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Critiques sur le theme : peinture (14)
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Les petits personnages

Le tableau de Watteau « Assemblée dans un parc » représente des personnages qui s'amusent et badinent au clair de lune. Mais si le regard s'attarde, une silhouette nous interpelle : perdue en arrière-plan, de dos, une très jeune fille n'est pas à la fête. Qui est-elle ? Que pense-t-elle ? Pourquoi est-elle ici ? Marie Sizun s'intéresse à ces petits personnages anonymes présents dans tant de peintures, de Fragonard à Caillebotte, de Berthe Morisot à Claude Monet. A peine ébauchés, parfois presque dissimulés, ils sont pourtant là, porteurs d'émotions, voire de l'âme même du tableau. A travers trente et une nouvelles, l'autrice leur redonne une existence.
Chaque histoire est introduite par le tableau dont elle est inspirée. L'écrivaine s'imprègne des lieux, est attentive à la posture, aux gestes, à la place de ces êtres marginaux. Elle imagine ce que cet instant symbolise dans leur vie. Au fil des pages, le lecteur se prend au jeu, observe, invente lui aussi des vies à ces créatures, et s'amuse à comparer ses hypothèses avec celles de l'écrivaine. On pense aux « Fenêtres » de Baudelaire qui fermées et à peine éclairées, convoquent un monde plus riche et mystérieux qu'une fenêtre grande ouverte sur une rue baignée de soleil. Ce joli recueil nous réapprend à contempler. Il est une invitation pour les spectateurs de tous âges à déambuler dans les musées en se laissant porter par leur imagination.
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Mon nom est Rouge

Dans cette fresque historique aux allures de polar, Orhan Pamuk nous immerge dans le monde des peintres miniaturistes du XVIe siècle où se côtoient les cultures perse, indienne, chinoise et occidentale. Entrecroisant habilement les voix et les points de vue, le récit nous plonge au milieu des artistes, dans une Istanbul tiraillée entre tradition orientale et renouveau vénitien. Au coeur de cette mine d'érudition et de détails, le romancier semble lui-même devenu peintre, travaillant par touches successives à la manière d'un miniaturiste persan.
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La Leçon de ténèbres

Passer une nuit seule dans un musée : Léonor de Récondo s'est emparée de cette belle proposition de la collection "Ma nuit au Musée" pour raconter l'histoire qui la lie au peintre El Greco. Rendez-vous est donc pris au Museo del Greco à Tolède, afin de rencontrer l'un des plus grands peintres du XVIe siècle. Seule avec son violoncelle, bravant les frontières temporelles et physiques, au-delà des quatre siècles qui la séparent de la vie du peintre, Léonor de Récondo va ainsi passer une nuit passionnée et charnelle avec El Greco.
Sous la chaleur écrasante et envoûtante de Tolède, l'écrivaine nous plonge avec délicatesse dans le destin méditerranéen de Doménikos Theotokópoulos, rebaptisé El Greco. Elle nous invite à voyager au fil de ses propres émotions : le plaisir du retour en Espagne, des retrouvailles avec ses désirs et ses souvenirs familiaux côtoie la recomposition romancée du parcours du peintre, de sa jeunesse crétoise à sa consécration à Tolède en passant par son séjour éblouissant en Italie. La restitution des paysages crétois et vénitiens est sublime, le portrait du peintre et de son expérience créatrice de la solitude est magnifique. La fiction s'autorise quelques atours pour apporter un autre éclairage sur la vie du peintre, à travers une écriture très sensorielle, lumineuse et poétique. Il ne pouvait en être autrement : la passion de l'écrivaine pour El Greco et ses peintures à la puissance divine s'ancre dans une histoire personnelle que seule l'émotion de la rencontre pouvait restituer avec justesse.
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La Prose du Transsibérien et de la petite Jeh..

Si Blaise Cendrars arrête dès les années 1920 d'écrire de la poésie, sa production poétique marque durablement le siècle. Après Les Pâques à New-York qui annoncent à bien des égards le révolutionnaire Zone d'Apollinaire, La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France éclate les limites du texte poétique : débarrassé de la ponctuation, ce long poème narratif se déploie dans un dépliant de deux mètres, accompagné de peintures simultanées de Sonia Delaunay qui font écho au mouvement continu du train et de la pensée du narrateur.

Pierre angulaire de la mythologie du poète-bourlingueur, cet exaltant voyage en Transsibérien ouvre la voie, dès 1912, à de nombreux poètes qui tenteront de marier la poésie aux arts visuels et fait du chemin de fer, dans sa capacité à diluer le temps et l'espace, un objet profondément poétique.

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Un mois à Sienne

Après avoir écrit un très beau livre sur la disparition de son père, opposant au régime de Kadhafi, Hisham Matar décide d'aller passer un mois à Sienne, seul, pensant y retrouver une certaine paix intérieure. Il parcourt les rues de la ville, visite les musées, médite sur les piazzas ou au cimetière, fait des rencontres. Il nous raconte ces expériences en quinze petits chapitres dans lesquels nous découvrons des pages très touchantes sur l'art de la conversation, la douceur de la parole, le vivre-ensemble. Mais ce récit nous montre surtout son impossibilité à faire son deuil, son besoin vital de dialoguer avec les morts, ceux des tableaux comme ceux de la vraie vie.
Accompagnant son texte de reproductions de tableaux et de descriptions des toiles les plus fameuses ou bien les plus mystérieuses de l'école siennoise, l'auteur interroge les rapports entre la foi, l'art et la littérature. Un mois à Sienne nous offre ainsi une très belle réflexion sur la peinture, ses pouvoirs, ses leçons. Comment regarde-t-on un tableau ? Y cherche-t-on des indices sur soi ? L'art peut-il nous aider à conjurer nos peurs les plus intimes ?
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Evguénie Sokolov

Écrivain, Gainsbourg le fut le temps d'un seul roman, une curiosité qui vaut le détour : Evguénie Sokolov, l'histoire très iconoclaste d'un artiste pétomane qui se sert de ce curieux talent pour peindre... Un texte provocateur dont le style est cependant remarquable, et qui derrière la farce montre le rapport parfois difficile qui s'établit entre l'artiste et sa création.
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Eroica

Bien loin d'un biopic scolaire de Jean-Michel Basquiat, Ducrozet signe un récit mouvementé, dans une langue toute de secousses et de sursauts, sur les pas de ce météore dont la trajectoire croisa celles d'Andy Warhol, de Keith Haring ou de Klaus Nomi. Un portrait nerveux et tout en nuances de celui qui voulait être "un héros ou une tragédie" et qui garde une image ambivalente d'artiste des rues et d'icône de la mode.
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Café Vivre : Chroniques en passant

Café Vivre, Chroniques en passant fait figure de livre-symbole de l'année 2020, sans doute bien au-delà de ce que pouvait espérer Chantal Thomas. Issu d'articles publiés entre 2014 et 2018, ce recueil édité en plein premier confinement résonne étrangement parce qu'il nous emmène dans ces lieux qui nous ont été soudainement soustraits par mesure de sécurité sanitaire, comme un café, un musée, un voyage à l'étranger… Dès la préface, nous savons vers où l'autrice veut nous emmener : “On peut lire Café Vivre comme un journal de voyage, si l'on croit que chaque matin contient une occasion de départ et une chance d'aventure, émotive, intellectuelle [...] Chacun porte en soi quelque "résidence invisible" ou “chambre à soi".

Chantal Thomas nous invite dans ce voyage immobile à parcourir le temps avec Voltaire, Catherine II de Russie, les salons littéraires de la Marquise de Rambouillet pour défendre la parole vagabonde contre le seul souci de communiquer, et l'espace avec les immeubles de New York ou les cafés de Tokyo aux enseignes françaises : le Café Vivre justement, dans lequel Chantal Thomas prendra ses habitudes parce qu'il évoque la force du verbe, qu'elle ressent comme une aventure neuve, un premier pas.
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Le Meurtre du Commandeur, tome 1 : Une idée a..

Que vous soyez adepte ou nouveau venu dans l'oeuvre d'Haruki Murakami, le Meurtre du Commandeur est le roman parfait pour pénétrer l'univers singulier du grand écrivain japonais ! Après avoir été quitté par sa femme, le narrateur, portraitiste renommé en mal d'inspiration, trouve refuge à la montagne, dans la propriété isolée du célèbre peintre de nihonga Tomohiko Amada. Fasciné par le calme et la solitude du lieu, il y fait d'étranges découvertes : un mystérieux tableau, d'abord, sorte de retranscription cryptée du Don Giovanni de Mozart, puis le tintement répété d'une clochette, qui chaque nuit le tire de son sommeil. Parallèlement, il accepte de faire le portrait d'un riche homme d'affaires local, qui semble pourtant résister à toute tentative de représentation…
Nourri d'art, de musique et de tradition - comme un pont entre Orient et Occident -, le Meurtre du Commandeur est une odyssée intime et envoûtante, qui oscille sans cesse entre réalité et fantasme. A la fois roman initiatique et livre-somme des obsessions de son auteur, on glisse dans ces deux tomes comme dans un rêve éveillé, prêts à basculer magnifiquement de l'autre côté du miroir.
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Trois nuits dans la vie de Berthe Morisot

"C'est le début de l'été, et Berthe Morisot prend le train avec son mari Eugène Manet pour un petit village du sud de la France. Loin des salons et des ateliers parisiens, où son talent peine à être reconnu malgré sa formation auprès de Corot, Berthe compte y retrouver pendant quelques jours le plaisir de peindre. Surtout, sous la douceur méridionale, elle cherche une liberté du corps et une volupté incompatibles avec la vie parisienne, même dans le groupe iconoclaste des impressionnistes.

Selon un procédé déjà à l'oeuvre dans Trois jours dans la vie de Paul Cézanne, son précédent livre, Mika Biermann s'empare de la figure de Berthe Morisot avec une totale liberté, utilisant un ancrage biographique crédible pour composer un fragment de vie imaginaire. Saisie dans un bref moment d'ébullition sensorielle et esthétique, Berthe Morisot offre en une centaine de pages de multiples visages : celui d'une femme cherchant à se libérer des conventions bourgeoises, celui d'une force de la nature, celui d'un être dont la puissance créatrice dévore tout comme un feu brûlant. Un portrait sensuel et solaire où se répondent et se confondent l'art de la couleur de Berthe Morisot et celui des mots de Mika Biermann dans un éloge de la création envisagée comme un art de vivre."
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Léon Spilliaert : Lumière et solitude

Ostende, début XXe. Un jeune peintre, Léon Spilliaert, scrute la mer du nord à travers l'obscurité. Il est hanté par la géométrie de sa ville natale et par la vie secrète de l'âme et des choses. Paris 2020, le catalogue de l'exposition du musée d'Orsay « Léon Spilliaert, lumière et solitude », nous invite à une promenade sombre et mélancolique. Nourri de philosophie et de littérature - Nietzsche, Lautréamont, Poe -, l'artiste commence sa carrière en illustrant les textes de Maeterlinck et la poésie de Verhaeren. Il découvre Odilon Redon, Fernand Khnopff et côtoie James Ensor. Chacune de ses créations semble fonctionner comme un paysage mental : autoportraits hallucinés, vues marines minimalistes, espaces urbains désolés, silhouettes désincarnées bousculées par le vent, en équilibre au-dessus de l'abîme. Il explore, le plus souvent sur papier, toutes les ressources du noir, avec une touche si moderne qu'elle fait écho à des univers cinématographiques comme ceux d'Alfred Hitchcock ou de David Lynch, marqués par le même climat d'inquiétante étrangeté.
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Massacre des Innocents

Le 4 juin 1629, le Batavia s'échoue sur un récif des Houtman Abrolhos, à l'Ouest de l'Australie. Près de 300 passagers, marins, mais aussi civils, femmes et enfants, quittent le navire et gagnent les îlots ingrats de l'archipel. Tandis que la survie s'organise, un groupe de marins tente de rejoindre Java sur un canot. Lorsque les secours arrivent trois mois plus tard, la moitié des survivants a été massacrée par l'infernal intendant Cornelisz et la troupe sanguinaire qu'il a mis sous ses ordres. Bien loin d'une classique robinsonnade, Massacre des Innocents est ainsi le récit de ce fulgurant déferlement de violence qui voit toutes les frontières se brouiller, les héros se changeant en bourreaux et les traîtres en résistants… Balançant entre un lyrisme exaltant et une sécheresse apte à rendre la tension des rapports humains, l'écriture de Marc Biancarelli donne toute sa densité à ce bref roman construit comme un tableau de maître et cherche, en racontant les vies des personnages principaux dans la Hollande du XVIIe siècle, les racines du Mal jusqu'au coeur de nos sociétés européennes.
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Seiobo est descendue sur Terre

Dans Seiobo est descendue sur terre, László Krasznahorkai, écrivain hongrois essentiel, compose dix-sept histoires comme autant de de variations sur l'art, la création, la quête de la beauté et celle du sacré. de Kyoto à Venise, de Paris à Athènes en passant par Grenade, il nous entraîne dans un surprenant voyage à travers l'espace et le temps. Déployant sa prose envoûtante, László Krasznahorkai impressionne dans cette oeuvre qui interroge à la fois le rôle des artistes, des spectateurs et l'émotion que peut provoquer l'art sur les êtres humains. Un chef-d'oeuvre visionnaire récompensé par le Man Booker Prize !
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Lettera amorosa (suivi de) Guirlande terres..

Référence au madrigal de Monteverdi, ce chant d'amour fragmenté à la destinataire mystérieuse figure une nature sensorielle et sensuelle que réinvente le corps des amants. Chaque mot est un paysage, magnifié par les formes et les couleurs de Jean Arp et Georges Braque.
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