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Critiques sur le theme : histoire (15)
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L'Oeuvre au noir

Au XIVe siècle, dans les cendres d'un Moyen-Age où pointent les premiers rameaux des sciences, Zénon, alchimiste et médecin, parcourt le monde. Tantôt expérimentant, tantôt soignant, esprit libre et traqué, il fuit les préjugés, l'ignorance et les persécutions. Il tentera d'accomplir, le temps d'un parcours chaotique et menacé, le Grand Oeuvre de la libération intérieure. Y parviendra-t-il ?
Marguerite Yourcenar pose un regard d'aigle sur le monde foisonnant, entrecroisé de beauté et de laideur, des vies humaines. Comme Zénon les corps, elle ausculte, dissèque et panse les existences blessées et souffrantes des êtres qu'elle décrit. le lecteur suit les pérégrinations de Zénon l'alchimiste au service des Hommes, se reconnaissant dans cet ancien si moderne, éprouvant crainte et espoir devant les bourrasques d'une époque sombre qui en menace sans cesse la fragile flamme. Un livre somptueux renouvelant de façon magistrale le roman historique.
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Quand tu écouteras cette chanson

En juillet 2021, Lola Lafon passe une nuit dans l'Annexe du Musée Anne Frank, où la jeune-fille vécut dans la clandestinité de juillet 1942 à août 1944, enfermée avec sept autres personnes, dans l'appartement où elle écrira son « Journal ». Confrontée aux fantômes de sa propre famille victime de la Shoah, Lola Lafon livre dans « Quand tu écouteras cette chanson » le récit subtil et profond de cette expérience d'heures solitaires passées dans le silence et le vide de l'Annexe. Elle y questionne non seulement sa propre histoire et son rapport à la judéité, mais elle y retrace surtout le destin du Journal et la façon dont l'oeuvre de la jeune Anne Frank a été détournée, spoliée, censurée - réduite à tort à un simple témoignage ou édulcorée dans des comédies musicales.
Dans la continuité d'autres textes de l'autrice, « La petite communiste qui ne souriait jamais » en 2014, ou « Chavirer » en 2020, elle décortique avec justesse les mécanismes d'usurpation de voix d'adolescentes qui ont été confisquées, niées dans leur singularité et leur talent.
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Le Hussard sur le toit

On ne manque pas d'occasions, en 2020, de (re)lire le Hussard sur le toit, que ce soit pour sa terrible description d'une épidémie de choléra qui se répand comme une traînée de poudre, ou pour commémorer le 50e anniversaire de la disparition de l'écrivain de Manosque.

Devenu le héros le plus célèbre de l'oeuvre de Giono, Angelo, jeune aristocrate italien aussi bagarreur que romantique, traverse une Provence écrasée sous une chaleur accablante et dévastée par la terrible maladie qui laisse les rares survivants dans un climat de peur permanente. Grand roman d'amour et d'aventure, le Hussard sur le toit concentre en la figure d'Angelo les grandes valeurs des héros de Giono - le courage de l'individu et le triomphe de la vertu face à l'adversité collective. On y retrouvera aussi, malgré la grande noirceur induite par l'épidémie, l'incomparable luminosité de l'écriture de Giono, chantre sans équivalent de sa Provence natale.
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Être sans destin

En 2005, dans son discours pour la réception de son prix Nobel, Imre Kertesz raconte que le directeur du mémorial de Buchenwald lui a récemment envoyé un document attestant de sa mort dans ce camp le 18 février 1945. Son principal roman, Etre sans destin, raconte l'enchaînement des événements qui conduit un jeune adolescent juif jusqu'au quasi anéantissement dans un camp nazi. le récit se déploie de manière linéaire avant et après la vie au camp, en passant par le jour où il est arrêté et le jour où, devenu totalement invalide, il croit être conduit vers l'extermination. C'est ce jour-là que les autorités du camp le déclareront mort. Il prendra progressivement conscience qu'une organisation secrète du camp l'a pris en charge et tente de le guérir.
Roman de l'absurde dont le style rappelle celui de l'Etranger de Camus, Etre sans destin nous plonge dans les mécanismes du totalitarisme qui changent un homme à peine constitué en un objet, un simple numéro qui n'a d'autre choix que de suivre les événements d'un point de vue extérieur, même quand ceux-ci, décidant de ses jours, le concernent au plus haut point. Beaucoup moins explicatif que Si c'est un homme de Primo Levi, ce roman pourra dérouter ceux qui cherchent à comprendre comment fonctionnaient les camps de la mort. Mais c'est leur absurdité, leur implacable inhumanité que l'on perçoit avec plus de force.
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Mon nom est Rouge

Dans cette fresque historique aux allures de polar, Orhan Pamuk nous immerge dans le monde des peintres miniaturistes du XVIe siècle où se côtoient les cultures perse, indienne, chinoise et occidentale. Entrecroisant habilement les voix et les points de vue, le récit nous plonge au milieu des artistes, dans une Istanbul tiraillée entre tradition orientale et renouveau vénitien. Au coeur de cette mine d'érudition et de détails, le romancier semble lui-même devenu peintre, travaillant par touches successives à la manière d'un miniaturiste persan.
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La bombe (BD)

Pavé de 472 pages, La Bombe raconte la saga d'un des plus grands bouleversements de notre ère. de Hiroshima ravagé aux coulisses de l'invention de l'arme nucléaire en passant des mines d'uranium du Congo Belge au projet Manhattan, ce roman graphique s'impose comme un ouvrage de référence sur la course mondiale à la bombe atomique, une odyssée scientifique aussi haletante que terrifiante.

Extrêmement bien documenté, le scénario d'Alcante et Bollée personnifie l'énergie atomique qui irradie la fresque historique. Au dessin, le québécois Rodier réussit dans un style comics en noir et blanc une représentation singulière, d'une grande force graphique, dans laquelle l'énergie nucléaire semble submerger le récit et ses personnages, auxquels la Bombre rend toute leur humanité.
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La Femme silencieuse: Sylvia Plath et Ted H..

Éminente représentante de la narration non-fictionnelle et de la littérature du réel, la journaliste Janet Malcolm publie "La Femme silencieuse" en 1994 aux Etats-Unis, plus de trente ans après le suicide de Sylvia Plath. Elle y dissèque avec finesse le foisonnement de discours, de biographies, de témoignages qui ont exacerbé la légende littéraire et personnelle de l'autrice, en figeant les protagonistes de sa vie dans des camps bien distincts, et notamment son mari Ted Hughes qui fut parfois tenu pour responsable de sa mort. Retraçant avec une précision méticuleuse le devenir posthume de son oeuvre, Janet Malcolm s'attache à libérer l'autrice des récits qui enserraient sa mémoire, quitte à prendre position, elle aussi, dans les débats et les querelles qui ont suivi sa disparition.
De cette vertigineuse enquête ressort une réflexion brillante sur l'entreprise biographique, les limites et les chausses-trappes auxquelles elle est nécessairement soumise, et l'illusion à vouloir dessiner une vie dans sa stricte vérité. Pour le lecteur de ce texte, c'est aussi le plaisir renouvelé de plonger dans le mystère d'une autrice dont l'oeuvre flamboyante continue de fasciner.
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Revolusi : L'Indonésie et la naissance du mon..

Le 18 avril 1955, l'Indonésie reçoit les délégations de 29 pays émergents pour une conférence sur la décolonisation. Cette date marque le début d'une nouvelle ère mondiale. Ce qui sera désormais connu sous le nom de “Conférence de Bandung” préfigure en effet la réponse des pays non-occidentaux à la grande marche de l'Histoire. Mais pour comprendre pourquoi c'est dans ce jeune pays des tropiques qui a obtenu son indépendance 6 ans plus tôt, qu'a lieu cet événement fondateur, il faut reprendre toute l'histoire de l'Indonésie en partant du début de la colonisation par les Hollandais.
C'est le projet de David van Reybrouck avec « Revolusi », une somme à la fois littéraire et historique. L'auteur a retrouvé des témoins hollandais, indonésiens et japonais qui ont vécu la Seconde Guerre Mondiale et l'occupation du territoire par l'armée japonaise, puis la guerre d'indépendance de 1945 à 1949. Ces témoignages sont saisissants et épousent parfaitement la narration des faits historiques. Comme Eric Vuillard, publié chez le même éditeur, l'écrivain propose une nouvelle lecture de l'Histoire en utilisant des outils forgés par la littérature, à la différence qu'il tente de reconstituer de manière quasi exhaustive ce qui a donné naissance au premier pays colonisé à obtenir l'indépendance. le livre offre ainsi un regard neuf sur la colonisation, la Seconde Guerre Mondiale et la manière dont le monde s'est remodelé après 1945.
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La Fin de l'homme rouge - ou le temps du dése..

Après La Supplication en 1998, sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, Svetlana Alexievitch publie en 2013 La Fin de l'homme rouge, exceptionnel recueil de témoignages d'anciens citoyens soviétiques, récompensé du Prix Nobel de littérature en 2015. La journaliste et écrivaine biélorusse y exerce son art de transformer les expériences individuelles en littérature et retrace l'histoire de la chute de l'URSS dans les années quatre-vingt-dix et ses conséquences jusqu'aux années deux-mille, du point de vue des vies minuscules. Si, selon l'autrice, « seul un Soviétique peut comprendre un Soviétique », on approche au plus près l'expérience de la peur, de la faim, de l'espoir du début des années quatre-vingt-dix et de la désillusion qui lui a succédé. Sans jamais porter de jugement sur les personnes qu'elle interroge et leur histoire, elle se fait chambre d'enregistrement de la mémoire collective et nous aide à mieux la comprendre.
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Guerre aux hommes

Olympe Audouard peut être considérée comme le parangon des autrices invisibilisées. Essayiste et romancière à succès née en 1832, elle a fondé cinq revues dans lesquelles ont écrit, entre autres, Théophile Gautier, Stéphane Mallarmé ou Théodore de Banville, autant de noms bien placés dans l'histoire littéraire quand celui d'Olympe Audouard en a totalement disparu. Il a même été consciencieusement sali et effacé, par des hommes tels Barbey d'Aurevilly qui la poursuivit de sa haine et à qui elle répondit par des conférences, par ce livre et même par une provocation en duel ! Car Guerre aux hommes n'est pas une déclaration de guerre mais une riposte aux attaques subies par les femmes. C'est une réponse vive et intrépide aux arguments immémoriaux destinés à discréditer l'intelligence des femmes et à annihiler leurs oeuvres.
Ce qui frappe dans ce texte, et désespère un peu, aussi, c'est son incroyable actualité. "Boy's club", "backlash", "féminicide", "mansplaining", "masculinisme", "slutshaming", "tone policing", tous ces mots et expressions créés depuis la fin du XXème siècle pour penser les rapports de domination liés au genre correspondent parfaitement à ce qu'Olympe Audouard dénonce ici, plus d'un siècle auparavant. Les mots ont changé, les mécanismes, eux, sont les mêmes. La réédition de ce texte enlevé permet de prendre conscience de la permanence de ces mécanismes et d'annuler leur effet d'effacement de l'oeuvre d'Olympe Audouard.
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Par les écrans du monde

Ce mardi 11 septembre, dès l'aube, William et Lucy reçoivent un message de leur père qui leur annonce sa mort prochaine. Alors qu'ils se rendent au travail - à l'aéroport de Boston pour William, dans le World Trade Center pour Lucy -, ils ignorent que ce drame intime deviendra dans la journée une goutte d'eau face aux événements qui vont submerger le monde. Résolument moderne, Fanny Taillandier place ses personnages au coeur d'une narration éclatée vertigineuse, qui se superpose à la profusion des images filmées des attentats.

Au-delà de l'individuel, au-delà du spectacle médiatique qui fige le monde, Par les écrans du monde scrute l'éclatement de tous les récits politiques de la fin du siècle. Un roman-choc, à placer aux côtés de l'insurpassable l'Homme qui tombe, chef d'oeuvre de Don DeLillo, parmi les textes importants sur le 11 septembre.
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Éthique du mikado

Dans cet essai paru en 2015, l'écrivaine et psychanalyste Sarah Chiche explore la filmographie de Michael Haneke qui, au-delà de grands succès publics et critiques – La Pianiste, Amour, le ruban blanc – reste en partie méconnue.
L'essai, suivi d'une interview du cinéaste, témoigne du souci assumé de l'autrice pour la forme. Reprenant la structure d'un film confidentiel de Haneke, 71 fragments d'une chronologie du hasard (1971), il offre une constellation d'articles puissants, riches en références intertextuelles, vaste jeu d'échos faisant appel au cinéma, à la littérature, à la philosophie ou à l'histoire de l'art – de Blanchot à Georges Didi-Huberman en passant par Rimbaud, Thomas Mann ou Bresson.
Porté par une écriture lumineuse et puissante, cet ouvrage stimulant montre comment les films de Michael Haneke, loin de se complaire dans la violence et le sordide, donnent à lire chaque instant, chaque action comme un point de bascule ouvrant la possibilité d'interrompre la pente du mal. Et de découvrir la possibilité d'une joie d'autant plus vaste et profonde qu'elle sait "qu'elle s'est frayé un chemin dans la nuit".
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Solutré ou les Chasseurs de rennes de la Fran..

Publié en 1872, Solutré, ou les Chasseurs de rennes de la France centrale est le tout premier roman d'inspiration préhistorique recensé, à peine plus d'une dizaine d'années après les premières grandes publications de Jacques Boucher de Perthes théorisant l'existence d'un "homme antédiluvien". Ses deux héros, parmi lesquels un scientifique féru de fossiles, voyagent grâce à l'hypnose vers l'âge du Renne (entre 17 000 et 12 000 ans avant J.-C.) et rencontrent une tribu en plein bouleversement suite à la mort de son chef.
Largement imaginaire dans sa façon de présenter les relations sociales entre individus, Solutré est cependant avant tout un récit didactique destiné à vulgariser les nouvelles théories — tout en assurant leur compatibilité avec une lecture renouvelée de la Bible — qui nous renseigne aujourd'hui sur l'état de la science à l'aube de la Troisième République.
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Algèbre - Eléments de la vie d'Alexandre Grothe..

Si ses recherches dans le domaine de la géométrie algébrique ont de quoi nous laisser perplexes (on y parle entre autres de foncteurs et de morphismes, des notions qu'on ne se souvient pas d'avoir vues sur les bancs de l'école), Alexandre Grothendieck fait bel et bien partie des incontournables de l'histoire des sciences au XXe siècle. Enfant de deux anarchistes, apatride pendant plus de vingt ans, il révolutionna son domaine de recherche et obtint la médaille Fields en 1966. Algèbre, le roman que lui consacre Yan Pradeau, évoque avec tendresse cet esprit brillant et anti-conformiste, rétif à toute hypocrisie sociale, qui termina sa vie comme un ermite et laissa, à sa mort en 2014, des dizaines de milliers de pages manuscrites qui restent à explorer. Entrelaçant la vie mouvementée de Grothendieck à une peinture du monde universitaire des Trente Glorieuses, Yan Pradeau dresse un portrait alerte de ce génie insoumis et donne à comprendre les immenses enjeux de ses travaux.
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Henri Vever. Champion de l'Art nouveau

Tombé dans l'oubli car supplanté par ses contemporains comme René Lalique ou Boucheron encore célèbres à l'heure actuelle, Henri Vever était un joaillier-bijoutier fort renommé au temps de la Belle Epoque. Figure de proue de l'Art nouveau et grand collectionneur d'art japonais, l'auteur de "La bijouterie française au XIXe siècle", ouvrage de référence en trois volumes, relate avec détails, humour, poésie, spontanéité les événements privés ou publics comme l'Affaire Dreyfus et la préparation de l'Exposition 1900, les techniques naissantes de son époque (bicyclette, cinéma, photographie en couleurs, téléphone…), les soirées mondaines et théâtrales et la vie artistique marquée par l'engouement pour le Japon et l'Impressionnisme. Foisonnantes et captivantes, ses chroniques se déroulent sous nos yeux comme si nous y étions.
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