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Critiques sur le theme : écologie (18)
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Hors gel

Été 2056, quelque part dans un village d'altitude. Lucie vit seule dans une grange d'alpage quand sa soeur jumelle qu'elle n'a pas vue depuis 30 ans ressurgit dans sa vie. Une soeur fantasque, magnifique et destructrice à l'image du glacier dominant la vallée et qui menace de rompre, emportant tout sur son passage. le roman est fait d'aller-retours entre présent, au temps d'un régime écologique autoritaire, et passé, décrivant une progression inexorable vers la démesure et la folie.
En s'inspirant de la catastrophe de Saint-Gervais-les-Bains de 1892, Emmanuelle Salasc (Emmanuelle Pagano qui a abandonné son pseudonyme) nous offre un drame familial et écologique poignant. Comme dans ses précédents romans, l'eau est partout présente, porteuse de rédemption et de destruction, et se matérialise dans une écriture fluide qui construit deux magnifiques personnages de soeurs à la fois fusionnelles et opposées, comme deux images inversées de la montagne qui les surplombe.
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La Fonte des glaces

Depuis qu'il est veuf, Louis n'a plus goût à grand chose. C'est une curieuse rencontre qui va remettre sa vie en branle : dans une brocante, il tombe nez à nez avec un manchot empereur. A partir de là, de l'Antarctique au Grand Nord, la vie de Louis va prendre un tout autre tour. Joël Baqué, déjà remarqué pour La mer c'est rien du tout en 2016, donne corps à un héros solitaire, vulnérable et mélancolique qui se retrouve embarqué dans une aventure rocambolesque qui le transforme en héraut de la cause écologique. Profondément attachant et débordant de tendresse, La Fonte des glaces a presque des airs de roman feel-good. Mais la constante exigence stylistique et la poésie lunaire de Joël Baqué, ainsi qu'une certaine dimension politique, donnent toute sa singularité à ce texte modeste mais brillant.
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Après la pluie

près avoir découvert que son mari, Ettore, la trompait, Elena a besoin de faire le point sur sa vie. Elle quitte donc son appartement romain et leurs deux enfants, pour rejoindre sa maison d'enfance en Ombrie. Une pluie torrentielle s'abat alors sur la région : cette eau, ruisselant sur les sols asséchés par un long été, gonfle le lit des rivières et rend les routes impraticables. Ettore, paniqué par le départ de sa femme et le déluge, tente de la rejoindre avec leurs enfants. La famille se trouve ainsi séparée de part et d'autre d'un fleuve infranchissable. Dans ce décor apocalyptique, ils croiseront un homme des bois au grand coeur, une Japonaise originaire de Fukushima, des religieuses adeptes de la permaculture et un jeune Norvégien qui se lance dans l'agriculture ; chacun d'eux les sensibilisera au changement climatique et leur donnera des clés pour survivre dans ce monde nouveau.
Grâce à un parallèle réussi entre le délitement d'un couple et un événement climatique dévastateur, Chiara Mezzalama façonne un beau roman écologique. Sa dénonciation de l'aveuglement face aux dérèglements du climat est amplifiée par une description terrifiante du déchaînement des éléments, dont la tension est palpable tout au long du roman. Tout en rejouant le conflit de générations, entre un père, promoteur immobilier qui fait fi des risques naturels, et sa fille adolescente qui prône la décroissance, l'autrice pose la question de l'avenir que l'Humanité risque d'affronter, mais elle instille aussi de l'espoir, appelant à un réveil des consciences pour ralentir le processus.
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Le dernier des siens

En 1835, un jeune scientifique capture, au large de l'Islande, un grand pingouin rescapé d'une partie de chasse. Envoyé par le Muséum d'histoire naturelle de Lille, dont il espère enrichir la collection et les savoirs, Gus ignore que l'animal sera le dernier spécimen de son espèce, officiellement déclarée éteinte quelques années plus tard. Il choisit toutefois de le maintenir en vie et en captivité, et le surnomme Prosp. Débute ainsi une cohabitation d'une quinzaine d'années, durant laquelle les projets personnels et professionnels de Gus, conjugués à une inquiétude croissante quant à l'avenir de Prosp et des grands pingouins, les mènent des Orcades aux îles Féroé et de Copenhague aux fjords islandais.
Sibylle Grimbert décrit ainsi, de façon touchante et subtile, l'évolution de la relation entre l'homme et l'animal : à la coexistence forcée, empreinte de méfiance, succèdent peu à peu une réelle curiosité, puis un attachement durable et réciproque. À la fois poétiques et documentés, les nombreux passages décrivant l'apparence et le comportement de Prosp sont particulièrement réussis. Ils invitent à s'interroger sur les transformations de l'animal au contact de l'homme (et vice-versa), mais aussi et surtout sur la perte que représente la disparition d'une espèce. Un très beau roman, intelligent et émouvant.
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La baleine bibliothèque

Il était une fois une baleine, une vieille dame de l'océan renfermant dans son ventre une immense bibliothèque. Un jour, elle entre en collision avec un facteur - car oui, il en existe aussi sur les mers - un jour, ou plutôt une nuit, parce que pour échapper aux baleiniers, elle ne remonte à la surface qu'une fois le soleil couché. Mais l'homme n'est pas un chasseur, et de sa rencontre avec cette baleine bibliothécaire naissent un échange littéraire et une amitié sincère.
Écrite en vers libres, cette histoire n'est pas celle que vous penserez lire. Vous y trouverez des anecdotes sur la poste maritime, un échange de feuilles d'automne, le récit d'une naissance, mais aussi celui d'une rencontre et de ses terribles conséquences entre une espèce prédatrice et la mémoire vivante de l'océan. Un livre qui aborde avec poésie le sujet de la préservation des espèces, au coeur de notre époque. A mettre entre les mains des petits comme des plus grands !
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Les confluents

Dans les années 2010, Liouba, journaliste franco-russe, fait des reportages sur la façon dont les humains vivent dans leur environnement et s'y adaptent. Au fil de ses voyages, elle rencontre un bédouin qui plante une forêt en plein désert, une activiste voulant protéger une forêt boréale en Russie, et Talal, un photojournaliste qui, comme elle, sillonne le monde pour donner voix aux migrants. En 2040, Aslam, dernier habitant d'une île en Indonésie, tente de la protéger de la submersion, pendant que sa soeur essaie d'alerter les instances sur l'urgence climatique.
Ces deux récits alternent habilement dans ce premier roman d'Anne-Lise Avril, avec un style lent et gracieux, des descriptions attentives et poétiques. L'autrice donne leurs lettres de noblesse à des endroits reculés et aux personnages qui y vivent humblement, et montre la beauté d'un monde fragilisé par les changements environnementaux : le désert, de plus en plus aride, fleurit après la pluie.
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Doggerland

A vingt mètres sous les eaux, entre les côtes de l'Angleterre et celles du Danemark, s'étend le Doggerland, vaste île engloutie il y a quelques milliers d'années dans la mer du Nord. Ancien lieu de peuplement humain, ce grand banc de sable suscite l'intérêt des géologues et des anthropologues, mais aussi la convoitise de l'industrie pétrolière. Dans son troisième roman, Elisabeth Filhol déplie l'histoire de ce territoire perdu en même temps que celle de Margaret, chercheuse en géosciences qui, alors que la tempête Xaver déferle sur l'Europe du Nord, s'apprête à revoir Marc, un amour de jeunesse.
A l'intersection du temps court des passions et du temps long de la dérive des continents, Elisabeth Filhol construit un roman d'une grande modernité qui tisse les vies de ses personnages à d'écrasants enjeux économiques et écologiques. Tour à tour méditation contemplative sur la transmission et chronique alarmante des transformations qu'impose l'homme à son environnement, Doggerland est un exercice de décentrement étonnant, qui révèle toute la poésie des discours scientifiques.
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L'Arbre-Monde

C'est LE roman que l'on attendait sur l'écologie, et il n'y avait sans doute que le génial Richard Powers pour lui donner toute sa puissance politique et narrative. Au départ, ils sont neuf, neuf personnages comme autant d'arbres d'une même forêt, de ramifications secrètes et entrelacées, de destins inextricablement reliés à la cause environnementale. Il y a Nick, garant de l'un des derniers châtaigniers d'Amérique ; Mimi, héritière d'un mystérieux talisman de jade ; Adam, chercheur sceptique sur l'activisme radical ; Ray et Dorothy, amoureux de la forêt mouvante dans Macbeth ; Douglas, vétéran de guerre miraculeusement sauvé par un banian ; Neelay, génie informatique qui excelle à coder le vivant ; Olivia, messagère revenue d'entre les morts ; Patricia, enfin, botaniste visionnaire et auteure d'une thèse révolutionnaire sur la communication des végétaux. Autour d'elle, les consciences s'éveillent, les luttes se forment. de l'activisme à l'éco-terrorisme, les champs d'action convergent au service d'une espèce bien plus intelligente, solidaire et organisée que la communauté humaine : les arbres - car ce sont eux les véritables héros de Richard Powers - un écosystème unique qui a su s'adapter et se régénérer depuis des millénaires. Sur le siècle foisonnant que déploie le roman, chaque vie semble alors bien peu de choses, jusqu'à son propre effacement. Les générations passent, les arbres observent, la nature transmet. A nous maintenant de savoir l'écouter. C'est tout le sens de ce roman dense et virtuose, une expérience de décentrement aussi riche qu'inédite, qui fait le pari d'une fraternité entre le monde humain et végétal, la seule qui puisse nous sauver.
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Entre fauves

Peut-on écrire un bon polar qui soit aussi un plaidoyer pour la préservation de la biodiversité ? Colin Niel se livre à l'exercice avec brio dans Entre fauves, récit sur la disparition des animaux sauvages. Au fil des 250 pages l'auteur croise les points de vue d'un garde dans un parc national pyrénéen, d'une étudiante en droit fascinée par la chasse, d'un jeune berger Himba, et d'un lion du bush africain pour évoquer le fragile équilibre de la biodiversité et explorer l'humanité des bêtes, la bestialité de l'humain. Porté par des préoccupations environnementales telles que l'extinction des espèces, l'empreinte de l'activité humaine sur la nature ou la question de la chasse, le récit de Colin Niel renverse les codes du thriller et déplace la focale au-delà de l'anthropocentrisme. Des confins des Pyrénées aux steppes namibiennes, territoires où les hommes cohabitent avec ces deux grands prédateurs que sont l'ours et le lion, Colin Niel transporte son lecteur dans une haletante course contre la montre, entre chasse au fauve et chasse à l'homme.
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Après le monde

Dans un futur (très) proche, une catastrophe climatique en Californie provoque l'effondrement général de nos sociétés : en quelques mois sont engloutis ressources énergétiques, télécommunications, système monétaire… Puis c'est au tour des institutions civiles et politiques de disparaître. Barbara, Christelle, Olivier, Hyiab et d'autres s'organisent : dans ce monde d'après, tout est à refaire, à réinventer. le soir au coin du feu, Christelle et Barbara se rêvent en "bardesses", et commencent à composer l'épopée de l'humanité avant et après la chute. Un récit envoûtant qui, bientôt, dépasse leur petit groupe pour devenir un véritable hymne de la résistance. Inspirée par les théories de la collapsologie et par ses échanges avec Pablo Servigne, Antoinette Rychner nous livre un texte d'une finesse et d'un lyrisme bouleversants, écho douloureux aux angoisses qui ébranlent ce début de siècle. La narration polyphonique, portée par un chant-témoignage au féminin pluriel, sonne comme une invitation à revoir notre manière de penser le monde et de l'habiter. Avec ce récit aux accents prophétiques, sinon visionnaires, l'autrice nous livre un portrait en creux de notre société, de ses excès, de ses dérives. Cette fable des temps postmodernes évite pourtant l'écueil du défaitisme pour proposer une morale porteuse d'espoir : le salut, s'il existe, viendra toujours du langage.
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Chimère

En 2014, Emmanuelle Pireyre accepte d'écrire une tribune dans Libération sur les OGM. Pour ne pas se limiter au cliché du maïs transgénique, l'écrivaine part enquêter en Angleterre, où les expérimentations sur les chimères, croisements embryonnaires d'organismes animaux et humains, sont autorisées. Ce n'est que le début d'une improbable aventure qui lui fera rencontrer un homme-chien et participer à une expérience de démocratie participative initiée par l'Union européenne, dans le cadre de laquelle un panel de citoyens français chargé de réfléchir à la notion de « temps libre » entreprend un radical éloge de la paresse.
Dynamitant le genre très en vogue du roman-enquête, Emmanuelle Pireyre compose un texte de fiction spéculative porté par une galerie de personnages attachants et loufoques, d'Alistair l'homme-chien et sa propriétaire Brigitte à Wendy, jeune manouche convaincue de devoir sauver les sédentaires de leur propre folie. Ni sentencieux ni alarmiste, Chimère est à la fois une irrésistible comédie et un vaste espace de réflexion, un roman qui ouvre grand le champ des possibles de la fiction pour mieux sonder notre rapport angoissé à la science et les failles de nos démocraties.
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Les petits Monarques

Etats-Unis, année 2101, l'Humanité est au bord de l'extinction suite à la catastrophe climatique qui a provoqué la maladie du Soleil. Seul espoir pour les survivants : fabriquer un sérum à partir des écailles des papillons Monarques. Flora, biologiste, accompagnée d'Elvie, une enfant de 10 ans, suivent leur migration à travers l'Ouest américain, ce qui n'est pas sans péril !
Raconté du point de vue de la fillette, le ton ne manque pas de légèreté. le récit mêle journal intime, carnet de voyage et scènes d'aventures. L'angoissante question du réchauffement climatique est abordée comme une quête initiatique et le traitement du sujet sous l'angle de la science-fiction permet de s'adresser à un large public. La thématique est grave mais ce road trip post-apocalyptique constitue paradoxalement un véritable hymne à la vie.
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Nos cabanes

Les cabanes de Marielle Macé sont polymorphes : lieux de résistance comme les ZAD, territoires à défendre, lieux réels ou symboliques où élargir le monde, imaginer de nouvelles façons d'exister... Autant d'espaces investis par l'écriture poétique de l'auteure, qui les conçoit non pas comme un refuge où s'abriter, mais comme le terreau fécond des combats à mener.
A la jonction des sciences sociales et de la poésie, Marielle Macé nous invite à interroger notre humanité en relançant notre imagination : réentendre la nature quand elle se fait silence, renouer avec notre faculté d'écoute, explorer les rives, les tiers lieux, "jardiner les possibles". Offrant une très belle réflexion sur l'écologie, Nos cabanes est un court texte où se plonger pour retrouver le souffle et l'élan dans un monde abîmé.
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Les anges radieux

Sur tout le continent américain, la guerre fait rage. Face à un groupe d'hommes dont l'intention est d'électrifier le globe, les insectes résistent, bien décidés à asseoir leur hégémonie. Entre uchronie et science-fiction, Les Anges radieux fait le portrait acide d'une humanité insectoïde, et émiette l'Histoire américaine - de la conquête de l'Ouest à l'explosion de la Silicon Valley - pour mieux la disséquer.
Chez Vollmann, le dispositif narratif - baroque voire labyrinthique - compte autant que le récit en lui-même. La réalité se fait instable au gré de la narration, glisse entre les doigts comme une anguille ou se trouve soudain prise de convulsions. Critique du capitalisme, du rêve américain et du tout-technologique, opposé à un imaginaire libertaire lui aussi sur le déclin : William T. Vollmann brasse et malaxe les grands thèmes du roman américain contemporain dans une forme qui ne se fixe aucune limite, tutoyant dès ce premier roman les grands aînés que sont Thomas Pynchon ou Kurt Vonnegut.
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Freshkills

A son ouverture en 1947, la décharge de Fresh Kills, au sud de New-York, ne devait rester en activité que trois ans. En 2001, après avoir accueilli une partie des débris du World Trade Center, Fresh Kills ferme enfin. Entre-temps, le site est devenu la plus grande décharge à ciel ouvert du monde. Aujourd'hui, cette enclave d'un millier d'hectares de Staten Island va être recouverte par un immense parc, construit sur les déchets.

C'est autour de cette mise à l'écart du rebut que débute le projet d'écriture de Lucie Taïeb. Découverte par l'autrice dans les pages d'Outremonde de Don DeLillo, qui évoque sa présence monstrueuse aux portes de la ville, la décharge apparaît comme une figure du réfoulé, un symbole de notre déni de réalité face aux traces que nous laissons sur terre. Enquêtant sur ce lieu hors-normes et sur les mutations du tissu urbain qui l'entoure, Lucie Taïeb compose un texte qui, comme son objet d'étude, procède par strates. A mesure que ses recherches progressent, son travail d'élaboration poétique vient se superposer aux discours historiques et techniques glanés dans les archives et les thèses de spécialistes. Cette passionnante sédimentation de l'écriture devient à son tour l'image de ce que l'humanité construit sur ses ruines et ses déchets, que ce soit pour en sauvegarder la mémoire ou pour les pousser dans l'oubli.
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