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Critiques sur le theme : voyages (50)
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L'archipel des ombres

La carte au début du livre donne une idée du voyage : un tour de l'Indonésie, archipel aux 17 000 îles étendues sur une surface presque aussi vaste que celle des Etats-Unis.
Mais avec Bruno Philip, on sort des sentiers battus. Il s'agit davantage d'un voyage anthropologique que touristique. On y découvre par exemple l'histoire de ce Chinois de Bornéo qui a dû se cacher dans la jungle pour échapper, en 1965, à la Saint-Barthélémy anti-communiste indonésienne. On y découvre aussi le peuple Toraja, sur l'île de Célèbes, dont les rituels funéraires nous laissent éberlués. Ou Anda, un pauvre hère qui vit dans un quartier de Jakarta voué à la destruction et dont le « futur, s'il en a un, est antérieur ».
On marche aussi sur les pas de Conrad à Bornéo et de Rimbaud enrôlé dans l'armée batave à Java. Un vrai grand voyage qui cherche à saisir ces ombres, ces disparus ou ces hommes en voie de disparition qui peuplent encore ce pays en pleine mutation.
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Patagonie route 203

Ancien saxophoniste, Parker a quitté Buenos Aires et sillonne la Patagonie à bord d'un camion pour livrer des marchandises de contrebande. Il traverse des villages perdus aux noms improbables, des paysages souvent hostiles, découvre des conditions de vie épouvantables. Misanthrope, il cherche la solitude. Pourtant, en cours de route, il croise à plusieurs reprises son ami journaliste qui conduit une voiture sans freins et recherche un sous-marin nazi. Et quand Parker débarque dans une fête foraine, il tombe sous le charme de Maytén qui se lamente sur sa vie étriquée avec un mari violent.
Ce fabuleux road trip nous embarque à la découverte de contrées immenses balayées par des vents incessants et une poussière omniprésente. On suit Parker lancé à la poursuite de Maytén sur les routes de la steppe et de ses habitants parfois peu accueillants. Avec ses détails très visuels sur la nature et les éléments, ses personnages loufoques hauts en couleur, ses dialogues absurdes, son réalisme mêlé de légendes et son humour décalé, Varela donne une atmosphère surréaliste à son roman. On y entend des histoires de cannibales, on croise des néo-nazis et des jumeaux évangélistes, on assiste à un rendez-vous amoureux dans un train fantôme, et notre conception de l'espace-temps est durablement chamboulée.
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Loin

"Antoine a 26 ans, une fiancée, un nouveau poste prometteur, un avenir souriant, et il va passer deux semaines à Londres avec son meilleur ami. Une surprise va changer ses plans : avec beaucoup de retard, il reçoit une lettre de son père, Charles, parti sans laisser d'adresse vingt ans plus tôt. Antoine, son meilleur ami et sa soeur, partent alors sur ses traces, en Autriche, en Allemagne, en Arménie et dans d'autres contrées lointaines. Il tente de retrouver ceux qui ont connu Charles et de comprendre les raisons de son départ. de découvertes en découvertes, Antoine remonte le fil de son passé et la lignée de ses ancêtres.
Après ses pièces de théâtre haletantes (Le Porteur d'histoire, Edmond), Loin est le premier roman d'Alexis Michalik, et c'est une réussite ! le récit fait alterner avec brio la quête initiatique d'Antoine, l'histoire de ses ancêtres et celle des pays traversés. Avec des personnages attachants, un rythme effréné et de nombreux rebondissements, ce roman se lit d'une traite."
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Café Vivre : Chroniques en passant

Café Vivre, Chroniques en passant fait figure de livre-symbole de l'année 2020, sans doute bien au-delà de ce que pouvait espérer Chantal Thomas. Issu d'articles publiés entre 2014 et 2018, ce recueil édité en plein premier confinement résonne étrangement parce qu'il nous emmène dans ces lieux qui nous ont été soudainement soustraits par mesure de sécurité sanitaire, comme un café, un musée, un voyage à l'étranger… Dès la préface, nous savons vers où l'autrice veut nous emmener : “On peut lire Café Vivre comme un journal de voyage, si l'on croit que chaque matin contient une occasion de départ et une chance d'aventure, émotive, intellectuelle [...] Chacun porte en soi quelque "résidence invisible" ou “chambre à soi".

Chantal Thomas nous invite dans ce voyage immobile à parcourir le temps avec Voltaire, Catherine II de Russie, les salons littéraires de la Marquise de Rambouillet pour défendre la parole vagabonde contre le seul souci de communiquer, et l'espace avec les immeubles de New York ou les cafés de Tokyo aux enseignes françaises : le Café Vivre justement, dans lequel Chantal Thomas prendra ses habitudes parce qu'il évoque la force du verbe, qu'elle ressent comme une aventure neuve, un premier pas.
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Lisière

Récit de voyage aux confins de l'Europe sud-orientale, ce texte de Kapka Kassabova s'inscrit dans la grande tradition du reportage littéraire. Partant de sa Bulgarie natale, l'autrice en explore les frontières turque et grecque, montagnarde et fluviale, politique et historique. Elle suit les déplacements des peuples anciens de la Thrace et retrouve les stations balnéaires de ses souvenirs d'enfance, avec les ombres des fugitifs de la RDA pour qui le chemin de l'Europe occidentale passait par la Turquie. Aujourd'hui, le flux est inversé : ce sont les réfugiés des pays du Sud que l'autrice voit arriver par la Turquie vers la terre promise de l'Union européenne. Etrangère dans son pays d'origine, Kapka Kassabova fait de son voyage un pèlerinage : la dernière frontière qu'elle franchit la mène au coeur d'une forêt, près de la source Sainte-Marina qui incarne l'esprit de ces lieux.
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Vie de monsieur Leguat

En soixante-huit pages, un huguenot que la révocation de l'édit de Nantes chasse de sa Bresse natale et que l'aventure des exilés mène en Hollande, à l'île de Rodrigues (près la Réunion), à l'île Maurice, à Batavia (actuelle Jakarta), puis à Londres pour finir ses jours miséreux, va de découvertes en découvertes, souvent malheureuses. Ce voyageur malgré lui, qui, sans l'intolérance religieuse, aurait vécu la vie simple des durs à la peine, se retrouve à vivre celle des aventuriers dont les pérégrinations surprennent, interrogent, exaltent l'imagination. C'est aussi une véritable leçon de vie : quelle destinée inattendue pour un homme qui n'a rien cherché de particulier ! Ce roman a reçu en 2014 le Goncourt de la nouvelle. Nouvelle si l'on prend en considération le nombre de pages lues, roman si l'on s'attache plutôt au foisonnement des événements et même roman de formation (sur le tard) si l'on s'attache au parcours du personnage principal.
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Un monde sans rivage

Eté 1897. Ils sont trois scientifiques, trois Suédois, à quitter l'île de Danskøya en ballon, avec le rêve fou d'atteindre le territoire le plus au nord jamais foulé par les hommes. Eté 1930. Des pêcheurs découvrent par hasard sur une l'île reculée les restes d'un campement et trois corps figés dans la glace. Parmi les objets exhumés, un appareil photo dont les pellicules, miraculeusement préservées par le froid, vont révéler des images oniriques, seules témoins d'un voyage sans retour. A partir de ces clichés et du journal de bord de l'expédition, Hélène Gaudy retrace l'errance de ces explorateurs de l'Arctique. Dans ce “monde sans rivage”, plus de frontières, plus de repères : seulement le silence, et l'immensité de paysages aussi inhabitables qu'envoûtants. Ce récit inclassable, entre enquête historique et reportage littéraire, est aussi une méditation sur l'image et la mémoire, qui dresse à petites touches des portraits d'hommes émouvants dans leur désir de découvertes. le texte, d'une grande poésie, laisse toute leur place aux blancs de l'histoire, à l'image de ces photos retrouvées où l'effacement du temps se confond avec la blancheur de la banquise et de ses habitants.
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Nouvel an

Dans “Nouvel An”, Juli Zeh joue avec brio la symphonie d'une âme tourmentée et nous emmène (à vélo !) dans une aventure de Noël très savoureuse. La quarantaine à peine, Henning est à bout : père investi, couple au bord de la rupture, personnalité angoissée, rien ne va plus. Pour une raison qui lui échappe (ou peut-être pour conjurer le sort ?), il décide de partir avec sa famille passer les fêtes de fin d'année à Lanzarote, une île paradisiaque des Canaries réputée pour ses plages et ses routes pour cyclistes en quête de sensations fortes. Hélas, il s'aperçoit vite que la distance n'apaise en rien son malaise. Alors ce premier janvier, il décide de partir. Seul. A vélo. Jusqu'au point culminant de l'île. “Nouvel an” est le récit de cette traversée - celle d'une âme humaine, d'une histoire, d'un paysage. Juli Zeh brosse avec une grande justesse les petits détails et les grands ravages du quotidien de jeunes parents. Elle dresse surtout le portrait d'un homme, en quête de sens, de lui-même et de son histoire, en faisant de nombreux allers-retours entre cette course contre la montre et les fantômes du passé. Depuis Brandebourg, son précédent roman, Juli Zeh est passée maître dans l'art de peindre l'âme de personnages imbriqués dans un réseau de relations complexes, les strates du temps, l'espace géographique et les rugosités du paysage. Un livre idéal pour fuir les fêtes de Noël en famille (du moins en rêve !)
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Pic

Pic est le dernier roman de Kerouac, écrit dans les années 60 mais publié à titre posthume en 1971. Il se classe à part dans son oeuvre car il n'est pas autobiographique et relate l'histoire d'un petit garçon noir de 11 ans, Pictorial Review Jackson (Pic), qui vit en Caroline du Nord. Comme son grand-père qui l'élève est envoyé à l'hôpital, l'orphelin est confié à sa tante et son oncle qui vivent pauvrement. Quand son frère ainé revient, il décide d'emmener Pic avec lui à New York. Commence alors un périple dans l'Amérique des années 50, en bus, en stop, à pied. C'est un récit d'apprentissage où l'humour naît de la confrontation d'un enfant naïf à une réalité parfois sordide qu'il découvre ébahi. Ainsi son frère lui apprend ce qu'est la ligne Mason-Dixon qu'ils franchissent en bus, lui expliquant qu'à présent dans le Nord ils ne sont plus soumis à la ségrégation. de même il lui explique sa propre histoire en racontant que leur grand-père est un descendant d'esclaves et l'ami de celui-ci le descendant d'un propriétaire d'esclaves. le récit est vivant, plein de péripéties et l'on partage le sort de cet enfant vif et drôle. L'humour découle aussi de son langage, de son phrasé si particulier et très bien rendu par la nouvelle traduction de Christophe Mercier qui renforce l'oralité du récit, son rythme rapide, comme si l'enfant n'en finissait plus de décrire ce qu'il voit. On partage ainsi son émerveillement face à l'immensité des paysages, des routes à perte de vue, des villes et des fleuves. C'est à travers le regard de l'enfant qu'on découvre Harlem et la Californie, qu'on fait connaissance avec les personnes rencontrées en chemin. Et l'on retrouve des thèmes chers à Kerouac : la route, la vitesse, les grands espaces, le jazz. En effet Slim, le frère, est un joueur de saxophone obligé de faire des petits boulots pour vivre, d'où les descriptions réalistes et burlesques d'un travail à la chaîne dans une usine où il se brise le dos et les bras puis perd un autre emploi dans un bar parce qu'il n'a pas un assez beau costume. Un très beau passage évoque le talent de musicien de Slim et à quel point le jazz est pour lui un moyen d'expression indispensable, qui n'est pas sans rappeler ce que disait Kerouac sur son désir de rapprocher son écriture des rythmes du jazz. Quand sa compagne perd elle aussi son travail, ils décident de partir en Californie avec Pic. On aimerait que ce roman soit plus long pour connaître leur vie future dans cette Californie qu'ils ont idéalisée, d'autant que le ton dickensien des chapitres laissait espérer un long roman fleuve.
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Le Vagabond solitaire

Les quatre nouvelles qui composent le vagabond solitaire sont une bonne entrée en matière pour explorer l'oeuvre de Kerouac car l'on y trouve nombre de ses thèmes de prédilection et plusieurs exemples de « prose spontanée », procédé récurrent qu'il a expérimenté dans Sur la route notamment. Si la prose est alambiquée parfois, voire un peu hermétique, ces récits de voyages publiés en 1960, d'inspiration autobiographique, évoquent Kerouac dans ses tribulations sur la route, ses petits boulots, son désir d'être marin. A Los Angeles, il rêve d'embarquer mais reste sur les quais. Il retrouve un ami qui lui parle de règlements de compte et d'un revolver camouflé dans un livre, et c'est une discussion sans fin qui commence alors. Kerouac nous invite à le suivre dans les rues et les bars de New York où il nous fait la visite en habitué de lieux vivants et chaleureux de Times Square, nous présentant les gens qu'il aime fréquenter, les joueurs de Jazz qu'il admire, les restaurants qu'il aime. Une véritable poésie urbaine se dégage de ces esquisses et dénote un vrai sens de l'observation pour décrire le monde qui l'entoure. Il déplore le fait que les clubs de jazz soient devenus plus select, plus chers alors qu'il les a connus ouverts à tous. de même, lors d'un voyage au Mexique, les contrôles à la frontière le font deviser sur le manque de liberté et la suspicion à l'encontre des beatniks. Ses rencontres donnent lieu à des discussions animées et accompagnées de drogues sur les Indiens. Dans un passage saisissant Kerouac sort écoeuré d'une corrida décrite avec réalisme dans toute sa violence, éprouvant de l'empathie pour le taureau agonisant, qualifiant les spectateurs de lâches. Un long moment dans une église montre aussi Kerouac fasciné par une statue du Christ aux blessures particulièrement macabres. En se recueillant il a une vision et, comme dans certains de ses romans, des digressions mystiques voire ésotériques rendent quelques passages obscurs. Enfin, Seul au sommet d'une montagne rappelle que Kerouac a exercé le métier de guetteur de feu, il a donc vécu isolé, en ermite, ce qui donne lieu à de belles descriptions des merveilles naturelles, des paysages sauvages, qu'il dépeint à la manière d'estampes japonaises. Les gestes du quotidien sont décrits avec précision. Mais très vite, à l'émerveillement succèdent la peur et les dangers (la foudre, les pluies torrentielles, les ours) et une solitude extrême difficile à supporter.
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De pierre et d'os

Tout commence par un craquement énorme sur la banquise, qui retentit au coeur de la nuit : la glace se fracture et engloutit une jeune femme inuit dans la brume arctique. Séparée de sa famille, Uqsuralik tâche de survivre dans des conditions extrêmes de froid, de fatigue et de faim, jusqu'à croiser la route d'un autre groupe auquel elle se joindra pour échapper à une mort solitaire. Dans ce paysage instable de fjords et d'icebergs, peuplé d'animaux terrestres et de créatures marines, dans ce désert immense où le froid brûle la peau et les âmes, notre narratrice grandit et chemine. Habile dans l'art de chasser, résistant aux dangers et aux esprits qui rôdent et vivent parfois dans les êtres qu'elle croise, elle surmontera l'absence de ceux qu'elle aime, les deuils et les affronts, et découvrira la puissance d'enfanter, en s'initiant aux pouvoirs chamaniques guérisseurs.

Ce roman, achevé au cours d'une résidence d'écriture au Muséum national d'histoire naturelle, est tout à la fois une initiation et un voyage. Ponctué de chants qui font entendre la voix de différents personnages et qui approfondissent la poésie du texte, de pierre et d'os nous plonge dans la tradition d'un peuple et d'une culture grâce à un minutieux travail de documentation. Mais sa force se trouve bel et bien dans ce rythme propre de l'imaginaire qui assoit, dans la rudesse d'une longue nuit polaire, la métamorphose d'une femme, d'une mère, qui se bat pour que continue d'éclore une vie fragile mais toujours renouvelée.


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Les Racines du ciel

Dans les années 1950 au Tchad, un homme fait circuler une pétition pour empêcher le massacre des éléphants, décimés par milliers. Lorsqu'il prend les armes, incendie des dépôts d'ivoire et tire sur des chasseurs, c'est la stupeur dans l'administration coloniale. Que veut vraiment cet homme, très vite érigé en héros par certains ? Agit-il uniquement pour la préservation de la faune africaine, ou a-t-il d'autres ambitions politiques, à un moment où l'idée d'indépendance commence à faire son chemin en Afrique Equatoriale Française ? Alors qu'une traque s'organise, les nombreux personnages de ce roman polyphonique prennent partie pour ou contre Morel, objet de tous les fantasmes et de toutes les rumeurs. Tantôt tourné en ridicule, haï, traité d'idéaliste ou de misanthrope, tantôt porté aux nues, incarnant par son combat la liberté et l'humanisme le plus audacieux, cet ardent défenseur de la nature renvoie tous les protagonistes à leurs contractions, à leurs conflits d'intérêt et bien souvent, à leurs fragilités personnelles. Son obstination farouche les questionne et les pousse à agir. Avec ce roman foisonnant qui embrasse des thématiques écologiques et politiques sur fond de colonialisme, Romain Gary dessine un personnage inoubliable, et montre que le respect des animaux n'est pas incompatible avec les exigences du progrès. Un prix Goncourt 1956 d'une actualité confondante.
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Sur la route du Danube

Remonter le Danube à vélo : c'est le défi un peu fou que se se lancent Emmanuel Ruben et son ami Vlad au cours de l'été 2016. En 48 jours, ils parcourent près de 4000 kilomètres et traversent une dizaine de pays. Au fil de cette odyssée, Emmanuel Ruben, géographe de formation, est attentif au moindre relief et au moindre méandre ; mais c'est surtout le cortège de fantômes de la vieille Europe qui défile sous les yeux des deux voyageurs. D'Odessa à Sigmaringen et de Belgrade à Budapest, les plaies de l'Histoire sont partout visibles, révélées par de nombreuses anecdotes qu'Emmanuel Ruben manie avec une fine érudition, mais aussi par les vies ordinaires, croquées à grands traits, de tous les personnages croisés au long de ce voyage à hauteur d'hommes et de femmes. Teintant Sur la route du Danube d'une infinité de nuances, cette constellation de portraits pose avec insistance une question on ne peut plus actuelle : qu'est-ce que l'Europe, cette vieille fiction dont l'histoire est “un feuilleté de strates où se mêlent le réel et l'imaginaire” ? Sans avancer de réponses mais en proposant un décentrement salvateur vers l'Est, le récit de voyage singulier qu'est Sur la route du Danube offre une riche réflexion sur le passé et l'avenir du vieux continent.
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Sans jamais atteindre le sommet

Fasciné par les Alpes depuis sa plus tendre enfance, Paolo Cognetti a fait de la montagne le moteur spirituel de ses voyages et de son écriture. Pour ses quarante ans, il décide d'embarquer pour les terres isolées du Népal, sur les traces du Léopard des neiges de Peter Matthiessen, son livre de chevet. Au coeur des hauts sommets de l'Himalaya, c'est une véritable expédition qui s'organise, composée d'amis, de guides, de porteurs et de mulets. Sur plusieurs centaines de kilomètres, entre vallées et cols, Paolo Cognetti éprouve la beauté des paysages arides, le mystère des présences animales, les rencontres fugaces avec les habitants, en même temps que ses propres limites physiques. En partageant sa route, il nous fait le récit contemplatif d'un voyage où le chemin compte bien plus que le sommet. C'est tout l'art de Cognetti, dont la limpidité porte la montagne à l'essentiel.
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Les tribulations d'Arthur Mineur

A la veille de ses cinquante ans, le bilan de la vie d'Arthur Mineur, auteur de quelques romans modestement remarqués, n'est pas des plus brillants. Cherchant une raison d'échapper au mariage de son ex petit-ami et par la même occasion un remède à sa crise existentielle, Mineur accepte une série de propositions à l'étranger et entame un petit tour du monde. Entre Berlin, l'Inde et le Sahara, de colloques en remises de prix, Mineur se met en vacances de sa propre vie - sans jamais tout à fait réussir à chasser ses démons.
Tendrement ironique à l'égard de son héros immature et socialement inapte, Andrew Sean Greer signe une odyssée paradoxale, rocambolesque à souhait, dans laquelle Arthur Mineur échoue systématiquement à trouver sa place parmi ses pairs. Evoquant autant la douceur riante d'Armistead Maupin que le regard satirique de David Lodge, les Tribulations d'Arthur Mineur déroule la quête de soi de son héros dans un récit solaire et mélancolique qui a la saveur des vacances trop vite terminées.
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