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Critiques sur le theme : féminisme (58)
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Fabriquer une femme

Rose et Solange sont amies, meilleures amies même, dans la campagne basque des années 90. Mais leurs expériences de vie divergent rapidement, quand Solange accouche à 16 ans d'un bébé de père inconnu, tandis que Rose poursuit la voie classique d'une jeune-fille de bonne famille : petit ami fixe, études à Bordeaux…Elles s'éloignent, se retrouvent parfois brièvement, dans leurs parcours qui les amènera à Paris, Londres ou Los Angeles entre leur adolescence et la trentaine. Au final, sont-elles vraiment amies ou ce lien n'est-il qu'une fiction qui masque leur solitude indépassable ?

Marie Darrieussecq compose avec ce roman en deux grandes parties (l'histoire vue par Rose, puis par Solange) une fresque d'apprentissage au féminin. Dans une belle langue énergique et incisive, le roman interroge, à travers les personnages, les expériences belles ou tragiques de la vie d'une femme : découverte de la sexualité, du couple, dépression post-partum mais aussi la question universelle, : que doit-on faire de sa vie ? Là où le roman est le plus intéressant, c'est quand il met au jour les rivalités et les mesquineries dont est aussi faite l'amitié, et la question radicale de l'incommunicabilité. Ne sommes-nous pas toutes une Rose qui voudrait être une Solange, ou l'inverse ?
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Demain les ombres

Des scientifiques sont parvenus à faire naître des Néandertaliens à partir de restes d'ADN. Ils ont d'abord éduqué ces enfants : vie en communauté, langue, chasse, spiritualité… puis, ils les ont laissés dans une région isolée, d'où ils pouvaient analyser leur évolution en milieu naturel. Mais l'expérience scientifique s'est transformée au fil des années en un programme de téléréalité très suivi : les Sapiens, vivant dans un monde pollué et ultra-connecté, se délectaient d'observer leurs lointains cousins chasser, discuter, s'aimer, en accord avec la nature. Jusqu'à ce que, pour animer l'émission de divertissement, un essai soit tenté : provoquer une histoire d'amour entre Sapiens et Néandertaliens.
Pour son second roman, Noëlle Michel propose un texte d'anticipation d'une grande originalité, mêlant polar, science-fiction et restitution historique minutieuse. le suspense augmentant peu à peu, nous nous attachons aux différents personnages que nous suivons en alternance, avec des allers-retours dans le temps : les Néandertaliens Aube Claire, Lune Rousse ou Azur et les Sapiens Eva, Noah ou Adam. En plaçant sa narration dans un futur proche, l'autrice interroge le sentiment que nous avons, nous les Sapiens, d'être supérieurs aux autres espèces et notre tendance à vouloir dominer la nature. Elle y aborde également des questions éthiques sur l'utilisation de l'ADN pour recréer la vie. Par ailleurs, la vie des Néandertaliens a été parfaitement restituée dans ce roman, comme le confirme l'éminente préhistorienne Marylène Patou-Mathis qui a relu le livre.
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Les Contemplées

A la suite d'une manifestation à Tunis, une jeune Française est emmenée à la Manouba, la prison pour femmes de la capitale. A partir de ce moment les repères se diluent. Dépossédée de son identité, et assaillie par de violentes sensations - la couleur verdâtre des couloirs délabrés, les odeurs d'urine, de sueur et de cigarette - elle découvre hébétée la cellule où elle vivra avec vingt-huit autres codétenues. Après la peur, le rejet, le refus de partager quoique ce soit avec ces dangereuses prisonnières parfois condamnées pour meurtre, la narratrice finit par se rapprocher de ses compagnes d'infortune, par partager leur quotidien, et apprendre leur histoire.
A travers ce témoignage, Pauline Hillier donne corps et voix à ces femmes mises au ban de la société tunisienne, pour n'avoir pu supporter la condition dans laquelle les enfermaient des lois entièrement édictées par les hommes. le respect et la grande finesse avec lesquels l'autrice restitue leurs portraits, sensible à leur humanité, à leurs espiègleries, attentive à leurs gestes et à leurs regards au sein de ce huis clos insalubre, produisent des lignes d'une justesse souvent bouleversante et qui ne manquent pas d'humour. L'épilogue réserve une surprise particulièrement forte en émotions.
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D'images et d'eau fraîche

Avec « D'images et d'eau fraîche », Mona Chollet nous révèle sa passion pour les images de tous ordres. A l'époque où le « selfie » est devenu une pratique courante et où beaucoup mettent en scène sur les réseaux un quotidien idéalisé rendu « instagrammable », l'écrivaine s'intéresse à un autre type de communauté : celle des internautes qui collectionnent les images, non pour s'exposer directement, mais pour partager leur sensibilité et leur monde intérieur à travers des compilations de photographies d'art, de tableaux, de dessins ... Elle nous fait part de son univers à travers une sélection d'oeuvres qu'elle a elle-même postées sur le réseau « Pinterest » et qui jalonnent ce joli livre-album.
Cet ouvrage est un essai qui interroge notre lien à l'image, mais surtout une balade éclectique au cours de laquelle nous retrouvons certaines des icônes qui ont marqué nos inconscients, et où nous goûtons à l'émotion d'en découvrir de nouvelles qui deviendront peut-être de futurs talismans. Pouvons-nous vivre d'images et d'eau fraîche ? Peut-être pas, mais Mona Chollet, délaissant dans ce dernier livre les problématiques de société auxquelles elle s'attelle habituellement, partage avec nous un plaisant stratagème qui rend la vie plus douce.
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Anna Thalberg

Dans un village de Bavière au XVIIe siècle, une jeune femme, Anna, est arrêtée chez elle et emmenée en prison où on l'accuse de sorcellerie sur dénonciation d'une voisine. Elle est interrogée par un terrible examinateur, Vogel, qui ordonne de la torturer jusqu'à ce qu'elle avoue. Quand son mari rentre, personne ne veut lui dire où est Anna et seul le curé accepte de l'aider à la retrouver.
Dans ce court récit qui frappe par son style original et sa forme particulière, une seule et longue phrase épouse le rythme de la course effrénée du mari dans la forêt, et le flot de pensées d'Anna. Un souffle puissant accompagne les dialogues entre les personnages, la narration alterne les points de vue et tient le lecteur en haleine. On comprend vite que le tort d'Anna est d'être une étrangère dont la beauté suscite le désir des hommes et la jalousie des femmes. Quand des malheurs s'abattent sur la communauté, cette femme rousse apparaît comme un être maléfique aux yeux des villageois superstitieux. Face à ses tortionnaires, Anna résiste et oppose son courage à la violence et la bêtise d'hommes tout puissants protégés par le pouvoir religieux. Bien qu'inspiré de faits réels datant du temps de l'Inquisition, ce roman du mexicain Eduardo Sangarcía regorge d'échos à l'actualité, démontrant que la haine envers les femmes demeure aujourd'hui encore une problématique centrale de nos sociétés.
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Radium Girls

En 1918, les bienfaits du radium découvert 20 ans plus tôt par Marie Curie sont vantés partout aux États-Unis : en cure, en cosmétique, son pouvoir phosphorescent qu'on dit régénérant s'étale dans toutes les publicités. Mollie, Grace, Edna, Katherine, Albina et Quinta, ouvrières de la United State Radium Corporation, le peignent sur des cadrans de montres destinés à briller dans le noir : avec la méthode du "lip, dip, paint", elles enduisent 250 cadrans par jour, lissant à chaque mouvement le pinceau entre leurs lèvres. Mais ce geste, dont elles ignorent le danger, creuse irrémédiablement la tombe de ces "ghost girls", fantômes phosphorescents et bientôt l'ombre d'elles-mêmes jusqu'à la mort. La révélation tardive de la cause des décès successifs de leurs collègues les poussera à intenter des procès à leurs anciens employeurs, ouvrant la voie à des lois cruciales sur la protection des travailleurs américains.
Pas une oeuvre chorale mais vraie BD sororale, cette histoire remet au jour la lutte acharnée de femmes victimes d'une industrie meurtrière, condamnées mais déterminées à obtenir justice et pourtant oubliées de l'histoire. Au fil de leur amitié, c'est aussi un pan de la condition féminine de l'époque que l'on lit. Entièrement portée par des nuances de violet profond et de vert luminescent dans un univers Art déco, cette BD réalisée aux crayons de couleur met aussi en lumière la virtuosité de son autrice, Cy.
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Guerre aux hommes

Olympe Audouard peut être considérée comme le parangon des autrices invisibilisées. Essayiste et romancière à succès née en 1832, elle a fondé cinq revues dans lesquelles ont écrit, entre autres, Théophile Gautier, Stéphane Mallarmé ou Théodore de Banville, autant de noms bien placés dans l'histoire littéraire quand celui d'Olympe Audouard en a totalement disparu. Il a même été consciencieusement sali et effacé, par des hommes tels Barbey d'Aurevilly qui la poursuivit de sa haine et à qui elle répondit par des conférences, par ce livre et même par une provocation en duel ! Car Guerre aux hommes n'est pas une déclaration de guerre mais une riposte aux attaques subies par les femmes. C'est une réponse vive et intrépide aux arguments immémoriaux destinés à discréditer l'intelligence des femmes et à annihiler leurs oeuvres.
Ce qui frappe dans ce texte, et désespère un peu, aussi, c'est son incroyable actualité. "Boy's club", "backlash", "féminicide", "mansplaining", "masculinisme", "slutshaming", "tone policing", tous ces mots et expressions créés depuis la fin du XXème siècle pour penser les rapports de domination liés au genre correspondent parfaitement à ce qu'Olympe Audouard dénonce ici, plus d'un siècle auparavant. Les mots ont changé, les mécanismes, eux, sont les mêmes. La réédition de ce texte enlevé permet de prendre conscience de la permanence de ces mécanismes et d'annuler leur effet d'effacement de l'oeuvre d'Olympe Audouard.
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Compartiment pour dames

Akhila a 45 ans. Célibataire, elle est devenue, à la mort de son père, le soutien et l'appui de sa famille. Elle subvient aux besoins de ses frères et soeurs, prisonnière d'un carcan familial et d'un quotidien de servitude. Mais a-t-elle définitivement accepté le rôle et la condition que son pays, l'Inde, et sa culture lui imposent ? Est-elle définitivement devenue l'une de « celles qui font ce que l'on attend d'elles et qui rêvent du reste » ?
Un jour, Akhila prend une décision : acheter le premier billet de train de sa vie. Destination : le sud de l'Inde. Elle prend place dans un compartiment pour dames qu'elle partage avec cinq femmes. Immédiatement, ce lieu clos se révèle être un incroyable espace de liberté où les témoignages de ces femmes sur leurs destins, sur les sujets aigus de société, font naître une empathie et créent une formidable solidarité. La destination importe moins que ce cheminement intérieur au cours duquel Akhila va se découvrir, se connaître et se sentir enfin, au terme du voyage, « complète et forte ». Dans ce roman choral, Anita Nair nous entraîne dans les questionnements fondamentaux sur la condition des femmes et leur libre-arbitre et donne aux destins de ses héroïnes, pleines de vie et de force, une portée universelle.
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Matrix

Demi-soeur bâtarde du roi d'Angleterre, trop grande, trop forte, inadaptée à la cour de Westminster, la jeune Marie est envoyée dans un couvent loin de la capitale et de la puissante Aliénor d'Aquitaine. En cette année 1158, elle découvre un lieu ravagé par les maladies et la malefaim. Or, bien loin de l'anéantir, cet endroit la révèle à elle-même : elle prend la direction de la sinistre abbaye, qui, sous son influence, se mue peu à peu en une institution prospère et autonome, accueillant entre ses murs une congrégation de religieuses, à l'abri du monde et des hommes.
Nous vous recommandons ce récit de l'autrice américaine Lauren Groff librement inspiré de la vie de Marie de France, connue d'abord en tant que première poétesse de langue française. Si ses écrits et visions sont évoqués à plusieurs reprises, le roman se concentre avant tout sur l'itinéraire d'une femme étonnamment moderne. Puissante figure religieuse et politique, elle bâtit avec ses soeurs une communauté féminine utopique, empreinte d'une poésie que reflète le style libre et imagé de Lauren Groff.
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Sambre : Radioscopie d'un fait divers

de la fin des années 1980 à 2018, Dino Scala, le « violeur de la Sambre », a fait plusieurs dizaines de victimes aux alentours de Maubeuge. Une à une, ces femmes, de profils et d'âges différents, sont présentées, et les agressions et les viols qu'elles ont subis sont décrits avec précision, en suivant l'ordre chronologique des faits. Des pistes initiales suivies grâce à l'analyse ADN encore balbutiante aux premières arrestations non concluantes, de la traque menée en collaboration entre la France et la Belgique à l'arrestation finale, la journaliste et scénariste Alice Géraud se penche sur plus de trente ans d'enquête policière faite de dysfonctionnements et de déconvenues.
L'autrice propose une enquête journalistique extrêmement fouillée, menée entre 2018 et 2022 dans le Val de Sambre, s'appuyant sur de nombreux entretiens avec des victimes et sur les archives de la presse locale, de la police et de la justice. Elle pointe la négligence de policiers qui minimisaient les plaintes ou préjugeaient de la crédibilité des jeunes victimes, ainsi que le manque de moyens de la justice en cette fin du XXème siècle, mais elle n'oublie pas de rendre hommage à celles et ceux qui ont oeuvré pour résoudre cette enquête hors-norme. En prenant le temps d'évoquer chacune d'elles, Alice Géraud pointe du doigt le sort réservé aux victimes de violences sexuelles en France et insiste sur le stress post-traumatique qu'elles subissent encore aujourd'hui.
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La révolte au coeur

« de toute manière, je serai l'avocate contre l'injustice. Avocate avec un “e”. » L'essence du combat de Gisèle Halimi tient dans cette phrase tirée de son journal intime qu'elle débute à l'âge de 11 ans. Née dans une famille juive tunisienne, elle comprend très jeune l'inégalité entre les hommes et les femmes, et qu'elle est “née fille dans une société où la femme est une chose”. le récit à la première personne se passe l'été de ses 18 ans, en juillet 1945, quand Gisèle Halimi va enfin partir pour Paris.
A travers des souvenirs d'enfance émouvants et très imagés dans le Tunis des années 30, grâce au récit haletant de ces longs mois d'attente et de mensonges pour obtenir enfin sa liberté, Maïa Brami nous fait découvrir une enfant singulière, espiègle, qui devient une jeune femme magnifique et révoltée. Roman pour adolescents mais qui séduira tous les âges, ce livre est un bel hommage à celle qui fut à l'origine de nombreuses victoires du féminisme, et permet de faire connaître aux jeunes générations cette figure incontournable de la lutte pour le droit des femmes.
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Le choix

« Une fille, c'est comme une carafe : qui la casse la ramasse » : la mère d'Oliva regorge de dictons pour éduquer sa fille. Ainsi, après ses premières règles, sa liberté s'est envolée et elle a dû obéir à toutes ces injonctions : baisser la tête, ne pas courir, être accompagnée par son frère jumeau quand elle marche dans la rue… A 15 ans, Oliva est promise à Franco, un jeune baron aveugle vivant dans la ville voisine. Mais son viol par un de ses anciens prétendants met en péril cette union. Un choix s'offre alors à Oliva : sauver son honneur par un mariage réparateur ou affronter son bourreau en portant plainte.
Ce roman, sublimé par la langue populaire de ses personnages siciliens, est un beau témoignage sur la place des femmes dans la société italienne des années 60 : des mères au foyer et des épouses fidèles. Viola Ardone y dresse le portrait d'une jeune fille courageuse qui a osé s'opposer aux lois et aux coutumes qui emprisonnaient ses semblables dans des mariages malheureux. Nous sommes touchés par la sororité qui s'installe entre l'héroïne et sa meilleure amie, fille d'un communiste militant, mais surtout par le soutien qu'elle reçoit de son père, homme sage qui comprend et défend sa fille avec une grande délicatesse.
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Toute une moitié du monde

Avec Toute une moitié du monde, Alice Zeniter nous offre une ouverture stimulante sur la rentrée littéraire.
« Ni fiction, ni essai », ce texte nous livre une réflexion très personnelle qui entremêle sa position de lectrice et d'autrice, comme une invitation à repenser la fiction contemporaine : « je veux à la fois qu'elle m'arrache au monde et qu'elle m'éduque ». Dans le double contexte de la pandémie du Covid-19 et du mouvement MeToo, elle examine la place des femmes dans l'histoire et la vie littéraires : « romancières mais pas écrivains à part entière » sous le joug de la parade virile des « Vrais Mecs de la Littérature ». À partir de ce constat, qu'il manque à la fiction toute une moitié du monde, Alice Zeniter imagine qu'il lui reste cette même partie du monde pour s'égailler : « ça me paraît le plus beau des programmes ». Comment contextualiser le travail des autrices ? Comment parvenir à redéfinir les enjeux de la fiction en 2022 ?
Alice Zeniter nous entraîne avec allégresse, humour et audace sur toutes ces pistes. Elle convie tour à tour Toni Morrison, Julia Kerninon, Cloé Korman, Vincent Message, Elizabeth Bishop, Zeruya Shalev, Joan Didion, Edouard Glissant et Chimamanda Ngozi Adichie dont les citations jalonnent et tissent cette innovante analyse sur le roman contemporain et son avenir.
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Pucelle, tome 2 : Confirmée

Dans ce second volume de Pucelle, Florence, la « débutante » du premier tome, a grandi. La voilà désormais adolescente, avec tout ce que cela implique de changements physiques et d'angoisse dans le rapport aux autres. À commencer par les garçons, qui l'attirent tout en l'effrayant… Élevée dans un milieu catholique et bourgeois, elle dispose de peu d'informations pour répondre à toutes les questions qui l'assaillent. La sexualité, « la chose », est un d'abord un vaste tabou qu'elle doit dévoiler petit à petit, en en révélant les indices qu'elle décèle sur propre corps ou à travers des rencontres : rencontres d'abord maladroites et difficiles puis, à mesure qu'elle s'affirme, un peu plus aisées. Cet album, intimiste et autobiographique, est aussi sensible que drôle. le décalage entre la stricte éducation reçue et le monde réel devient la source de nombreux malentendus, puis d'une rébellion de la jeune adolescente contre des parents qui veulent la maintenir dans l'ignorance. Florence Dupré La Tour aborde ainsi, subtilement et avec humour, les questions de la contraception, de l'avortement ou du harcèlement. le dessin, léger et caricatural, rappelle Claire Bretécher ou parfois Marion Montaigne par ses outrances, mais il reste adouci par les teintes d'aquarelle rose qu'elle a choisies pour son album.
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Les inséparables

La Première Guerre n'est pas encore terminée, Sylvie Lepage a 9 ans. Au Collège, elle s'adresse pour la première fois à Andrée Galland. Débute alors une amitié qui durera douze ans. Au sein de la bourgeoisie catholique parisienne, elles partagent au fil des années leur éveil intellectuel et sentimental dans une société de préjugés où leur place, d'épouse puis de mère, leur est déjà assignée. Drôle, rebelle, libre et anticonformiste, Andrée fascine et séduit. Sylvie, autrice du récit, est témoin de l'étau familial qui se resserre peu à peu sur cette jeune fille brillante, sensible et affranchie, jusqu'à sa mort tragique en 1929.
Cette nouvelle, d'inspiration autobiographique, met en scène l'amitié de Simone de Beauvoir et Elisabeth Lacoin, dite Zaza, emportée à 21 ans par une encéphalite virale. Tableau d'une époque, d'une société, d'un patriarcat, ce récit est rédigé cinq ans après le Deuxième Sexe mais ne sera publié qu'en 2020, à l'initiative de Sylvie le Bon de Beauvoir, fille adoptive de Simone de Beauvoir. « Les Inséparables » révèle, dans une écriture pleine d'élégance et de délicatesse, un événement biographique fondateur. Zaza, modèle d'Andrée, figure féministe et femme affranchie, éclaire avec authenticité et sensibilité toute l'oeuvre et l'engagement de Simone de Beauvoir.
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