grand homme de sa vie – Ludvig van Beethoven – dans ses conférences destinées aux sourds et malentendants, Antônia, l’épouse du narrateur, pratique la langue des signes. Et comme si elle-même était muette, du matin au soir c’est en passant des disques de Beethoven qu’elle tient à distance son mari – lequel depuis l’enfance a pressenti qu’un hiatus était la marque de son existence. Cela vient-il en droite ligne du jour où son grand-père a été poussé du train qui conduisait les siens vers un camp de la mort ? Toutes sortes de circonstances parsèment son chemin d’avanies minuscules. Le hasard semble en embuscade, la judéité est un héritage complexe, et l’insouciance serait à jamais coupable. Circonspect, il enregistre les manifestations d’un destin revêche, comme s’il devait avant tout se réjouir de s’en tirer à si bon compte. Luiz Schwarcz, dans ces récits subtilement articulés, qui se tiennent juste en lisière du roman, orchestre un savoureux mélange de signifiants intempestifs et de variations calamiteuses, dont l’agencement place son héros dans la réjouissante lignée des intranquilles … (Brésil - 2013)
51. Le Partage des eaux
Alejo Carpentier
4.02★ (531)

New York ou le chaudron, étouffant et asphyxiant, de la civilisation, l'ennui et la déperdition de la vie citadine. Un musicien, emprisonné dans cette espace clos, se consume. Il caresse l'espoir de partir, entretient dans sa conscience l'idée d'un ailleurs tellurique. Dans cet espoir d'absolu, il fuit avec une femme, Mouche, vers la forêt vierge du Venezuela. Il va découvrir cet espace premier qui le ramène aux racines du monde et s'y abandonner totalement sans savoir que le pire est devant lui, qu'il devra se battre pour rester dans ce paradis perdu ... (Cuba - 1953)
52. Avant la nuit
Reinaldo Arenas
4.29★ (372)

Reinaldo Arenas eut une vie hors du commun. Une existence de personnage de roman qu'il voua à l'écriture, son combat contre tout ce qui tenta de l'anéantir ? répression, bêtise, mort. Du spectre de ces humanités qui façonnent les hommes, il a sans doute revêtu chaque couleur. Une enfance pauvre mais libre avec comme premier souvenir le goût de la terre. L'espoir en la révolution castriste et la déception, les amours homosexuelles, la passion de l'écriture, la censure, les travaux forcés, l'emprisonnement. L'obligation de rester libre pour exister, de ne pas se vendre et, malgré la conscience d'une douleur à venir, cette volonté, plus forte que tout, de quitter Cuba, de se sauver et de se perdre dans l'exil. Maintenant je vois l'histoire de mon pays comme ce fleuve de mon enfance qui charriait tout sur son passage dans un fracas assourdissant ; ce fleuve aux eaux troubles nous a tous anéantis lentement, les uns après les autres. La biographie de Reinaldo Arenas débute par la fin. Sa mort qu'il sait imminente ne sera que la conclusion attendue d'une maladie qui le ronge. L'écrivain cubain qui fit de sa lucidité une arme littéraire tranchante décide alors d'écrire le roman de sa vie. Avant la nuit n'est pourtant pas l'oeuvre d'un homme brisé. C'est au contraire un hymne à la vie et à l'esprit de révolte, à l'amour et à la liberté. L'espérance guide une écriture poétique, sans tabou, déchirante de tendresse, à l'émotion souvent brute. Avec Avant la nuit, Reinaldo Arenas, livre son dernier cri "contre le fracas des armes qui asphyxie le rythme de la poésie, de la vie". (Cuba)
53. Londres après minuit
Augusto Cruz
3.30★ (50)

McKenzie, homme de confiance de John Edgar Hoover, a longtemps travaillé au FBI. Désormais à la retraite, il se voit contacté par Forrest J. Ackerman. Ce célèbre collectionneur passionné de cinéma a accumulé nombre d'objets au fil des ans. Une pièce de choix lui manque cependant : une copie de Londres après minuit, film muet réalisé par Tod Browning en 1927. Tout laissait penser que ce film culte avait définitivement disparu dans l'incendie des entrepôts de la MGM en 1967. Un jeune homme affirme soudain avoir pu le visionner lors d'une projection privée... Ne pouvant concevoir de mourir sans avoir revu ce film, Ackerman missionne McKenzie pour le retrouver. Faisant fi de la malédiction qui semble frapper tous ceux qui ont tenté de s'approcher du film, l'ex-agent se plonge dans l'un des plus grands mystères de l'histoire du cinéma. Mêlant habilement fiction et faits réels, Augusto Cruz tisse une intrigue passionnante, riche en rebondissements, en forme d'éloge au septième art. (Mexique)
54. Eduquer les taupes
Guillermo Fadanelli
2.62★ (14)

Dans les années 1970, contre l'avis du reste de la famille, un père décide d'envoyer son fils à l'Académie militaire de Mexico. Une véritable odyssée commence pour l'enfant qui ne comprendra jamais la cause du châtiment paternel dont il a été l'objet. Brutalement arraché à l'insouciance et à ses camarades, il se trouve plongé dans cet enfer terrestre où terreur et humiliation étaient le lot quotidien. A onze ans, il découvre que le monde est à l'image de sa nouvelle école : un pénitencier peuplé d'ambitions et de cruautés inutiles. En grande partie autobiographique, Éduquer les taupes est un roman malicieux, témoignage de ces années d'initiation où, pour survivre, le héros n'avait pour toute compagnie que son imagination et ses peurs. (Mexique)
55. Norte
Edmundo Paz Soldan
3.94★ (64)

Trois destins, trois époques, une frontière. Le roman, inspiré de personnages réels, commence en 1984, dans le nord du Mexique, avec Jesús, un adolescent obsédé par la beauté de sa sœur et qui, au fil des années, va devenir le Railroad Killer, l’un des tueurs en série les plus recherchés par le FBI à la fin du XXe siècle. Véritable descente aux enfers, son périple de sang et de sexe dessine une autre carte de la frontière et nous révèle mille routes secrètes pour la traverser. Nous partons ensuite en Californie où, dans les années 30, Martín Ramírez, un paysan sans papiers, est sur le point d’être envoyé en hôpital psychiatrique. Incapable de parler, il peint inlassablement des hommes à cheval et des scènes de guerre qui finissent par attirer l’attention des médecins mais aussi de la critique. Ramírez est aujourd’hui considéré comme l’un des grands maîtres de l’art brut contemporain aux États-Unis. Enfin, nous retrouvons, au début des années 2000, Fabián Colamarino, brillant professeur universitaire au Texas. Sa lutte et sa déchéance sont racontées à travers les yeux de Michelle, une ancienne étudiante bolivienne avec qui il entretient une liaison coupable et passionnée. À travers une langue tantôt onirique et émouvante, tantôt proche du réalisme plus dur d’un Bret Easton Ellis, Edmundo Paz Soldán excelle à décrire ces trois expériences du déracinement et de l’exil, et nous rappelle avec brio que la porte vers le Norte n’est pas toujours celle de l’Eldorado. Mario Vargas Llosa nous avait prévenus : «Il s’agit de l’une des voix les plus novatrices de la littérature latino-américaine d'aujourd'hui.» (Bolivie - 2011)
56. J'avoue que j'ai vécu
Pablo Neruda
4.04★ (895)

"Peut-être n'ai-je pas vécu en mon propre corps: peut-être ai-je vécu la vie des autres", écrit Pablo Neruda pour présenter ces souvenirs qui s'achèvent quelques jours avant sa mort par un hommage posthume à son ami Salvador Allende. Les portraits d'hommes célèbres - Aragon, Breton, Eluard, García Lorca, Picasso - côtoient les pages admirables consacrées à l'homme de la rue, au paysan anonyme, à la femme d'une nuit. À travers eux se dessine la personnalité de Neruda, homme passionné, attentif, curieux de tout et de tous, le poète qui se révèle être aussi un merveilleux conteur. Inoubliable, cette prostituée de Singapour qui le suit de consulat en consulat et, jalouse de son sommeil même, veille un couteau cinghalais à la main, Emouvantes, ces trois veuves françaises isolées au plus profond de la forêt australe, qui offrent au jeune voyageur un dîner digne de Vatel et l'inscrivent à leur fichier afin de ne pas risquer de lui servir les mêmes mets, si un jour... Exemplaire, l'invention de ce peintre chilien qui compte remplacer la politique par la culture des pommes de terre : si chaque homme en plantait une, il en récolterait trente et personne ne connaîtrait plus la faim. Mais c'est la terre chilienne, tant de fois chantée dans ses poèmes, qui sert de toile de fond aux mille anecdotes de ce bonheur d'avoir vécu une existence riche en péripéties et en amitié. Au commencement était la forêt araucane, «cette gloire, ce silence», qui fascinait l'enfant autant que la sonorité des noms de gares où son père, aimable et rude géant entouré d'anciens repris de justice, menait les trains chargés de graviers qu'il déversait dans les rivières pour qu'elles ne débordent pas. En racontant son enfance, c'est toute la vie d'un "far west austral" que ressuscite Pabio Neruda. (Chili - 1974)
57. Moscow
Edyr Augusto
3.81★ (63)

« Moscow », c'est le surnom de l'île de Mosqueiro - un lieu dédié aux loisirs et à la villégiature pour de nombreux habitants de Belém. Pas pour Tinho Santos : la petite bande dont il fait partie écume l'île dès que vient l'obscurité. Avec ses amis, il se saoule, se drogue et vole en toute impunité. Mais Tinho n'est pas qu'un simple délinquant juvénile : quelque chose d'encore plus sombre couve en lui... Orange mécanique à la brésilienne, Moscow est un texte court et saisissant, où aucun répit n'est laissé au lecteur. Une chronique de l'ultra-violence, d'une brutalité assumée qui fait toute sa force. (Brésil - 2001)
58. Eaux-fortes de Buenos Aires
Roberto Arlt
3.84★ (59)

Écrites entre 1928 et 1933, ces chroniques sont autant d'instantanés, de tableaux courts de la capitale argentine, de ses habitants, de ses coutumes et de son rythme. Car il y a bien une faune et une flore particulières à l'endroit : ses jeunes oisifs plantés sur leur perron, ses chantiers de construction pillés de leurs briques, ses maisons de tôle ondulée aux couleurs passées. Chaque curiosité de Buenos Aires fait l'objet d'une eau-forte, petit bijou littéraire savamment rythmé par un auteur qui n'a peur ni des écarts de langage ni des mélanges peu orthodoxes. (Argentine - 1998)
Commenter  J’apprécie          453

Ils ont apprécié cette liste




{* *}