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Luba Jurgenson (Éditeur scientifique)
EAN : 9782845451414
367 pages
Editions des Syrtes (15/01/2009)
4.67/5   3 notes
Résumé :

Un jour de 1935, Iouri Tchirkov, un adolescent de quinze ans, rentre de l'école...

Il ne sait pas encore que le soir même il se retrouvera à la célèbre prison de la Loubianka, accusé d'avoir fomenté un attentat contre Staline. Il ignore également qu'il partage ainsi le destin de millions de citoyens soviétiques, que cette arrestation n'est pas simplement une bévue, une erreur absurde, niais reflète une logique de l'Etat répressif et inaug... >Voir plus
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Il s'agit d'un des tous derniers témoignages de la période stalinienne. En effet l'auteur a été arrêté en 1935, accusé à même pas 15 ans pour activités contre-révolutionnaires. Il est envoyé aux Solovki, ensemble d'îles dans le Grand Nord avec un splendide monastère déjà reconverti en prison sous les tsars et réutilisé par les Soviétiques à partir des années 20. Jusqu'en 1986 aucune possibilité n'est donné aux survivants des camps de témoigner même si presque toutes les victimes des camps staliniens ont été réhabilitées. Jusque là, à part Une journée d'Ivan Denissovitch, aucun texte mentionnant le Goulag n'a été publié en URSS. A partir de 86, les récits se multiplient, entre la publication des textes parus auparavant en Occident et de nouveaux témoignages. Si les premiers étaient suspectés d'antisoviétisme, les seconds au contraire, se voient reprocher de parler bien tard. Peu importe, vu le nombre de personnes concernées, aucun témoignage n'est superflu.
Ce qui est ahurissant dans ce récit, c'est la qualité incroyable des détails et des souvenirs, en particulier dans la première partie (Les Solovki). Il faut dire que l'auteur a une mémoire hors norme (c'était aussi probablement un HPI, une sorte de surdoué) : il réussit en camps à atteindre un niveau bac (au passage il apprend l'allemand en partant de zéro, acquiert des compétences d'infirmier, …) Cette partie a encore d'incroyable qu'il se souvient de ses impressions, y compris sur la beauté des lieux, et en plus, il arrive à nous communiquer tout cela, comme si cela était arrivé il y a peu de temps ou comme s'il était encore cet adolescent. C'est saisissant. Par contre, c'est dommage qu'un peu pour la même raison la lecture soit légèrement compliquée par de nombreuses notes et explications car aux Solovki il a rencontré beaucoup de célébrités. Quel dommage que ces mémoires soient inachevées ! Quel dommage aussi qu'il n'est pas rencontré Soljenitsyne à l'époque de la rédaction de L'archipel du Goulag ! Car Tchirkov était à lui tout seul une encyclopédie, la mémoire vivante des Solovki d'avant les Grandes Purges, d'un temps où il y avait des détenus étiquetés «politiques» et où ils avaient en plus des avantages par rapport aux «droits communs», une époque où il y avait une bibliothèque (d'une richesse absolument incroyable!) aux Solovki ainsi qu'un hôpital digne de ce nom. Il y a fait des rencontres extraordinaires, des vieillards héros d'avant 1917, de nombreux acteurs de la Révolution, des professeurs d'université, … Et puis surtout, même s'il avait de toute évidence des facilités, quelle volonté de fer pour avoir réussi à faire des études universitaires alors qu'il était interdit de séjour dans toutes les villes universitaires ! Il a fini, malgré tous les bâtons qu'on lui a mis dans les roues, par soutenir une thèse de géographie (en 1970) et devenir professeur d'Université (climatologie et météorologie). Belle réussite, mais quel gâchis aussi ! Il aura passé en tout 11 ans au Goulag, sans compter toutes les périodes de relégation !
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La vie extraordinaire mais déshumanisée de Iouri Tchirkov, déporté en tant que « contre-révolutionnaire », dès l'âge de 15 ans, au camp de concentration (Goulag) des Solovki en 1935 !

L'ouverture de cet immense archipel concentrationnaire des îles Solovki, a été décidée dès les premières années de la création du régime Totalitaire Communiste (bolchevique) par : Lénine, Trotski, Dzerjinski, Staline…
Les premiers prisonniers les : « politiques », « ennemis de classe », « suspects », « otages », « contre-révolutionnaires », etc., ont été enfermés sur l'archipel à partir de 1923.

Comme malheureusement de très nombreux citoyens d'URSS, sous le régime totalitaire communiste, Iouri Tchirkov a été une 1ère fois condamné et déporté en camp de concentration en 1935, puis une 2ème fois en 1938 (sa peine ayant été prolongée de 5 ans), toujours pour le même motif aberrant et inhumain de « contre-révolutionnaire« , puis libéré en 1943, et encore perquisitionné, interrogé et arrêté de nouveau une 3ème fois : même motif ignoble, même punition monstrueuse en 1951 jusqu'en 1954.

L'auteur a évidemment failli mourir plusieurs fois :
– de maladies (la pellagre, une pneumonie…) ;
– de froid ;
– de faim (état de sous-alimentation permanent : maigres rations de pain) ;
– D'épuisement ;
– de menaces d'exécution…

Bref, une vie gâchée !
Malgré tout, étant adolescent, il a réussi à poursuivre des études de météorologiste.

Un témoignage essentiel pour notre Mémoire universelle, sous le Totalitarisme Communiste.

Confer également les précieux témoignages sur le thème du Totalitarisme, de :
Alexandre Soljénitsyne (L'archipel du Goulag) ;
Alexandre Soljénitsyne (Une journée d'Ivan Denissovitch) ;
Jacques Rossi (Qu'elle était belle cette utopie !) ;
Jacques Rossi (Le manuel du Goulag) ;
Evguénia S. Guinzbourg (Le vertige Tome 1 et le ciel de la Kolyma Tome 2) ;
Margarete Buber-Neumann (Déportée en Sibérie Tome 1 et Déportée à Ravensbrück Tome 2) ;
Boris Chiriaev (La veilleuse des Solovki) ;
Malay Phcar (Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980) ;
Sergueï Melgounov (La Terreur rouge en Russie : 1918 – 1924) ;
Zinaïda Hippius (Journal sous la Terreur) ;
Jean Pasqualini (Prisonnier de Mao) ;
Kang Chol-Hwan (Les aquariums de Pyongyang : dix ans au Goulag Nord-Coréen) ;
Aron Gabor (Le cri de la Taïga) ;
Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma) ;
Lev Razgon (La vie sans lendemains) ;
Pin Yathay (Tu vivras, mon fils) ;
Ante Ciliga (Dix ans au pays du mensonge déconcertant) ;
Gustaw Herling (Un monde à part) ;
David Rousset (L'Univers concentrationnaire) ;
Joseph Czapski (Souvenirs de Starobielsk) ;
Barbara Skarga (Une absurde cruauté) ;
Claire Ly (Revenue de l'enfer) ;
Primo Levi (Si c'est un homme) ;
Primo Levi (Les naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz) ;
Harry Wu (LAOGAI, le goulag chinois) ;
Shlomo Venezia (Sonderkommando : Dans l'enfer des chambres à gaz) ;
Anastassia Lyssyvets (Raconte la vie heureuse… : Souvenirs d'une survivante de la Grande Famine en Ukraine) ;
François Ponchaud (Cambodge année zéro) ;
Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov (Aux origines du Goulag, récits des îles solovki : L'île de l'enfer, suivi de : Les camps de la mort en URSS) ;
François Bizot (Le Portail) ;
Marine Buissonnière et Sophie Delaunay (Je regrette d'être né là-bas : Corée du Nord : l'enfer et l'exil) ;
Juliette Morillot et Dorian Malovic (Evadés de Corée du Nord : Témoignages) ;
Barbara Demick (Vies ordinaires en Corée du Nord) ;
Vladimir Zazoubrine (Le Tchékiste. Récit sur Elle et toujours sur Elle).
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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