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Critiques sur le theme : famille (137)
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En finir avec Eddy Bellegueule

Si le premier roman d'Edouard Louis a énormément fait parler, c'est entre autres en raison de la polémique qui a opposé l'écrivain à certains membres de sa famille et à des habitants de son village natal qui l'accusaient d'avoir travesti la réalité.

Une polémique qui ne peut cependant occulter la force de ce texte autobiographique qui évoque la violence des actes homophobes quotidiens subis par le jeune Eddy Bellegueule tout au long de son adolescence. Avec le regard affuté d'un sociologue, Edouard Louis analyse les ressorts de cette homophobie qui s'exprime sans aucune entrave, et montre comment elle se nourrit de conceptions éculées de la virilité qui peinent à être déconstruites dans le milieu ouvrier dont il est issu. Cette démarche sociologique, qui rapproche le texte de Louis de ceux d'Annie Ernaux ou de Didier Eribon, permet à En finir avec Eddy Bellegueule de dépasser le cadre du simple récit autobiographique.
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La Route

On ne sait pas vraiment ce qui s'est passé, ce qui a jeté l'homme et son jeune fils sur les routes. Toujours est-il qu'ils marchent, depuis des années, en direction du sud. Ils poussent un caddie où sont rassemblées leurs affaires. Ils ont froid et faim. Il leur faut trouver les moyens de survivre dans ce pays dévasté, d'échapper aux autres hommes qu'ils croisent parfois et qui sont de potentiels anthropophages. Dans cet environnement hostile, l'amour mutuel entre le père et l'enfant reste la dernière barrière face à la barbarie.
Roman post-apocalyptique à l'écriture envoûtante, La Route ravive chez le lecteur une angoisse primitive et le marque durablement.
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Le lac de nulle part

Dans les conditions extrêmes du Nord canadien, un père invite ses deux enfants adultes à faire du kayak et à camper durant un mois. Quelles sont les raisons d'une telle invitation ? le père souhaite-t-il se racheter d'une longue absence ? Revivre les randonnées familiales du passé ? Après s'être séparé de sa femme, Bill ne voyait en effet ses enfants qu'aux grandes vacances. Les relations entre Bill et Al, sa fille, sont tendues, alors que celles avec son fils Trig sont plus complices. Les défaillances de leur père en termes d'organisation font douter ses enfants quant à l'issue de cette expédition : ils craignent d'être perdus ou bloqués par la neige.
Malgré la beauté des paysages et la vie au grand air, le père ne parvient pas à se rapprocher de ses enfants. Mais le silence se brise avec la glace : cette excursion est le révélateur de secrets enfouis. Il est intéressant de voir comment l'auteur fait se rencontrer les territoires de l'intime avec ceux des grands espaces. Dans la tradition du « nature writing », Pete Fromm dévoile avec une grande délicatesse la résilience de deux jeunes adultes aux prises avec la nature.
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Les Sources

Cela a commencé dès le début de son mariage, 15 jours à peine après sa nuit de noces : les coups. Les mots aussi : tu fais tout de travers, tu n'es bonne à rien, tu ressembles de plus en plus à un gros tas. On est 7 ans après, en 1967, et elle pense à sa vie. A ses trois enfants de 3, 5 et 7 ans. A la ferme achetée avec son mari dans le Cantal, à quelques kilomètres de son village natal. Elle pense à ce qu'elle pourrait faire pour sauver sa peau et éviter qu'il ne s'en prenne aux enfants.
Dans "Les Sources", Marie-Hélène Lafon décrit avec précision les pensées d'une femme battue qui n'en peut plus de sa vie faite d'humiliations et de soumissions. Dans une prose qui suit le mouvement de ce flux de conscience, passent pêle-mêle les tâches ménagères à effectuer, les commentaires de la famille ou des voisins, la douleur enfin, qu'elle soit physique ou morale. Cette prose s'attachera par la suite à détailler les pensées de l'autre, le mari, et l'on verra qu'il comprend à peine ce qui pourrait lui être reproché. Un texte sur la maltraitance conjugale d'autant plus fort qu'il ne cherche pas à l'expliquer mais à en rendre compte dans toute sa froideur et son absurdité.
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Le voyage dans l'Est

À treize ans, Christine Angot rencontre son père pour la première fois, lorsque celui-ci accepte de la reconnaître légalement comme sa fille. Dans le Voyage dans l'Est, roman autobiographique, l'autrice explique comment l'enfant qu'elle était, d'abord heureuse de connaître un père, fut poussée dans la réalité de l'inceste. Comment cet esclavage et cette déconsidération se sont invités dans son quotidien, ont fait dévier le cours de ses rapports aux hommes et bouleversé ses relations avec sa famille et avec elle-même.
L'honnêteté du récit de Christine Angot, sur un des sujets les plus tabous en France, ne peut laisser de marbre. Loin de s'embarrasser de formes, d'euphémismes et d'exagérations, elle présente les faits avec une exactitude maximale. Il faut lire ses paroles, explications crues et horrifiantes d'un quotidien banal, afin de saisir l'inceste pour ce qu'il est vraiment. le résultat est dur à lire, mais nécessaire à admettre.
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Un jour ce sera vide

Cet été, comme tous les autres étés, le narrateur d'Un jour ce sera vide passe ses journées à la plage avec sa grand-mère. Anxieux, réticent à se baigner, il préfère observer le petit monde des adultes, notamment sa tante, sombre et solitaire. Mais cet été, il va faire la rencontre de Baptiste et de sa famille, en tous points opposée à la sienne : simple et rayonnante de bonheur. Entre eux va naître une amitié intense, brûlante, exclusive.

Résonnant d'échos de Romain Gary ou de Patrick Modiano, l'écriture d'Un jour ce sera vide est imprégnée de la timide lucidité de ce jeune héros, terriblement conscient de la détresse existentielle de ceux qui l'entourent sans comprendre son origine profonde. Au fil du récit teinté de la mélancolie des étés trop vite passés, Hugo Lindenberg compose un touchant portrait de ce narrateur, éclairé par la grâce solaire de Baptiste comme sur une photo de vacances à contre-jour et pourtant chargée de souvenirs.
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Un livre de martyrs américains

Dans Un livre de martyrs américains, Joyce Carol Oates s'attaque à un sujet qui fait encore débat dans l'Amérique d'aujourd'hui, le droit à l'avortement, remis en question dans plusieurs états. le roman s'ouvre en 1999 par l'assassinat d'un médecin et de son garde du corps devant un Centre pour femmes de l'Ohio, par un homme qui se considère comme un "soldat de Dieu". A travers l'histoire croisée du médecin et du tueur, l'autrice dresse le portrait passionnant d'un pays déchiré par une véritable guerre idéologique, renforcée par les inégalités sociales et le fanatisme religieux. Sans manichéisme, les portraits nuancés des personnages éclairent la complexité de deux mondes que tout oppose. Documenté et engagé, le roman n'hésite pas à rappeler le recul des droits des femmes, les menaces de mort incessantes et l'assassinat de nombreux médecins pro-choix. La domination masculine est toujours bien ancrée dans les mentalités, y compris dans le milieu de la boxe féminine auquel Oates consacre des pages parmi les plus puissantes et émouvantes du roman. La romancière s'intéresse en effet avant tout aux personnages féminins, à la façon dont le drame affecte les épouses et les filles. On retrouve son talent et sa grande finesse psychologique à décrire des adolescents exposés à la cruauté et à l'ignorance, l'une des filles payant pour le crime de son père, l'autre pour les convictions du sien, toutes deux condamnées par le poids de l'héritage familial. Oates dénonce aussi le prosélytisme de certains médias et prédicateurs qui encouragent le fondamentalisme et la haine, et montre comment s'opère la manipulation d'un homme vulnérable et misogyne. Enfin, parmi les qualités de ce roman dense et ambitieux, il y a ce réquisitoire terrible contre la peine capitale lors de passages éprouvants sur le couloir de la mort, et une fin particulièrement poignante.
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Le mari de mon frère, tome 1

Yaichi et sa petite fille Kana mènent une existence paisible jusqu'au jour où ils reçoivent une visite inattendue. Tout juste débarqué du Canada, le robuste Mike Flanagan n'est autre que le mari du frère jumeau de Yaichi, aujourd'hui décédé. Si Kana accepte avec enthousiasme cet oncle surprise venu d'Amérique, Yaichi se montre beaucoup plus réservé face à ce beau-frère homosexuel. le trio va pourtant vite s'apprivoiser, grâce à la pétillante Kana (qui ose toutes les questions) et à la tendre bienveillance des adultes. Chronique d'une famille presque comme les autres, le Mari de mon frère met la différence - culturelle, sociale, sexuelle - au coeur de son propos, et nous invite à l'accepter avec bonheur. On en ressort meilleurs, plus tolérants, plus attentifs et plus humains !
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L'art de perdre

A l'Indépendance, Ali n'a pas le choix : lui et sa famille doivent quitter l'Algérie, ses relations avec l'armée française le désignant maintenant comme un traître à son pays. Au travers d'Ali, de son fils Hamid et de sa petite-fille Naïma, qui n'a jamais vu l'Algérie, Alice Zeniter peint une grande fresque familiale en trois actes sur le rapport au pays lointain - qu'il soit paradis perdu ou terre étrangère -, qui au fil des générations continue d'entraver ses personnages.

Ambitieux par sa forme, toujours limpide sans pour autant se départir d'honorables exigences vis-à-vis du style, comme par son fond, qui aborde avec un souci de nuance exemplaire un sujet qui traverse les sociétés française et algérienne depuis plus de 50 ans, L'Art de perdre n'a pas volé son Prix Goncourt des lycéens !
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Chanson douce

Une nounou, sans mobile apparent, tue sauvagement les deux enfants dont elle a la garde depuis plusieurs mois. D'un fait divers, Leïla Slimani tire un livre qui tient du crossover entre les Bonnes de Genet et Faites entrer l'accusé. Habilement construit, tout en tension, Chanson douce manque parfois de profondeur mais démontre un solide savoir-faire pour tenir en haleine son lecteur.
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Pastorale américaine

Que serait le rêve américain sans la capacité de chacun à forger ses propres illusions ? de Fitzgerald à Oates, les grands romanciers américains ont tous questionné le miroir aux alouettes que constitue la réussite sociale dans le pays de la liberté. Avec le personnage de Seymour Levov, Philip Roth et son double de papier Nathan Zuckerman passent eux aussi de l'autre côté du miroir, et mettent à jour le drame qui ébranla la vie de ce fringant entrepreneur à l'insolente popularité : la révolte de sa fille, qui pour protester contre la guerre du Vietnam commit un attentat.

Résurgence d'une violence originelle jamais digérée, l'acte de Merry signe la chute de Levov, et plus largement de tous les idéaux américains. Chassé de l'Eden que constituait pour lui cette image d'une Amérique impérialiste et paternaliste aux valeurs morales indiscutables, exilé de sa propre vie qu'il cherche sans fin à réécrire pour effacer la tache indélébile de la violence, Levov est un homme fini, réduit à dissimuler le gouffre de son existence sous une montagne de mensonges. Avec lui, avec Roth, le paradis perdu du rêve américain n'a jamais semblé aussi loin.
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Nos vies

Cette fois, avec Nos vies, Marie-Hélène Lafon quitte la France rurale pour la très grande ville. Elle ne cesse pas cependant de s'intéresser aux existences des gens ordinaires à travers le regard de sa narratrice, habituée du Franprix d'une rue parisienne et attentive aux personnes qu'elle y croise, en particulier la jeune femme de la caisse numéro 4 et son client énamouré. Elle leur invente une famille, un passé, un destin en somme, une vie de solitude en tout cas, à l'image de sa propre vie dont elle déroule peu à peu les moments fondateurs.

Marie-Hélène Lafon use comme à son habitude d'une plume acérée, chirurgicale, elle aime les mots, elle en abuserait presque à certains moments. Il en faut toutefois pour dire l'infime des situations et des sentiments, ce qu'elle réussit à merveille.
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Trilogie de Corfou, tome 1 : Ma famille et ..

Pour fuir leur morne quotidien britannique, toute la famille Durrell décide un beau matin de 1935 de partir s'installer à Corfou. Durant cinq années, Lawrence, l'aîné (et futur écrivain), Leslie, Margot et Gerry, le petit dernier, vont donc vivre au rythme grec en important cependant leurs habitudes typiquement anglaises avec toutes leurs délicieuses excentricités… On dévore avec bonheur ces trois volumes où Gerald Durrell, alors âgé de 10 ans, raconte avec un humour espiègle le quotidien de sa famille. le benjamin des Durrell, passionné par la flore et surtout la faune, relate son émerveillement devant ce petit paradis terrestre et les expériences parfois incongrues qu'il fait subir à sa famille lorsqu'il collecte des échantillons précieux de scorpions, grenouilles, poissons ou autres animaux sauvages... Classique de la littérature de jeunesse britannique, la Trilogie de Corfou nous emmène en Méditerranée dans le sillage d'une famille britannique cultivée, libre et excentrique, autour de laquelle gravitent des personnages hauts en couleur et éminemment sympathiques.
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Le discours

Pauvre Adrien ! En se rendant à ce repas de famille chez ses parents, le quadra n'imaginait pas ce que Ludo, le futur mari de sa soeur, Sophie, allait lui demander : réaliser un discours pour leur mariage. Pendant ce long déjeuner, entre le gigot de sa mère et les improbables débats entre Ludo et Sophie sur le chauffage au sol, Adrien se demande ce qu'il va pouvoir raconter dans son discours, tout en pensant à Sonia, sa petite amie qui vient de le plaquer et qui ne répond pas à son texto... le pouvoir comique de Fabrice Caro, alias Fabcaro, a encore frappé ! L'auteur brosse un portrait décapant de la famille moyenne, mené par un anti héros à la fois loser et touchant, qui incarne un anticonformisme réjouissant. Comme dans ses BD, l'auteur rythme son récit au moyen d'une succession de gags rocambolesques donnant lieu à des scènes hilarantes, parce que terriblement universelles. On vous promet qu'après la lecture du Discours, vos repas de famille ne seront plus jamais les mêmes !
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Sa préférée

Comment apprendre à aimer lorsqu'on a été violée et frappée régulièrement par son père? L'histoire de Jeanne retrace cette quête : croire enfin en l'amour, ne plus en avoir peur, découvrir qu'à la place des coups, les caresses sont possibles. Sa soeur Emma n'y arrivera pas : elle fait le choix du suicide. Coquette, elle disait, un peu pour excuser son père qui abusait d'elle, qu'elle était “sa préférée”. Mais Jeanne, y parviendra-t-elle? Elle tente alors une nouvelle vie en échappant à son Valais natal et en s'installant sur le bord du lac Léman à Lausanne. Mais ses origines modestes ainsi que son histoire familiale traumatisante refont sans cesse surface. Dans le train qui la ramène dans le Valais pour rendre visite à sa mère, progressivement, elle redevient celle qu'elle était…
En racontant la lutte de Jeanne pour se réconcilier avec le fait d'aimer et d'être aimée, l'écrivaine Sarah Jollien-Fardel offre un magnifique récit de la reconstruction. Elle crée un personnage tout en faiblesse mais qui pourtant tient le coup. Jeanne, la narratrice, apprend à s'entourer des bonnes personnes, à prédisposer son corps au plaisir, par le biais de la nage, et, surtout, trouve dès l'enfance un moyen de s'extraire de la violence qui l'entoure : la lecture. Un livre sans concession mais au bout duquel une lueur d'espoir point…
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