AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070340859
144 pages
Gallimard (04/01/2007)
3.08/5   18 notes
Résumé :

" J'écris à l'écran, je n'ai plus besoin de toucher pour sentir, j'effleure seulement. Mon écrit est de la graine de traces. Il est eau. L'écriture aujourd'hui, moderne poétique de la peau, n'écorche plus le papier. Fi des parois scarifiées. Elle se tient loin du manuscrit, du parchemin, de cette peau de veau mort-né, encore sanguinolente, dont le vélin tira sa palpitante origine. Elle n'est plus une é... >Voir plus
Que lire après Petit éloge de la peauVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce ne fût pas une lecture "plaisir", mais plutôt un travail d'apprentissage. J'ai trouvé dans ce texte beaucoup de références artistiques et littéraires. J'ai découvert... Mais cette découverte a quand même été un petit chemin de croix, assez pénible à parcourir. Heureusement cet ouvrage ne compte pas même 150 pages, pour une trentaine de chapitres. Il ne faut pas que le lecteur espère trouver un enchaînement logique, il lui suffit de suivre l'auteur dans ses cheminements de pensée... Donc le lecteur doit se laisser porter et accueillir les informations comme elles arrivent, et ne pas trop se perdre dans les introspections de l'auteur, qui aurait ainsi pu continuer longtemps à écrire sur ce thème. Pas de conclusion, ce livre initiatique peut s'avérer un terrain d'études pour des chercheurs ou artistes.
Je n'ai pas fait la rencontre que j'espérais... cela arrive... ce n'est pas dramatique.
Commenter  J’apprécie          180
Franchement pas mécontente d'en avoir fini avec cet essai qui, malgré sa brièveté, m'a donné bien du fil à retordre.

Ce n'est pas qu'il soit dénué d'intérêt. Loin de là. Régine Detambel, kinésithérapeute de formation, examine la peau sous toutes ses coutures pour nous en dévoiler les mille et une facettes. Elle expose, pour ce faire, ses pensées personnelles mais étoffe également son propos par d'abondantes références culturelles considérablement variées ; références religieuses, philosophiques, historiques, scientifiques, artistiques. Elle évoque ainsi Balzac qui avait la sensation de perdre une pellicule de sa peau chaque fois que Nadar le photographiait ; nous rapporte une histoire du conteur Pu Songling dans laquelle il est question du plus terrible des supplices chinois, le lingchi, "écorchement glaçant et lent" ; nous explique les différentes expériences du toucher selon Maurice Merleau-Ponty ; nous invite à nous interroger sur la symbolique des tatouages à travers la célèbre nouvelle de Tanizaki ou les rencontres réalisées par Melville au cours de ses voyages La liste est longue et constitue une véritable mine.

Non, vraiment, ce n'est pas le fond qui a rendu ma lecture laborieuse mais bien la forme. La plume de Régine Detambel m'a quelque peu déconcertée. J'ai parfois trouvé son style puissamment poétique - il est clair que chaque mot est pesé - mais, ce dernier, m'a, malheureusement, aussi semblé très souvent pesant, pour ne pas dire oppressant. le sujet a minutieusement été fouillé mais développé de façon trop fragmentaire et décousue à mon sens.
Commenter  J’apprécie          80
~ Peau-ésie ~

La peau, étrange paysage complexe où s'écrit notre histoire, où se dessine en signes cabalistiques un langage connu par soi, mais aussi les initiés.
La peau, cette enveloppe délicate & tactile du corps, fragile écorce par laquelle nous percevons le monde extérieur, où l'on garde les expériences de la vie, imprimant douleurs & joies en cicatrices, en rides, en callosités. Liaison entre le dedans & le dehors, territoire du plaisir & de la souffrance !
La peau sous toutes ses coutures, Detembel, puise dans l'histoire, l'art, la littérature, la mythologie, la bible, et relate le vécu de personnages qui ont été séduit, passionné, tourmenté ou envoûtés par le sujet.

Peau de balle & ballet de crin à cause d'Epiméthée l'imprevoyant, qui oublie de doter l'homme en armes & engins ce survie.
Rachel accusant Joseph d'abus après lui avoir arraché la peau de la joue & la chair de Job qui tombe.
Balzac gêné devant Nadar qui lui tire le portrait, le lazard de Flaubert & Valéry qui habite un manteau mouvant qui le panse
L'invention du stigmate par les grecs.
Le dos du condamné à mort de la colonie pénitentiaire de Kafka, la souffrance au bout des aiguilles de l'étrange tatoueur de Tanizaki ou encore Heijû amoureux fou de Jijû, mariée, peignant sur les bras de son fils, poèmes, ainsi, il s'aimerent & se desirerent a travers l'enfant caressé par l'un & par l'autre dans La mère du général Shigemoto du même écrivain.
“Le language est une peau je frotte mon langage contre l'autre” disait Barthes.
Peau de chagrin De Balzac, la peau de Malaparte, la nymphette de Nabokov, la peau de Frida & Plath née sans peau, Achille en peau de vache, l'île déserte de Bioy Casarès dans l'invention de Morel, Vitto Acconci, St Barthélemy sur le plafond de la chapelle Sixtine et j'en passe !
Je garde "Les tengantes" la peau quand elle rencontre une autre peau, qui se met à chanter, à vibrer, à frissonner, cet étrange récital à quatre mains qui parfois se joue à l'unisson !
D'histoires en histoires, un voyage peauétique, tantôt caressant, tantôt mutilant, que j'ai dû échelonner sur plusieurs jours, tant ce petit éloge est si complexe & foisonnant !

A lire, a découvrir, à annoter !

Commenter  J’apprécie          42
C'est certainement celui sur lequel je suis la plus partagée pour le moment. D'un côté, je trouve certains passages très beaux, et d'un autre, il me manque une cohérence. J'ai l'impression d'un mélange de textes rassemblés très arbitrairement en chapitres sans que j'y trouve une unité. Dans d'autres éloges, ça ne m'a pas dérangée, mais dans celui-ci, si : c'est trop décousu, divers.
Commenter  J’apprécie          21
L'autrice partage ses réflexions autour de la peau, de cette enveloppe corporelle. Elle la regarde sous toutes ses facettes, sous tous ses aspects.
Le livre n'est pas aisé car dense. Néanmoins, il est intéressant en permettant de s'interroger sur notre rapport avec la peau, la perception que chacune et chacun peut avoir.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Le jour, je levais des yeux scandalisés sur la guêpe qui était un petit coup de rasoir, sur l'abeille qui brûlait comme un pistolet tenu d'une main molle, sur le frelon qui était, lui, une vraie balle, avec un éclair orangé et de la fumée. Il y avait aussi le taon, crasseux, piqueur de taureau, au dard barbelé, indécis et souillé. L'odeur d'apéro du pauvre Synthol sur la boursouflure.
La nuit, j'écoutais le moustique qui allait me donner, avec la démangeaison, l'un de mes premiers vrais plaisirs. Ce que cherche alors la main endormie qui tâtonne et trouve la surface douce et chaude, avec un peu de chagrin, avec aussi la force et l'envie de jouir, c'est le petit globe de volupté qui vient de pousser là, un organe de plaisir nomade, impair, érectile et délicieux, que le moustique déplace chaque nuit.
Une douleur, une rougeur, une chaleur, persuasive et régulière, font de la piqûre un instrument, un objet et un lieu de plaisir....
Commenter  J’apprécie          60
Caresse : réflexion et coïncidence des peaux tangentes. L’épaisseur de la chair entre toi et moi n’est pas un obstacle entre nous. L’amour lance des ramifications entre le dehors de ton monde et le dedans du mien. Je n’ai même pas à sortir de moi pour t’aimer.

Tu me tapisses. Ma peau est au cœur de ce que je veux voir de toi. Où mettre la limite entre toi et moi puisqu’il y a insertion réciproque et entrelacs de l’un dans l’autre ? Puisque je suis désormais prise dans tout ce que je peux voir de toi. Je ne verrai jamais l’intérieur de ma peau — ses membranes secrètes — mais je sais qu’il se dessine dans la vision que mes mains ont de toi.



Les corps qui s’attirent ne vont jamais jusqu’à se fondre. Si je suis toujours dans le désir de toi, c’est que je ne te possède jamais tout entier dans mes mains. Car, pour t’accueillir pleinement dans ton être tangible, je suis toujours du même côté de ma paume. Et n’ai d’ailleurs de moi-même à t’offrir que cette perspective invariable.

*

La caresse est l’ensemble des cérémonies qui incarnent autrui.

*

Autrui me donne ce qu’il n’a pas, ma chair à moi. Et je lui donne ce que je n’ai pas : sa chair à lui.

*

Faire l’amour : sentir, faire sentir et sentir que l’on fait sentir.

*

Dans la caresse, rien ne s’oppose. La peau n’y résiste pas. Au contraire, le déroulement d’une éternelle percevante, en renouvellement continu, et qui n’en finit pas de se déployer sous les doigts d’autrui. Dans la caresse, l’éphémère n’en finit pas. Il faut inventer pour elle l’imaginaire du vent. La caresse serait vent-couleur, vent-saveur, vent-résonance. Un invisible sans opacité, à la limite du sensible et qui épouse l’appel de l’air emprisonné sous l’autre paume : un souffle-image.

*

Une vie ne remplit pas une peau, elle n’achève pas un épiderme. Non finito. Tes caresses n’en finiront jamais de dessiner ma peau. Car elle est toujours forcément esquisse, maintenue au plus près de son invention, dans la tension de ce surgissement. Elle déborde le monde de tous côtés. Inachèvement justifié car la perception elle-même de mon corps, sur la page du monde où tu vis, n’est jamais finie.
Commenter  J’apprécie          10
La peau fut le cuir du dermatologue, tout hérissé de naevi et de verrues, avec ses macules, avec ses muscles et ses pustules et ses papules et ses vésicules et ses tubercules, avec ses abcès, ses éruptions, ses tumeurs et ses scrofules, hésitant entre glandes sébacées, pores bouchés, pellicules mortes et comédons - ce ver dont les Anciens se croyaient rongés, au point qu'ils le nommèrent comedo, je mange -, cette peau humaine banalement teintée par les émotions, séchée par l'eczéma, ridée par le temps, fardée par les femmes en rose thé ou en rouge, et qui se traite, se teint d'un incarnat si réel qu'il procure l'illusion vraiment exacte d'une chair colorée de sang.
Commenter  J’apprécie          40
Une vie …



Une vie ne remplit pas une peau, elle n’achève pas un épiderme. Non finito. Tes caresses n’en finiront jamais de dessiner ma peau. Car elle est toujours forcément esquisse, maintenue au plus près de son invention, dans la tension de ce surgissement. Elle déborde le monde de tous côtés. Inachèvement justifié car la perception elle-même de mon corps, sur la page du monde où tu vis, n’est jamais finie.
Commenter  J’apprécie          50
C'est que la caresse n'est pas simple effleurement: elle est façonnement. En caressant autrui, je fais naître sa chair par ma caresse, sous mes doigts. La caresse est l'ensemble des cérémonies qui incarnent autrui. (p.125)
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Régine Detambel (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Régine Detambel
La bibliothérapie à pleine voix : les livres soignent et transforment ! Lire pour soi, lire pour l'autre. Après **Les livres prennent soin de nous** paru en 2015, Régine Detambel revient avec un ouvrage de bibliothérapie créative qui recense quelques-unes de ses sources théoriques et les grandes lignes de sa pratique.
**Lire pour relier. La bibliothérapie à pleine voix**, un essai de Régine Detambel en librairie le 6 septembre 2023.
Dans la catégorie : EssaisVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues romanes. Littéraure française>Essais (404)
autres livres classés : peauVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (47) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
853 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..