Son asocialité et sa solitude passées, son absence d`espoir.
Il ne faudrait pas minorer la dangerosité des zombies ! Mais oui très vite il comprend que le monde dévasté est en lui aussi, que les pièges sont sous chacune de ses pensées. Nous n`avons pas besoin du monde pour nous damner. Nous avons toutes les armes intérieures pour le faire nous-même. le monde offre un substitut de destruction, une amorce. Antoine Verney devra se battre contre lui-même pour se sauver.
Un roman a mille buts. Et l`auteur lui-même ne les connait pas tous.
Régler des comptes ? Non. Exprimer des choses qui ne sont jamais exprimées. Dire franchement une violence, ses causes, ses répercutions. Apporter quelque chose. Ce qui compte c`est l`originalité et l`imagination, ce qu`on donne de nouveau à la littérature à partir de thèmes classiques.
Les gestes. S`habiller, se raser, préparer les repas.
Mes influences : The Last Man, de Mary Shelley, qui est à l`origine de tout. Le nuage pourpre, de M. P. Shiel. Puis Je suis une légende et La nuit des morts vivants.
Mon roman doit aussi beaucoup à Robinson Crusoë de Daniel Defoë , au Baron perché de Calvino, au Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre, au Désert des Tartares de Dino Buzzati, à Je suis une légende de Richard Matheson . A tous les livres d`horreur lus (et à tous les autres). A Edgar Allan Poe et Lovecraft. A Alamo de Wayne aussi et aux Chiens de Paille de Peckinpah. A Frederic Brown et Ray Bradbury. Ann Radcliffe, et Jane Austen et son Northanger Abbey.
Nous allons mourir et avec des zombies la mort est là, active, elle a notre visage à peine transformé.
Les mythes grecs.
Un grand auteur provoque de l`émulation, pas un arrêt de la création. Les grandes oeuvres inspirent et donnent de l`énergie, elles n`abaissent pas et ne stérilisent pas.
Difficile de se souvenir. Disons Beaucoup de bruit pour rien de William Shakespeare.
Martin Eden, de Jack London.
Impossible pour moi d`associer la lecture à la honte. C`est tout le contraire. On n`a aucune obligation.
Les dépossédés, de Robert McLiam Wilson. Les nouvelles de Dorothy Parker. Spoon River, de Edgar Lee Mathers. Lady L., de Romain Gary, La politique de la mémoire deRaul Hilberg.
Je ne vais dire du mal d`un livre. Chacun trouve son plaisir où il veut, je ne vais pas juger le bonheur des autres.
Il y a des livres et des auteurs que je n`aime pas, certes, mais pourquoi en parler ?
Le jugement est possible quand des auteurs se sont conduits de façon dogmatique. C`est le cas dans certains mouvements littéraires en France, comme le surréalisme et le nouveau roman.
Quand il y a dogme, quand il y a mépris et excommunications, alors effectivement je n`aime pas ça. Mais je ne trouve pas ça surfait. Simplement le signe d`un art limité (et conscient de sa limitation) qui alors exprime son impuissance par la violence intellectuelle. Je déteste la violence dans le monde réel. Je l`aime dans les romans, car elle est expression de guerres intérieures et de traumas que l`on tente de transformer. C`est ce que je fais.
Norman Mailer, The Spooky Art :
“What I find most interesting is to keep making a new attack on the nature of reality. It`s as if reality has some subtle desire to protect itself. If we keep pushing forward in the same direction, reality is able to handle us or evade us and may even do it in the way organisms become resistant to various antibiotics and pesticides.
We tell ourselves stories in order to make sense of life. Narrative is reassuring. There are days when life is so absurd, it`s crippling -nothing makes sense, but stories bring order to the absurdity. Relief is provided by the narrative`s beginning, middle, and end. Without and end, you have an obsession, a constant circling around a fact or situation that cannot be put in place.”
“La réalité semble avoir le subtil désir de se protéger. Si nous l`attaquons toujours du même côté, la réalité devient capable de nous manipuler ou de nous échapper à la manière dont les bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques.” ( Traduction du début de la citation de Norman Mailer, juste au dessus.)
et
Ray Bradbury, Zen in the art of writing :
“Let the world burn through you.”
et
Somerset Maughan, Et mon fantôme en rit encore, journal 1892-1944 :
“Je me méfie toujours des théories des romanciers ; je n`y ai jamais constaté qu`une justification de leurs limites personnelles.”
et
Gustave Flaubert, Journal :
“Pour qu`une chose soit intéressante, il suffit de la regarder suffisamment longtemps.”
et
Sylvia Plath, Journal (le 25 février 1956) :
“Ce que je redoute le plus, je crois, c`est la mort de l`imagination. Quand dehors le ciel est tout simplement rose et les toits tout simplement noirs : cette disposition photographique de l`esprit, qui paradoxalement dit la vérité sur le monde, mais une vérité sans valeur. Ce que je désire, c`est une pensée synthétique, une force « constructive », qui pousse avec fertilité et fabrique ses propres mondes avec plus d`inventivité que Dieu. Si je ne bouge pas et si je ne fais rien, le monde continue de batte comme un tambour mal tendu, dépourvu de sens. Il faut bouger, travailler, fabriquer des rêves vers lesquels aller. La pauvreté d`un monde sans rêves est inimaginable tant elle est affreuse. C`est cette folie-là qui est la pire. L`autre, celle avec des visions et des hallucinations, serait un soulagement, dans la manière de Jérôme Bosch.”
Les oranges ne sont pas les seuls fruits de Jeanette Winterson, La Destruction des juifs d`Europe de Raul Hilberg, Ôter les masques d`Eric Pessan, Traité du funambulisme de Philippe Petit, Tels, tels étaient nos plaisirs de George Orwell, American Splendor d`Harvey Pekar, Un paradigme de Jean François Billeter, Passions de Jean-Michel Delacomptée, L`homme qui rétrécit de Richard Matheson.
Qui est le personnage principal dans ce livre ?